Rudi Garcia et Monsieur Lapin vont finir plus inséparables qu’Elmer Fudd et Bugs Bunny.

Aïoli les sapiens,

« Si tu joues, tu prends des buts. Si tu refuses, le jeu, tu prends des buts. Alors, joue et prends des buts. » Au moment d’établir sa composition d’équipe pour ce déplacement à Lille, Rudi Garcia aurait pu faire sienne cette maxime d’inspiration kabyle, cette pensée des années noires où les poètes marchaient à leur mort certaine avec l’assurance de s’y présenter en étant eux-mêmes.

Mais comment notre entraîneur pourrait-il être fait du même bois que ces chênes verts et ces cèdres à la majesté enracinée dans ces montagnes ? S’il arrive aussi à Rudi Garcia – reconnaissons-le – de parfois tutoyer les sommets, lui est assurément d’essence caduque : ne le voyons-nous pas, à chaque automne, perdre ses couilles comme le figuier perd ses feuilles ?

Les optimistes croiront au renouveau de la vie lors des prochains beaux jours ; les pessimistes exigeront de tout raser pour reconstruire je-ne-sais-quoi à la place. Nous nous bornerons à décrire notre état présent : quasi-morts, et à poil.

 

L’équipe

Mandanda

Sarr – Kamara – Luiz Gustavo – Sakai

Sertic (Lopez, 87e) – Strootman

Radonjic Thauvin Ocampos (Payet, 67e)

Germain (Mitroglou, 67e)

Amavi et Caleta-Car sont suspendus après leurs hippopotacles de ces dernières journées, tandis que Morgan Sanson est venu s’ajouter pour 15 jours à la liste des blessés (Rolando, Rami, Njie). Petites finesses, Rudi Garcia préserve Payet et associe le duo Sertic-Strootman à la récupération pour des ambitions que l’on devine plutôt défensives.

 

Le match

Seule une chose pourrait nous empêcher de qualifier cette première mi-temps de « ligue 1 à l’ancienne » : le fait que cet empaffé de Stéphane Guy ait employé exactement la même expression. Il n’en demeure pas moins que ce sont bien deux blocquéquipes d’une prudence confinant à la frilosité qui s’affrontent ce soir. Le spectacle y perd ce que le chroniqueur y gagne en temps de rédaction : à part une action conclue par Ikoné juste à côté, c’est le néant total.

Les données du problème sont alors les suivantes : sachant que l’OM a l’habitude de ne réussir qu’une mi-temps sur deux, celle qui vient de s’écouler était-elle notre bonne ou notre mauvaise période ? Après tout, nous réclamions ici même pas plus tard que ce mercredi, pour le bien de nos nerfs, le retour des performances à la Élie Baup : maintenant que nous en avons enfin une qui s’ébauche sous les yeux, nous serions hypocrites de hurler au scandale.

La seconde période gagne immédiatement en rythme, sinon en qualité : notre sempiternel endormissement post-pause nous vaut quelques instants slipométriques, vite compensés par une relance rapide de Mandanda envoyant Ocampos échouer sur le gardien adverse. La contre-contre-attaque voit les Lillois achever nos sous-vêtements, quand Pépé reprend un centre en retrait juste à côté.

Mandanda a peu après l’occasion de voir une tête nordiste passer encore une fois au ras du cadre. Malgré tout, nos adversaires restent plutôt bien contenus par notre défense, jusqu’à ce qu’un une-deux fasse exploser notre milieu de terrain et permette à Pépé, lancé, d’effacer Luiz Gustavo une main dans le slip. Moutonniers, nous sommes encore plusieurs (dont Sakai, c’est flagrant sur les ralentis) à nous rassurer de son contrôle un peu long en nous disant : « tranquille, elle est pour Steve ». Et d’attendre la sortie de notre gardien. D’attendre, donc. Et d’attendre encore. Finalement, Steve se décide à sortir sur l’attaquant, qui bien évidemment profite de son avance pour le dépasser et se laisser tomber au contact : pénalty, transformé avec maîtrise par ce même Pépé (1-0, 65e). Progrès notable dans l’histoire : Steve n’est pas blessé et peut poursuivre la rencontre. Viendra le temps où même ceci ne sera plus forcément considéré comme une bonne nouvelle.

Notre réaction est immédiate : Payet entre enfin en jeu, accompagné de Mitroglou. Le croyez-vous ? l’OM se met à enchaîner des passes, se porter en nombre dans le camp adverse et même à se procurer plusieurs situations de tir (la plus belle étant ce plat du pied raté de justesse par Thauvin sur un centre de Strootman). En gros, l’OM fait ce qu’il sait faire ; nous avons juste attendu plus des deux-tiers du match avant de nous y mettre.

Motivés pour une remontée dont ils sont le secret, nos joueurs trébuchent sur un impondérable, en l’occurrence cette perte de balle analissime de Bouna Sarr préférant s’emplâtrer dans un défenseur plutôt que de servir un coéquipier. Lille se rue en contre-attaque, et Pépé se voit lancé dans le dos de Luiz Gustavo, lequel interrompt l’action d’un hippopotacle net et sans bavure : nouveau pénalty, et un carton dont la couleur jaune trahit la volonté arbitrale de ne pas tirer sur l’ambulance. Cette fois-ci, c’est Bamba qui se charge de convertir la sanction, d’un tir effleuré par Mandanda (2-0, 86e).

Démotivée, l’équipe encaisse un troisième but, quand Sarr se laisse bousculer dans la surface, autorisant Ballo-Touré à offrir le doublé à Bamba (3-0, 88e). Le match s’achève sur une nouvelle défaite cuisante et, à en croire les attitudes et les déclarations post-rencontre, la promesse d’une réelle ambiance de merde si des franches explications n’ont pas lieu prochainement au sein du vestiaire.

 

Les joueurs

Mandanda (1/5) : La seule explication, c’est qu’il ait été mordu par un lamantin au Marineland une nuit de pleine lune. Et autant on peut faire un effort pour accepter un albatros dans les buts, autant un lamantin-garou ça commence à devenir franchement embarrassant.

Sarr (2-/5) : Son match, c’est Casablanca qu’un sadique aurait coupé six minutes avant la fin en y mettant le générique de Plus belle la vie.

Kamara (4/5) : C’était beau comme du Zola, cette abnégation enfantine à donner le meilleur de soi-même, à assurer seul la dignité de la famille quand les aînés supposément responsables cuvent leur paresse et leur mauvais vin. Le public nordiste a dû apprécier en connaisseur.

Luiz Gustavo (1/5) : Mais qu’est-il devenu, ce bel homme qui annihilait les attaques avec tellement ce classe que même les adversaires lui disaient merci les larmes aux yeux et le sexe en émoi ? Qui l’a remplacé par ce pachyderme décadent et peureux ? Quand sur certains duels il se met à craindre le ballon, on dirait Brigitte Bardot qui voit arriver un Arabe. Il ne va pas déchoir à ce point quand même ?

Sakai (3-/5) : Parfois en difficulté mais toujours rigoureux, ce qui n’était pas un mince exploit quand il fallait gérer Pépé. Une performance sérieuse qui incitera Rudi Garcia, espérons-le, à lui restituer sa carte de séjour dans le camp adverse.

Sertic (2-/5) : Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que Quasimodo fout encore sur la pelouse au lieu d’être à Notre-Dame de Paris ? Il s’attend à quoi, à trouver une cloche de deux tonnes au milieu de nos bu… ah ben oui, peut-être.

Lopez (87e) : Sans pression.

Strootman (2-/5) : Les récupérations de balle sont bien là mais pour ce qui est du jeu, la machine à laver mériterait bien de se faire détartrer les conduits.

Radonjic (1+/5) : En ce moment j’ai des algues vertes sur la vitre mon aquarium. Du coup, il y a une crevette qui vient les boulotter en tricotant de ses petites pattes, c’est très rigolo à voir. Je passerais des heures à la regarder faire, même si finalement ça n’avance à rien. Pourquoi je parle de ça, d’ailleurs ?

Ocampos (2-/5) : Tout près de valider notre plan de jeu élipaubesque à la 48e, si seulement il avait converti son occasion. Au lieu de ça : match médiocre, insultes à sa grand-tante maternelle et remplacement prématuré, la routine quoi.

Payet (67e, 3+/5) : Son entrée agit sur notre jeu comme une barre d’uranium dans l’anus de l’incroyable Hulk : ça fouette le sang, ces choses-là.

Thauvin (2-/5) : Pas d’appréciation, tiens, je vais faire comme lui : je vais bouder.

Germain (3/5) : « Les ignorants trouvent Valère Germain nul, mais les connaisseurs savent apprécier sa performance dans le rôle de false-nine-advanced-libero : un avant-centre totalement voué à la récupération et à la conservation du ballon, indépendamment de toute idée de conclusion des actions. Ce coup de génie fait de Rudi Garcia l’égal des grands penseurs du football à l’instar de Marcelo Bielsa, Maurizio Sarri ou Alain Casanova. » (extrait de mon livre : « Les néo-penseurs du ballon rond, réflexions tactiques aux éditions Pignole).

Mitroglou (67e, 2+/5) : Il semble péter la forme, c’est déjà ça.

 

L’invité zoologique : Edgar Iène

Puisqu’on ne peut décemment pas inviter Monsieur Lapin à tous les matchs, laissons donc une place à une hyène. Après tout, c’est toujours bien d’être ami avec une hyène. Et puis une hyène ça ramasse les morts et ça les mange, ce qui en fait bien l’invitée appropriée pour nous parler de l’étripage de ce soir.

– Les autres : Le pire dans cette branlée, c’est qu’elle n’est même pas due à un quelconque génie collectif des adversaires. On notera évidemment la part prise par Pépé dans leur réussite de ce soir.

– Le classement : Notre total de buts encaissés atteint seize unités en huit matches. À cve rythme, notre sixième place tient déjà du miracle.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Homerc remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

7 thoughts on “Lille-OM (3-0), La Canebière académie explose

  1. J’ai lu l’anecdote de l’aquarium deux fois. J’aime bien les aquariums, ça détend vachement.

  2. En plus, le lamantin étant un mammifère marin d’eau douce, au bout d’une nuit à Marineland, il ne peut même plus bouger une nageoire.
    Point n’est besoin de plein loup ni de garou.

  3. Vouloir jouer la défense en titularisant Sarr à droite, c’est de toutes façons une absurdité.

  4. est-ce moi ou personne ne s’est vraiment mis en colère après cette raclée?

    Même la minute de René est moins véhémente que le flot d’insultes continu que je maugrée depuis dimanche soir…

    1. Hypothèse 1 : la lassitude (pas de raison que les joueurs soient les seuls à être rincés)
      Hypothèse 2 : attendre de voir s’il ne s’agit pas de notre touchage de fond annuel, suivi du rebond spectaculaire (et qui aura intérêt à l’être, spectaculaire, l’objectif reste de faire mieux que l’an dernier).

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