L’Apprenti footballologue analyse Boca-Banfield

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Le petit nous prend parfois pour des cons.

Boca : l’empire du milieu

Le match du titre. C’est le court résumé que l’on peut faire de cette opposition des extrêmes entre le leader Boca Juniors et la lanterne rouge Banfield. Sans grande volonté de se battre pour la victoire, système de montée/descente argentin oblige, l’équipe de La Volpe a subi la domination du champion. Une équipe qui écrit l’histoire, avec seulement 4 buts encaissés en 17 matches. Un onze appliqué à défaut d’être virevoltant.

 

Qu’est-ce qu’un bon bloc équipe ?

La mise en application de cette notion de bloc, souvent plus proche du bétonnage qu’autre chose, a rendu le terme presque péjoratif pour bon nombre de fans de football. Il faut pourtant voir plus loin que cela, et voir que ce n’est finalement que la mise en application d’un schéma tactique basé sur la discipline. Pour Boca, cela se traduit par un dispositif tactique où les ailiers montent peu, même si Clemente Rodriguez vient parfois apporter le surnombre côté gauche, un milieu de terrain regroupé et capable de venir au contact de ses défenseurs comme de ses attaquants, et un positionnement qui varie selon la position du ballon. Pour faire simple : quand Banfield a eu la possession, ils ont toujours eu autant de joueurs face à eux. Pas question de premier rideau, il y a toujours six à sept hommes prêts à défendre. Ce 4-3-2-1 ou 4-2-3-1, selon si Erviti et Somoza reviennent ou si l’un des deux fait le lien avec Chavez et le duo d’attaque, oblige Banfield à créer l’exploit pour se procurer une occasion. Le premier tir, sans danger, arrivera à la 70e, alors que Boca avait arrêté de jouer depuis un bon quart d’heure.

 

Des milieux travailleurs et polyvalents

Un adage commun du basket veut que l’on ne puisse pas apprendre la taille. Il sera en effet toujours plus facile à un géant d’apprendre à tirer, qu’à un nain de grandir. A compétences égales, l’avantage physiologique est net. Pas question de taille côté Boca, au contraire (Chavez, Erviti, Rivero et Rodriguez font moins de 1,70m), mais plutôt de talent. Positionnés entre les quatre de derrière et le duo d’attaque, Somoza, Rivero, Erviti et Chavez sont les éléments essentiels de l’équipe. Si l’on met Chavez un peu à part, son rôle de milieu offensif en remplacement de Riquelme lui évitant la plupart des tâches défensives, les trois autres sont la pierre angulaire du système. Plutôt que d’apprendre à des joueurs disciplinés à être talentueux, Boca Juniors force des talents à canaliser leur énergie pour l’équipe. Trois joueurs au profil similaire, capables d’apporter le surnombre en attaque comme de récupérer les ballons dans les pieds des attaquants, au vécu semblable (31 ans pour Erviti, 30 pour les deux autres), et qui sont parfaitement interchangeables. Si Somoza a un registre plus défensif, Erviti et Rivero sont les hommes du surnombre. Capables d’être toujours près du ballon, ils permettent à Boca d’être en supériorité numérique derrière, et en égalité numérique devant.

 

Débloquer la situation

Face à un Banfield tourné vers la défense, avec dans les buts une vieille connaissance de la maison d’en face, Cristian Lucchetti le gardien tireur de penalties, pas forcément facile de trouver la faille. Sauf que Boca possède un avantage certain : une domination sur les coups de pieds arrêtés. Les petits gabarits, en grand nombre, sont rejoints par papy Rolando Schiavi. C’est lui qui s’élève plus haut que tout le monde sur corner pour amener le premier but, et la menace qu’il fait planer libère des espaces, comme sur le deuxième but où Cvitanich est démarqué et peut marquer de volée, là aussi sur corner. Le dernier but est lui aussi un peu particulier, puisque c’est une frappe lointaine. Au final, Boca Juniors n’aura quasiment pas eu d’actions construites les menant jusque dans la surface, mais a pu marquer 3 buts en à peine plus d’une mi-temps. Pourquoi faire autrement…

 

Un buteur et un électron

S’il y en a un qui continue à progresser avec le temps, c’est Pablo Mouche. Deuxième attaquant, en soutien d’un buteur (ici Cvitanich, mais aussi Viatri ou Blandi), il permet d’étirer la défense adverse en se baladant un peu partout au gré de ses humeurs. Capable de quelques accélérations assassines, il est surtout décisif dans le jeu sans ballon. Devant lui, Dario Cvitanich, est le parfait buteur. Assassin silencieux, il se fond dans une défense de Banfield qu’il ne connaît que trop bien, et sort de sa boite pour concrétiser au score la domination dans le jeu. Imprévisible, ses respectueuses absences de célébrations et son baiser avec sa journaliste de compagne auront été ses gestes les plus attendus.

 

Houhou Banfield … ?

Faire-valoir plus qu’opposant, Banfield n’aura pas montré grand chose. Etouffés au milieu de terrain, Eluchans et ses potes n’ont commencé à jouer que quand Boca a arrêté, et que Riquelme est entré pour la beauté du geste. Pouvaient-ils faire autrement ? Probablement pas. Toutes leurs velleités offensives se sont heurtées à un mur, et leur milieu de terrain était beaucoup trop étiré pour espérer conserver la balle et construire le jeu. Face à l’une des plus solides défenses de l’histoire du championnat argentin, il aura fallu tenter autre chose, à commencer par des frappes de loin, et insister sur un côté gauche où Rodriguez s’est laissé aller à plusieurs montées. Mais cela n’a jamais vraiment semblé possible. Et puis, il y avait une fête à ne pas gâcher…

 

Les buts.

L’apprenti footballologue.

8 thoughts on “L’Apprenti footballologue analyse Boca-Banfield

  1. Le bloc-équipe est surtout devenu une expression made in ligue 1 répétée à longueur de temps en interview par nos chers entraineurs très ambitieux dans le jeu.

  2. Ouais, aussi. Pour la présentation c’est un test. Si mes quelques lecteurs ont un avis je prends.

  3. Intéressant, on parle très rarement du foot argentin sur ces pages.
    Et j’aime bien la présentation, ça permet de bien comprendre comment fonctionne l’équipe.

  4. I’m not just a hole, I’m a person too !

    Merci les mecs, ça me rend tout chose d’avoir plus de 3 commentaires sur un de mes articles.

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