Duduche et les coachs

Au dernier jour du mercato hivernal, le Standard indique qu’une conférence de presse se tiendra à 15h15. Rapidement, ce qui va y être annoncé fuite : après 3 mois sur le banc, Ivan Vukomanovic est remplacé par un ancien de la maison rouche, José Riga. Coupable de tenir un rythme trop soutenu, le Serbe est la nouvelle victime de Roland Duchâtelet.

Depuis son arrivée à la présidence du Standard en juin 2011, Roland Duchâtelet a déjà usé de nombreux entraîneurs. José Riga était le premier d’entre eux. Premier coach désigné par le nouvel actionnaire, il doit faire face à de nombreux départs : Eliaquim Mangala, Steven Defour et Axel Witsel prennent la direction du Portugal, avec l’aide du réseau de D’Onofrio. Carcela part en Russie, tandis que l’expérimenté Sergio Conceicao met fin à sa carrière. Le niveau des recrues s’avère décevant. Jamais inquiété quant à sa qualification pour les PO1 (24 journées sur les 30 dans le bon wagon, il n’en sortira pas après la 12ème journée), le Standard se sait toutefois incapable de rivaliser pour le podium. Déjà, lors de la saison régulière, ses résultats contre les autres membres du Top 6 étaient compliqués : 8 points pris en 10 journées, tous à domicile, avec en prime une cinglante défaite 5-0 dans le Grassico. Le bilan en PO1 ne sera guère plus reluisant : avec un 9/30, le Standard termine à la première place non-européenne. Malgré un parcours intéressant en Ligue Europa (élimination en 1/8 après avoir fini invaincu de la phase de groupes), Riga démissionne et part pour le Qatar.

Ron Jans le remplace sur les bords de la Meuse. Le Néerlandais vient d’emmener Heerenveen à la 5ème place avec un football aussi intéressant offensivement (79 buts marqués, Bas Dost meilleur buteur du championnat avec 32 buts) qu’à chier défensivement (59 buts encaissés). La sauce ne prendra jamais. Jans reproduit au Standard ce qu’il a fait à Heerenveen. Sauf qu’il n’a pas Bas Dost. Après 12 journées, 6 défaites, 23 buts marqués (3ème attaque), 22 buts encaissés (12ème défense) et une 10ème place au classement, ce bon Ron Jans est remplacé.

Dis Ron, tu penses quoi de Duduche ?

Arrive donc Mircea Rednic. Le Roumain est un ancien joueur du Standard. Marqué par ses années en Jupiler Pro League (qui ne le serait pas ?), il démissionne du Petrolul et consent à une baisse de salaire pour entraîner son « club de cœur ». Rednic conserve l’efficacité offensive et offre une défense au Standard (11 buts encaissés en 18 matchs lors de la saison régulière). Au terme des playoffs, il qualifie même le Standard pour la Coupe d’Europe. Héros des supporters, il annonce le lendemain que son contrat ne sera pas prolongé.

Pourquoi ? Parce que Duchâtelet a trouvé un nouvel entraîneur, israélien cette fois: Guy Luzon. Le président aurait été « impressionné » par le jeu développé par l’équipe U21 d’Israël, dont Luzon avait la charge, contre les U21 belges (victoire israélienne 4-1). Si peu de monde croit en Luzon, force est de reconnaître que les débuts sont impressionnants avec 9 victoires consécutives. Le Standard a alors évidemment un petit matelas de points d’avance, qui s’amenuisera au fil du reste de la saison. De moins en moins convaincants dans le contenu des matchs, pénalisés par les playoffs, les Rouches terminent vice-champions en ayant un bilan supérieur au champion. Les meilleurs joueurs s’en vont (Batshuayi, Vainqueur, Ezekiel) et leurs remplaçants peinent à les faire oublier. Luzon est prolongé et devient le premier entraîneur de l’ère Duchâtelet à connaître deux saisons différentes. Ça ne durera pas. Malgré une belle performance en Coupe d’Europe (élimination du Panathinaikos en tour préliminaire de Ligue des Champions, ce qui lui assure avant les barrages d’être européen jusqu’en décembre), le Standard galère en championnat. Les défaites 5-2 à Mouscron, puis 3-5 face à Ostende en sont le reflet. Fin septembre, après un nul 2-2 face au Lierse (actuellement largement dernier), le Standard encaisse son 18ème but de la saison, soit déjà un de plus que lors de toute la saison régulière 2013-2014. Suivent deux nouvelles défaites (3-0 à Bruges, 1-2 face à Zulte Waregem). Luzon est démis de ses fonctions.

Jusqu’alors adjoint, l’ancien Bordelais Ivan Vukomanovic est propulsé entraîneur par intérim. À défaut d’un contenu emballant, ses premiers résultats sont convaincants : après avoir tenu en échec le tenant du titre d’Europa Ligue (0-0), le RSCL s’impose à Anderlecht (0-2) et confirme par deux nouvelles victoires en championnat. Vuko est confirmé jusqu’en fin de saison, mais la hype s’essouffle rapidement. Le Standard perd ses trois derniers matchs européens et termine bon dernier du groupe. Dans le même temps, le parcours en Coupe nationale s’achève brutalement face au tenant du titre lokerenois (défaite 1-4).

Depuis cette double élimination, le Standard n’a plus qu’à se concentrer sur le championnat et a retrouvé des couleurs. S’il n’est pas capable de rivaliser avec le leader brugeois (défaite 1-3 mi-décembre) et propose un contenu irrégulier et jamais attractif, ce Standard peut battre La Gantoise (J20), Lokeren (J21) ou Anderlecht (J23), trois adversaires qui visent le top 6.

Mais voilà, ce 2 février 2015, l’histoire a pris fin. Au lendemain d’une victoire compliquée au Lierse (2-3), Vuko apprend qu’il a dirigé son dernier match. José Riga revient aux affaires, deux ans et demi après sa démission. S’il semblait évident que Vukomanovic n’était probablement pas une bonne solution à long-terme, rien ne justifiait le renvoi d’un entraîneur qui, avec un effectif non-choisi, s’en sort avec un bilan en championnat de 28 points sur 39. Sur la même période, seul le Club Brugge a fait mieux (31 points). À l’origine de cette décision, Axel Lawarée, conseiller sportif du Standard depuis quelques semaines, essaie de justifier cette décision : « on ne voulait pas devoir réagir en cas de mauvais résultats ». Ahurissant.

Bilan du Standard de Vukomanovic (journée 12 à journée 24)

Pourquoi attendre le dernier jour du mercato pour nommer un entraîneur libre depuis 3 mois ? N’aurait-il été pas été pertinent de l’officialiser avant, pour qu’il puisse profiter du marché des transferts ? Le Standard a perdu en janvier deux titulaires : Laurent Ciman et Paul-José Mpoku. S’ils ont été a priori bien remplacés (Alexander Scholz, Imoh Ezekiel), peut-être le nouveau coach aurait-il eu d’autres souhaits ou d’autres pistes plus appropriées ?

Et surtout, POURQUOI JOSÉ RIGA ? Son premier passage a laissé des souvenirs complètement quelconques. Si le contexte (évoqué plus haut) est un peu particulier, tout le monde s’accordera sur le fait qu’il n’est pas LA perle rare. Trop timide avec son groupe, trop frileux dans son plan de jeu, il a maintenant la pression de faire aussi bien que son prédécesseur. Lors de la conférence de presse, la direction a parlé d’un « renforcement » plutôt que d’un « changement ». C’était avant que Vukomanovic ne refuse la place dans le staff qui lui était proposée. Il a décidé de quitter le club.

Dis Ivan, tu penses quoi des choix des dirigeants ?

Le football belge montre régulièrement que la stabilité du staff est à la base de chaque succès. Si les petits Lokeren, Zulte Waregem ou Courtrai ont pu se montrer en championnat ou en Coupe, c’est parce que leurs entraîneurs étaient les plus anciennement en poste. Si Charleroi se montre dans le haut du tableau cette saison, c’est parce que leur excellent entraîneur est en poste depuis 18 mois, une durée incroyable pour un club qui a vu 25 changements de coach depuis mars 2000.

Avec ce cinquième changement en trois ans et demi, Duchâtelet prive le Standard d’une stabilité qui devrait lui permettre d’être compétitif avec Anderlecht ou Bruges sur toute une saison. Propriétaire de cinq autres clubs, Duduche n’hésite jamais à placer ses anciens coachs rouches. Après avoir quitté le Qatar, José Riga avait ainsi contribué au maintien de Charlton (un des clubs de la grande Rolande) en 2013-2014. Il n’avait pas été conservé, à son grand étonnement. Depuis, Charlton a de nouveau changé de coach. Le Belge Bob Peeters a été remplacé par… Guy Luzon, qui était depuis son départ du Standard conseiller du Carl Zeiss Iena (devinez le propriétaire ?). Ron Jans et Mircea Rednic ont quitté la galaxie Duchâtelet. Verra-t-on Vukomanovic à Saint-Trond, en passe de remonter en D1 ?

Jean-Marie Pfouff

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4 thoughts on “La Jup’ : Duduche et les coachs

  1. Ce qui m’étonne aussi c’est le fait que ces coachs restent (ou reviennent) dans la nébuleuse Duduche sans trop se poser de questions.
    Du coup, c’est qui le plus fort ? Duduche ou Bayat ?

  2. Comment un proprio peut avoir un club en D1 et en D2???
    Sinon faut pas cracher dessus, il peut pas filer des tunes au site Duduche? apparemment il en a à jeter!
    Le Standard c’est un putain de club quand même, c’est vraiment le Nawak club!

  3. @Bart : y’a pas une histoire de salaire en jeu ? Genre Duduche a tout intérêt à proposer un poste à Luzon parce qu’il doit continuer à le payer tant qu’il ne trouve pas un autre poste, une connerie du genre.
    D’ailleurs, si Ferrera confirme ce qu’il fait actuellement à Saint-Trond, ça ne serait pas étonnant de le voir débarquer à moyen terme à Liège.

    @homerc : juridiquement, ça ne pose pas de problème. La seule interdiction est de posséder 2 clubs dans la même division. Duduche a pris les devants : comme Saint-Trond a plutôt vocation à être en D1 (et encore…) et devrait y être la saison prochaine, il ne fait officiellement plus partie de l’organigramme. Mais c’est toujours lui qui dirige en coulisses : les infrastructures appartiennent à sa femme et et je lisais dernièrement que certains dirigeants étaient ses proches (par exemple le président qui lui a succédé était directeur général d’une société qui sous-traitait pour une entreprise de Duchâtelet).
    La seule utilité que je trouve à ce réseau (une partie de la presse belge évoquait un rachat de Lens ce matin), c’est que ça court-circuite les agents.

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