Aioli les sapiens,

Tu comprendras que le résultat de ce soir ne m’incite pas à me répandre en politesses : passons tout de suite au concret avant que je ne sois grossier, car Dieu sait que j’ai horreur de la grossièreté.

 

L’équipe

Mario Lemina a été récompensé de trois matches fermes et un avec sursis pour sa pratique trop énergique du massage chinois (point n°1 du vaisseau conception, pour les connaisseurs). Son absence est compensée par le retour de Romao. Nkoulou et Barrada sont encore trop justes pour jouer. Sur le banc s’installe Alphousseyni Sané, si jeune qu’il n’a même pas eu le temps de passer devant Doria dans la hiérarchie des défenseurs olympiens. Mais la grande et belle nouvelle, c’est bien sûr le retour d’André Ayew qui, même dans sa déprime post-Coupe d’Afrique, conserve plus de combativité dans un seul de ses sourcils que dans les gonades de tous les autres joueurs réunis.

Tu peux constater à l’animation que l’équipe connaît des changements tactiques importants en cours de rencontre. On en reparle plus bas.

Le match

Pour l’une des premières fois depuis le début 2015, notre adversaire ne nous saute pas à la figure d’entrée de jeu et nous laisse déployer du jeu. Une occasion de Payet dès la première minute nous laisse espérer une soirée tranquille. L’équipe en prend d’ailleurs conscience et se permet d’entamer une petite séance de masturbation collective dès la 6e minute. Sur une touche rémoise, le ballon progresse tranquillement jusqu’à Oniangue, qui envoie une frappe de 25 mètres. Mandanda applique l’école Robert Mugabe des appuis incertains, si bien que sa tentative d’arrêt intervient bien trop tard pour éviter à la frappe de heurter le poteau. Le cerveau de Romao n’a pas fini d’analyser le rebond de la balle que Préville l’a déjà reprise pour ouvrir le score (0-1, 6e).

C’est donc avec un gros soupir que nous faisons, une fois de plus, le deuil d’une soirée sereine. Ceci dit, les intentions olympiennes sont bien meilleurs que lors des rencontres précédentes. La possession est toujours là mais se traduit par des approches plus incisives. Payet, retrouvé comme souvent lorsque l’on joue une équipe classée au-delà de la 10e place, adresse plusieurs centres bien sentis ainsi qu’un coup-franc très bien sorti par Agassa. La conclusion demeure déficiente, cependant, puisqu’en dehors des centres sus-cités, nous ne nous procurons nulle autres occasions que de pauvres tirs lointains.

Derrière, nous ne donnons guère de garanties de sécurité, par faute d’une ardeur douteuse au duel et d’un milieu de terrain ouvert comme une jeunette avant la Saint-Valentin.

Intermède Horsjeu-Conso : nous avons testé pour vous le dernier Moltonel : un peu rêche, et graphisme quelque peu chargé pour un produit qui ne sert jamais qu’à s’essuyer le fondement. Verdict : à peine passable.

L’OM mené à la pause par une équipe plus faible, Alaixys nous devient aussi utile que Christine Boutin dans un clip Marc Dorcel. Ayew prend sa place au milieu (Ocampos entrant à droite), ce qui change nettement notre allure. Notre domination devient nette mais ne se conclut pas mieux que par ces centres improductifs. Nous passons tout près de la sanction quand Préville viole Fanni sur un geste inattendu – un crochet pour se replacer sur son bon pied, pensez-donc, comment Rod aurait-il pu prévoir cela – et voit son tir enroulé frôler la cage. Peu après, Ayew gratte un ballon aux abords de la surface adverse. Tandis que Romao peste contre l’imprudence insensée de ce Ghanéen qui monte au pressing au lieu de rester planqué tactiquement placé entre ses défenseurs, cette récupération est suivie d’un centre de Thauvin cafouillé par la défense. Ayew s’impose encore (au mépris de l’économie rationnelle de ses efforts, peste Romao) pour transmettre à Gignac : enfin servi à l’entrée de la surface, Payet envoie un tir détourné par Signorino, prenant Agassa à contre-pied (1-1, 58e).

Les rapports de force virent ensuite au pilonnage : intenses comme l’US Air Force mais dangereux comme la division-deltaplane de l’armée belge, nous ne laissons pas les Rémois respirer mais ne les inquiétons finalement que peu. C’est alors que sur un corner dévié par un Rémois, Gignac réalise un amour de frappe à côté du ballon, Ayew se chargeant de finir le travail à moins d’un mètre de la ligne (2-1, 70e).

Un peu comme quand tu claques ton RSA en grattant des Banco les uns après les autres, l’OM se sent en veine et se permet, après ce but chanceux, d’éviter l’égalisation par un miracle à faire passer Saint-Lazare pour un sous-Sylvain Mirouf (arrêt inespéré de Mandanda suivi d’une reprise sur la barre).

C’est alors qu’interviennent des changements dont l’on peut d’ores et déjà dire qu’ils auront beaucoup contribué à la santé de l’analyse sportive, du moins si l’on considère la quantité plus que la qualité. En effet, malgré la résurrection de notre milieu de terrain suite au recentrage d’Ayew, Bielsa le replace à gauche, Tuiloma remplaçant alors Thauvin. Alors que les Olympiens semblaient déjà avoir sérieusement restreint leurs ambitions offensives après le but, cette réorganisation accentue encore la tendance. Reims prend plus d’aise et approche de notre surface, y péchant cependant par maladresse. Repli en défense => adversaires s’approchant => peur => repli en défense : le cercle vicieux se renforce encore avec la sortie de Payet au profit d’Aloé, prenant place dans une défense à trois.

Notre milieu de terrain finit plus ouvert qu’une jeunette après la Saint-Valentin, ce qui permet aux Champenois d’avancer sans opposition jusqu’à 30m de notre but. Si l’on peut à ce moment déplorer l’option défensive retenue par l’entraîneur, le plus difficile reste surtout de constater que nos joueurs sont paralysés par la peur. La peur de Reims. Pas le Reims des années 50, non, pas celui des frères Kouachi, non plus. Celui de Charbonnier et Ngog. Incapables de monter sur le porteur du ballon, nos joueurs (ici, Dja Djédjé) laissent justement le premier centrer pour la tête du second, surgissant dans le dos d’un Baptiste Aloé trop occupé à parfaire son imitation des réverbères de la sortie des Arnavaux sur l’A7 (ceux qu’ils ont éteint par mesure d’économie). Nous encaissons donc un but de Reims. Pas de Raymond Kopa, non. De David Ngog (2-2, 90e).

Quel regret que cet OM retrouvé, mais s’arrêtant de jouer après avoir pris l’avantage. Quel regret d’avoir vu Ayew déplacé à un moment crucial, alors que son apport avait ressuscité notre milieu de terrain. Quel regret de voir nos joueurs si appliqués se mettre à cesser tout combat pour se contenter de serrer les fesses en espérant que l’arbitre siffle. En un mot comme en cent :

Monsieur Lapin intervient encore un peu trop souvent cette saison, je trouve.

Les joueurs

Mandanda (2/5) : Même Yves Moraine imitant le morse aurait eu l’air moins flasque que lui à la 5e minute. Un arrêt miraculeux qui rattrape un peu le coup en 2e période.

Fanni (1/5) : Malgré le soin qu’il a mis à éviter d’aller au duel, il s’est quand même fait passer plusieurs fois. C’est que c’est foutrement difficile à anticiper, l’attaquant qui crochète pour se placer sur son bon pied.

Morel (2+/5) : Pas honteux, mais les flottements collectifs de notre défense l’éclaboussent de fait. Bah oui, c’est pas juste, mais faut mieux surveiller tes fréquentations.

Dja Djédjé (2/5) : Pas terrible en première mi-temps, en revanche l’arrivée d’Ocampos lui a fait l’effet d’un suppositoire au piment de Cayenne dont l’effet ne s’est estompé qu’à la 90e minute. Manque de bol, c’est ce moment qu’a choisi Charbonnier pour réaliser le centre décisif.

Mendy (1+/5) : Après un début prometteur, il a perdu ses moyens jusqu’à faire à peu près n’importe quoi en fin de match. Le jour où il recevra une wild-card de la FFT pour Roland-Garros, il sera vraiment temps qu’il s’interroge sur son mental.

Romao (1/5) : « Lui aussi, je veux bien qu’on le transfère vers São Paulo, mais à condition qu’on coule son bateau au milieu de l’Atlantique », aurait déclaré Marcelo Bielsa à Vincent Labrune.

Ocampos (3+/5) : SPON-TA-NÉ-I-TÉ. Si ses coéquipiers pouvaient apprendre ça de lui, au lieu de se tripoter le gyrus frontal pendant un quart d’heure avant de se décider à faire un intérieur du pied…

Imbula (2/5) : Pas mal du tout dans le jeu cette fois-ci, on peut mettre de côté le dossier « porte trop le ballon ». Ouvrons plutôt le dossier « Je trottine comme un ahuri au lieu de foncer me replacer ».

Ce n’est pas qu’il ne s’applique pas dans son replacement, Gianelli Imbula. C’est juste qu’il manque encore d’un petit peu de détermination, quand les adversaires partent en contre-attaque.

Thauvin (2/5) : Alors déjà, tu vas me faire le plaisir de ne plus remettre les pieds sur ce côté droit pour un petit moment. A gauche, ça peut éventuellement se négocier.

Tuiloma (77e) : Bien accueilli par les cinq couards de la défense : « Vas-y petit, faut pas que ça t’impressionne, t’as seulement une surface de 20×65 m à couvrir tout seul. Nous on surveille tes arrières. »

Ayew (4+/5) : Plus qu’un joueur, c’est l’Âme du club. Et on ne vend pas l’Âme du club. C’est pourquoi il partira à la fin de la saison sans qu’on touche un rond, CQFD.

Payet (4+/5) : Un but, une passe décisive (si si, le corner… non ? bon) et des passes plus léchées qu’un clitoris dans un vestiaire de handball. On attendra un peu avant de savoir s’il connaît le renouveau, ou si les Rémois ont tout simplement oublié de le serrer de près.

Aloé (87e) : Doria aurait fait mieux. Ta mère aurait fait mieux. En vérité, même un mug « La Princesse et la Grenouille » aurait fait mieux que toi.

Gignac (1/5) : S’il rend une mauvaise feuille d’impôts, André-Pierre sera invité au fisc. De même, André-Pierre sera invité au fist s’il continue à rendre la feuille d’un plot.

 

L’invité zoologique : Calao Charbonnier

Peu dangereux, le calao charbonnier impose toutefois par son physique hideux le respect aux esprits fragiles de la forêt. Il est donc l’invité approprié pour commenter avec moi le match contre cette équipe rémoise peu chatoyante au-delà du raisonnable, mais qui aura confronté les olympiens à leurs propres démons. Et encore, c’est parce qu’on est solide, que l’on a seulement encaissé l’égalisation : Richard Gasquet, tu le mettais face à Ngog et Charbonnier, il te faisait l’arrêt cardiaque dans la minute.

  • Les autres : C’est quand même monstrueusement faible dans l’ensemble, bien que suffisamment adroit pour exploiter nos failles. J’aimerais ici revenir sur un point dont je me demande si tu as pris toute la mesure au long de cette académie : ON A QUAND MEME PERDU DEUX POINTS FACE A UNE EQUIPE QUI ALIGNE AGASSA, TACALFRED OU NGOG, BORDEL, Y A RIEN, LA ?
  • Vu d’en face : Si Raymond Kropack se manifeste, ce sera ici.
  • Le classement : Peu d’infos supplémentaire au moment où nous écrivons ces lignes, si ce n’est que ça ne sent pas trop la garrigue pour nous, ou alors celle des hauteurs de La Mède. [EDIT DE DERNIERE MINUTE – PSG-CAEN 2/2 – BUTS CAENNAIS A LA 89E ET 92E – LOL] [RE-EDIT DE DERNIERE DERNIERE MINUTE – LORIENT-LYON 1/1 – BUT DE JO LE SCONSE – LOL DERECHEF]
  • Le concours : C’est Dromadame qui gagne le concours zoologique, au terme d’une procédure validée par les meilleurs experts. A part ça, je remercie les lecteurs de m’avoir fait découvrir cette semaine le cochon mutant à bite sur le front, le goglu des prés ou le coq vietnamien à grosses pattes.
  • Les images : Le cul de plomb de Mandanda, la passe quasi-décisive en double-boucle piquée de Gignac, la crise de tétanie de la 90e: tout est résumé ici avec une qualité dégueulasse, communsymbole.
  • Le souvenir : pour rendre hommage à Ibrahim Ali, on aurait pu poser une plaque à la mairie d’arrondissement, mais on a finalement préféré y mettre une tête de noeud : ce n’est pas forcément de bon goût, mais au moins le symbole est percutant.
  • La page abonnement: Pour que vive l’Alterfoot cananal historique
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter.

Horsjeu-Conso : nous avons testé pour vous le journal sportif de référence en France. Maquette sobre, le rose évoque la Gazzetta dello sport. Sur le fond, les grandes plumes de la rédaction ont enfin épuré leur style pour nous livrer des analyses percutantes et concises. Verdict : un grand OUI pour cette nouvelle formule qui exploite au mieux le potentiel du couple marketing/journalisme. Existe en version luxe (voir l’analyse de l’Editeur, ce bel homme).

 

Bises massilianales,

Blaah

10 thoughts on “OM-Reims (2-2), La Canebière Académie s’énerve

  1. J’ai taché mon slip en lisant mes notes ! Vivement ma prochaine prestation annale.

  2. Encore une fois, à la vue de la conjoncture, on s’en sort miraculeusement au classement.

  3. Bielsa est impardonnable sur ce match, pourquoi déséquilibrer une équipe qui semble avoir pris la mesure de son adversaire ? Tuiloma, Aloé… POURQUOI..? Pourquoi ne pas avoir fait du poste pour poste en sortant Thauvin pour Alessandrini, pourquoi ne pas avoir continué à pousser pour se mettre à l’abri ? Pourquoi sortir Payet alors qu’il a été actif tout le long du match ?
    Blaah je te trouve très dur avec Mandanda, pour moi il ne peut rien sur le premier but… pour le reste on a vu le même match, une équipe qui semble avoir retrouvé l’envie de jouer un peu au ballon mais des joueurs maladroits ou peu inspirés face au but…
    Au final sans conséquence pour le classement, quelques motifs d’espoir sur ce match même si en face il y avait vraiment pas grand monde, en espérant inverser la tendance la semaine prochaine et ramener les 3 Points lors du prochain déplacement chez les verts !

  4. Bon, vu que personne n’a saisi la référence sur Twitter, je la remets ici :

    Désiré Ngogueneau est un vilain.

    Voilà.

  5. Et pendant ce temps los Lyonnos rigolos assument qu’ils n’ont pas les épaules, ce qui veut dire qu’ils sont TOUS DERRIERES !!

    Et nous, devant !

    ALLEZ L’OM
    Droit au but pour tous

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