Manuel de savoir-parler foot

Une initiation au footballistiquement correct

de Barnabé la Plume

Afin de vous permettre de briller en société lorsqu’il s’agit de parler foot, Barnabé la Plume vous offre gratuitement (*) un petit Manuel d’initiation aux expressions toutes faites du foot. Aujourd’hui, décortiquons l’expression suivante :

CHAPITRE 3 :

« On est des compétiteurs »

Pour la compréhension de ce chapitre, nous n’aurons pas besoin de revoir les images au ralenti pour savoir s’il y avait hors jeu sur l’action ou pas. Nous pouvons donc d’emblée écarter cette activité et la réserver pour les besoins d’un prochain chapitre.

Signification : au sens littéral, désigne tout joueur de football professionnel qui dispute des compétitions. Fait extrêmement rare en Europe et en Amérique latine, contrées où seuls 13 317 joueurs sont dans cette situation, sur une population cumulée totale d’à peu près 700 millions d’âmes en comptant les femmes et les journalistes sportifs. C’est dire si le phénomène du compétiteur est rare et minoritaire. D’où son importance.

Nous sommes en présence d’une expression dite HVA, c’est-à-dire « expression à Haute Valeur Ajoutée », à ne pas confondre avec le célèbre « Henry Vit en Amérique », titre du best-seller de Pierre Ménès (Editions Plomb, 2024) et expression qui, de l’avis des plus éminents spécialistes, n’aura finalement eu qu’un apport limité à la compréhension du football par le plus grand nombre. Expression à HVA et totalement indispensable puisque sans elle le football serait un sport aussi impraticable que la pêche en eau douce dans le désert de Gobi, même les jours d’inondation.

Origine : Vient du verbe compétiter, (verbe du 1er groupe, 2e tiroir à gauche au fond du vestiaire) très usité en langue française de 2025 à 2065, pendant les six quinquennats successifs d’Emmanuel Petit.

Savoir reconnaître un compétiteur : le compétiteur-footballeur se reconnaît par son aptitude à la répétition monomaniaque quoiqu’en stéréo de la phrase type « Je suis un compétiteur donc à partir de là… » en réponse à une question portant spécifiquement sur sa mauvaise performance, sa place sur le banc, sa carrière, ses objectifs, la météo, etc. Ou plus généralement en réponse à n’importe quelle question.

Exemple 1 :

« – Alors Karim, comment vivez-vous votre situation de remplaçant sur le banc du Real Madrid ?

– Ben moi j’ai toujours envie de jouer parce que je suis un compétiteur, mais c’est coach Mourinho qui décide. »

Déjà au temps des Romains, pour bien briller en société, il était très important de savoir distinguer un compétiteur d’un non-compétiteur. Pour s’en convaincre, relisons ce passage du célèbre « Traité sur la compétitivité et les externalités dans les pays de l’OCDE au temps de l’Empire Romain» de Steevy Boulay et Jacques Attali :

« La scène se passe en l’an 59 avant Lui au cœur du palais impérial à Rome. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle saison qui s’annonce passionnante : l’armée romaine est en effet qualifiée pour disputer le championnat d’Europe des civilisations anciennes, dont la finale se déroulera en Gaule, le 17 mai de l’an 58 avant Michel Platini. Les Romains disposent d’un avantage financier de taille sur leur principal rival, les Grecs déjà anciens, grâce à la manne colossale des droits de retransmission des Jeux du Cirque. Cependant, le suspens est à son comble car l’empereur J’Anus Michelus L’Argus doit encore choisir son futur général, celui qui mènera avec succès à la conquête du titre en Gaule. Son conseiller le plus fidèle, Monsieur Irma, lui présente celui qu’il tient pour un compétiteur hors norme : Raïus Domenechus Carnivorus.

–       Ôoo respecté captain L’Argus, qu’en pensez-vous ? Né sous la bonne étoile, il est latéral droit ascendant sélectionneur – observez donc son poil dru et sa moustache aristocrate, n’est-ce pas un fier compétiteur ?

Après avoir longuement observé le candidat Carnivorus, l’empereur se gratta son auguste menton et rajusta son auguste tunique. Puis il lâcha un sonore :

–       Non. C’est une pipe. »

A la lumière de cette analyse historique édifiante, on voit à quel point distinguer un compétiteur et une pipe est essentiel à la bonne marche d’un empire.

Figure 27. Plus près de nous, le Compétiteur Moderne

« Et ouais, mon pote, chuis un compétiteur, moi.  C’est parce que je me rase avec Gillette Sensor 12 lames : un rasoir pour nous, les compétiteurs. », Hatem Ben Arfa, au salon du compétiteur 2009

Figure 12b. Le Compétiteur en pleine action

Je lâche pas la balle ! Je lâche pas la balle ! Chuis un compétiteur !

Avantage : l’expression peut s’employer en réponse à de très nombreuses questions, comme l’illustrent les exemples ci-dessous, tirés de véritables interviews mais dont nous avons flouté les principaux acteurs dans le souci de respecter leur anonymat :

Exemple 2 :

«  – Alors on le salue Cris qu’on connaît ses qualités bienvenu dans Luis Attaque toi que t’es comment te dire un taulier un ancien un pilier un capitaine un emblématique de l’Olympique Lyonnais, est-ce que le groupe vit-il bien un petit peu ?

–  C’est sûr, le groupe vit bien, puisqu’on est tous des compétiteurs avant tout. »

Exemple 3 :

«  – Emmanuel Petit, vous étiez un grand compétiteur durant votre carrière…

–  J’étais surtout un compétiteur dans l’adversité, je dirais. »

Exemple 4 – notions de négation du compétiteur et compétiteur par délégation. Pierre Ménès :

« C’qui lui manque à Malouda, c’est que c’est pas un compétiteur. Par contre, Thierry Henry c’est le plus grand compétiteur que j’aie jamais vu. D’ailleurs, j’ai son numéro de portable. »

Extension politique : Il est de notoriété publique que les hommes politiques adorent compétiter férocement. Il faut cependant noter que si le principe reste le même, la formulation diffère sensiblement. En politique, on évitera le « je suis un compétiteur donc j’ai envie de jouer », on dira plutôt d’une voix grave et d’un ton modeste : « Ecoutez, Jean-Pierre Elkabach, que ce soit clair : moi, je ne suis candidat à rien. Je suis au service de la France. Alors, si l’on fait appel à moi, je me battrai avec toutes mes qualités pour améliorer le quotidien de nos concitoyens. ».

Pour conclure l’action en la mettant au fond comme tout compétiteur qui se respecte, on méditera utilement sur la philosophie de Lukas Podolski : « Le foot, c’est comme les échecs mais sans les dés ».

Encore plus que la démocratie de Ségolène, ce Manuel est participatif  et toutes les idées d’expressions toutes faites sont bienvenues : transmettez-les à Barnabé via Facebook ici.

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* Les Cahiers du football proposaient en leur temps et proposent 
à nouveau « A partir de là, le parler foot haut en couleurs » (voir ici)
mais c’est payant…

9 thoughts on “Manuel de savoir-parler foot

  1. Origine : Vient du verbe compétiter, (verbe du 1er groupe, 2e tiroir à gauche au fond du vestiaire) très usité en langue française de 2025 à 2065, pendant les six quinquennats successifs d’Emmanuel Petit.

    Très fort en Français Barnabé, très drôle, très visionnaire, si tu veux trois cours de maths pour te parfaire mon grand, prends mon mail.

  2. Et oui grande nouvelle aujourd’hui sur horsjeu.net, Hamada Jambay nous annonce que puisque de 2025 à 2065 il ne peut y avoir 6 quinquennats, le verbe « compétiter » n’existe pas non plus et donc l’auteur doit aussi prendre des cours de français.

    Il a free, il a tout compris.

  3. je t’aime beaucoup desproges, je t’admire au plus au point, mais bon maintenant que t’es mort, pierre, laisse nous en paix. j’ai pas dit que le verbe compétiter n’existait pas puisque blp le sait, je disais qu’il maitrisait notre belle langue (désolé pour le circonflexe moké)sans ironie, et blp est toujours précis, lorsque l’on dit de 2025 a 2065 pendant les six quinquennats successifs, on ne dit pas pendant les six quinquennats successifs entre 2025 et 2065.
    Retourne dans ta tombe dr desproges sinon pierre va se retourner dedans.
    Et moke n’a rien a (putain d’accents) dire sur la publicité?

  4. Relax, Hamada, prends-toi une verveine.
    Je ne faisais que te suggérer la possibilité que BLP ait fait exprès, pour magnifier ironiquement les exploits d’Emmanuel Petit…

  5. oui gnnnn, gnark, jme relaxe, gnnn, pas de verveine dans ce pays de merde.

    Serait pas la première fois qu’on aurait un petit président.

    gnnnark

  6. Elle est vraie la citation de Podolski ? Nan parceque sur l’échelle de Dehu c’est pas mal.

    Très bon en tout cas comme d’hab.

    @Hamada : Barnabé est en freelance il me semble, il a un contrat spécifique où il peut faire de la pub dans ses articles tant que c’est bien mené (cpr C&L).

    Parait que ça lui paie ses bières et ses courses de taxi

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