Daniel Susmabic et Dejan Levrette, deux académiciens distingués, sagaces et cultivés vous parlent de la Croatie durant cet Euro : Horsjeu.net a mis les petits plats dans les grands parce que c’est nettement plus pratique pour débarrasser la table.

Bok.

Le football va très vite, notamment pendant cette période que sont les phases de poules de l’Euro 2016. Ainsi, au moment de commencer cette académie, la Croatie n’était qu’un modeste prétendant au dernier carré tandis que tous voyaient l’Allemagne terroriser l’Europe via son 4-6-0 Barbarossa d’une infaillibilité plus que classique.

Laissez-vous donc embarquer dans un petit tour d’horizon de l’effectif et des premiers résultats, très utile pour briller en société et feindre d’avoir suivi cette excellente équipe « depuis des mois ».

L’effectif

Passons immédiatement sur le sélectionneur : Cacic a roulé sa bosse avec plus ou moins de succès dans une bonne partie des clubs croates, un palmarès vierge à la clé. Ça donne le ton des ambitions croates : emmerder un maximum de monde, inchallah. Sinon, en termes de joueurs, c’est solide à tout point de vue : Subasic est indiscutable dans le but, les 4 titulaires défensifs Srna-Corluka-Vida-Strinic sont très soudés, avec beaucoup de matches effectués ensemble. En revanche, en club, Strinic a fait banquette toute la saison à Naples et ses quelques sorties n’ont pas été de flagrantes réussites. L’ensemble est également assez vieux avec des centraux à l’ancienne, courageux et pas forcément très agiles mais toujours efficaces. A droite, Srna vole tel un Javier Zanetti des Balkans. Sur le banc, on trouve Vrsaljko, Jedvaj et Schildenfeld qui offrent des options en termes de fougue innocente ou, au contraire, d’expérience selon les situations.

Le milieu de terrain, quant à lui, est une véritable orgie et les gens qui suivent un minimum le football l’auront remarqué. On aura d’ailleurs reconnu les joueurs FIFA, qui se sont empressés de pronostiquer des milieux à trois Kovacic-Modric-Rakitic, parce que les récupérateurs, c’est pour les pédés. Officiellement donc, ça commence avec Badelj-Modric en 6-8 et Rakitic plus haut. Kovacic, Coric et Rog squattent le banc, en attente d’une rotation d’effectif qui leur permettrait de justifier leurs statuts respectifs de future star interplanétaire, de potentiel 5 étoiles FM, de personnage de fiction inventé par JK Rowling et interprété par Alan Rickman. Les ailes sont généralement constituées de milieux reconvertis et/ou polyvalents, à l’image de Perisic ou Brozovic, ce qui occasionnera forcément un déficit de vitesse, surtout pour Brozovic. Sauf contre l’équipe de France et Patrice Evra.

En attaque, Mandzukic démarre en temps normal tandis que sur le banc, ça s’écharpe entre second couteaux (Kramaric, Cop), grands points d’interrogation (Kalinic) et jeunes prometteurs (Pjaca). On retiendra avant tout les options très variées qui s’offrent à ce poste entre pivots, renards, attaquants défensifs. Sachant que Pjaca peut aussi évoluer sur l’aile.

Finalement, on ne pouvait s’empêcher de parler de l’absence très discutée de Dejan Lovren après une altercation avec son sélectionneur : l’ancien lyonnais a tout simplement refusé d’être remplaçant. Comme dit le dicton, « Aux belles femmes on achète des roses pour se faire pardonner, les moches peuvent s’asseoir sur les tiges ». Dejan est donc resté à la maison.

Les matches

Pour la compo de Turquie-Croatie, suivez les noms en gras. Horsjeu, passion Cluedo.

Le Marmarassico oppose donc les deux destinations balnéaires les moins chères d’Europe. Les Turcs engagent (comme toujours) les hostilités. Brozovic puis Tufan manquent des têtes pourtant accessibles tandis que Corluka sort se faire bander après un contact au crâne dès la 31e. En parlant de se faire bander, 10 minutes plus tard, après un bon centre, la défense turque renvoie en chandelle, Tufan remet sa mèche en place et oublie de presser Modric qui reprend de volée. Babacan, mal replacé, est trompé. 1-0. « Ozan, tu fanes ! », aurait déclaré Fatih Terim tandis que toute l’Europe se découvre un amour soudain pour Luka Modric et sa bande de potes. La suite du match sera marquée par deux transversales et les bandages plus rigolos les uns que les autres sur la tête de Corluka. A noter finalement l’entrée en jeu d’Emre Mor, que vous n’êtes pas obligés de faire semblant de connaître.

« I got 99 problems but the ragnagnas ain’t one ».

Après avoir mangé les Kebabs, les Croates se sont mus dans la Forez pour y défier la République Tchèque. La composition demeure la même, toutefois les héros diffèrent. Nous prenons ainsi un malin plaisir à voir Perisic se montrer à la hauteur de l’évènement et réduire à néant la carrière de la chiure d’avorton journalistique sur SoFoot qui a osé faire la vanne « Ivan le pas Terrible ». Un passement de jambes, le pruneau croisé à ras de terre, sbohem. 1-0. Le deuxième arrive à la 59quand Cech tente la relance courte. Malheureusement pour les Tchèques, ça n’était pas Lolo Koscielny mais Hubnik à la réception. Tant pis hein. 2-0. Maintenant, quand vous dépossèderez vos camarades du ballon aux 6 mètres sur FIFA, n’hésitez pas à citer ce but pour dire que « ça se passe comme ça dans la vraie vie ». Néanmoins, si les Tchèques sont idiots, ils n’en sont pas moins déterminés. Ainsi, à la 75e, le suave Rosicky adresse un extérieur du droit millimétré pour Skoda qui envoie le cuir en lucarne d’une tête tout aussi délectable. 2-1. L’occasion pour Dejan Levrette de me glisser à l’oreille que « tout roule pour Skoda ». Mais trêve de plaisanteric, les supporters croates ont vu Srna demander du soutien et envoient donc le stock de fumigènes. A défaut de juger sans connaître, un article nettement plus renseigné sur le sujet est disponible ici. Nous en resterons personnellement à l’hypothèse suivante : les fumis, c’est cool. Au bout d’un moment, le jeu reprend et Vida décide de mettre sa main n’importe comment dans un duel de la tête, penalty. 2-2. D’après Dejan Levrette, le single de Coldplay « Viva la Vida » devrait remonter en flèche dans les charts Tchèque. (A ce rythme Dejan risque bien d’être le premier académicien du site débauché par Carambar). La rencontre se termine à la 90+9, ressemblant donc à s’y méprendre à une défaite de l’Olympique Lyonnais.

Heureusement qu’on a plus le droit d’acheter d’alcool autour des stades. Merci m’sieur Cazeneuve.

N’ayant pu assurer leur qualification dès le second match, nos braves guerriers en nappe Président iront composter leur billet pour les huitièmes face aux Espagnols. Une victoire flambante 3-0 contre les Turcs, l’Espagne débarque à Bordeaux le menton haut, le buste bombé et la pédanterie au maximum, en témoignent les 68% de possession durant le match. La physionomie de la partie semble leur donner raison : les Croates subissent clairement et une passe lumineuse de Silva pour Fabregas permet à l’Espagne de rapidement mener 1-0. En apercevant le design du maillot de l’Espagne, Daniel Susmabic vomit ses spaghettis sur son t-shirt blanc. Ce qui donne à nouveau le maillot de l’Espagne et me fait copieusement régurgiter sur Manuel, le supporter espagnol assis à côté de nous, avec son maillot floqué Ramos et sa Desperados. Comme quoi, le karma c’est pas des conneries. En parlant de karma justement, Kalinic égalise contre le cours du jeu d’une talonnade esthétique au nez et à la barbe (moins esthétique) de Sergio Ramos. 1-1. Karma toujours, Pjaca se voit bloqué irrégulièrement dans la surface sans penalty à la clé tandis que David Silva s’affaisse lourdement sur l’action suivante et se voit accorder le fameux tir au but. Ralenti à l’appui, y avait pas péno mais qui s’offusque encore des fautes d’arbitrages pro-Espagne/Juventus/PSG en 2016 ? Lacazette Ramos s’avance pour tirer mais, trahi par Modric, voit son tir repoussé par Subasic. En fin de match, Cacic lance enfin Mateo Kovacic tel un vulgaire jeune produit de l’académie lyonnaise. Coïncidence ou non, 5 minutes plus tard, Kalinic décale Perisic qui frappe fort à terre, Piqué dévie du bout de la semelle et De Gea est battu. 2-1. La hype espagnole s’arrêtera là, Dieu mercic.

Les notes

Subasic (5/5) : De gros arrêts contre la Turquie mais surtout une parade sur le péno de Sergio Ramos qui rétorquera aux critiques : « Ouais et ben moi j’ai marqué le péno en Ligue des Champions d’abord, et toc les losers ». Miam, le goût du mauvais perdant frustré, ça a quelque chose de mystique, surtout avec une undercut de fils de pute. Merci Dani.

Srna (5/5) : Une endurance et une longévité dans les allers-retours à en faire pâlir n’importe quel pornstar, des centres d’une précision rare, Darijo Srna parfaitement les qualités d’un bon arrière latéral durant ces phases de poules.

Corluka (9¾/5) : Le symbole des Reliques de la Mort tatoué sur le bras et, coïncidence, les attaquants adverses disparaissent comme couverts d’une cape d’invisibilité. Quand en prime, vous avez Srna armé d’une pierre de résurrection et Modric d’une baguette de Sureau, ça sent le sapin pour la concurrence.

Vida (3/5) : Assez bon footballeur par contre le mec a Domagoj. Et ça donne des pénos aux adversaires.

Strinic (4/5) : On l’annonçait pipesque, il a démontré le contraire jusqu’à présent. Mais il n’est guère étonnant de voir le niveau d’un joueur croate pendant un tournoi de haut niveau.

Badelj (4/5) : Il serait temps que le monde reconnaisse le talent de ce joueur mais avec ce genre prestations, ça ne devrait pas prendre mille ans.

Modric (5/5) : Le type régale comme un bon vieux kebab salade tomate oignon. Le supplément sauce blanche sur son but contre les Turcs, tout un symbole.

Rakitic (4/5) : Un front aussi vaste et brillant que sa palette de jeu.

Perisic (5/5) : « Fait d’arme principal : a mis la bite au cul aux Espingouins ». Rien à dire, ça en jette.

Brozovic (3/5) : 3.5 tirs par matches, 0 buts. Un ratio nul, digne d’un vulgaire Cristiano Ronaldo. Toujours trop court au deuxième poteau mais généreux dans l’effort.

Mandzukic (4/5) : Lui aussi 3.5 tirs par matches et 0 but. Mais on savait déjà que c’était un croqueur. La filouterie de Cacic c’est d’avoir fait en sorte qu’il soit utile dans le jeu.

Kalinic (5/5) : 90 minutes, 2 tirs, 1 but, une passe décisive. Economique. Comme la classe de voyage qui attend les Portugais sur le tarmac dès ce soir.

Vrsjalko (2/5) : Très à la peine, on comprend pourquoi Strinic est devant lui en sélection. Mais tout peut arriver si Vrsjalko Sime.

Jedvaj & Rog (2/5) : On a vu pourquoi on les considère comme de grands espoirs mais on a aussi vu pourquoi ils sont encore sur le banc.

Sur ce, on retourne picoler.

BA,

Dejan Levrette & Daniel Susmabic.

3 thoughts on “Euro 2016: La Napapicnic Académie dresse le couvert

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