Boca Juniors – River Plate, la Pampa Académie fait d’une pierre deux coups et demie

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pas hâte pas trique

Salut les moches,

Aaaah, le Superclasico. Quel match, quelle atmosphère, quelle passion, quel bordel, putain. La triple confrontation (une en championnat et deux en Copa Libertadores, pour ceux qui planent à 15 miles) de ces 10 derniers jours entre les fumiers et les poulets a quelque peu animé la sphère hipsterico-footballistique, qui en a dit plus de mal que de bien. Je ne m’autoriserai pas la dérive journalistique de dire qu’ils n’y connaissent rien, mais en fait si, je vais carrément me l’autoriser, bande d’orchidoclastes. La première chose à avoir été décriée a été le niveau de jeu affiché à chacune des rencontres. Bon. Soit, c’était pas exactement ce qu’on appelle du joga bonito. Mais comme partout dans ce monde d’hypocrites à la con, la sacro-sainte loi du « deux poids deux mesures » aura été reine. Parce que, quand Pirlo envoie 30 transversales en touche et réussit à chier des passes à 3 mètres, c’est un génie qui a un coup de moins bien ; quand c’est Carlitos Sanchez qui fait les mêmes conneries, c’est que c’est un joueur qui ne mérite même pas de jouer en District du Loir-et-Cher. Quand il y a du déchet technique entre la Juve et le Real, c’est l’enjeu qui tue le jeu, quand c’est entre Boca et River, c’est que c’est vraiment un championnat de merde. Tout cela bien évidemment étant toutes proportions gardées. Alors je ne veux accabler personne, je suis sûr que pour beaucoup c’était le premier visionnage d’un match de foot sudam. Ils n’ont certainement pas senti la tension qui entourait l’évènement comme ils l’auraient fait pour des derbys auxquels ils sont plus habitués. C’était une partie d’échecs médiatique autant que tactique, et la défaite avait beaucoup trop d’implications négatives pour que les choses se passent correctement sur le terrain comme en dehors. Ce qui s’est confirmé avec le joyeux bordel qu’a été le huitième de finale de Copa Libertadores retour à la Bombonera dans la nuit de jeudi à vendredi. Vous avez sûrement eu des échos de ce qui s’est passé pendant la mi-temps de cette rencontre. J’y reviendrai, en expliquant que même si c’était le grand n’importe quoi, c’était pas si rigolo que ça (mais un peu quand même). Bref, je vais essayer de revenir sur ces trois petites sauteries et toutes les festivités qui sont allées avec. Présentation.

 

EPISODE I : LA MENACE PAVÒN (BOCA JUNIORS 2 – 0 RIVER PLATE)

En comparaison avec ses petites sœurs, la rencontre de championnat de la semaine dernière a été la plus sage, la plus prude. Celle de la fratrie qui va à l’église tous les dimanches et qui finit nonne, sa vocation de toujours. Parce que soyons honnêtes, c’était le seul match où les deux équipes étaient à peu près prêtes à lâcher des points. Et ce, même si les deux équipes jouent le titre cette saison. Résultats des courses, Arruabarrena et Gallardo présentent deux équipes allégées (pas de Cavenaghi pas de Gutierrez ni de Funes Mori côté River, pas de Gago côté Boca) dans ce qui aura finalement été un simulacre de partie de poker menteur. L’intensité était présente, mais de façon latente. Même en tribunes, on a l’impression d’assister à un match de championnat comme les autres.

Forcément, les prestations des deux équipes sont insipides, pour ne pas dire foutrement dégueulasses. Personne ne veut trop se donner, au vu de ce qui les attend les deux semaines suivantes. On croit d’ailleurs longtemps se diriger vers un 0-0 digne des plus glorieux Rennes-Bordeaux de la grande époque. Le coaching d’Arruabarrena et la nullité de la défense de River auront fait pencher la balance en la faveur de Boca en toute fin de match, où les entrées de Gago, Pérez et de Pavon auront notamment fait la différence. Les xeneixes remportent la première manche, mais personne n’est dupe. La vraie guerre, celle qui fait chanter les ménestrels, qui fait vrombir les sabres lasers et couler le sang n’a pas encore commencé. Les deux camps affutent leurs midichloriens et se préparent à dégainer les coups de tatanes dans le faciès.

 

Les buts

84ème (Pavon) : Pérez décale Osvaldo, qui fixe Vangioni. Danny le beau gosse centre, Pérez et Lodeiro sont tous les deux trop courts mais ils dévieront la balle chacun leur tour, qui elle arrivera jusqu’à Pavon au deuxième poteau. Il fusillera Barovero à bout portant.

 

87ème (Pérez) : Pablo Pérez slalome dans la défense de River puis se retourne pour protéger son ballon des deux défenseurs de River qui lui foncent dessus. D’une talonnade non sans rappeler le geste orgasmique de Mamadou Niang contre le Milan AC, il lance Lodeiro, qui bute sur Barovero. La balle retombe sur Pérez, qui marque dans le but vide.

El resumen.

 

Les mecs bons

Lodeiro (Boca), de qui toutes les occasions (ou presque) de Boca seront venues. Gago (Boca) aura apporté beaucoup de stabilité au milieu de terrain à son entrée en jeu, et le jeune Pérez (Boca) aura été efficace dès son entrée en jeu.

Les mecs un peu nuls

Sanchez (River) qui aura mis une mine allemande sur la barre en première mi-temps, mais qui aura eu le déchet technique d’Abdoulaye Doucouré sous coke ; Mammana (River) & Vangioni (River) se seront fait joyeusement balader sur leurs côtés respectifs pendant une bonne partie du match.

 

EPISODE II : L’ENNUI CONTRE-ATTAQUE (RIVER PLATE 1 – 0 BOCA JUNIORS)

 

Ah, la cadette. Parlons-en de la cadette. Elle est intense, celle-ci. Elle prête aux plus délicieuses des controverses. Quand tu la rencontres, elle te rentre dans le lard directement ; elle met les points sur les i et ses poings dans ta gueule. Mais finalement, elle n’a que ça, de la gueule. Car, si finalement, elle te promettait la soirée de ta vie, le genre que t’aurais pu raconter à tes petits-enfants à l’aube de la sénilité, elle ne t’aura même pas mis une mandale dans la tronche au moment de l’orgasme. Dommage.

 

 

Au final, un match un peu bizarre, où les coups auront valdingué dans tous les sens, le tout accompagné d’une intensité assez impressionnante. River aura pris lentement mais sûrement le contrôle du match, se créant les occasions les plus dangereuses. Malgré cela, ils auraient pu finir à 10 voire à 9 tant certaines interventions, notamment de Sanchez et Funes Mori (ce poète), tenaient plus du tacle à la tempe que de la gentille petite poussette. L’arbitre, Monsieur Delfino, aura été bien merdique pendant tout le match, mais il expulsera quand même un joueur de River Plate (Gutierrez, 88ème), par pure compensation de ses erreurs précédentes. Globalement, la rencontre laissera un goût d’inachevé, tant elle aurait pu s’embraser si un but avait été marqué plus tôt. Finalement, on a l’impression de s’être fait chier comme de rats morts alors qu’une étincelle aurait fait péter le truc dans tous les sens.

 

Le but

81ème (Sanchez) : A la suite d’un duel aérien dans la surface entre Martinez et Leandro Marin, ce dernier se retrouve à terre. Peinant à arrêter le beau jeune homme qu’est Pity Martinez sans lui démonter la race, le joueur des Boca Juniors décide alors de le plaquer à terre. Carlitos Sanchez transforme avec un contre-pied parfait.

El resumen

 

Les mecs bons

Kranevitter (River), aura été un patron pendant tout le match, prenant le contrôle de l’entrejeu et empêchant Boca de s’exprimer si ce n’est sur contre-attaque. Le retour de Ponzio (River), aura fait beaucoup de bien à l’attaque des millionnaires, et Barovero (River), n’aura eu qu’un seul arrêt à faire, plutôt difficile, et il l’aura réalisé.

Les mecs un peu nuls

Téo Gutierrez (River) aura tout raté. Ce qui aurait pu coûter cher si Gago (Boca) et Marin (Boca) n’avaient (entre autres) pas été autant à la ramasse.

 

 

EPISODE III : L’ATTAQUE DES DRONES

Il n’y a donc que la benjamine qui puisse encore vraiment être la rencontre Boca – River de votre vie. Celle qui ferait chambouler tous vos préjugés, qui vous déstabiliserait et vous ferait sortir des sentiers battus pour la première fois. Celle qui vous ferait tomber amoureux de l’Argentine et de son football. Elle aurait de toute manière dégoûté les amoureux du calme, ces phobiques de l’impétuosité ; quant à vous, doucement, vous espérez qu’elle vous en foutra plein le museau, vous qui préférez la chaleur enivrante des feux d’artifices aux calme des balades en forêt. Sur le terrain, elle ne sera pas la plus belle pour aller au bal, mais vous n’en avez que faire.

 

 

Malheureusement pour votre enthousiasme ingénu, en dehors du terrain, elle aura été plus qu’explosive, bien trop même. Elle aurait pu vous faire rêver, cette conne. Sur la rencontre de football en elle-même je dirai seulement ceci : il y aura eu 45 minutes de domination stérile de River. Quant au reste… La liste est longue. Tout a commencé par une banderole fort sympathique à l’intention de l’arbitre de la rencontre (enfin surtout à celle de Monsieur Delfino, précédemment cité) : « Si nos cagan otra vez, de la Boca no se ba nadie », ce qui signifie (sucez mon niveau d’espagnol, bande de profanes) « Si vous nous niquez encore une fois, personne ne sort du quartier de la Boca ». Sympa. Par la suite, le recibimiento (https://www.youtube.com/watch?v=oTB0sEAnTSg) sera tout bonnement extraordinaire, et augurera une suite plus festive et moins tendue du slip.

Oui, sauf que non. Agacés par l’interdiction de déployer un tifo géant financé par Carlos Tévez, galvanisés par la soi-disant présence d’une faction interdite de la barra brava de Boca, les hinchas du xeneixe vont juste péter une bonne grosse durite. La suite, vous la connaissez peut-être, et elle est borderline comique tellement on est dans le surréalisme le plus total. Les joueurs de River gazés à leur sortie du tunnel, les dirigeants des deux clubs à moitié en train de se taper dessus, les projectiles jetés quand les joueurs du Millionario ont quitté la pelouse, Orion (le gardien de Boca) qui saluera la barra brava comme si de rien n’était. No souçaille.

Tous clowns tristes que nous sommes, on essaiera de garder les deux instants un peu poilants de cette étrange soirée : Osvaldo qui sort à Carlitos Sanchez « CAVENAGHI BAISE TA FEMME » et le drone des supporters de Boca transportant un fantôme aux couleurs de River Plate avec un « B » énorme inscrit dessus, histoire que ces abrutis rappellent bien à River que leur équipe de pleutres à fait une saison en B (deuxième division) et pas eux. Bien vu.

Reste que les sanctions prises risquent d’être lourdes. Rien n’est encore officiel, mais la Bombonera devrait être suspendue de compétitions internationales pendant 1 voire 2 ans, en plus du match perdu sur tapis vert. Faut être un peu con quand même. On ne pourra pas dire qu’ils ne l’ont pas mérité. Raison de plus pour supporter San Lorenzo, le vrai club de tous les gentils.

CONCLUSION

Le sentiment de honte est assez généralisé en Argentine après ces évènements. Sachant que les matches de ce week-end ont été décalés après la mort d’Emanuel Ortega, joueur de 5ème division, décédé des suites de ses blessures, la semaine qui suit risque d’être atrocement longue pour le microcosme du football argentin. Le jeune Ortega (21 ans) s’était heurté la tête violemment contre un mur lors d’un match le 29 avril dernier. R.I.P à lui. La Pampa Académie, quant à elle vous donne rendez-vous dans une dizaine de jours pour un derby d’Avellaneda qui s’annonce tumultueux.

Votre Laezh Dour qui vous aime

LE BONUS EXTRAORDINAIRE DU NON MOINS EXTRAORDINAIRE LAEZH DOUR

Je vous avais concocté, il y a une dizaine de jours de cela, un quizz permettant de déterminer (et ce avec une exactitude inénarrable) l’équipe argentine que votre subconscient aimait tendrement. Beaucoup auront déjà eu les résultats sur Twitter. Peut-être sera-ce un moment de découverte pour certains, pour les autres champions, il s’agira simplement d’une piqûre de rappel. Des bisous.

 



4 thoughts on “Boca Juniors – River Plate, la Pampa Académie fait d’une pierre deux coups et demie

  1. On s’arrangera. Moyennement une rétribution financière, il y a peut-être quelque chose à faire.

    Je m’attarde vite fait ici sur la sanction de Boca (tombée ce week-end après la rédaction de l’académie) qui est indulgente pour ne pas dire scandaleuse.

    Verdict : Boca disqualifié de la Libertadores 2015 mais pas suspendu pour la/les prochaines. 4 matchs à huis clos et amende de 200 000$ (Source : Lucarne Opposée).

    Et ils se sont permis de faire appelle en plus.

  2. J’ai adoré le match au River, des coups bas par ci par là, de la tension, j’ai eu l’impression de revoir un Anderlecht-Standard époque 2009

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