« Le football est un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, les Allemands gagnent » – Gary Lineker. On aurait dû le savoir, au lieu d’y croire. (cette académie a reçu le label intro sans déconner du comité ndlr)

Ciao a tutti,

23 mai 2013. La date de la dernière académie bianconera jamais écrite par Michel Panini. Depuis, personne n’a repris le flambeau. Après un huitième de finale aussi intense que tragique contre les Bavarois, une académie s’imposait.

Jadis, la Juventus était un club friable et dont le parcours en Ligue des Champions ne rendait pas grâce à l’institution, au monument du football qu’est la Vecchia Signora. Dieu merci, reconstruite brique par brique, main dans la main par les dirigeants et Antonio Conte, la Juventus s’est progressivement bâtie une équipe capable de rivaliser avec les plus grands. L’arrivée de Massimiliano Allegri sur le banc fut en 2014, logiquement accueillie avec scepticisme. Après tout, n’était-il pas celui qui avait signé la fin du grand Milan ? Les Pirlo, Gattuso, Nesta, Seedorf, Inzaghi avaient quitté le navire sous sa houlette et le Milan AC faisait désormais office de terre d’accueil privilégiée pour mercenaire de tout bord. Mais sa première saison fut exceptionnelle : un championnat dominé de la tête et des épaules et un parcours en Ligue des Champions qui aura fait vibrer les cœurs bianconeri à l’unisson, fino alla fine.

L’enjeu pour la saison 2015-2016 était donc de rééditer l’exploit en Ligue des Champions. Cependant l’affreux début de saison du club a surpris l’Europe entière avec des contreperformances à la pelle. Heureusement les Piémontais ont remis les points sur les i et sont aujourd’hui assis sur le trône de la Serie A, écartant avec autorité les prétendants. En Ligue des Champions, les joueurs ont sauvé les meubles pendant la mauvaise passe mais la défaite contre Séville leur a couté la première place du groupe et une promenade de santé à Kiev. Au lieu de ça, l’UEFA nous gratifie d’un Bayern dès les huitièmes.

La réaction de tout tifoso lors du tirage des huitièmes.

Cela en aurait découragé plus d’un mais la Juve est un club de battants, la culture de la gagne est omniprésente (peut-être un peu moins au début des années 2010, certes. Mauvaises langues). Suite à un nul 2-2 concédé à domicile après avoir été menée 2-0, la Juve doit donc faire l’exploit sur la pelouse de ces infâmes personnages sans finesse, buveurs de bière et mangeurs de choucroute, adeptes de la chemise à carreau l’hiver et du marcel-sandales l’été : les Allemands. Privés de Chiellini, Marchisio et Dybala, la mission s’annonce délicate. Comme le dit Max Allegri : « il faudra faire le match parfait ».

La formazione

Privé de trois cadres de l’équipe, Massimiliano aligne le onze le plus compétitif possible, avec notamment un Alex Sandro milieu gauche qui laisse penser que nous sommes venus jouer le 0-1. Hernanes au milieu est un pari risqué sachant que Pereyra, Sturaro et Asamoah sont disponibles mais Max sait ce qu’il fait. In Allegri crediamo.

Ce sera donc : Buffon/Lichtsteiner-Barzagli-Bonucci-Evra/Cuadrado-Khedira-Hernanes-Pogba-Alex Sandro/Morata.

La partita

Immédiatement, la Juventus surprend le Bayern en pressant très haut. Les Bavarois perdent beaucoup de ballon et ont du mal à jouer vers l’avant. Dès la 5ème minute, Khedira parvient à trouver Lichtsteiner. David se demande où est le ballon. Ah là-bas ! Mais c’est déjà trop tard, le Suisse peut frapper, il bute sur Neuer qui repousse. Pogba a suivi et marque du plat du pied ! 1-0. San Siro nous voilà.

Le Bayern veut réagir mais manque d’opportunités franches, à l’image de la reprise de Ribéry qui vient flirter avec Heinrich, supporter bavarois, tranquillement assis en tribune à siroter son jus de houblon et à vociférer des chants certainement haineux dans une langue satanique. Les Turinois accentuent donc le pressing et Neuer en vient à manquer sa relance à la 22ème. Khedira transmet immédiatement à Morata qui ridiculise le fils de pute Oliver Kahn 2.0 d’un lob splendide. L’arbitre décide, par respect de la bienséance, de refuser le but, prétextant un horsjeu.net. Les mécréants ne tardent pas à moquer la Juventus et sa prétendue relation privilégiée avec les arbitres.

Pas le temps de se plaindre néanmoins puisqu’à peine 5 minutes plus tard, Morata hérite du cuir dans ses 30 mètres. L’Espagnol place un coup d’accélérateur monstrueux. David Alaba s’accroche comme il peut derrière. Alvaro réalise deux grands-ponts avant de manger deux crampons, fauché par Vidal. Il parvient néanmoins à transmettre à Cuadrado. Le Colombien réalise une feinte de frappe aussi crédible qu’un discours de Manuel Valls dans laquelle tombe grossièrement Philipp Lahm avant de fusiller Neuer, sous les regards médusés des Munichois. 2-0. Voir le rush ronaldinhesque de Morata se concrétiser me procure une émotion difficilement descriptible, à mi-chemin entre un orgasme rustre et animal et une béatitude esthétique intense.

Mamma mia Morata !

La pause arrive, le temps pour Buffon et Neuer de réaliser deux arrêts réflexe colossaux, respectivement face à Muller et Cuadrado. La guerre pour la place de numéro 1 dans l’équipe de la FIFA 2016 est lancée. Dès le retour des vestiaires, Guardiola sort Benatia pour Bernat. Le tacticien hispano-chauve n’a pas dit son dernier mot.

La deuxième période débute par un long quart d’heure de distribution de cartons jaunes : Vidal, Lichtsteiner, Lewandowski et Bonucci sont avertis. Guardiola décide de rajouter du Pep(s) à son attaque et lance Coman à la place de Xabi Alonso. Un changement made in testostérone. Facile, diront certains, quand on est dopé à ça depuis 20 ans.

Allegri voit le chrono défiler et renouvelle son milieu : Sturaro remplace Khedira. Hernanes reste miraculeusement sur la pelouse, sauvé par la performance stellaire de Paul Pogba. 5 minutes plus tard, Morata sort après avoir plus mouillé le maillot que Tori Black dans n’importe quelle de ses vidéos. Mandzukic rentre sur la pelouse. Je tenais à le préciser parce qu’au vu de la suite du match, on aurait pu en douter. Dans la foulée, Douglas Costa enroule un centre parfait au second poteau, Lewandowski termine. 1-2. E merda, on va serrer les fesses jusqu’au bout.

Les 15 dernières minutes sont intenables, Gigi Buffon repousse l’échéance, toujours avec cette classe naturelle et cette gestuelle tranquille de l’homme qui a déjà tout anticipé. Le bloc équipe, quant à lui, recule dangereusement. A une minute du terme règlementaire, Cuadrado cède sa place à Pereyra. Belle idée de faire entrer un gitan pour voler une qualification.

Les 90 minutes se sont écoulées, nous sommes à un poil de le faire. Mais c’est sans compter Patrice Evra… Décrié en France, adulé en Angleterre, respecté en Italie, Patrice est un meneur depuis qu’il est à la Juventus mais en cette 90ème minute, il commet une erreur que peu lui pardonneront : un manque de lucidité criant qui le pousse, au lieu de dégager le ballon au loin, à tenter de ressortir en dribble. Il n’en faut pas plus à Arturo Vidal pour chiper le ballon au français, pour servir Coman, qui centre pour Muller. Lichtsteiner n’est pas au contact. 2-2. Des goutes se forment au creux de mes yeux et viennent perler le long de mes joues à mesure que l’espoir d’une quelconque pirouette arbitrale nous sauve de ce cauchemar. Non, le Bayern a bien fait son retard.

Les prolongations furent prévisibles : la Juve cramée explose avec Evra en catalyseur. Le latéral français est coupable d’une nouvelle erreur, une mauvaise relance, qui permet à Thiago (entré pour Ribéry) de tromper Buffon. 3-2. Dans la foulée, Coman marque après une longue course en solo. 4-2. Mort à l’intérieur, je ne prends même pas la peine de copieusement insulter Neuer sur sa parade face à Mandzukic puis Sturaro pour sa reprise à 5 mètres du but, 5 mètres au-dessus du but. C’est fini.

I voti

Buffon (3/5) : Il a inspiré confiance et sérénité à sa défense pendant 90 minutes en multipliant les prises de balle mais le Gigi d’il y a 10 ans aurait arrêté la moitié des buts bavarois.

Lichtsteiner (3/5) : Sa course dans le dos d’Alaba sur le premier but s’équilibre avec son marquage élastique sur le but de Muller. Entre temps, un match correct. Vu la fébrilité de son vis-à-vis, il aurait pu faire mieux.

Barzagli (2/5) : Solide au sein du collectif en phase défensive, on était en droit d’attendre un tacle millimétré en position de dernier défenseur. Nos sphincters restent sur leur faim.

Bonucci (3/5) : Volontaire, intelligent, techniquement fin, Bonucci a bien défendu avant de relâcher son placement sur les deux derniers buts. Leo et des bas.

Evra (1/5) : Je ne vais pas m’acharner sur lui (le Redac Chief me couperait les couilles) mais de telles erreurs avec une telle expérience, ça n’est pas acceptable. Allez, ne sois pas triste Evra, ça ira mieux à Al-Ain l’an prochain.

Cuadrado (4/5) : Supersonique, tourbillonnant, séduisant. Don Juan.

Khedira (3/5) : Il a fait son match. De bonnes récupérations, des transmissions propres. Sami va.

Hernanes (3/5) : Travailleur de l’ombre, il a glissé quelques fois vers l’invisibilité pure et simple.

Pogba (5/5) : A chaque passe manquée, les rageux lui tombent dessus mais ce soir il été titanesque. Nike songe à vendre son maillot en réversible avec un flocage « Griezmann » de l’autre côté.

Alex Sandro (4/5) : Faire jouer un latéral un cran plus haut, c’est un pari qui peut payer comme rater complètement mais comme Alex n’est pas Debuchy et Allegri n’est pas Deschamps, cette fois c’est passé.

Morata (5/5) : Il peut continuer à marquer 3 pions par saison en Serie A s’il fait des matches comme ça en Ligue des Champions.

C’est la fin de cette académie, je vous dis à la prochaine.

Bacio Anale,

Lexie Najas.

15 thoughts on “Bayern – Juventus (4-2 AP) : la Bianconero Académie revient

  1. Ca se branle sur Pogba alors que c’est lui qui met Evra dans la merde sur l’égalisation. C’est à lui de dégager d’abord, il n’a jamais à servir Evra.
    Et mettre le troisième but sur le dos de Patrice, c’est quand même d’une putain de mauvaise foi, vu qu’il vient à la base mettre une tête pour intercepter une passe en profondeur (et non relancer) et aider ses défenseurs centraux dépassés.
    Mais bon, la jeunesse ingrate qui préfère se toucher sur un mec mal coiffé dont le jeu est aujourd’hui d’une suffisance à mourir, j’ai depuis bien longtemps renoncé à essayer de la comprendre. :drop the mic:

  2. Pour avoir noté le camp d’en face, je te trouve un poil dur avec Pat’, sachant que Lahm et Douglas Costa n’ont pas existé avant l’entrée de Coman.
    Accessoirement, Lewandowski et surtout Müller complétement démarqués dans les 6m, ça reste une bien belle idée de merde.
    Les 2 centraux sont fautifs sur les 4 buts…

  3. Le match est perdu tactiquement par Allegri. Il ne doit jamais sortir Khedira, et encore moins Morata.
    Il tombe à mes yeux dans le panneau de Guardiola qui fait mine d’affaiblir le milieu en sortant Xavi Alonso, ce qui entraîne la sortie de Khedira. En réalité, il a juste recentré Vidal et donné un peu d’air à Douglas Costa.

    Dès le but de Lewandowski, la Juve se retrouve à camper dans ses 40m, et se prive de la possibilité de prendre les Allemands en contre, Mandzukic n’étant pas là pour ça.

    Je suis certain qu’à 2-1 avec Morata et Khedira, le Bayern ne revient pas.

    1. À profondeur de banc équivalente, aussi, le Bayern ne revient pas: il peut se permettre de faire sortir des joueurs sans baisser (grossièrement) la qualité du onze, alors que la Juve, dès qu’elle sort Morata ou Khedira…

      Vous m’y faites penser: que devient Michel Panini?

  4. Attendez, attendez, et si c’était tout simplement la faute à « Pat’chance » ?

    Wouhou ! + de café !

  5. Merci Stéphane, en passant. Il est comme le Messie, il ressuscite un à un toutes les académies défuntes par sa seule Parole.

  6. Alex Sandro peut joueur latéral, milieux, ailier et défenseur central.
    Encore faut il connaître le foucheball là ou on sait sortir les vrais pépite truculente.
    Sinon le but est clairement partagé entre Evra et Pogba, oui Pogba ne doit pas essayer la relance facile genre on sait faire comme vous bande de pute, mais Evra même cramé doit balancer un pointard de derrière les fagots en héros héroïque du match dont vous êtes le héros.

  7. Belle acad’, ça fait plaisir…
    Mais pour jouer les tatillons, il me semble que c’est Blanc qui a titularisé Debuchy ailier droit, quel génie!

  8. Beau retour de cette belle académie. Pour une élimination, j’espère que le titre sera fêté ici.

  9. Bravo pour ce retour.
    Pogba ne mérite pas 5, et l’axe central a craqué complet à partir du 1-2.

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