On ne badine pas avec l’amour du maillot. Les supporters ont de nombreux défauts mais ils ont de la mémoire et font payer le prix fort à quiconque les trahira. Car oui, il faut y réfléchir à deux fois avant de choisir son camp et rien ne sert de se cacher, le supporter saura faire payer le prix cher à la duplicité de certains. Malgré tout, cela n’empêche pas de nombreux joueurs d’aller jouer dans des clubs rivaux. Les exemples à l’étranger sont nombreux, comme entre les deux Milan, le Real et le Barca, Dortmund et le Bayern, Arsenal et Chelsea (même Tottenham). En France, un phénomène étrange existe, les ventes de joueurs entre l’OM et le PSG qui sont appréciés différemment selon les concernés.

A l’heure des transferts bizarres et aux trahisons à venir, il est important de noter quelques spécificités dans les transferts vers les concurrents directs qui ne sont pas accessibles à tous les joueurs. La preuve.

Une cinquantaine de joueurs ont porté les maillots parisiens (sans majuscule) et Marseillais. Certains sont complétement oubliés comme Lowitz, Tokoto, Destrumelle. Certains l’ont porté trop tôt pour qu’on leur en tienne rigueur comme Cauet, Camara ou Makélélé. Certains l’ont porté trop tard pour que leur rayonnement ait vraiment de l’influence comme Déhu, Bravo, N’Gotty, Weah. Certains n’ont pas montré assez leur amour d’un des deux maillots et ont gagné une indifférence polie, comme Dalmat, Luccin, Luiz. Certains ont été considérés comme des traitres comme Fiorèse, Belmadi, Maurice. D’autres ont été pris dans des échanges bizarres comme Roche, Angloma. Enfin certains ont brillé sous les deux maillots et difficile de dire si leurs performances ont vraiment entamé leur cote d’amour dans les deux camps comme Cana, Cissé, Leroy et bien sur Gabriel Heinze. Ce beau blond au regard clair et au sourire enjôleur.

Heinze_MUMon légionnaire
Il avait de grands yeux très clairs
Où parfois passaient des éclairs
Comme au ciel passent des orages.

Aucun doute possible sur la qualité de ce seigneur, il est de la race des plus grands. Né d’un père allemand et d’une mère italienne en Argentine, il porte malgré lui les migrations douteuses du XXè siècle. Son physique ne passe pas non plus inaperçu, il incarne le gladiateur avec son regard glacial, sa mâchoire d’acier et ces pommettes coupées à la serpe. Cet homme vit le jour à Crespo un 19 avril 1978. Cet homme ne savait pas qu’il allait devenir l’une des stars des deux clubs les plus médiatiques du football français, « le sort fût pour lui bien étrange » aurait pu dire Hugo, car oui il y a du panache dans cet homme, un mélange de Valjean et Marius.

Avant cette étreinte française, le jeune Gabriel connaît une éclosion tardive. Professionnel à 18 ans, il ne joue que 15 matchs jusqu’à ses 21 ans. C’est à son retour du Sporting Lisbonne qu’il réalise une bonne saison à Valladolid.

On peut dire sinon qu’il a gagné la Coupe Intertoto avec le PSG.

Cela ne restera évidemment son seul fait d’arme, champion dans chaque grand club où il est passé (restons sérieux le PSG n’en fait pas partie), United, Real et OM, ses chevauchées, son envie, sa motivation ont régalé au delà des frontières et bien au-dessus des antagonismes sportifs. Respecté partout, par tous, quel que soit son maillot, il est celui que chacun veut dans son vestiaire. Intervenant toujours dans l’esprit du jeu, ses quelques débordements ne reflètent que sa difficulté à canaliser cette fougue qui fait défaut à tant de joueurs au train sénatorial. Alors oui il a reçu des cartons, beaucoup notamment au PSG (20 jaunes et 2 rouges lors des deux premières saisons) mais peut-on réellement reprocher à un jeune de marquer son territoire ? Certes les résultats du PSG peuvent stresser à cette époque malgré des joueurs de talent comme Ronaldinho et Pochettino. Les résultats ne suivent pas, sans doute un peu de tension et de frustration difficiles à canaliser pendant 90 minutes. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que c’est à cette époque qu’il est appelé en sélection par un certain Marcelo Bielsa, illustre inconnu de ce côté de l’Atlantique.

HeinzeRoma

Sa seule véritable catastrophe dans sa carrière sera une blessure lorsqu’il est à Manchester et qu’il est remplacé pendant son absence par Patrick Evra qui ne lâchera plus sa place. Homme de défi, ses dirigeants lui refusent un transfert à Liverpool et il atterrit au Real qui est sacré champion avec un Gaby sans doute dans la meilleure forme de sa carrière. Relayé pour sa 2e année de contrat sur le banc, il décide de rejoindre l’OM de Deschamps. Et de gagner le championnat. Et d’être aimé par le Vélodrome au moins autant que le Parc, ce qui n’a pas été le cas de beaucoup de joueurs, peut-être Alain Roche ou Cana, mais jamais dans la mesure de l’Argentin, cabot, moqueur et toujours à la hauteur, une locomotive pour l’ensemble du groupe, d’une ville qui attendait depuis trop longtemps ce titre. C’est d’ailleurs lui qui met le but qui libère un peuple et souille tant de caleçons en même temps. Son départ à la Roma un an plus tard, c’est un pari qui aurait pu être beau, mais bizarrement Heinze ne rentrait pas dans les plans du vieillissant Zeman. Pourtant dans une position plus avancée, il est fort probable qu’Heinze ait pu donner un nouveau souffle à ce poste. Il retourne donc à ses premiers amours argentins au Newell’s Old Boys.

Heinze en dehors d’un palmarès d’un fort beau gabarit est un joueur atypique. Très dur à l’effort, il compense un physique fin par un engagement sans retenue et une intelligence de placement au-dessus de ces concurrents et adversaires. Mais sa signature, son ADN, c’est son charisme, son envie, sa hargne, toujours dans le sens de l’attaque, aller de l’avant, rebondir, mettre la tête où d’autres ne mettraient pas le pied, haranguer ses coéquipiers, électrifier ses supporters, Heinze est un mélange subtil du leader à un poste de l’ombre, d’un physique léger avec un esprit de gladiateur et d’un sourire adolescent avec des canines de vampire. Car il sucera le sang des adversaires, les fatiguera, les mettra dans des états proches de la crise de nerfs, en étant rarement pris en faute. Heinze c’est aussi le petit malin qui saura plaider sa cause toujours avec succès parce que son état d’esprit est irréprochable. Ses coéquipiers passés, présents et futurs le savent, ses adversaires le savent, les arbitres le savent.

Le public le sait aussi. Non pas les supporters mais LE public, au singulier, celui du football, celui qui reconnaît qu’un joueur mouille le maillot et défend le maillot, sans duplicité, sans tromperie, mais un seul à la fois. Un engagement total dans l’instant présent. Imparable mais pas donné à tout le monde. Les prochaines semaines lui donneront encore raison.

 

Bonous : Tou vas jouer avec la tête


@TheSpoonerWay

18 thoughts on “Gabriel Heinze, rainbow flag

  1. Bel article, dommage que tu n’ai pas su laisser de côtés tes sentiments (de merde)

    Tu fais dans le curva1889 un peu, c’est dommage.

  2. Ca m’étonnerait que Hugo ait fait une faute de conjugaison comme celle-là. Je ne sais pas d’où ça vient sur HJ, cette manie des circonflexes sur le passé simple. C’est au subjonctif imparfait le circonflexe, les gars. Ca fait huit fois qu’on vous le dit.

  3. Cet article est à l’image de l’homme. Beau à en faire chavirer les coeurs, plein de hargne, avec des débordements syntaxiques à hauteur de genoux, mais finalement vainqueur et qui pourrait se conclure d’un tonitruant « ah putain bah c’est ben vrai bordel de merde » C’est du rock’n roll comme disent les jeunes. Et pas une blague sur le ketchup. RESPECT

  4. Peut-être parce que c’est du subjonctif, peut-être parce que la citation originelle contient « quoique » devant, peut-être parce qu’après « quoique » lorsque cela traduit la concession, c’est suivi du subjonctif. Les guillemets ne sont plus suffisants pour sortir une citation ou il y a une règle précise ?

    On peut retourner enculer des mouches tranquillement ?

  5. Bon alors, si l’on veut vraiment enculer les mouches, il faudrait mettre « fut » entre crochets pour montrer qu’on change de temps, parce que là c’est comme si tu disais : « Cet homme ne savait pas qu’il allait devenir l’une des stars des deux clubs les plus médiatiques du football français, « le sort soit pour lui bien étrange » aurait pu dire Hugo », ce qui fait un peu bizarre, tu en conviendras.

    Tu as un peu pris pour les autres, je me suis emporté, mais c’est la faute du comité qui ne connaît pas son passé simple. Désolé. Et pis de toute façon maintenant je suis abonné, je peux vous gueuler dessus quand je veux. C’est mon droit de consommateur. C’est l’éditeur qui l’a dit.

  6. Je suis d’accord, il faut être strict et respecter les règles, c’est important le respect. Je mettrai donc l’accent circonflexe entre guillemets, la prochaine fois que je sors cette citation.

  7. C’est très bien, massacre le français à ta guise et ignore les conseils judicieux des honnêtes hommes. Mais si l’éditeur vend moins de polos, ça sera de ta faute.

  8. Pas un mot sur le ketchup et il n’y a que moi que ça choque ?!? Toutes ces années de pub gratis sans que personne ne trouve rien à redire…

  9. Moi j’arrive un peu tard pour rebondir sur les enculages de mouches de grammariens, alors je vais me contenter de dire que votre beau gosse argentin là, je l’aime presque autant que Juan Pablo Sorin, mais si je le choppe, je lui coupe les couilles à ce harki.
    Bien cordialement

  10. En parlant de ça, on avait beau rien faire à l’époque, on a quand même finit deuxième du championnat avant de vous sortir au vélodrome en CDF, avec Heinze, bande de cagoles va.

  11. Ah gaby un de mes héros favori… avec Cantona et waddle il a ça place dans mon taupe 3. Je me rappelle une coupe du monde ou devant ma télé je faisais chié le vagin qu squatter à côté avec mes « regarde bordel ça c du footeux comme je les aime » . Sont indifférence ce stoppa net quand après un but un cameraman eut l’indélicatesse de « toucher » mon gaby.. ça réaction , son regard à cette instant, la tarte mise à la caméra.. le vagin ce jour la compris pourquoi j’aimer tant ce joueurs..
    Ps: enchanté @Cascarinho

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