Aïoli les sapiens !

« Match contre Bordeaux, vivement l’apéro » cria un jour Louis Brauquier à Pythéas, lequel préféra aussitôt s’en aller découvrir le Groenland plutôt que de subir la purge annoncée. De mon côté, je suis préparé tout le mois dernier à l’ennui de ce vendredi soir, en ayant choisi pour conquête zoophile une loutre perverse, qui n’aurait raté Thalassa pour rien au monde. En atteignant l’orgasme au moment au Georges Pernoud lance le sujet sur la pêche à la crevette dans la mangrove guyanaise, je pensais m’être suffisamment avili pour regarder sans honte ce Marseille-Bordeaux. J’ai donc lourdé ma louloutre sans éprouver de remords loutre-mesure, après lui avoir fait subir les derniers loutrages. Loutrée, elle m’a fait savoir que je loutrepassais mes droits. Passant loutre ses récriminations, je me suis donc installé devant mon streaming pour subir ce sommet du football chiant.

 

En l’absence de Mathieu Valbuena, Elie Baup avait le choix entre le remplacement poste pour poste ou le passage en 4-4-2, que plusieurs supporters espéraient revoir cette saison. Mais au vu de la rapidité d’esprit avec laquelle notre bande de mastres préférée assimile les consignes tactiques, l’entraîneur s’est sans doute convaincu du risque qu’il y aurait à bouleverser son système à moins de six mois d’une échéance importante. Kadir s’installe donc en milieu axial du 4-2-3-1 traditionnel, tandis que Modou Sougou est renvoyé à son rôle d’impact player au profit de Jo le Sconse. Cheyrou et Romao sont reconduit au milieu, au risque de laisser à Barton la tentation de twitter pour tromper l’ennui sur le banc de touche. Derrière, que du classique.

Deux centres ignobles de Jordan Ayew donnent le ton de la rencontre et font déboucher la boîte de Prozac aux quelques courageux présents devant leur écran : comme prévu, la rencontre s’annonce sale. Auteur au quart d’heure d’un beau tir en pivot juste à côté, Kadir tire les conséquences de cet échec en se retirant de la vie sportive jusqu’à la fin du match. Peu de choses à signaler ensuite, jusqu’à la 41e minute et une belle passe en profondeur de Cheyrou pour Gignac, qui part à droite d’une défense dont l’alignement n’est pas sans évoquer la colonne vertébrale de Michel Petrucciani. Gignac tente alors un dribble de qualité, chose surprenante qui laisse Sané sur le cul, au sens littéral du terme. Déjà parti effectuer un arrêt d’un autre monde en allant chercher le ballon dans sa lucarne, Carrasso est finalement pris à contre-pied sur une frappe placée et pas malchanceuse. A la mi-temps, ce match n’a donc produit aucune surprise par rapport aux prévisions : les milieux de terrains sont solides, la qualité du spectacle est infâme et l’une des deux équipes mène en exploitant habilement les errements défensifs adverses.

En deuxième période, Marseille comprend vite que le meilleur moyen de ne pas encaisser de but est de laisser le ballon à Plasil et ses collègues. S’ensuit un quart d’heure au cours duquel les Girondins ont tout le loisir de nous offrir une qualité de jeu vomitive, allant jusqu’à offrir eux-mêmes une belle balle de contre à Gignac, rattrapé de justesse. Entre la 70e et la 75e minute, Bordeaux  se procure deux occasions intéressantes, pas tant pour essayer d’égaliser que pour laisser le temps à Madame Pèze de préparer deux nouveaux cocktails en vue de la fin de match. En effet, la seule difficulté de l’OM reste de ne pas fondre en larmes devant la misère du jeu bordelais. Les olympiens gardent cependant le cœur sec et empochent la victoire avec la même absence de culpabilité qu’un Palmerin déféquant dans la sébile d’une maman Rom à l’entrée du métro de Séville.

 

Au final, un 1-0 pourri au niveau du spectacle, mais qui résulte néanmoins d’une performance tout à fait maîtrisée de l’OM. Autant certaines de nos victoires ont relevé du miracle, autant celle-ci s’inscrit dans la continuité de Nice et s’avère tout à fait méritée, à défaut de faire rêver les foules.

Dès lors, une fois qu’on a fait le deuil du football-champagne, les notes peuvent être plutôt élevées.

S. Mandanda (3/5) : Solide en fin de match lorsque la pression bordelaise s’est (un peu) intensifiée. Il a tout de même fait monter le slipomètre sur un ou deux gestes.

Slipomètre 050413

Une sortie aérienne, un tir repoussé dans les pieds de l’attaquant. Mais quand l’avant-centre en question s’appelle Diabaté, les frayeurs restent toutes relatives.

N. Nkoulou (4/5) : Pour une fois, la décontraction n’a pas empêché la concentration. Nicolas poursuit son chemin vers le retour de la grande forme, à confirmer face à de vrais attaquants.

L. Mendes (3/5) : Dans un match où le manque de vitesse ne constituait pas un point faible rédhibitoire, Lucas s’est régalé et nous a fait plaisir avec de belles interventions. Ses relances longues dégueulasses en début de match et sa montée « Drunk-Diawara-Style » lui font rater le 4.

R. Fanni (3/5) : Une activité moins foisonnante que d’habitude, au profit d’un grand sérieux défensif. Rarement pris en défaut sur son aile, jouant la sécurité dans ses relances (i.e : de grands coups de latte le plus loin possible), Rod a rempli sa mission. Personnellement, je lui pardonnerai volontiers ses erreurs spectaculaires s’il maintient une performance moyenne aussi satisfaisante toute la fin de saison.

J. Morel (2/5) : Il a moins bien protégé son côté que Rod (moins bien soutenu par les milieux ?) et a montré des limites techniques dans le domaine offensif. Bref, une performance parrainée par le Captain Obvious.

A. Romao (4/5) : Dans un match aussi passionnant et surprenant qu’une soirée thématique d’Arte consacrée aux exactions nazies, Alexyuiop est parvenu à rester suffisamment en éveil pour intervenir dès qu’un semblant d’offensive se profilait.

B. Cheyrou (4/5) : Benoit confirme son bon retour, qu’il agrémente d’une belle passe entre le latéral et le défenseur central, communsymbole de pub-copinage.

A. Ayew (2/5) : A la différence de la plupart des joueurs-clés, qui semblent montrer un certain renouveau, André stagne ces derniers temps. Alors qu’il a supporté le poids de l’équipe par le passé, peut-être mériterait-il de souffler un peu ?

F. Kadir (1/5) : Au départ de leurs meilleurs joueurs, certains clubs cessent d’attribuer leur numéro de maillot. L’OM fait mieux : en l’absence de Valbuena, ils laissent son poste vacant sur le terrain.

J. Ayew (2/5) : Centres pour les ramasseurs de balles, fautes en situation dangereuse : à part le « carton de con », Jo le Sconse a ressorti sa panoplie anale. Comme son frère, il n’échappe au 1 que pour se différencier de l’inexistant Kadir.

AP. Gignac (4/5) : Cas de conscience, 2e épisode. Comme face à Nice, le match d’André-Pierre est aussi affriolant qu’un remake de Showgirls avec Maryse Joissains et Nadine Morano en têtes d’affiche. Mais vu que notre stratégie repose exclusivement sur des victoires 1-0, comment ne pas lui donner une bonne note ? D’autant qu’il n’a pas ménagé ses efforts.

 

Les remplaçants :

M. Sougou pour Jo le Sconse (72e) : Entrée tranquille pour Modou le mainate, qui a tenté de lancer quelques contre-attaques intéressantes.

J. Barton pour F. Kadir (82e) : 82 minutes pour déloger un ectoplasme, Elie Baup est moins fort que Bill Murray et Dan Aykroyd. 10 minutes de décrassage pour Joey, avant d’aller débattre d’identité de genre avec les travelos du comité d’éthique.

Bartonpresse

 Les trolls de Joey ont toujours un grand succès chez les mouches à merde.

M. Amalfitano pour A. Ayew (92e) : Pour qu’Elie Baup puisse se vanter d’avoir fait 3 changements dans un match.

 

L’invité zoologique du jour : Dominique Droupy

« You know what ? I’m happy. » Cette réplique remplacerait à elle seule l’intégralité des conférences de presse de Francis Gillot cette saison. Comme le chien de Tex Avery, le comportement des girondins 2012-2013 marie si bien l’absurdité délirante et le flegme quasi-dépressif que cette équipe en devient hilarante. Un exploit, dans cette ville plongée dans la morosité depuis que l’abolition de l’esclavage et dont le boute-en-train le plus illustre s’appelle Alain Juppé. Les droits du personnage étant bloqués par la MGM, l’ami Just Wide nous a donc suggéré d’inviter son cousin aquitain, Dominique Droupy, pour commenter avec nous le Soporifico :

1°) Les autres : De remarquables capacités à conserver la balle au milieu de terrain et à gêner les offensives adverses. Mais comme dirait Claude Pèze, leur attaque et leur défense expliquent bien l’alcoolisme des supporters.

Suicidebordeaux

 Promotions sur les poisons, cordes, révolvers et Jaroslav Plasil.

2°) La palette : Retrouve l’analyse en images du match de la défense bordelaise.

3°) LE LAPIN ! Chris Waddle a donné le coup d’envoi de ce 100e OM-Bordeaux. L’occasion de ressortir ces 14 secondes de football, ce qui reste toujours plus qu’hier soir.

4°) Le podium : André-Pierre Gignac a annoncé le programme du week-end dans l’interview d’après match : on va pouvoir se détendre, vautrés dans le canapé à se gratter les couilles en regardant nos poursuivants perdre des points. J’ai reformulé un peu ses propos, mais dans l’esprit c’est à peu près conforme.

5°) Vu du ciel : Bob-Loulou ne pouvait pas mourir d’ennui. Il le regrette sans doute.

6°) Les réseaux : La Canebière académie blatère aussi sur Facebook et sur Twitter. Le 100e abonné gagne le droit de noter Jérémy Morel au prochain match.

Bises massilianales,

Blaah.

10 thoughts on “OM-Bordeaux (1-0) : la Canebière académie livre ses notes

  1. J’aurai bien vu le gif de Sané ! Ça aurait ajouté du pep’s à cette belle Acad. !

  2. C’est quand même dans ces moments-là que je me dis que j’ai de la chance d’assister à des chocs du Championnat d’un tout autre niveau. (Dis-je en anticipation d’une rencontre qui pourrait se solder par un 6-1 contre mon équipe, oui)

    Franchement, j’ai préféré regarder autre chose, mais si comme tu le dis, c’était aussi chiant, bravo pour cette académie.

    En plus, réjouis-toi, encore trois bon matches de Cheyrou, et il sera de nouveau « aux portes de l’équipe de France ».

  3. Après Bordeaux et son record de 0-0, vla l’OM et son record de 1-0 unique en Europe…

    Si on mate les Dogues, on pourrait commencer à sourire.

  4. Marrant, Footmercato.net titrait ce matin : Enfin le déclic pour Kadir ?
    J’en conclu qu’ils ont autant vu le match que moi.

  5. « Une qualité de jeu vomitive ».
    C’est vrai, Bordeaux n’a rien su faire du ballon. Qu’ils ont eu. A l’extérieur. Chez le deuxième.
    Alors c’est vrai que quand on ne voit rien, on a pas envie de vomir. Vous ne mesurez pas la chance que vous avez d’avoir encore la foi. Même en Gignac…

  6. Le délit de sales gueules et ville fait parfois le coupable. Triaud-Gillot-Tavernost: Loutreau.

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