Aioli les sapiens,

Mettre un terme à la suite de défaites, s’alléger un peu la pression en se rendant chez le second nanti d’une confortable avance, essayer de ne pas être abruti au point d’ajouter des joueurs à la liste des suspendus dimanche prochain. On y était presque.

 

L’équipe

Morel blessé, Dja Djédjé suspendu après son éclair de génie du milieu de semaine, Fanni et Lemina font leur retour. Sur le banc, Aloé et Andonian sont préférés à Sparagna et Doria, titulaires avec la réserve en attendant peut-être d’intégrer le groupe dimanche prochain.

 

Le match

Les vingt premières minutes sont aussi dépourvues de surprises qu’un scénario de Michael Bay : on leur marche sur la gueule, on mène rapidement au score (but de Nkoulou sur un corner de Thauvin, 1-0, 10e) et on les met au supplice sur chaque récupération. Niveau cinéphilie, les Lensois seraient plutôt du genre à acquérir leurs DVD dans les meilleurs rayons bondage du Cours Lieutaud, pour notre plus grand bonheur. Actif comme à son habitude, Gignac décroche énormément pour laisser Payet, Ayew et Thauvin prendre les espaces.

Cette domination a pour effet pervers de laisser nos joueurs tomber dans la facilité. Sur un duel anodin, Romao se fait contourner par Chavarria aussi facilement qu’un juge d’instruction par Charles Pasqua. Alaixys ceinture le Lensois pour l’empêcher d’aller plus loin, et ne doit qu’à la clémence de l’arbitre de demeurer sur la pelouse.

 

Troublé par la faute de Romao, Monsieur Varela n’ose expulser l’Olympien. 

S’ensuit la dégradation inquiétante de notre jeu, marquée notamment par un délitement du pressing des joueurs offensifs et un festival de ballons perdus dans notre propre camp, parfois sur notre première relance. Flairant la bonne affaire, les Lensois oublient leur timidité des débuts et nous appliquent un pressing intense. Sur un ballon intercepté dans leur camp, les Nordistes déploient une contre-attaque. Hors de position, Imbula et Lemina montrent autant d’empressement à se replacer qu’un pédophile à rejoindre la douche collective des Baumettes. Romao et Nkoulou sont successivement battus au duel, de même que Rod Fanni vaincu par un crocher de Guillaume, qui allume Steve Mandanda avec un peu de chance (1-1, 31e).

Au rythme où il trottine, Mario Lemina (à gauche de l’arbitre) devrait pouvoir venir aider les défenseurs avant la Noël.

 

Quinze minutes plus tard s’achève ainsi la mi-temps la plus moche vue depuis longtemps. Faute de concentration ou de fraîcheur de la part des Olympiens, les points faibles de la défense à trois mise en place par Bielsa se révèlent de manière éclatante. Imbula est dépassé car trop esseulé : alors que, ces derniers matches, nos latéraux venaient résolument densifier l’axe (y compris, à l’excès, jusque dans nos phases offensives), Lemina et Mendy ont ici éprouvé de grandes difficultés à la récupération. Notre milieu franchi, les Lensois se présentent en nombre devant notre défense, et un duel perdu – et il y en a eu beaucoup – suffit à nous mettre en grand danger.

L’impression se confirme au retour des vestiaires, lorsqu’un Lensois satellise la balle après que Guillaume a déposé Nkoulou et Fanni. Les Marseillais dominent mais s’énervent et multiplient les mauvais choix ; Gignac et Thauvin en particulier se livrent une compétition féroce pour remporter le challenge « Jo le Sconse » de l’action-bien-amenée-mais-conclue-n’importe-comment.

A l’heure de jeu, nous réalisons enfin une action tranchante et construite : Payet lance Gignac à droite de la surface. Alors qu’Ayew fonce vers le but en attirant deux défenseurs à lui, André-Pierre sert Thauvin esseulé en retrait. Florian conclut d’un plat-du-pied adroit (2-1, 60e).

Ce but ne libère pas les Olympiens pour autant. Déchet technique, erreurs de placement et duels perdus permettent aux Nordistes de se montrer menaçants, à défaut de provoquer de réelles occasions sur le but de Mandanda. Comme si cela ne suffisait pas, Monsieur Varela se décide enfin à donner à Romao le carton rouge qu’il cherchait depuis le début du match, bien qu’Alaixys n’eût pour une fois rien commis de répréhensible sur l’action. Mais expulser Romao, c’est comme battre sa femme : « si tu ne sais pas pourquoi tu le fais, elle, elle le sait ».

S’ensuit un dernier quart d’heure où le slipomètre s’élève tout doucement. Andonian remplace Thauvin et donne à l’équipe une configuration défensive. L’ensemble vire assez vite au joyeux bordel, nos joueurs semblant intégrer leurs nouvelles consignes de positionnement avec la même aisance qu’un élu provençal découvrant le code des marchés publics.

Signe de cette crispation, Lemina décanille le piquet de corner en voulant tirer un coup de pied de coin. Il faut cinq bonnes minutes et le concours de trois ingénieurs de Cadarache pour trouver une solution à l’incident, qui allonge d’autant le temps additionnel.

« Allô Monsieur Makelele, vu que vous allez bientôt être renvoyé de Bastia, ça vous dirait de rejoindre le staff de l’OM ?
– Eh bien, c’est inattendu, et très flatteur que Monsieur Bielsa pense à moi et…
– … non non, c’est pas pour la Commanderie, on a juste besoin d’un poteau de rechange.
– Allez vous faire foutre.
– Bon ben c’est pas grave, on n’a qu’à mettre du scotch. »

 

Sept longues minutes, donc, qui nous rappellent les fins de matches les plus crispantes de l’ère Baupanigo. Survient cette 96e minute, et la désagréable impression olfactive que la papeterie Tembec vient de se délocaliser soudainement au fond de mes sous-vêtements.

 

Steve nous fait gagner deux points et une lessive à soixante degrés.

 

Les joueurs

Mandanda (5/5) : Sans lui, on s’apprêterait à passer une bonne grosse semaine de merde.

Nkoulou (3-/5) : A voir son début de rencontre, on pouvait s’attendre à ce que Nicolas maîtrise les attaquants adverses une main dans le slip. Finalement, il a perdu beaucoup plus de duels que d’habitude.

Fanni (2+/5) : A d’autant plus souffert que ses camarades censés défendre côté droit ne l’ont guère aidé.

Romao (0/5) : Pourri par Chavarria et les attaquants lensois tout au long de la rencontre. A ce stade, le deuxième carton jaune relève davantage de l’euthanasie que de l’erreur d’arbitrage.

Mendy (2-/5) : L’activité d’un lapin perdu sur l’autoroute : la débauche d’énergie est présente, la sérénité un peu moins.

Lemina (1+/5): Malgré quelques bonnes périodes, lui aussi a calqué son placement défensif sur le flottement d’une pâte alphabet dans un tonneau de soupe.

Imbula (1+/5) : Pas aidé par le repli de ceux de devant, pas aidé par l’apport défensif des latéraux, Gianelli a cru pouvoir reprendre un peu d’aise en passant n°10 à la sortie de Payet. Mais il n’a pas été aidé par Romao.

Thauvin (2-/5) : Son but a surtout rassuré notre censeur Gianluigi, qui s’apprêtait à devoir relire des commentaires particulièrement ignobles à son sujet.

Andonian (78e) : « Dis, Gaël, tu connais la scène des gnous dans le Roi Lion ?
– Non, je n’ai pas vu le film.
– OK, tu entres en jeu. »

Ayew (3/5) : L’Olympien le plus constant, à la fois dans le jeu et dans le pressing. Etonnant, non ?

Payet (2+/5) : Irrégulier mais pas si mal dans l’absolu, d’autant qu’il adresse une superbe passe à l’origine du 2e but. Faudrait penser à donner un coup de main aux copains sur le pressing, par contre.

Aloé (68e) : Il a plutôt bien tenu son poste, y compris dans le chaos défensif généralisé en fin de match.

Gignac (2-/5) : Passe son temps à marronner – adresse un centre plein d’intelligence pour Thauvin – passe la fin du match à marronner.

 

L’invité zoologique : Valentin Belon

Alors que tout l’incite à rester planqué dans sa coquille, l’huître plate n’hésite pas à dévoiler ses perles sur les terrains les plus hostiles. Noble et ambitieuse attitude de sa part, toujours est-il qu’elle finit bouffée. Notre mollusque est donc bien l’invité approprié pour commenter cette victoire contre les valeureux Lensois.

  • Les autres : Solidaires, combatifs et loin d’être maladroits qui plus est. Quand ils seront en Ligue 2 ou en liquidation judiciaire, il faudra penser à faire nos emplettes du côté de la Gaillette. Le petit Chavarria, par exemple, j’en ferais bien mon quatre-heures.
  • Vu d’en face : Luissette y a sans doute cru.
  • Les pros : pendant que les journalistes de Canal s’attardent sur un ralenti quelconque, pas un seul n’est foutu de voir que pendant ce temps, M. Varela expulse Romao. Si c’est pour paraphraser les images que chacun peut voir en temps réel, on ne voit pas en quoi ces commentateurs apportent plus de valeur ajoutée que le pote alcoolique assis dans ton canapé, lequel soit dit en passant garde la décence de fermer sa gueule au moment de l’hommage à Klas Ingesson. Seul point positif, ils ne sentent pas la bière quand ils rotent, mais pour combien de temps encore ?
  • Le classement : victoire difficile mais qui nous permet de conserver une avance confortable, avant de reprendre sept points sur notre poursuivant dimanche prochain. A part ça, Lyon fait toujours caguer.
  • Les pensées : à Klas Ingesson, donc, défenseur suédois de l’OM en 2000-2001 et décédé cette semaine d’un cancer. A Benoît Cheyrou, pour un départ moins tragique mais néanmoins marquant ; malgré une fin de contrat en ratatouille, Benoît, ce sont aussi 7 ans passés au club, avec au passage le titre de champion 2010 et trois coupes moustache. Quel que soit ton choix de t’illustrer au football, au padel ou bien dans le syndicalisme : bonne chance.
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  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter.

 

23h56 – Les techniciens du Vélodrome replacent enfin le poteau de corner.

 

Bises massilianales,

Blaah

9 thoughts on “OM-Lens (2-1), La Canebière Académie vacille

  1. La sortie de Cheyrou est scandaleuse, non pas pour son niveau actuel qui depuis 2 ans était en mode alternatif, mais pour la manière dont il a porté l’équipe dans les mauvais moments, pour l’apogée de sa carrière sous le maillot olympien qui l’a mené si près de l’équipe de france et que son talent aurait mérité (au moins pour égaler son frère) et sa retenue saine dans le vestiaire et en dehors.

    Quand on pense qu’on retire le numéro de Diawara (ouais je reste bloqué), quand on pense qu’un mec qui a joué 13 matchs a un hommage dans le stade (même pour fernando qui n’aura jamais marqué l’histoire du club comme Cheyrou), le départ de Cheyrou mériterait tt de même un peu plus de reconnaissance et de considération de la part du staf et des joueurs.

  2. Autant j’aurais aimé vous voir vous faire violer à la 95ème par l’équipe de minots de AK, autant je dois admettre que la parade de Mandanda m’a inspiré du respect sur le coup. C’est toujours beau un gardien qui sauve les trois points de cette manière.

    En revanche, dans le jeu c’était tristounet. Et le replis de Lemina sur votre but, c’est, comment dire, impardonnable. S’il reste dans le groupe, je me demande ce qu’a dû faire ce pauvre Doria pour mériter la CFA.

    A la semaine prochaine pour la punition.

  3. Putain ça faisait longtemps que madame ne m’avait pas fait cette remarque pendant un match « Mais pourquoi tu t’énerves, vous menez non? »

    Sérieux ce côté droit c’es se tirait une balle dans le pied ou mettre du GHB dans le verre de ta fille avant qu’elle aille en soirée étudiante…

  4. La cuillère dans ton hagiographie tu oublies son comportement exemplaire sous Deschamps ainsi que sa proximité avec les SW et le milieu marseillais.

    Moi ce qui me scandalise, c’est le traitement qu’on a réservé à Kaboré, bien plus déterminant que chevrou dans l’obtention du titre de 2010.

  5. C’est vrai que la direction a un agissement dégueulasse avec des joueurs comme Cheyrou, Fanni ou même amalfitano il y a peu.

    J’avais lu que Gignac voulait faire un geste et prolonger pour ne pas partir libre en juin prochain, j’espère qu’il ne le fera pas…

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