L’apprenti footballologue analyse Udinese-Inter (3-1)

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Pour voir les matches, il s’est fabriqué son propre téléviseur… Quel bon petit.

Quand les stratégies sont les mêmes, ce sont les hommes qui font la différence. Quand les hommes sont les mêmes, ce sont les stratèges qui font changer le cours de l’histoire. La logique est telle qu’on ne change pas quelque chose qui fonctionne, et que l’échec est le meilleur moyen de se remettre en question. Ainsi, se savoir plus fort incite à la prudence dans les envies de changement, tandis que se
savoir inférieur pousse à innover, pour contrebalancer cette supposée faiblesse.

Si elles ne s’adaptent pas nécessairement à l’adversaire -un système de jeu est associé à des rôles et une mentalité qui ne s’improvisent pas-, les équipes italiennes ont constamment tendance à évoluer sur le plan tactique. Sans rappeler les tactiques qu’elles ont inventées dans le passé, contribuant à donner une image qu’elles battent en brèche chaque semaine (qui voit encore du catenaccio ?), il est intéressant de voir que c’est en Italie que l’on trouve le plus de défenses à trois. Les prises de risques du Genoa, du Napoli ou encore de l’Udinese vont dans ce sens.

L’Udinese recevait l’Inter dans un système de jeu équivalent à celui du Napoli contre la Juventus, et on ne va pas revenir sur le rôle des latéraux une nouvelle fois prépondérant (cf analyse du match). Il est malgré tout nécessaire de rappeler que ceux-ci, Isla et Armero, ont galopé pendant 90 minutes sans que cela ne dérange grand monde. Aspirés par l’axe, tous les joueurs de l’Inter, à l’exception de Maicon, ont laissé ces ailiers enchaîner les montées sans penser à délocaliser le point névralgique de leur système tactique.

Ainsi, on a pu assister à une rencontre pleine de largesses, où le marquage était resté aux vestiaires. Logique, là où deux 4-4-2 se répondront dans les phases offensives et défensives, donnant l’avantage aux coups de pied arrêtés et capacités à gagner les un contre un, voir un 3-5-2 (ou 3-5-1-1 avec Sanchez en soutien de Di Natale) affronter un 4-3-1-2 n’est pas habituel. Plus question d’adversaire
direct désigné, on se retrouve souvent dans des phases de zone où on habite plus le périmètre qu’on ne cherche à prendre en défaut un joueur donné.

Derrière les deux stars de l’attaque, Di Natale le finisseur et Sanchez le dribbleur, la partie a surtout été marquée par la capacité de l’Udinese à mettre sous l’éteignoir les quatre milieux centraux intéristes. Tandis qu’Asamoah était en plein casting pour jouer le rôle du Essien version fin de décennie 2000, un autre bonhomme se montrait. A vrai dire, on a plus vu l’Inler deux mi-temps que l’Inter de Milan. Ballotté un temps par Stankovic, le Suisse –courtisé par Leonardo- a ensuite pris le dessus à la récupération. Déjà embêtés par l’un des 650 Asamoah que compte le Ghana, ses partenaires ont préféré laisser Stankovic se débrouiller seul. Seul Motta, dans un duel face à un Pinzi un petit ton en-dessous de ses deux compères, a su se faire respecter.

On ne peut pas tirer de conclusions définitives, mais le système à trois défenseurs centraux et deux ailiers à une nouvelle fois pris en défaut une tactique basée sur la domination dans l’axe. Plutôt que de regrouper des joueurs physiques et pas mauvais techniquement, beaucoup d’entraîneurs italiens continuent à jouer la carte du déséquilibre via des feux follets capables d’assurer défensivement. Et
si, dans l’imaginaire collectif, se contenter de Domizzi-Zapata-Benatia pour contrer deux attaquants de très haut niveau peut sembler dangereux, c’est en réalité le meilleur moyen de ne pas prendre de buts en contre-attaque. Là où on veut des latéraux qui montent dans les systèmes en 4-4-2 ou 4-4-3, réduisant de facto la défense à deux ou trois éléments, et ne la peuplant qu’avec deux stoppeurs de métier (difficile d’être aussi efficace offensivement que Lahm et défensivement que Puyol), ici le choix est assumé.

Pour peu que le milieu ne soit pas capable d’apporter le surnombre et de jouer dans les pieds des attaquants, on se retrouve dans une infériorité numérique assez délicate à gérer pour un buteur. En réalité, un attaquant à plus de chances de marquer face à quatre défenseurs s’il a des partenaires pour lui proposer des solutions et des fausses pistes aux adversaires, que s’il est seul face à un ou deux murs tout le match. Ce n’est pas Saméto, victime du ciment colombien Zapata, qui viendra mettre en doute la solidité de la bâtisse…

5 thoughts on “L’apprenti footballologue analyse Udinese-Inter (3-1)

  1. La base du match, c’est surtout le 6ème match en 15 jours pour l’Inter. On peut parler tactique autant qu’on veut, si le dribbleur n’a pas les jambes pour dribbler…

  2. Vérification faite, c’est Valérie Fourneyron, honorable nominée aux van nobel… C’est pas beaucoup plus glorieux !

  3.  » A vrai dire, on a plus vu l’Inler deux mi-temps que l’Inter de Milan. »

    Excellente celle-là ! Sinon une fois de plus beau travail. Tu peux maintenant retourner coudre des ballons.

  4. Plus généralement c’est le manque de réaction des Intéristes qui est choquante. Lorsque Maicon dévisse sa frappe et teste les gants en peau de pêche du gardien. Personne ne gueule, tout le monde est résigné.

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