Lille-OM (2-1) : La Canebière Académie pose ses congés

3

Qu’est-ce que tu fais pour les vacances ?

Aïoli les sapiens,

Dix années de déceptions ininterrompues nous ont appris à savoir saisir tout le positif qui peut se nicher au creux de nos contre-performances les plus anales. Ainsi, pour peu que Lens finisse le travail ce dimanche, l’OM n’aura plus rien à craindre ni à attendre de ses deux derniers matchs. Or, ceux-ci étant programmés précisément en même temps que l’agenda familial prévoit deux soirées d’anniversaire, c’est sans état d’âme que votre académicien pourra se laisser aller à des niasquades en bonne et due forme quitte à torcher ses deux dernières académies avec un manque de conscience professionnelle digne d’un chef de service municipal sous Jean-Claude Gaudin. D’ailleurs, puisqu’on en est à caler des dates, j’aurais une requête : étant entendu au vu d’hier soir que les joueurs n’en ont rien à carrer de se qualifier ou non en Ligue des Champions, ne pourrait-on pas acter dès maintenant le fait qu’on bazardera nos deux tours préliminaires de juillet et qu’on pourra tous se retrouver frais et dispos pour le début de championnat après deux mois de vacances méritées ?

La fin de saison étant entendue ou presque, on peut même se laisser aller à ébaucher dès maintenant un bilan, entre permanences et progrès notables. La permanence, c’est notre incapacité à gagner le moindre titre, travaillée autant que possible par le biais d’éliminations honteuses en coupe. Faut-il également rappeler la traditionnelle branlée contre le PSG au Vélodrome, ou encore le total famélique de points collectés contre les meilleures équipes de Ligue 1 : de ce point de vue, le cru 2022-2023 se place dans la continuité la plus parfaite.

Pourtant, quelque chose a frémi. Si. On pourrait même parler de paliers franchis. Commençons par ce podium atteint pour la deuxième saison consécutive : même si cela n’équivaut pas à deux qualifications de suite en Ligue des Champions, la performance n’en reste pas moins inédite de mémoire de dromadaire (sachant qu’on est arrivés sur horsjeu – mâtin quel site ! – en 2012, on mesure avec un peu de vertige la médiocrité qui fut la nôtre sur le long terme). Ajoutons-y le record de points collectés dans l’histoire récente du club, au-dessus même du total acquis lors de notre titre de 2010 : le fait que Lens choisisse précisément cette année-ci pour réussir la saison de leur vie symbolise bien cette frustration qui a plané tout au long de la saison, entretenue à coups de lucarnes improbables de 30 mètres par des anonymes mués en Captain Tsubasa le temps d’un match contre nous. Néanmoins, si la malédiction des lucarnes nous a poursuivis, l’OM de Tudor a aussi roulé cette saison contre un certain nombre de chats noirs qui nous pourrissaient la vie de longue date : dans la continuité de la victoire à Bordeaux l’an dernier, nous avons connu plusieurs de ces moments rafraîchissants, sans influence démesurée sur le déroulement de la saison mais ô combien libérateurs. Citons ainsi des victoires en poule de Ligue des Champions, la qualification dantesque contre le PSG au Vélodrome en coupe de France, et des confrontations contre Lyon où pour une fois ce sont bien nos adversaires qui sont passés pour des trous du cul. Aucun de ces événements ne nous a apporté grand-chose au palmarès, mais ils ont eu l’importance cruciale de faire dire à tout Marseille : « bordel de merde, vous voyez bien qu’on peut le faire ». Dans cet ordre d’idées, on saluera le « taper, taper, taper » de Tudor, certes bancal et risqué, mais tellement généreux. Même si la saison ne s’achève pas aussi bien qu’on aurait pu l’espérer, il était important de montrer que l’OM peut finir dans le haut du classement autrement qu’avec le couillemolisme garciovillasbosampaolien. Cette générosité et ce goût de l’offensive, c’est ce qu’on veut voir à Marseille, quel que soit le devenir de l’entraîneur actuel, d’autant que c’est une attitude qui attire plutôt la bienveillance et la patience du public en cas de contre-performance.


En résumé, nous avons franchi des caps symboliques mais importants, tout en portant notre art traditionnel du sabordage débile à un degré de perfection quasi-ultime. Comme l’an dernier, c’est en équilibre sur ce fil que débutera la saison prochaine, dont l’on ne sait même pas si elle sera entamée avec Tudor à la tête du club. Faut-il se fonder sur les espoirs nés du jeu proposé, en misant sur des progrès tactiques de l’entraîneur enrichis d’un recrutement judicieux ? Faut-il au contraire constater que l’OM de Tudor n’a jamais pu dépasser ses limites, voire a semblé faire lâcher prise à certains joueurs (Mbemba, Guendouzi entre autres) ? Décevants depuis leur arrivée, Malinovski et Vitinha vont-ils se révéler sur une saison pleine ou bien leur recrutement aura-t-il équivalu à jeter pour 50 millions d’euros à l’incinérateur d’Entressen ? Ces questions sont-elles vaines sachant que la saison débutera de toute façon par un psychodrame quelconque qui fera exploser la moitié des structures du club et nous fera repartir de zéro ou presque comme chaque année ?

La seule chose qui est sûre à l’OM, c’est que rien de notre avenir n’est certain : il est important de tenir ce fait pour acquis, c’est ce qui nous permet d’aborder le cycle des saisons et intersaisons avec la même sérénité que les habitants de Mexico depuis le jour où un urbaniste a cru judicieux de construire leur mégapole sur un marécage en zone hyper-sismique.


Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba– Gigot (Kaboré, 19e, Vitinha, 71e) – Balerdi
Clauss– Rongier – VeretoutKolasinac
Ünder – Sanchez– Malinovskyi

Nuno Tavares et Payet sont écartés du groupe pour « manque d’implication à l’entraînement » selon certaines sources, ce que nous interprèterons d’une manière qui n’engage que nous comme : « après quelques bonnes entrées en jeu, vexé de ne pas être titulaire au sombre prétexte que ses 8 kilos superflus l’empêcheraient de courir davantage qu’une demi-heure, Dimitri a activé son mode Princesse Capricieuse et a commencé à foutre le bordel au sein du groupe comme il sait si bien le faire ». Sans exacerber outre mesure les vertus de la psychorigidité, on ne peut que se féliciter de l’existence d’entraîneurs qui savent encore traiter ce genre de manières d’un bon panpan cucul à l’ancienne. Cela étant, deux chieurs ça va encore, l’ennui serait de les voir majoritaires dans l’effectif : on scrutera ainsi avec la plus grande inquiétude les conséquences des non-titularisations et non-entrées en jeu de Guendouzi.


Le match

A ma gauche, « Battling » Lille Olympique Sporting Club, engagé dans une lutte épique pour la dernière place européenne. A ma droite, « Bomber » Olympique de Marseille, adepte du « taper taper taper » et en quête d’une qualification en Ligue des Champions. Il est ainsi très surprenant qu’une telle affiche cruciale, à trois journées de la fin, soit disputée par les deux parties avec une ardeur de viers marins farcis aux endives.

La mollesse est généralisée, le seul impact un tant soit peu percutant résidant dans le pied d’un Lillois sur la gueule de Samuel Gigot (qui ne s’en remet d’ailleurs pas : Kolasinac passe en défense, Clauss en latéral gauche, et Kaboré entre à droite). L’OM domine territorialement mais ne propose rien ; plus performant dans les duels, Lille se procure des surnombres inquiétants mais les gâche par un remarquable excès de nullité (et aussi grâce à un très bon Balerdi, disons ce qui est – même si nous le haïssons officiellement).

A la demi-heure, Malinovskyi réalise son action hebdomadaire, en récupérant la balle au milieu de terrain puis en lançant Clauss sur la gauche de la surface. Réveillé en sursaut, le gardien ne sort pas assez vite et ne peut que freiner le plat du pied de Jonathan sans empêcher le but (0-1, 29e). L’ouverture du score est d’autant mieux venue que l’on continue à s’emmerder ferme jusqu’à la 45e. Là, un très beau mouvement Clauss-Sanchez se termine par un petit pont de Jonathan sur le dernier défenseur, enchaîné par une frappe aussi dégueulasse que le début de l’action étant alléchant.


Peu créatif offensivement, malmené de manière inquiétante dans les duels au milieu et en défense, l’OM mène pourtant. Le fait que Lille ait inexplicablement décidé d’être nul représente alors notre meilleur atout en vue d’une victoire : le tout est à la pause de se prémunir d’une hausse du niveau de jeu des nordistes, qui pouvaient de toute façon difficilement montrer pire.

Or on se rend rapidement compte que, comme contre Annecy, demander aux Olympiens de hausser leur niveau de jeu était trop ambitieux : il aurait mieux valu se concentrer sur le simple objectif de ne pas se comporter comme des connards. Kaboré contre ainsi une offensive lilloise d’une manière certes moyennement maîtrisée, mais qu’un Mbemba dans son étant normal aurait nettoyé d’un grand coup de tatane en touche. Au lieu de ça, Chancel s’arrête comme un abruti en adressant à Pau Lopez ce geste signifiant « vas-y, prends-le, je le protège », sachant que notre gardien se trouvait sur sa ligne à cinq mètres de là et n’avait aucunement prévu cette fantaisie. Le temps que Pau réagisse, Baleba s’est déjà saisi de la balle et se fait percuter pour un pénalty que David transforme une main dans le slip (1-1, 50e).

Le match retourne ensuite à son ennui habituel, ici encore secoué par une action olympienne à la demi-heure : Rongier perce et transmet à Clauss, dont l’admirable remise instantanée envoie Sanchez battre le gardien. Initialement validé, le but doit cependant passer à la VAR-Lottery : contrairement au but d’Alexis validé contre Auxerre, l’ordinateur mal luné trace la ligne révélatrice de sorte à laisser dépasser un orteil, pour des raisons qui nous dépassent mais qu’on résumera par « on ne peut pas gagner à tous les coups ».

Alors que Tudor lance Vitinha pour tenter d’arracher cette victoire cruciale, nous sommes victimes d’un nouvel accès de débilité profonde. Ainsi, quand Rongier perd le ballon au milieu, la défense se met aussitôt en ordre de bataille, c’est-à-dire que tous les joueurs courent n’importe comment en criant « aaaaaah ». Cabella se voit ainsi offrir un boulevard à gauche de la surface, et centre dans un fauteuil pour la tête piquée de Bamba. Sans doute doté d’une vie de famille de merde, Mbemba se dit qu’il préfère encore passer juillet au boulot plutôt que chez lui et sécurise la troisième place en s’abstenant de tout marquage (2-1, 72e).

Après quelques moments affligeants où la désorganisation olympienne manque de procurer d’autres occasions à Lille, l’OM se remet péniblement en marche pour arracher au moins l’égalisation, une tâche particulièrement délicate dans la mesure où Alexis Sanchez semble être le seul olympien à n’être pas saisi d’une flemme intersidérale. On en vient presque à se féliciter d’être en fin de saison et de passer les deux dernières semaines dans un battage de gonades quasi-absolu, sans quoi le manque d’implication des joueurs dans ce match-couperet aurait soulevé quelques inquiétudes quant au maintien de leur adhésion au projet tudoresque.


Les joueurs

Lopez (2/5) : Jamais totalement coupable, encore rigoureusement inutile.

Mbemba (1/5) : Autant quand Balerdi – que nous haïssons portant officiellement – fait des dingueries, on se dit qu’il est né comme ça et qu’il nous faut faire avec. Mais quand Chancel fait de la merde pareille après s’être montré positivement monstrueux toute la première partie de saison, on ne peut s’empêcher d’y voir un mauvais esprit de sa part, ce qui le rend nettement plus antipathique. Je veux dire, à responsabilité égale dans la débâcle, on aura toujours plus de bienveillance pour le général Maginot que pour Pierre Laval.

Gigot (NN/5) : On a l’impression que les protocoles commotion dans le football servent avant tout à fournir des cas d’études aux chercheurs sur la maladie de Charcot, mais bon, faisons comme si de rien n’était et louons Samuel Gigot le GUERRIER, qu’on a laissé sur le terrain un bon quart d’heure dans les vapes avant de consentir à le remplacer. Show must go on comme on dit.

Kaboré (19e, 2/5) : Insulté par toute la ville grâce à Mbemba, qui a transformé en catastrophe son dégagement certes moyen mais a priori anodin. De notre côté, on pardonne (sans omettre pour autant un match globalement pas terrible, à l’image de Moké notre gourdin de justice est bienveillant mais juste).

Vitinha (71e) : On va dire que c’est une chrysalide. C’est moche une chrysalide, n’est-ce pas, on dirait juste une merde d’oiseau collée sur une feuille. N’empêche que si on se montre patient, il en sort un majestueux papillon aux ailes mordorées (ou bien une saloperie grisâtre qui vient pondre dans ta farine, c’est ça qu’est bien quand on s’y connaît pas bien, c’est comme les Kinder Surprise on sait pas ce qu’on obtient avant d’avoir ouvert).

Balerdi (3+/5) : Pour un mec que nous haïssons officiellement, il s’est très bien débrouillé, avec notamment ces sauvetages de surnombres qui sont en passe de devenir sa spécialité. Autant c’est l’équivalent défensif de Clitnon Njie : c’est quand on lui donne le temps de réfléchir qu’il fait n’importe quoi.

Clauss (3+/5) : Un match à l’image de la saison de l’OM : on n’est pas passé loin de grandes et belles choses mais finalement non.

Rongier (2/5) : Être académicien, c’est aussi savoir nourrir ses analyses des meilleures expertises, en l’occurrence celles de mes filles à qui j’ai demandé de me citer un Pokémon qui peut parfois partir en berserk et tout exploser mais qui la majeure partie eu temps est un gentil qui ne fait pas de vagues. Après avoir hésité entre Rondoudou et Magicarpe, elles se sont finalement entendues sur le Concombaffe, ce qui tombe bien étant donnée la tendresse particulière que j’éprouve pour celui-ci. Donc voilà, Valentin Rongier est un Concombaffe.

Veretout (2+/5) : Quelquesbelles récupérations/remontées de balle en première mi-temps, ce qui fait peu pour prétendre régner sur le milieu de terrain.

Kolasinac (2/5) : On commence par se relâcher capillairement, on se fait des parties de pêche en claquettes-chaussettes, puis de fil en aiguille on perd le goût du démembrement des adversaires. Encore une victime du mois de mai marseillais.

Ünder (1/5) : Une imitation très convaincante de Keyser Söze (le moment où Kevin Spacey fait « pfffuit »).

Malinovskyi (2/5) : Inconvénient : il ne réussit qu’une action par match. Avantage : elle donne un but, donc ça se remarque.

Sanchez (2+/5) : « Oh, c’est qui cet estranger qui veut qu’on bonne le week-end de l’Ascension, eh lui non, oh? – Vaï, laisse-le marroner dans son coin, surtout reste loin de lui et lui passe pas le ballon il va encore nous demander de courir, ce mastre. »


L’invité zoologique : Ptitmoustique Weah

Le moustique est une merdouille de quelques millimètres de long qu’il est on ne peut plus facile d’exploser. Il est donc incompréhensible qu’on se laisse autant emmerder par une victime pareille, et pourtant c’est bien le cas, ce qui en fait l’invité approprié pour nous livrer ses observations sur le match.

  • Les autres : Nuls à braire, mais insuffisamment pour ne pas réussir à se baisser et ramasser la victoire qu’on leur a offerte.
  • Le classement : Monaco ayant perdu, la troisième place est garantie. A moins que par un improbable concours de circonstance Lens ne perde deux de ses trois matchs à venir, il s’agira aussi de notre classement final.
  • Coming next : A supposer que nous fassions le plein contre Brest et Ajaccio, Lens n’a donc besoin que de collecter cinq points à Lorient, contre Ajaccio et à Auxerre.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Rémy B. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah

3 thoughts on “Lille-OM (2-1) : La Canebière Académie pose ses congés

  1. Le concombaffe, c’est pas celui qui est inspiré d’un vier marin ? Une anal-ogie de choix pour ces lieux.

Répondre à benito Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.