« La douleur n’est qu’une information »

C’est cette phrase extraite de Terminator II qui m’a fait vivre cette semaine. Car oui chers amis, l’information sous toutes ses formes, on choisit de la traiter ou pas, d’y accorder de l’importance ou pas, de la chercher, de la créer, de l’amplifier, de la faire exister, comme une douleur. Et dans toutes les informations qu’on nous fait ingurgiter de force, cette bouillie prémâchée et mal réchauffée, il y a UNE information à retenir cette semaine, une information encore valable à l’heure où j’écris ces quelques mots, une information qui ne le sera peut-être plus dans quelques heures lorsque le week-end vous aura absorbés, lorsque la Ligue 1 reprendra ses droits, celui d’animer les jours de repos des Français qui ne peuvent pas s’occuper sans avoir un écran allumé. Comme l’hypnotisé ne lâche pas le pendule du regard, le supporter de foot que tu es, ne lève pas les yeux de ce carré lumineux.

Quelle est cette information si importante ? La voici, choquante, brutale, massive, puissante : aucun club de Ligue 1 n’a encore perdu cette semaine. Les peine-à-jouir pourront toujours sourire, il ne demeure pas moins que cette information est vraie. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère ? Cette semaine est sans aucun doute le meilleur moyen de gonfler les égos des bleus avant d’aborder dès le 5 mars, la série de matchs amicaux qui doivent les conduire sur le toit du monde, là-bas, dans ce pays lointain où la population passe son temps sur la plage ou à danser ou à jouer au foot ou à se déguiser en femme ou en homme.

La Ligue 1 n’a pas perdu, la Ligue 1 se porte bien, le Ligue 1 vit bien, dans ses terres comme à l’extérieur. Benzema Pogba, Mangala, Chedjou se chargent de porter la renommée de notre contrée à son zénith. Même un ancien Lorientais, Joël Campbell, Costa-Ricien de son état, jouant à l’Olympiakos a marqué contre une soi-disant ancienne grande équipe anglaise.

Et que dire de Lyon, magnifique vainqueur d’une équipe d’Odessa redoutée sur les rives de la Mer Noire, qui s’attaquera encore à un gros morceau de l’Est de l’Europe, le champion tchèque en titre, le Viktoria Plzen. Assurément, la position d’outsider de Lyon ne manquera pas de galvaniser son attaque de mercenaires à la recherche de la sélection perdue, Briand, Gomis et Lacazette. Un vrai test pour cette équipe qui rêve de se déplacer sur les terrains de la Juventus, du Napoli, des Spurs ou de Bâle, pour connaître les frissons dans les antres des grands d’Europe.

Et personne ne fera la fine bouche sur le classement de la Ligue 1, Paris, Monaco, Lille, Saint-Etienne, Marseille, Lyon, Bordeaux et Reims en tête. Nantes et Nice pas très loin, nous avons les 8 clubs les plus titrés dans le championnat de France aux 8 premières places de la Ligue 1 ! Depuis combien de temps cela n’était-il pas arrivé ? Etait-ce même seulement déjà arrivé ? Le souffle de l’histoire porte ses grandes équipes qui au fond ne meurent jamais, sauf quand Alex Ferguson prend sa retraite, mais cela ne concerne en rien la Ligue 1. Même nos buteurs sont à l’honneur, Lacazette est 2è du classement derrière l’intouchable Ibrahimovic, une telle performance pour un non sélectionné en Equipe de France, personne n’avait vu cela depuis Jean-Claude Darcheville, c’est dire la portée de l’exploit du petit Alexandre.

Enfin, le bouquet final de cette semaine formidable reste quand même la non-sélection de Nasri et le doublé suspension/amende d’Anelka, une victoire pour l’ensemble des cérébrés qui n’ont rien d’autre à faire que de s’intéresser à ce sport. Nasri, Anelka, deux joueurs que j’aurais voulu aimer tout au long de leurs carrières pour des raisons différentes, deux joueurs qui n’ont que déçu, essentiellement par leur attitude d’homme. Sans faire du footballeur lambda, ni de la star, un exemple parce qu’il est une personnalité publique, il n’est pas déplacé de dire que leurs actes en tant qu’homme, celui à notre échelle, le petit homme commun, ont été des œuvres d’art de sombres idiots. Et on attend d’autres décisions de ce type avant l’été.

Tant de bonnes nouvelles en si peu de jours, on en viendrait à rêver à des moments toujours plus beaux, un cercle vertueux où le foot serait un jolie champ de fleurs, une bouffée d’oxygène salvatrice, salutaire pour équilibrer le malaise ambiant. La Ligue 1 comme échappatoire, comme exutoire de vos petites vies, ce serait bien.

Hasta la vista.

Frantz-Christophe Van Dustgroski