L’Euro est terminé et sans trophée la fête est à chier. Mais avant de clore définitivement le chapitre de cet événement, revenons sur la fin de parcours des Bleus qu’on avait laissé triomphant tant bien que mal de l’Irlande.

Les brutes : l’Islande

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Et oui, les clichés ont la vie dure. Si l’Irlandais reste un rouquin dépourvu d’âme dans l’imaginaire collectif, l’Islandais est lui forcément gaulé comme un viking, buvant son apéro dans le crâne d’un ennemi qu’il vient de fracasser parce qu’il trouvait ça marrant. On se débarrasse difficilement des clichés mais il est plus facile d’imaginer un viking bravant le froid glacial du 65ème degré nord de Reykjavik (ce qui en fait la capitale la plus septentrionale du monde) qu’un mec gaulé comme un hipster se promenant dans sa paire de Stan Smith neuve par 10°C au milieu de l’été.

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L’Islandais moyen dans l’imaginaire féminin

Mais bon revenons au football, comment diable se retrouve-t-on à affronter un pays moins peuplé que la Charente (pas la maritime, l’autre)? C’est simple : les mecs sont d’une solidarité à toute épreuve. On parle d’un pays capable de foutre des banquiers en taule, de faire dégager son gouvernement et de survivre en bouffant du requin fermenté (Hákarl) tout en buvant de l’alcool de patate parfumé au carvi (Brennivín). On parle aussi d’un pays capable d’envoyer 10% de sa population en France pour le premier Euro de son histoire et de mettre une ambiance à te faire passer le public français pour le public en carton de FIFA97 (les plus anciens se souviendront, pour les plus jeunes ça ressemble à un Monaco – Troyes par –5°C fin décembre).

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Résumons : les islandais mettent l’ambiance, jouent avec leurs tripes, ont un hymne à te faire renoncer à ta nationalité française et viennent d’éliminer l’Angleterre, pseudo-favori du tournoi que cette fois c’est enfin la bonne on va gagner un truc pour faire oublier que notre dernier trophée c’était en 66. Mais bien qu’on soit en France, pays du romantisme, on a pas le choix, il faut mettre un terme à cette belle histoire.

Le doux romantisme islandais est tombé sur un os : le pragmatisme made in Didier Deschamps. Didier il est pas là pour rigoler ou soigner sa dentition, il est là pour gagner et il sait transmettre son message :
12ème : La nature est souvent imprévisible et capable de miracles, preuve en est avec un ouverture parfaite du gauche de Matuidi pour Giroud qui, plus précis qu’une frappe américaine en Irak, croise sa frappe et ouvre le score. 1-0.
19ème : Corner français, Griezmann fait parler la douceur de son pied gauche pendant que Pogba fait parler sa puissance pour prendre le dessus sur la défense et doubler la mise de la tête. 2-0.
42ème : Deschamps il est plutôt du genre à proposer un « bon, on baise ? » plutôt qu’à offrir des fleurs et faire la cour. Centre de Sagna, remise de Giroud, décalage de Griezmann, frappe du gauche de Payet, 3-0. Emballé c’est pesé.
44ème : Vraiment pas romantique, Deschamps doit être du genre à se barrer par la fenêtre après avoir tiré son coup. Belle passe de Pogba, déviation intelligente de Giroud, Griezmann part sans dire au revoir à la défense avant de piquer sa balle au-dessus du gardien pour le 4-0.
55ème : Premier poteau, premier servi comme on dit quand on veut meubler un peu. Centre de Sigurdsson pour Sightorsson qui reprend du droit devant Umititi pour le 4-1. Oui, Sightorsson c’est bien celui qui arrivait pas à foutre un pied devant l’autre à Nantes.
59ème : Alors que l’Islande reprend un peu espoir, la France flingue toute illusion d’un retour avec Payet qui dépose un coup-franc sur la tête de Giroud qui a usé de son physique pour autre chose que ramasser une escort girl. 5-1.
83ème : L’Islande obtient le dernier mot dans ce match avec un but de Bjarnason sur un centre venu de la gauche. 5-2.

Les islandais sortent donc de l’Euro par la très grande porte et s’offre un retour triomphal au pays.

Pour les français, le prochain obstacle est de taille puisqu’il s’agit du Champion du Monde en titre allemand. L’occasion d’entendre parler tous les jours de 82 et d’atteindre le Point Godwin avant même l’heure de l’apéro.

Les bons

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Forcément, un jour ou l’autre il faut bien affronter des ténors si on veut aller loin dans la compétition. Et là on est servis, c’est l’Allemagne :
– Champions du monde en titre
– Ogre de la compétition
– Qui vient de sortir l’Italie
– Qui ravive les souvenirs de 82
– Schumacher est un enculé
– Pour toi Patrick Battiston
– On pardonne rien à des mecs qui pensent qu’il est normal de foutre des chaussettes avec des sandales.
– Au moins je peux me comporter comme un beauf raciste et mettre ça sur le compte du football.

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On a déjà envahi des pays pour moins grave que ça

Vous l’aurez compris, l’amitié franco-allemande on pouvait se la coller dans le fondement et ressortir ses griefs contre l’Allemagne pendant quelques jours, que ce soit sur les moteurs Volkswagen pour les plus jeunes aux relents de la guerre pour les plus cons.

D-Day comme on disait un 6 juin, la tension monte, la pression se descend. Et là premier choc de la soirée : le Vélodrome. On peut détester l’OM, les marseillais et tout ce qui peut y ressembler de près ou de loin mais il faut l’admettre, le Vélodrome, avec cette ambiance, cette ferveur, dégage une puissance qui peut pas te laisser de marbre, même quand tu es habitué à l’ambiance de feu d’un Bordeaux – Gazélec.

7ème : Comment détecter les signes d’une soirée spéciale ? Par exemple lorsque Matuidi remet parfaitement un ballon à Griezmann on peut se dire qu’il va se passer un truc. Bon la frappe du madrilène est stoppée par Neuer mais on se met à y croire
14ème : Inscrit au chômage depuis le début de l’Euro, Lloris décide de montrer qu’il n’y a pas que Neuer dans la liste des gardiens amputés du charisme en sortant une frappe de Draxler.
15ème – 40ème : Fidèles à la tradition, les allemands occupent le terrain français. Mais la résistance incarnée par Lloris, Koscielny et Umtiti fait barrage et tient le score.
42ème : Accélération de Giroud qui emmène avec lui une caravane, les gypsy kings et l’intégralité des affaires impliquant les Balkany. Forcément, il est repris à la course par Höwedes.
45ème : Sur un corner a priori anodin puisque repoussé par la défense, coup de tonnerre : péno pour la France. Le ralenti est formel : Schweinsteiger met la main pour contrer Patrice Evra. Et accessoirement, Emre Can tente de fracturer le fémur de Sissoko mais le Moussa il est en adamantium. Mauvaise idée de l’énerver.
45ème +2 : Après les 2 minutes réglementaires de contestations et de « yapéno/yapapéno », Griezmann porte ses couilles, prend son élan, contre-pied, pied de nez, nez dans le gazon pour Neuer. 1-0.
50ème : Draxler, vexé d’exploser physiquement au contact de Sissoko, se venge et le chausse. Jaune.
51ème : Comme après Stalingrad, les allemands n’y sont plus.
60ème : Boateng sort sur blessure après avoir envoyé plus de transversales réussies en 1h qu’un meneur de jeu de L1 dans toute sa carrière.
72ème : Pogba fait danser le jerk à Mustafi et centre. Neuer rend hommage aux plus grands avec une sortie Ahamadesque/Grégorinienne/Warmuzesque qui revient sur Griezmann qui a eu l’intelligence d’arrêter sa course pour profiter de l’offrande et inscrire le but du 2-0.
74ème : Histoire de nous montrer que le match est pas vraiment fini, Kimmich trouve l’arête de Lloris du gauche. Mon slip passe d’une grosse émotion à l’avant à une grosse émotion à l’arrière.
90ème +3 : Kimmich marque un but mais Hugo Lloris l’a arrêté.

Fin du match, le Vélodrome explose, mon slip aussi, mon hypothétique futur fils s’appellera Antoine.

Les truands

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Ils sont moches, ils sont sales, ils jouent mal mais ils sont en finale. Oui, à leur façon les portugais ont marqué l’Euro, par un pragmatisme à faire passer Deschamps pour un romantique à la Delacroix ou Géricault. Fernando Santos n’est pas là pour te faire rêver mais bien pour gagner, gagner à tout prix, l’Histoire ne retient que les vainqueurs, pas la manière. Résultat un parcours chaotique : 3 nuls en poule, un braquage contre la Croatie, une victoire aux TAB contre la Pologne et enfin une victoire en 90 minutes face au Pays de Galles.

Alors oui on peut reprocher aux portugais de jouer comme des salopards bien qu’ils ne soient que 11 mais ils sont bel et bien là. Et si les croates n’avaient pas joué en dormant, les polonais été plus efficaces et les gallois au complet, on aurait peut-être eu droit à autre chose qu’une finale chiante avec un Portugal qui a fait ce qu’il sait faire de mieux : faire déjouer son adversaire.

On va pas refaire le fil du match, le couteau a déjà été suffisamment remué dans la plaie, bravo au Portugal, au coaching gagnant de Fernando Santos, à l’attitude de Cristiano Ronaldo qui est souvent le plus horripilant des simulateurs mais un leader fantastique et à Eder, qui a profité de son maigre temps de jeu pour devenir le héros de son pays. A la place on va parler des 23 Bleus et faire le bilan.

Les gars

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Lloris : Il n’aura jamais le charisme d’un Buffon mais il a réalisé un très bon Euro, une valeur sûre.
Mandanda & Costil : Un rôle plus ingrat qu’une adolescence acnéique. Mais ils ont fait ça bien.

Sagna : A 33 ans, il a réalisé un Euro correct. De là à le revoir en 2018 en Russie ? Par défaut de concurrence, ça pourrait bien arriver.
Evra : 35 ans sur le terrain, 15 en dehors lorsqu’on le voit danser avec Pogba. Il peut partir à la retraite tranquille, à moins qu’il aime ça se faire humilier par son adversaire à chaque match.
Rami : Merci d’être venu dépanner avant que les vrais matchs ne commencent.
Koscielny : Le vrai boss de la défense française. Et avec un Umtiti (ou Sakho) à ses côtés, ça peut durer encore quelques temps.
Umtiti : Le grand vainqueur de cet Euro. Il est arrivé en catimini, il repart en blaugrana (et titulaire).
Jallet, Mangala & Digne : Moralité de l’Euro : si tu veux un avenir en Bleu, mieux vaut avoir des cheveux.

Kanté : Principale victime du changement de système instauré par Deschamps, il aura quand même marqué des points dans cet Euro. Bon pour l’avenir.
Matuidi : Avec lui j’oscille entre la curiosité : « comment un être aussi peu coordonné arrive à courir sans se péter une jambe ? » et l’exaspération : « putain mais comment on peut être pro sans savoir contrôler un ballon du droit ? ». Pour moi il est à la fois un élément important et inutile du 11 de Deschamps. Un mystère.
Pogba : Comme Zidane à l’Euro 96, on en attendait peut-être trop de lui. Laissons-le progresser.
Cabaye : Sérieux lorsqu’il a joué mais il est temps pour lui de laisser sa place.
Schneiderlin : Qui ?
Sissoko : La bête de foire de Newcastle est devenu une bête. Impressionnant en demi-finale et en finale, on va finir par croire qu’il est réellement un bon joueur.
Payet : Sauveur en début d’Euro, moins bien ensuite, il a aussi été emmerdé par le changement de système.

Griezmann : Clairement le joueur autour duquel il va falloir construire l’équipe.
Coman : Vouloir jouer au sauveur quand le ballon c’est ta kryptonite c’est dur.
Martial : Avec aussi peu d’envie et de motivation il serait parfait comme fonctionnaire.
Giroud : C’est pas le plus élégant mais ça fait le boulot quand il faut aller coller des gnons à la défense.
Gignac : La différence entre un héros et une fin de carrière internationale ? Un poteau.

Claude Pèze

9 thoughts on “L’Académie Française voit triple

  1. Tant que Pogba ne sera pas mieux entouré, les débats sur son cas seront permanents.
    Filer le ballon à Matuidi (quand il n’est pas aller couvrir le Pat’ à son poteau de corner), c’est risqué. Le filer à Sissokho, c’est faire valoir le muscle.
    Donc soit il tricote, il réussit, et on aime, soit il tricote, il chipote, et on le détruit.

  2. Umtiti – Digne – Matthieu, 3 défenseurs gauchers au barça : Sakho – Kos et Varanne n’ont pas trop de soucis à se faire

  3. Cette finale c’est avant tout un hommage à Yapou « Y’a tout qui marche pas » Yanga-Mbiwa

  4. @ Pastoré Pollux

    Donc en gros il faut qu’il y ait de meilleurs joueurs (que lui) autour de Pogba pour qu’il brille ?

    Ok, regarde la définition de ‘bon joueur’ pour refaire ton analyse. Tu peux le faire.

    Quand à Umtiti il a été pourrave face à l’Islande qui a quand même gagné la 2eme période. Inutile face à l’Allemagne, battu dans les airs même par Kos’, il bénéficie du peu de réussite des bosches pour faire croire qu’il a servi. Quand l’adversaire a 70 158 occases c’est que les def’ sont des tâches.

    Finalement, inutile 65 minutes suite à la sortie de Ronaldo, il servira de pute à Eder montrant son vrai niveau. Une bonne gagneuse qui avale. Bonne chance dans le rôle du nouveau Christanval.

  5. C’est vrai qu’une fois qu’on le connaît mieux, Claude Pèse sévère.

    -÷+×! Allez les Bleus !

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