Monsieur Monseigneur José 1er le Mou, plus grand entraîneur de tous les temps à l’exception notable du sieur Christian de Bretagne, je vous fais cette lettre pour vous dire mon désarroi, mon désappointement, mon désenchantement même. Si j’osais, je dirais désillusion, j’ose, je dis désillusion. Je sais trop bien, Ô Mou, que l’on va me taxer sinon d’opportuniste, au moins de défaitiste, voire de traître  Ne vous méprenez pas, je ne retourne pas mon manteau d’hermine au prétexte d’une défaite, même violente, je ne rends pas les armes avant que la messe soit dite. Non, trois fois non. Sachez-le, je ne vous hais point, vous avez toujours mon admiration, et il n’y a rien que je ne souhaite plus qu’un renversement de situation miraculeux qui verrait les blancs en finale de Ligue des Champions. Seulement voilà, je continue au prochain paragraphe…

Vous aviez promis, José, même implicitement, cette Decima, et un gentilhomme tiens ses promesses. Je sais ce que vous vous dites : « qui est ce freluquet qui abandonne lâchement ses ouailles pendant des mois et revient sans prévenir vomir son fiel ? Non mais de quel droit ? » Je ne saurai vous contredire mais comprenez bien que la noblesse de France est en danger. Moi-même, afin d’échapper aux sbires zélés de l’administration républicaine félonne ai dû fuir mon château en grande hâte, déguisé en mendiant. Ainsi ais-je parcouru le saint tracé du pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle, à pied, aller-retour, et je peux vous dire que c’est sacrément long le bazar. J’avais des ampoules partout, quand même… Bref, j’ai prié pour vous, et pour le beau Réal, et je crois que mes prières furent entendues puisque tout alleait mieux jusqu’à cette triste soirée Teutonne.

Aujourd’hui encore je dois me cacher. Il est hors de question que je verse le moindre impôt à l’imposteur qui dirige ce pays. Mais assez parlé de moi.

« La défaite est tellement plus intelligente. On pourrait passer sa vie à la méditer. C’est auprès d’elle que l’on puise ses vraies ressources, que l’on sublime ses revanches. Que faire de cette défaite ? »

Jean-Marie Rouart

La défaite n’est pas le problème, surtout face à un adversaire supérieur. Et c’est peu de le dire que les Prussiens furent supérieurs aux Castillans, surtout un. Il faut dire que Dortmund a quelques atouts hérités de l’Histoire, j’aime bien l’Histoire. D’abord résidence de l’empereur Barberousse, aucun lien avec Xabi Alonso, la ville de la Ruhr fut ensuite intégrée à la ligue hanséatique mais surtout, elle devint rapidement le second producteur de bière du moyen-âge, autant dire qu’on tenait là les racines d’une vraie future ville de football. D’autant qu’après l’intégration à la Prusse, berceau de l’empire, au sein de la province de Westphalie, elle est devenue pour un temps le premier brasseur d’Europe, ça envoie. Pendant la seconde guerre mondiale, on y euthanasiait les handicapés physiques et mentaux, ce qui explique peut-être la non-titularisation de DiMaria.

Nous entrons là dans le cœur du problème. José, je le dis haut et fort, vous avez sous-estimé le Borussia, et ça ne vous ressemble pas. Je n’ai pas compris votre façon d’aborder ce match. Je m’attendais sincèrement à une équipe Mourinhesque, moche, sale, désespérément efficace, une équipe de contre fulgurants et de coups dans le dos de l’adversaire. Un monstre froid à en dégoûter ce mur jaune d’enthousiasme. Sauf que le vrai mur jaune, il était au milieu de terrain, sur la pelouse. Comment ne l’aviez-vous pas vu venir, ce mur-là ? Pourquoi ne l’avez-vous pas anticipé ?

Ramos à droite, un Varane solide mais inexpérimenté et un Pepe dans le doute au centre, hérésie. Je m’attendais à du béton derrière, comme vous aviez si bien su le faire par le passé. Varane à droite, Ramos au centre, forcément. Je m’attendais à un milieu de terrain renforcé et combattant avec Pepe ou Modric un cran plus bas pour harceler Gundogan. Gundogan bon sang… Vous ne regardez plus les vidéos de vos futurs adversaires ? Il s’est amusé pendant tout le match au milieu, c’est le cerveau, l’homme à abattre, mais avec Reus, Götze et l’apport des rapides latéraux, Khedira ne peut pas surveiller tout le monde en même temps, et Alonso ne peut pas diriger le jeu du Real s’il doit défendre sans arrêt.

Je m’attendais à une attaque éclair, toute en rapidité et en déviation. Que vois-je ? Ozil à droite, pas de DiMaria. Mon sang ne fait qu’un tour. Ozil est formidable, mais il a été parfaitement inutile, c’était prévisible, il n’a même pas l’impact défensif d’Angel. Il parait que l’argentin a marqué face à l’Atletico en championnat ce week-end. D’accord j’aime bien DiMaria, mais objectivement, Ozil à droite, ça veut dire que vous vous attendiez à contrôler les débats. Vrai ou pas ? Ah oui pardon c’est une lettre. Quant à Higuain plutôt que Benzema, même si je pense que le français peut apporter plus de solutions dos au but, je suppose que sa forme actuelle ne plaide pas pour lui.

José, vous partez à la fin de la saison, vous allez laisser un champ de ruines, comme d’habitude, et Ancelotti va essuyer les plâtres avant qu’un autre ne vienne récolter les fruits de son travail, comme d’habitude. C’est pourquoi je me demande si vous ne nous avez pas abandonné… Je pensais que vous teniez à partir la tête haute, avec un trophée de plus entre les mains, j’avais même parié là-dessus, au moment d’affronter les prolétaires Anglais. Aujourd’hui je doute, mais surtout j’ai peur qu’une défaite ne me laisse comme un goût d’inachevé.

Pour toutes ses raisons, José 1er l’unique, je demande à ce que vous soyez enfermé en la tour de Londres jusqu’à nouvel ordre. Quoi ? Il y va de lui-même l’année prochaine ! Bon ben laissez-nous Ronaldo alors.

Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait, Monsieur Mou, en sa sainte garde.

L’Homme Mystérieux.

PS : « Il n’y a qu’une réponse à la défaite, et c’est la victoire. »

Winston Churchill

Certains républicains ont de la noblesse en eux, surtout s’ils sont Anglais. J’ai foi en Dieu et en Bernabeu. Hala Madrid.

3 thoughts on “Lettre (de cachet) ouverte à José Mourinho

  1. « Ainsi ais-je parcouru »?
    « Un siège pas recouru » plutôt, non?
    Ce sera dur mais j’y crois Seigneur Mou.

    Je ne connaissais pas cette devise du Parti Socialiste, n’est-elle pas inversée?

  2. Diantre, quelle prose!

    -Joder… 6 millones de parados… Si pudiera arreglarlo con una varita mágica…
    -Hola, Soy tú hada madrina, pide un deseo…
    -La remontada!!
    -Pero has dicho…
    -Que te calles puta!!! La remontada!!!

    Allez José, Hala Madrid!

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