Avant match

 

Il me semble assez évident que celui qui a affirmé qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis était né entre Rhône et Saône. Si supporter ce club nous apprend une chose (en plus d’une compréhension parfaite des comptes de résultat d’une entreprise), c’est bien que les enseignements d’hier ne sont pas les vérités d’aujourd’hui. A l’agonie en début de mois, l’OL était à la limite de poser un petit écriteau avec son nom pour réserver un siège de relégable. Et puis, alors qu’on ne l’avait pas vu venir, le niveau de jeu est revenu, s’est installé sur le terrain et a régalé. Oh, bien sûr, on ne va pas faire comme le commentateur de BeIn mercredi, qui affirmait que l’OL aurait presque dû gagner au Parc sans plus de doute que Nicolas Sarkozy affirmant qu’il se retirera de la vie politique. On n’a pas été malheureux au vu du match entier, et de toute façon, ce point était tellement inespéré qu’on le chérit comme la prunelle de nos yeux encore embués par l’émotion.

Du coup, maintenant, que faire ? Recommencer à perdre contre des relégables pour attribuer le match du WE dernier à cette fascinante capacité du PSG à lâcher des matches qu’il pourrait gagner tranquilou (ce mot a fait le voyage directement depuis les années 90 pour être dans cette acad, soyez indulgents) ? Hé bien non : il faut maintenant gagner. On se réjouissait contre Monaco et Paris de la capacité à faire du jeu, qui suffisait déjà à nos petits cœurs tout tristes de voir leurs joueurs balbutier leur football en début de saison. Se contenter de proposer du jeu, c’est comme passer sa vie à faire du bénévolat : l’intention est louable, mais ça fout un peu dans la merde quand même. Du coup, là, il va falloir gagner, et effacer la petite humiliation du dernier Lyon-Lorient. Rappelez-vous : 37e journée de la saison dernière, l’OL a 2 points d’avance sur Marseille, qui partage les points à Bordeaux, et peut s’offrir un match amical à l’Allianz Arena en cas de victoire. Résultat : une défaite toute nulle à domicile, et une dernière journée tendue (mais victorieuse). Il s’agirait donc de ne pas se laisser aller à ce point, pour plusieurs raisons. Les plus pragmatiques affirmeront qu’il n’y a pas beaucoup de raisons à chercher pour justifier l’envie d’une victoire : je leur répondrai que oui, mais que si on veut vraiment être factuel, on peut se limiter à faire des acads en disant « ON A GAGNE », « ON A PERDU », voire même « ON A FAIT MATCH NUL », et puis niquez-vous.

 

Compo

 

Yoann Gourcuff n’a toujours pas la chance de marquer un point pour l’infirmerie en étant dans le onze de départ, mais heureusement, Bedimo compte double.

Compo Lorient

Match

 

Les dix premières minutes : Je ne les ai pas vues car j’étais en train de revenir du travail. Qu’est-ce que c’est que cette idée de jouer en semaine à 19h ? Qui est devant sa télé à cette heure-là ? A part les stéphanois, j’entends. Au passage, félicitations aux 32.000 personnes qui ont subi le « Ah, tu as pris ton aprèm ? » de leurs collègues en partant à 17h30 pour être au stade. En même temps, vous l’avez sûrement pas regretté, hein mes cochons.

Du coup, j’ai raté une accélération – contre favorable – frappe pas si dégueu de Njie, le même qui donne une passe décisive pour Lacazette qui tire sans contrôle mais en total contrôle, et pan, 1-0. Point positif : le but est nettement moins moche que le dernier en date, celui d’Umtiti au Parc. Autre point positif : c’est un but.

Quand j’arrive devant le match, donc, l’OL est déjà en configuration de gestion. Le ballon est tenu, et même plutôt bien, puisque les joueurs offensifs, et plus particulièrement Njie, s’attachent consciencieusement à le porter vers l’avant. Evidemment, qui dit conservation du score dit relâchement, et des occasions concédées largement évitables. Une frappe de Guerreiro est heureusement bien arrêtée par Lopes, qui avait pourtant anticipé le centre. Après ces 5 minutes, cependant, c’est un océan de tranquillité qui attend le portier lyonnais jusqu’à la 80e. Il naviguait, Lopes, peinard.

De l’autre côté du terrain, par contre, ça régale. En reprenant le ballon, les Lyonnais en font des belles choses, et on se régale. Le deuxième but de Fekir est un peu pour Lecomte, mais les autres occasions, les Gones se les créent tous seuls, comme des grands. Au-delà de Lacazette qui est toujours utile dans le jeu et pas seulement en pointe, et de Fekir qui, en plus de ne pas faire de mauvais matches, commence à en faire de très bons, c’est surtout Njie qui surprend. En à peine un mois, on est passés de la chèvre de Monsieur Seguin à un mec sur lequel la presse anglaise s’excite à blanc. Nous qui connaissons un petit peu plus l’animal, on est quand même tentés d’attendre avant de voir, parce qu’il y a encore un mois, il avait le niveau de précision d’un lance-roquettes israélien. Mais mercredi, à part un petit manque de réalisme, on pouvait pas lui reprocher grand-chose. Même ses choix, autrefois largement contestables, étaient finalement très propres. Son but, parfaitement lancé par Ferri, est une récompense de son activité de furieux, et de sa capacité à courir vite, quand même.

place-de-la-concordeLa défense de Lorient au petit matin.

Le dernier but, lui, est juste la cerise sur le gâteau déjà bien conséquent, avec une réussite à la fois pour le passeur (Tolisso) et le buteur (Fekir) qui rappelle, s’il le fallait, que l’OL avait tout pour lui mercredi. On espère qu’il lui en reste un peu pour les 31 prochains matches.

 

Gones

 

Lopes (3/5) : 2-3 parades nécessaires pour enfin ne pas encaisser de but sur un match, rien que ça, ça fait quand même bien plaisir.

Jallet (4/5) : La dernière fois qu’un chauve a couru autant, c’était Jean-Pierre Treiber. C’est dire.

Koné (3/5) : Il a eu peu de choses à faire, et les a bien faites, avec le soupçon d’acrobaties qu’on aime tant chez lui. Assurance tous risques.

Umtiti (2/5) : Il a eu peu de choses à faire, mais par excès de facilité, a quand même réussi à se faire passer sur des duels à sa portée. Assurance touriste.

Bedimo (3/5) : En soi, je lui mets une bonne note parce que je suis content de le revoir et qu’il s’est pas reblessé, mais il a quand même été assez loin du dynamiteur de folie qu’on a connu l’année dernière. Mais on l’attend avec impatience.

Gonalons (4/5) : Lave les ballons plus blanc que blanc. Son intégration à Naples se passe vraiment super bien.

Ferri (4/5) : A force de tenter des passes impossible à chaque fois, ça finit bien par passer : du coup, Jordan est meilleur passeur de Ligue 1. Voilà un éloge de la persévérance bien plus efficace que les vidéos de motivation à la con où un mec super musclé t’explique que c’est juste une question de volonté. Enculé.

Tolisso (5/5) : CETTE. PASSE.

Fekir (5/5) : Sa principale qualité, c’est pas qu’il arrive à faire des matches comme celui de mercredi. C’est qu’il n’arrive pas à en faire de mauvais. Du coup, quand en plus de ça il commence à faire les bons gestes, hé bah on se dit qu’il peut faire une belle année.

Njie (5/5) : Ce qui est bien, c’est que jusque-là, on n’avait pas trop épuisé la réserve de points pour Njie. Du coup, c’est avec plaisir qu’on lui fait le plein aujourd’hui, parce qu’il l’a vraiment mérité. Gomis nous énervait par son jeu trop statique (et souvent du mauvais côté de la défense), Njie nous régale par ses courses incessantes. Symbole des dérives, néanmoins : ce contre où il dégage son camp en courant, fait 40 mètres et part tout droit en touche. Mais on lui pardonne avec plaisir.

Lacazette (5/5) : Si tout le monde autour de lui est bon, il doit bien avoir un petit rôle à jouer. Par contre attention, pour l’instant on est cléments mais la prochaine fois, cette célébration selfie sera sanctionnée.

Petite pensée pour tous ceux qui voulaient voir Fournier dégager après un mois. Aujourd’hui, en se baladant dans les rues de Lyon, il pourra vous juger comme le fait ce magnifique petit garçon, et vous l’aurez bien mérité.

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Gérard Côlon

3 thoughts on “OL – Lorient (4-0) : La Gones Académie livre ses notes

  1. Les jeunes poussent et quand on voit qu’il y a Gourcuff derrière, et bientôt Grenier et Fofanal. Je me dis qu’on peut aller haut en championnat sans coupe d’Europe.

  2. Belle Acad’!
    Je te trouve un poil indulgent avec la défense que je n’ai pas trouvé super sereine tout de même. Si l’équipe d’en face avait eu des vrais attaquants, on aurait pu avoir mal au fesses. Bedimo est excusé car fraichement sorti de l’hôpital. Il a même dit qu’il était pour l’instant à 40% de ses moyens. Ca promet.
    Si on arrive à serrer un peu plus les rangs derrière et à garder cette folie devant, ben on devrait avoir une chouette saison.
    Enfin pour Njié, c’est son 1er vrai bon match. J’attends la confirmation avant de m’enflammer.

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