Nice-OM (4-1), La Canebière académie est constante dans la déception

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Ça prend forme.

Aïoli les sapiens,


Je m’suis pris 4-1 à Nice

A cause de la calvasse

Alors qu’il n’y avait même plus Pariss’

On fait un match dégueulasse

Un titre moi j’y croyais, et j’étais même sûr

Qu’avec Dimitri Payet, l’équipe était enfin mûre.

Si le but c’est qu’on gagne pas, alors je dis halte à tout

Explique-moi Sampa, c’est quand qu’on va où ?


En période d’errements, le mieux est de se référer aux philosophes ; on choisira ici le stoïcien Tamoxifène de Chios et son fameux : « Le plus dur, c’est d’accepter une fois pour toutes l’idée que la vie est une pute, après tout le reste est plus facile ». Ici la démarche a été entamée dès la rouste reçue à Lyon : c’est une erreur conceptuelle grave de considérer que les échecs de notre club de cœur sont des obstacles dressés sur la route qui mène à notre bonheur. L’OM c’est précisément l’inverse : une entité entièrement vouée à notre souffrance, et sur le parcours de laquelle ce sont les succès qui constituent les anomalies. Une victoire de l’OM n’est pas un jalon vers la plénitude mais le marchepied qui accroîtra l’ampleur de la chute à suivre, la rémission qui prolonge l’agonie, le barrage républicain qui fait crier « on a gagné » alors que tout est déjà perdu.

Mais dans ce cas, puisque tout est sans autre issue que la mort, qu’y a-t-il de mal à se laisser griser par une brillante victoire contre Angers ? Naïfs enfants, ce serait oublier que la joie de la victoire n’est pas une gaîté innocente et sans lendemain, elle s’accompagne toujours de son corollaire toxique : l’espoir. Savourons, oui, car il ne faut pas se priver des menus plaisir de l’existence, mais savourons dans la pleine conscience de la tuile qui nous tombera immanquablement sur la gueule le lendemain.  Acceptons l’idée que si l’OM gagne, c’est pour perdre, telle est l’unique voie vers l’ataraxie (absence de trouble, du préfixe privatif a- et du radical tarax, trouble, comme dans « Sampaoli, je vais te niquer taraxe »).

Bien sûr, la voie de l’acceptation et de la quiétude de l’âme n’est pas linéaire, tant il est difficile pour tout homme de s’affranchir des passions qui l’emportent. C’est ainsi que, malgré toute la prévisibilité de cette défaite et la certitude paisible qu’elle s’inscrit dans le cours inéluctable de l’existence olympienne, on pardonnera ceux qui ne peuvent encore éviter de se laisser envahir par la déception violente causée par cette bande de connards d’abrutis de mes couilles.

Philosophie de mon pied dans vos gueules, oui.


Les Longorious Basterds

Lopez
Saliba – Balerdi (Bakambu, 46e) – Caleta-Car Lirola, 86e) – Luan Peres
Guendouzi – Rongier – Gerson
Ünder – Milik – Payet


Kamara est suspendu et voit Rongier le remplacer en sentinelle. Gueye et Dieng cuvent encore leur fête post-titre de champions d’Afrique des nations, et De La Fuente fait son retour dans le groupe. Pour le reste, on s’en remettra aux explications d’après matchs dont on espère qu’elles seront recueillies par ce genre de journalistes :

Monsieur Sampaoli, deux mots pour Cash Investigation, s’il vous plaît, je voudrais vous montrer cette vidéo où l’on vous entend déclarer : « Nice a de bons ailiers ». Pourtant vous faites jouer Saliba arrière droit, pouvez-vous nous expliquer ? Et Payet à gauche ? Et cette absence de changement en seconde période avant la 86e ? Et justement, Lirola à la place de Duje à la 86e, c’est votre manière de faire un doigt d’honneur ? Votre public mérite de savoir, c’est de vos agissements dont ils souffrent, vous leur devez au moins des explications, vous ne pensez pas ?


Le match

L’OM se procure dès le début de match un bonus bienvenu, en l’espèce un but contre son camp de Melvin Bard. Guendouzi lance ainsi Milik, dont le tir contré échoit à Ünder. Cengiz voit son tir repoussé par le gardien sur Bard, plus malchanceux que maladroit sur le coup (0-1, 3e).

Idéale, l’entame est contrebalancée par le fait que ce match se dispute visiblement le jour du mémorial Michaël Cuisance de la perte de balle. Sous pressing, Saliba effectue une relance pourrie, que les Niçois s’empressent de nous renvoyer en deux passes. Gouiri se trouve lancé par Delort dans le dos de William, pisse sur Balerdi sur d’un crochet facile et aligne Lopez de près (1-1, 11e).

Cette première période présente beaucoup de points communs avec notre seconde contre Lyon, notamment le fait de nous voir défoncés par nos adversaires, au milieu de terrain notamment. Rongier se trouve bien mal à l’aise de devoir remplacer Kamara (suspendu) en sentinelle, Saliba galère à un poste qui n’est pas le sien, et Payet ne touche quasiment pas de ballons dans son exil côté gauche. S’ajoute à cela un manque navrant d’engagement physique : comme contre Lyon, on aurait pu imaginer nos guerriers motivés par la perspective d’aller affronter des stades qui ont voulu – littéralement – leur péter la gueule, et au lieu de cela nous n’avons eu droit qu’à des victimes complaisantes. Les méchants auraient mérité onze Inglourious Basterds, on leur a envoyé onze Christiane Taubira.


Finalement, Rongier n’a même plus besoin du pressing adverse pour perdre le ballon dans le rond central, avec pour effet ici encore de voir nos adversaires dérouler pépère jusque dans notre surface : Gouiri décale Delort, qui centre sans contrôle pour la jolie tête piquée de Kluivert (2-1, 27e).

Cette mi-temps excessivement inquiétante aurait pourtant pu se solder par un score nul, après un beau mouvement Payer-Rongier-Saliba-Ünder. Le centre à ras de terre de Cengiz parvient au second poteau à Dimitri qui, bien que n’ayant été visé par aucun projectile, expédie violemment le ballon dans la tribune.


L’expérimentation tactique de Sampaoli ne survit pas à la pause, ce qui s’avère déjà tardif. Je veux dire, quand un scientifique émet l’hypothèse de soigner le covid-19 avec des perfusions de saucisse de Morteau, normalement son entourage se rend compte que c’est n’importe quoi à la base, il n’y a pas besoin de mener une étude randomisée en double aveugle sur trois ans pour constater qu’en effet, ça ne marche pas. Balerdi sort donc au profit de Bakambu et la défense repasse à trois.

L’OM revient avec de louables intentions : Milik est contré, avant que Rongier ne récupère le second ballon et le transmette à Payet. Au lieu de tenter une sacoche croisée de bon aloi, Dimitri préfère assurer en passant à Bakambu, malheureusement hors-jeu et qui voit son but refusé. Sur le dégagement qui s’ensuit, Saliba saute à côté du ballon comme un Winnie l’ourson foncedé au toutes-fleurs, et laisse  derrière lui une situation bien dégueulasse à gérer pour Caleta-Car. Duje écarte le danger comme il peut, ce qui permet à Kluivert de récupérer la balle à 30 mètres. Luan Peres croit enfin trouver la parade pour ne pas se faire souiller d’un dribble bien sale comme depuis le début de la rencontre : il continue de reculer tant qu’il n’a pas laissé trois mètres d’espace entre lui et l’attaquant. Tactique payante, puisqu’en effet Luan Peres ne s’est pas fait dribbler par Kluivert, qui profite du boulevard pour adresser une lourde. La balle n’est pas franchement en lucarne, mais Pau Lopez décide de la laisser quand même passer parce qu’il n’y a pas de raison qu’il soit toujours le seul à être irréprochable, c’est vrai, merde quoi (3-1, 49e).

Ce coup du sort ne décourage pas l’OM, qui voit dans les minutes qui suivent Ünder lancer Bakambu seul face au but. Notre attaquant rate cette occasion en or de faire tourner cette rencontre sérieusement partie en couilles, en tirant sur le gardien (que l’on ne vienne pas me parler ici de RAIE : c’est bien le ballon qui va à la hanche du gardien : on aurait mis un cône de chantier à la place de Bulka que Cédric aurait tiré dessus de la même manière).

Sans doute supporter de l’OM (non, je déconne, on parle de Ruddy Buquet, là), l’arbitre semble aussi énervé que nous de ce ratage et décide de le faire payer à Cédric. Non content de ne pas lui accorder le corner sur l’action en question, il le laisse quelques minutes plus tard se faire charger par Daniliuc dans un geste plus proche de la saillie équine que de la défense footballistique. Les 50 mètres qui séparent la faute non sifflée de notre propre surface sont engloutis par les Niçois en deux secondes sans opposition, ce qui aboutit à un centre de Kluivert au second poteau. Saliba tend la jambe avec une absence totale de conviction, et laisse Delort lober Lopez d’un geste soit très habile soit totalement chanceux (4-1, 68e).


La suite de la rencontre est d’autant plus anecdotique que les tentatives de Sampaoli pour y changer quoi que ce soit se résument à : rien. Dans ces circonstances, l’entrée incongrue de Lirola pour Caleta-Car à la 86e est ici perçue soit comme un doigt d’honneur, soit comme un signe supplémentaire que Sampaoli ne maîtrisait plus rien à ce qui se passait (ce qui était le cas dès la signature de la feuille de match).

On rappellera que l’OM n’a pas eu besoin de Jorge pour systématiquement saloper ses occasions de se montrer grand. Toujours est-il que ce genre de fantaisie tactique, les tâtonnements incessants encore largement après la mi-saison, les roustes reçues en coupe d’Europe, à Lyon ou à Nice commence à gonfler douloureusement sinon le passif, du moins nos couilles. Même la seconde place ne compenserait pas cet agacement : un podium en championnat ce n’est pas la joie, c’est juste un minimum comptable. Maintenant que nous avons bien salopé l’occasion de remporter l’une des rares coupes lâchées par les Qataris, il ne nous reste donc plus que la Conference Ligue pour faire ce que l’on attend depuis si longtemps : gagner un truc. À en juger par la manière dont joueurs et entraîneurs appréhendent les rencontres dotées d’un minimum d’enjeu et de pression, mieux vaut cependant se préparer à endurer une nouvelle inévitable désillusion avec tout le stoïcisme nécessaire.


Les joueurs

Lopez (2-/5) : Un petit Pau Lopez ce soir. Genre, un Mourenx Lopez.

Saliba (1-/5) : La coupe d’Afrique des nations a révélé un peu plus ce qui était déjà perceptible à Marseille, dans divers domaines tels que les sports ou les arts, à savoir la présence de plus en plus affirmée de notre communauté comorienne dans l’espace public : la Comovida, j’aurais envie de dire. Et William de saisir l’air du temps à la faveur de son poste imprévu de latéral droit, en jouant comme Kassim Abdallah.

Balerdi (2-/5) : Sacrifié pour raisons tactiques, ce qui ne lui a laissé le temps de n’être humilié que sur un but.

Bakambu (46e, 2-/5) : Je maintiens qu’on verra le verbe « bakamber une occasion » apparaître avant la fin de la saison.

Caleta-Car (2-/5) : Sorti de sa bien compréhensible déprime post-mercato d’été, quand on cherchait à le faire sortir de force, pour tomber dans sa bien compréhensible déprime de mercato d’hiver, quand on a voulu le retenir de force.

Luan Peres (1/5) : Inventeur du concept de recul-frein sans les freins.

Rongier (1+/5) : Sampaoli c’est Syd, le garçon sadique de Toy Story. Il n’expérimente pas des choses pour que ça fonctionne, il les expérimente juste pour faire souffrir ses joueurs. Le Rongieur donnait satisfaction comme milieutéral ? Qu’à cela ne tienne, on démonte tout ça et on lui tape dessus au marteau pour le faire rentrer de force au poste de sentinelle. Puis on dé-démonte et on re-remonte, tout ceci en attendant son chef d’œuvre : un poste hybride entre milieu relayeur, avant-centre et attachée de presse.

Guendouzi (2-/5) : N’a pas réussi à être l’œuf qui remonterait cet aïoli foiré.

Gerson (1+/5) : A bien lu les critiques sur notre horrible maillot bleu et s’est donc attaché à le montrer le moins possible.

Ünder (3/5) : L’un des seuls joueurs à avoir fait preuve d’un minimum de constance ce soir (si l’on excepte ceux qui ont été constants dans la nullité bien sûr).

Payet (2-/5) : « Comment, tu n’as pas l’intention de gagner un trophée, à ton âge ? C’est sûr que c’est fatigant, mais c’est si épanouissant, un trophée, tu n’es pas vraiment un joueur de football tant que tu n’en as pas eu un. Mais c’est parce que tu ne veux pas, ou que tu ne peux pas ? Parce que tu sais qu’il y a des techniques médicales. Mais si c’est un choix, bien sûr, je n’ai pas à juger, mais fais bien attention à ne pas avoir de regrets de ne pas en avoir, tu sais que l’horloge biologique tourne. »

Milik (1+/5) : À défaut de réussite, saluons l’attitude consistant à haranguer plusieurs fois ses partenaires pour les appeler à refuser la défaite. Ou alors c’était juste pour qu’ils se souviennent de son existence.


L’invité zoologique : Mario Lémurien

Primate vivant en bandes braillardes, le lémurien est assez insupportable, le m’as-tu vu de la savane en quelque sorte. Puisqu’on n’a pas réussi à le réduire au silence, autant écouter ses observations :

– Les autres : solides derrière, souverains au milieu, réalistes devant. Ce qu’on devrait être, quoi.

– Coming next : Metz, Qarabag en aller-retour, Clermont et Troyes. Que dire d’autres que : « faites pas les cons » ?

– L’appel : l’Établissement français du sang manque cruellement de sang. Allons donner notre sang, c’est toujours du temps mieux employé qu’à supporter ce club. 

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Olivier L. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “Nice-OM (4-1), La Canebière académie est constante dans la déception

  1. Moi, j’ai toujours l’espoir. Que c’est dur.
    Faites pas les cons, mais purée faites pas les cons !

    ALLEZ L’OM !!!!

  2. Belle prose, l’ami. Soutine, aussi. Cette saison, c’est vraiment ou tout ou rien, terrible Sampaïoli.

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