Rennes – Nice (1-4), la Breizhou Académie n’apprécie pas particulièrement de prendre des pénis sur le visage

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You’ve been Puelled.

Salut les moches.

Il est à peine 22h30 dimanche soir quand j’abdique, la mine renfrognée. La frappe de Touré vient de frapper violemment les filets du but d’Abdoulaye Diallo, qui vibrent pour la 4ème triste fois de la soirée. Les muscles de mon visages brûlent tant j’ai passé la dernière heure et demie les sourcils froncés. Vide, colère, indifférence, je sais plus trop où je me trouve. La montée des escaliers menant à mon plumard semble interminable, et envoie plus dans les abîmes de la déprime dominicale qu’au paradis. Ce qui m’y attend n’est qu’une ribambelle de tweets frustrés, désespérés, résignés ou sarcastiquement goguenards, que ce soit de ma part ou de celle de mes congénères. J’abdique encore. Je claque mon PC, las. Las qu’on me rappelle que le Gym vient de s’asseoir sur notre gueule pour nous asphyxier jusqu’à ce que mort s’en suive. La suite n’est malheureusement pas beaucoup plus glorieuse.  Dormir semble utopique, mais le sommeil finit par arriver, sans se presser, sans crier gare, sans être le bienvenu non plus.

Puis vient le lundi matin. Putain, le lundi matin. On est Breton, on devrait avoir l’habitude de la gueule de bois. Mais quand on a pris la veille un tronc sur le faciès, ça rend la démarche autrement plus compliquée. Le réveil est agonisant. Les transports en commun sont insupportables. L’attitude mi-compatissante, mi-hilare des collègues irritante. Je vais rarement le cœur guilleret dans une tour à bureau d’Issy-les-Moulineaux un lundi matin, mais jamais ai-je autant traîné les pieds pour aller au turbin. Je pianote machinalement sur les touches de mon clavier, écrivant de tout et de rien. Hébété, hagard, inconfortablement indolent. J’ai du travail en retard, comme d’habitude. Mais une fois de plus, j’abdique. Je pars en avance, en marmonnant 3, 4 mots d’excuse dans ma barbe à mon supérieur. Je vais me faire engueuler demain, mais peu importe, demain, c’est loin.

J’ai envie d’oublier le football, j’ai envie d’oublier le Stade Rennais, j’ai envie de savoir ce que ça fait de supporter une équipe qui gagne. J’ai envie de me recroqueviller en position fœtale dans mon lit, j’ai envie d’aller hurler au stade pour évacuer la frustration, j’ai envie de cracher à la gueule hautaine d’Estrosi et de son club à la con. C’est vain, c’est petit et c’est stupide, mais n’importe quoi pour oublier ce spleen disproportionné. A peine les clés déposées sur le meuble de l’entrée que Madame Dour m’apostrophe. L’odeur du grain torréfié me titille mes narines. Elle me propose de la rejoindre. Devant Scrubs. Avec un putain de café viennois, fumant, accueillant, rassurant. Une dernière fois, j’abdique. Mais cette fois-ci de bon cœur. Heureusement qu’il n’y a pas que ce sport de merde dans cette chienne de vie.

Tribulations d'une âme bretonne en peine
Tribulations d’une âme bretonne en peine

 

AR MATC’H

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Abdoulayo Doucoures, el ultimo diez

 Bon. On va pas tortiller du cul pour chier droit. Ce match puait sévèrement du cul, et ce avant même que le coup d’envoi n’ait été sifflé. Quatre matches nuls de suite en cache-misère, l’ombre de l’absence de Ntep flottant sur le Roazhon Park, un Gym bien trop offensif, bien trop en forme, bien trop fort. La composition est somme toute logique. On va jouer avec nos armes. On va les attendre, tantôt pressant haut, tantôt se recroquevillant pour mieux se déployer avec nos pistons du milieu de terrain. On sait que techniquement c’est approximatif, au mieux. On sait aussi que ça peut aller vite. Et le début de match est d’ailleurs plutôt encourageant. Des combinaisons, un grand pont de Moreira, un pressing assez haut. C’était bien. J’étais content. J’aurais mieux fait de mouler ma gaufre, tout pignouf que je suis. Quelques minutes plus tard, l’OGC Nice enfonçait le premier clou dans notre cercueil.

Pour être honnête, le premier but est la seule chose que je reproche vraiment aux joueurs. Et particulièrement à Armand. C’est juste pas possible d’être aussi naïf avec autant d’expérience. Corner, repoussé de la tête par la défense rennaise, dans l’axe. La balle revient directement, via un coup de tronc niçois. Naturellement, toute la défense remonte d’un cran immédiatement pour jouer le hors-jeu. Sauf Armand. Je préfère croire qu’il a oublié, parce qu’être plus lent que Bodmer, c’est encore pire. Parce que oui. C’est bien Mathieu Bodmer qui se retrouve seul face à Abdoulaye Diallo. Et qui va remporter son duel. Là, en effet, je suis pas content content.

Reste est que la réaction, au moins dans l’attitude, de l’effectif est très satisfaisante. De l’énergie, de la projection vers l’avant, des fautes provoquées. Notre nullité dans l’exercice des coups de pied arrêté et notre bagage technique limité nous empêchera d’espérer quoi que ce soit d’autre qu’une ou deux occasions, mais c’est déjà pas mal. On rentre au vestiaire tristoune mais avec une perspective pas si atroce que ça.

Même si cette équipe de Nice très séduisante globalement (j’y reviendrai) domine le match, c’est bien Philippe Montanier qui va fatalement entraver l’hypothétique et héroïque remuntada de Rennes, et ce à la 51ème minute. Il sort Moreira. Jusque-là tout va bien. Il fait rentrer Grosicki. Jusque-là tout va toujours bien. On passe à 4 derrière. Et là. C’est la cata. La cacata. La catastrophe. La suite n’est qu’un enchaînement d’espaces défensifs larges comme le con de la baronne, d’approximations offensives Doucouresques et de rush de Ben Arfa mettant en exergue que la retraite de Sylvain Armand approche dangereusement. Comme soulagement, les quelques dernières minutes seront saupoudrées du génie de Quintero, qui est gros oui, mais certainement pas nul (enfin bon, c’est pas comme si on le savait pas). Il offrira en guise de vaseline aux supporters rennais un but à Grosicki. Allez. On prend. Et au revoir Simone.

Le sentiment qui domine malgré tout, c’est d’avoir perdu contre une excellente équipe, et qui va bien au-delà de Ben Arfa, aussi talentueux soit-il dans le 1-contre-1. Ce qui m’a le plus impressionné, ce sont certaines phases de conservation de balle de Nice, qui se faisaient à une touche de balle, avec une transmission, au sol, très rapide, et chirurgicale. A défaut de créer quoi que ce soit, ça a fait courir notre milieu de terrain qui aura été hagard tout le match durant. A ce petit jeu là, Nampalys Mendy m’a fait une excellente impression. Je me ferais un plaisir de suivre ce joueur, qui, si l’empirisme se vérifie, devrait devenir royalement naze. Dans le marasme des favoris, cette équipe est un sérieux prétendant au podium, bien plus que les pleutres du Maine-et-Loire ou que les vantards de Basse-Normandie. Enfin bon. On souffre. Terriblement. Mais c’était loin d’être notre plus mauvais match. Les 4 matches nuls précédents ne sont que de maigres arbres qui cachent bien mal l’Amazonie. Le bilan comptable satisfaisant sauve Montanier des critiques, mais ses coups de chattes ne masquent plus grand-chose. On a un effectif potentiellement priapique. Fais en quelque chose, ou casse toi.

 

Ce que je fais aux morts de Philippe Montanier, allégorie.
Ce que je fais aux morts de Philippe Montanier, allégorie.

 

LES ROJINEGROS WITH ATTITUDE

Abdoulaye Diallo : 3/5 : Noooon, rien de rieeeeen, non, il ne pouvaaaait riiieeeeen.

Steven Moreira : 1/5 : Quand il a réussi un grand pont en début de match je me suis dit que quelque chose n’allait pas. En effet, quelque chose n’allait pas.

Sylvain Armand : 0-/5 : Pour les services rendus par le passé, je resterai sobre. Mais Ben Arfa, il t’a fait passer pour un super-vétéran, gros.

Pedro Mendes : 0/5 : Non. Quand on est mené 2-0, qu’on pousse, que tu as la balle dans la surface, tu ne tentes pas des dribbles de jubilé connard. Non. Gros trou d’air sur les 2 derniers buts, mais c’est de la faute de Montanier.

Fallou Diagne : 2+/5 : Pourquoi pas. Brille par la nullité de ses congénères.

Ludovic Baal : 5/5 : Notre plus grosse occasion vient de lui. Nos érections (ou lubrifications vaginales, rayez la mention inutile) viennent de lui. Malheureusement, ce n’est pas suffisant pour notre salut.

Gelson Fernandes : 1/5 : En retard, agressif, borderline violent. Le Gelson typique des mauvais jours. Mais demain est un autre jour, et je t’aime toujours.

Abdoulaye Doucouré : 4/5 : On lui donne des responsabilités techniques qui sont toujours bien au-dessus de son niveau, mais les efforts, le volume et la projection sont là, et auraient potentiellement pu être providentielles si les choses avaient mieux tourné.

Yacouba Sylla : 3/5 : Le seul à surnager techniquement au milieu de terrain. Malheureusement une capacité de création trop limitée.

Pedro Henrique : 2+/5 : DUUUUUH LE BALLOOOOON DUUUUUH COURIIIIIIR

Giovanni Sio : 0/5 : Nul

 

LES COUPEURS DE CITRONS

Kamil Grosicki : NN/5 : Pas nul.

Juan Fernando Quintero : NN/5 : Carrément pas nul.

Mehdi Zeffane : NN/5 : Ça va vous ? Je vous sers un café, une petite binouze ? Ah vous êtes joueur de football ? Très bien. Très très bien.

 

AR KLOZADUR

Un petit mot de conclusion pour parler du public. Mes sentiments sur l’ovation de Ben Arfa sont plutôt mitigés. Non pas que je condamne l’acte, bien au contraire, c’était plutôt classe. Et si j’avais été au stade, je me serais très certainement joint à mes congénères. Maintenant, il y a 2 poids 2 mesures. On parle d’un stade (enfin de tribunes latérales) qui siffle régulièrement ses joueurs. Je veux bien qu’on joue le rôle de la victime expiatoire et qu’on aime un peu ça, maintenant, faudrait pas non plus se foutre de la gueule du monde. Le geste était significatif. On en attend autant pour soutenir nos joueurs, même quand ça va moins bien. Reste qu’une chose est sûre, le RCK a été une nouvelle fois parfait. Tifo (encore) énorme fait en moins de 15 jours, soutien vocal quasi-parfait (un peu sonné en fin de match mais qui ne l’aurait pas été), et presque toute la Mordelles bas était debout. Ça commence à prendre les gars. Continuez comme ça, les mauvaises langues finiront par fourcher. Ce week-end, déplacement à Lorient. Qu’on leur fasse les fesses violemment. Rien de plus à dire.

Kenavo, bande de dolomites sodomites,

Votre Laezh Dour qui vous aime.

Coucou les copains
                                 Coucou les copains

9 thoughts on “Rennes – Nice (1-4), la Breizhou Académie n’apprécie pas particulièrement de prendre des pénis sur le visage

  1. Ton Ludo il oublie très légèrement de défendre sur le but de Ben Arfa…

    Sinon je vois que défendre Doucoure c’est mainstream… Que de ballons perdu !

  2. Tu verras que je dénote les difficultés techniques de Doucouré. Mais je veux saluer sa progression, qui me semble évidente.

    Oui, Baal est fautif sur le but de Ben Arfa. Mais c’était quand même le meilleur joueur de Rennes sur le terrain.

  3. Et si je revois quelqu’un re-prononcer les mots « mainstream », je lui dévie la trachée.

  4. Bon ben normalement, on est parti pour 4 défaites d’affilée maintenant.

    Je m’y attendais à cette défaite, mais quand même ça fait d’autant plus chier que je déteste cet OGC Nice là qui tente (et réussit en plus) à jouer au ballon. C’est moche.
    Quant à l’acclamation de Ben Arfa, c’est pire. ça m’a non seulement envie de couper ma télé en me disant que ce n’était qu’un mauvais rêve, mais ça me fait surtout promettre de ne plus jamais tenter de défendre le public des tribunes latérales en lui donnant le qualificatif bien surestimé de « connaisseurs ».
    Qu’on salue et applaudisse nos anciens joueurs même après une défaite, j’ai toujours trouvé ça classe, et ça montrait que notre stade à défaut d’avoir une âme avait une mémoire.
    Là, qu’on applaudisse le chouchou des média pour sa dizaine de matches réussis (comme à chaque fois qu’il arrive quelque part donc, avant qu’un pet de traviole le pousse à s’engueuler avec tout le monde), ça montrerait presque le contraire.
    C’est une attitude de mecs qui regardent trop le CFC et les résumés des matches sur youtube.
    Pas de « connaisseurs ».

    Au final, j’en arrive à la même conclusion depuis plusieurs mois : le foot, c’est de la merde. ça ne l’a pas toujours été, mais c’est parti pour le rester.

  5. Putain, t’es actif aujourd’hui Roazh, c’est comme ça à chaque fois que tu te lèves avant 13 heures ?

    La démarche d’applaudir un joueur adverse après une fessée ne me dérange pas sur le principe. Que ça soit Ben Arfa, oui, ça fait un peu pédé. Mais comme je l’ai dit, je préfère Nampalys Mendy, mais j’ai toujours préféré les renois, donc je me sentais un peu biaisé pour faire la remarque.

    Enfin bon, ça me laisse de marbre maintenant ces tribunes latérales. Mettons en exergue le RCK qui se bat année après année alors que c’est pas facile facile. Un jour, on sortira les petits cons de Rennes 2 des bars pour les foutre dans le stade au moins on pourra rigoler un peu.

    Et puis de toute façon, tu sais, moi, je préfère le basket. Je continue à écrire parce que les gens ont besoin de moi. Et tu sais que je vis pour servir le peuple.

  6. Ouah, t’es fou. Je me suis juste levé pour aller faire le café. Après, je suis retourné dans mon lit et c’est d’ailleurs, tranquillou sous la couette que je te lis (comme chaque semaine d’ailleurs) et t’écris.

    ça n’a rien à voir avec le fait d’être matinal, c’est que je n’ai plus d’argent et que je ne vois pas trop quelle série mater depuis que j’ai fait ma session annuelle de l’intégrale de the wire. A quoi bon en regarder une autre maintenant puisqu’elle sera de toute façon moins bonne ?

    Il est même possible que je regarde un peu PSG-Real tellement je ne sais pas quoi foutre cette semaine. Vivement que je récupère un peu de thunes pour reprendre de la drogue, la sobriété, c’est le mal.

    Pour te répondre : ce n’est pas qu’on applaudisse un joueur adverse qui me fait mal aux couilles depuis dimanche soir.
    C’est le fait que ce soit Ben Arfa. Je le déteste pas particulièrement, je m’en foutrais même complètement si on n’avait pas le droit tous les deux ans à la propagande médiatique qui suit les traces de ce numéro de cirque depuis qu’il a 13 ans.
    Si encore, on avait eu le droit à un match exceptionnel de sa part, je dis pas. Mais vu que son principal fait d’armes dimanche reste d’avoir fait perdre un slip à Armand, un défenseur vieux et gentil, je ne vois aucune autre raison que celle d’avoir un public moutonné pour expliquer cette ovation.
    Si encore toutes les sorties niçoises avaient provoqué pareille réaction, c’était excusable. Parce que comme tu l’as dit, c’est collectivement que Nice est venu poser son gros derche sur notre nez. T’enlèves Ben Arfa du 11 niçois, le score est probablement le même à la fin.

    PS : le Basket, à la différence du foot, a lui toujours été de la grosse merde.
    Et ne me forcez pas à dire ce que je pense du rugby. Ou du volley qui va devenir hype pendant quelques mois.

  7. Moi j’avais bien aimé Oz.

    Quant au basketball, je te rappelle que je suis homosexuel et que je me prends pour un afro-américain.

    Le rugby c’est un sport de droite de toute façon.

  8. J’étais dans la tribune Super U dimanche (gratuitement) et j’ai été sidéré par leur ovation. Et quand t’entends les commentaires des types dans cette tribune, ce n’est clairement pas parce que ce sont des connaisseurs, bien au contraire. La prochaine fois je refuserai l’invit’ et je prendrai une place en Ouest France bas.

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