OM-Leipzig (5-2), La Canebière académie fonde

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Mesdames et Messieurs : Marseille.

Cinq ans. Cinq ans chez horsjeu.net avant de pouvoir enfin rédiger cette académie de belle, de grande, de fantastique victoire, de celles capables de vouer toute une génération à une vie de passion pour l’OM.

Aioli les sapiens,

Oui, jeunes gens, c’est « seulement » un quart de finale. C’est « seulement » le Red Bull Leipzig. Et pourtant, cette énergie que vous avez senti sourdre des tréfonds du stade, elle ne vous quittera plus. Orphelins de triomphes depuis de longues années, de rencontres ordinaires en sommets frustrants, le Vélodrome était pour vous cette maison commune, repaire d’une passion dont l’on invoquait le paroxysme à chaque passage d’un hôte de marque. En vain ; toujours, la faillite de l’équipe ou la cruauté du sort vous condamnait à ne jamais voir flamboyer le stade que dans les yeux et les discours des anciens.

Ce n’était qu’un quart de finale, un épisode dans un long ordinaire jalonné de Dijon, Rennes ou Caen. Mais prenez garde à votre prochaine visite, fût-ce à l’occasion de la plus anonyme des rencontres. Quand la silhouette blanche du Vélodrome se présentera à vous, puis dans la cohue des contrôles, jusqu’à pénétrer dans les entrailles du stade, c’est une sensation nouvelle qui vous saisira pour ne plus jamais s’atténuer : enfin le monstre vous a montré de quoi il était capable, et pour vous ses murs se sont à jamais imprégnés de ce souvenir.

Cela, les anciens le savent pour l’avoir vécu. Sans remonter aux temps héroïques, l’odyssée de 2004 et même la défunte et négligeable coupe Intertoto ont incrusté leurs émotions au plus profond de ceux qui sont aujourd’hui pères de familles ; ceux qui, l’espace d’un soir, ont abandonné toute précaution et, vêtus d’OM, ont hurlé dans leur salon comme s’ils faisaient partie des soixante mille. Ceux qui, une fois l’enfant rendormi à grand peine, ont couru dans sa chambre pour lui déposer un baiser et une larme, en lui disant à voix basse : « c’était une grande victoire ; je te souhaite d’en vivre de pareilles quand tu seras plus grande ».

 

L’équipe

Pelé

Sarr (Rami, 28e) Sakai – Luiz Gustavo – Kamara – Amavi

Lopez – Sanson

Thauvin (Ocampos, 63e)             Payet (Zambo Anguissa, 83e)

Mitroglou

L’OM enregistre les retours de Thauvin et Rami, tandis que Rolando et Mandanda sont toujours blessés. Rudi Garcia reconduit le stratagème du match aller, faisant de Sarr un cinquième défenseur très offensif, et renouvelle sa confiance au duo Sanson-Lopez pour pallier le recul de Luiz Gustavo.

 

Le match

Après de longues heures passées à tenter en vain de maîtriser l’emballement du slipomètre à l’approche du match, les fauves sont lâchés sur le coup de 21h et nous offrent illico une entame de match que je n’aurai pas peur de qualifier de dantesque. Bouna Sarr récupère un ballon haut et centre pour Payet, qui manque sa reprise. Moins d’une minute plus tard, c’est une main dans le slip que Leipzig envoie un joueur sur l’aile gauche, lequel trouve Augustin dans la surface. Celui-ci aspire trois joueurs, et décale Bruma dont la reprise sans contrôle clarifie la situation : il n’est plus question de calculer quoi que ce soit, si jamais il en fût question à un moment (0-1, 2e).

Ce but nous émeut à peine, tant il paraissait de toute façon inconcevable de disputer la rencontre sans encaisser au moins un pion : au moins celui-ci nous laisse-t-il largement le temps de revenir. Moins patient, Mitroglou voit dans ce but précoce la concession de trop faite à l’Allemagne. Son orgueil hellène se réveille instantanément et, au sortir d’un corner de Payet, Kostas profite de la déviation de Kamara pour pousser Ilsanker au contre-son-camp (1-1, 6e).

Soucieux de corriger au plus vite son faux-départ, l’OM maintient une intensité folle dans cette rencontre, à l’image de Mitroglou extirpant le ballon de notre surface après un corner défensif. La contre-attaquée lancée, Payet adresse une merveille de transversale pour Sanson. Voir Morgan armer sa volée du droit n’est pas sans nous rappeler un autre quart de finale européen un peu plus ancien (27 ans déjà, c’est que ça date, ces choses-là). La finition de Sanson étant ce qu’elle est, sa jolie reprise échoue cependant sur le gardien ; Morgan est le premier au rebond et tente de nouveau sa chance : rebelote. C’est alors que, semblant crever le ciel, venant de nulle part, surgit un Bouna Sarr : la troisième tentative est la bonne (2-1, 9e).

A un but de l’égalisation au coup d’envoi, nous voici alors à un but de la qualification : ces dix minutes totalement folles sont donc à notre avantage, ce qui ne nous paraît pas une raison suffisante pour nous relâcher. Avec sa dégaine de zadiste, Mitroglou rejoue Notre-Dame-des-Landes contre trois CRS adverses, qu’il prive du ballon pour décaler Payet. Le bijou de Dimitri finit en lucarne, et il faut attendre de longues secondes que les hurlements cessent pour constater que, implacable, la justice a fait son œuvre : Kostas a commis une faute (très dispensable au demeurant), et le but est refusé.

Peu après, Sarr se prend pour Mel Gibson dans l’Arme fatale en se déboîtant l’épaule tout seul, sans raison apparente, un gag dont même Abou Diaby ne nous avait jamais gratifiés. La sortie forcée de Bouna et la réorganisation qui s’ensuit (Sakai à droite, Rami dans l’axe droit), de même que la nécessité de faire refroidir un peu les organismes, aboutissent à un dernier quart d’heure plus laborieux. Cela n’empêche pas Sanson d’obtenir un coup-franc, que Payet envoie dans la surface. Fétichiste du numéro 26, Konaté contemple le dos de Thauvin durant toute la trajectoire du ballon, ce qui permet à Florian d’être seul à la retombée pour conclure d’un plat du pied dans un orgasme collectif à réveiller les enfants et faire sonner touts les alarmes des voitures alentour (3-1, 38e).

A ce moment de la rencontre, l’OM est enfin en passe de se qualifier. Les péripéties de ce match sont toutefois si nombreuses qu’il ne viendrait à personne l’idée d’imaginer que le score puisse en rester là. Aussi les premières insultes fusent-elles quand Mitroglou, servi dans un fauteuil par Thauvin, exécute une frappe de (Morgan) sansonnet repoussée par le gardien. A peine plus tard, Kostas vendange une nouvelle offrande en tirant à côté, nous épargnant par la même une polémique arbitrale suite au curieux « lever-baisser de drapeau » de l’assistant. Mais polémique ou non, un quatrième but n’aurait pas été de trop, et Leipzig se charge de punir notre inefficacité. Keita se fraie un chemin en rebondissant sur les corps frêles de nos milieux, avant de servir Augustin. Trop tôt couché, Pelé encaisse la frappe au milieu du but (3-2, 55e).

Ce contretemps fâcheux, alourdi par la célébration moqueuse de l’ancien parisien, a le don d’irriter Payet, tellement en colère qu’il en finit de piétiner sa légende de joueur planqué dans les grands matchs. A la suite d’une belle séquence de pressing nous voyant récupérer tous les seconds ballons, Dimitri joue le une-deux avec Thauvin, efface le défenseur et pénètre dans la surface, avant d’envoyer en pleine lucarne un extérieur du pied à haute teneur en décibels (4-2, 60e).

L’avantage repris, l’OM contient les attaques allemandes grâce à une défense intraitable, et un milieu Sanson-Lopez positivement étonnant.Tous nos joueurs mordent dans le moindre duel, nourris de cette énergie insufflée par le stade : non, cette fois, aucune désillusion de dernière minute ne doit venir anéantir ce que l’équipe réalise enfin, cette performance que nous avons tous tant attendue. La fatigue se faisant sentir, les contre-attaques sont moins bien accompagnées : quoique joliment initiées, toutes échouent par manque de soutien ou de lucidité.

Nous en venons ainsi à ces quatre minutes de temps additionnel, initiées par l’exclusion de l’entraîneur adverse pour je ne sais quelle raison, et d’ailleurs on s’en moque. Nous consommons un slip supplémentaire quand, pour une fois, le gros cul de Pelé est un avantage en empêchant le ballon de passer entre ses jambes. Leipzig se procure un dernier corner, qui voit le gardien monter aux avant-postes. En fins gastronomes du corner à deux pourri, nous accordons quatre étoiles à celui tenté par les Allemands et contré par Sanson (certains diront de la main mais on s’en tape). La chandelle qui s’ensuit est récupérée par Mitroglou, qui donne à Lopez en une touche. Maxime écarte pour Sakai (sans doute hors-jeu mais on s’en cogne), qui met une application infinie à faire rouler lentement, lentement, lentement, le ballon au fond du but vide, comme pour mieux nous laisser le temps de savourer notre extase (5-2, 94e).

 

Les joueurs

Pelé (3-/5) : Un match rassurant si l’on excepte cette petite mais agaçante manie d’encaisser des buts au milieu de la cage, ce qui est toujours gênant pour un gardien de but.

Sarr (4+/5) : Joue comme la réincarnation de Garrincha dopé aux amphétamines, tout ça pour se péter l’épaule en tentant un dribble. Je crois que l’on peut sans exagérer employer le terme de légende.

Rami (28e, 4-/5) : A deux doigts de concéder un pénalty sur sa première intervention, mais c’était juste le temps de s’échauffer.

Sakai (5/5) : C’est pas moi qui pleure, couillon, c’est mes yeux.

Luiz Gustavo (4+/5) : Vivement que Marseille soit une nation indépendante, pour que Luiz Gustavo puisse disputer la Coupe du monde avec sa Patrie.

Kamara (4/5) :

– Bon, je viens d’enlever les petites roues à ton vélo, tu vas pouvoir commencer par faire l’ascension du Ventoux.

– Boah, facile.

Amavi (3/5) : A serré les vis, les boulons, le jeu, les fesses, bref tout ce qui pouvait se serrer afin d’éviter les courants d’air du match aller.

Lopez (4+/5) : Maintenant que l’on a vu ce que tu savais faire, on va te le demander plus souvent.

Sanson (4+/5) : Hormis sa tendance récurrente à confondre le gardien avec une cible de flipper, une grande performance qui, cela ne gâche rien, est allée en s’améliorant tout au long du match.

Thauvin (5/5) : Une heure de jeu dans les jambes, et un cœur assez grand pour recevoir tout l’amour de Marseille.

Ocampos (63e, 3+/5) : Fougeux, mais pour Lucas cela n’a rien d’inhabituel puisque, même contre L’US Vierzon, il donnerait l’impression de vouloir démembrer l’adversaire pour se repaître de sa moelle. De mauvais choix et une tentative de retourné, pas plus inhabituels.

Payet (5/5) : Dans ce match à fort enjeu, Dimitri s’est montré un modèle de talent et de constance pendant 90 minutes ce qui, le connaissant, représente justement le summum de l’inconstance.

Zambo Anguissa (84e) : Parce qu’une soirée historique ne pouvait se passer de sa présence.

Mitroglou (3+/5) : Match ambigu – tout cliché sur les Grecs mis à part. Décisif sur trois des cinq buts, il en annule un autre par une faute bête et vendange deux occasions de creuser l’écart. Il n’empêche que s’il faut re-disputer la guerre de Troie, je le prends dans mon équipe.

 

L’invité zoologique : Emil Phoqsberg

Pinnipède et arrogant, le phoque a le tort de se prendre pour le roi de la banquise bien avant que la chasse ne soit finie. Cet empressement à célébrer des victoires qui n’ont pas lieu d’être a conduit plus d’un spécimen à périr d’un bon coup de pioche en travers du crâne avant de finir dans le show-business en graisse pour cheveux bruyants (il n’y a pas ici de faute de frappe). Le présomptueux mammifère était donc bien l’invité approprié pour narrer ce choc :

– Les autres : toujours cette faculté de percussion, desservie par une difficulté à maîtriser le jeu et surtout une défense capables d’analités assez surprenantes.

– La suite : Ce vendredi nous verra attribuer un adversaire à tirer au sort parmi Arsenal, l’Atletico et notre vieille connaissance des phases de poules, le RB Salzburg.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Bos Dast remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

22 thoughts on “OM-Leipzig (5-2), La Canebière académie fonde

  1. c’est comme si tu parlais de moi (le supporter devant sa tévé)
    mais mon petit plus, ça doit être mes voisins québécois qui devaient se demander « qui crie comme un esti de malade à 15:00? »
    mon épouse qui essayait de faire dormir notre bébé de 4 mois ( Ryan) m’avait même textée pour me demander ce qu’il m’arrivait vu que j’avais réveillé Ryan au moins 5 fois (le match n’étant pas terminé).
    PS: écouter un commentateur anglais parlait de l’ambiance du Vel d’une manière tellement positive et le voir se taire pendant les « Aux aaaaaaarmes » ça te remplit d’une fierté immense.

  2. On ne peut qu’être d’accord avec ce sentiment général que la brise d’hier soir amena avec elle le parfum des épopées des soirées européennes de nos 20 ans. J’évoque celles de l’UEFA davantage que celles d’Erasmus (quoique certaines analités auraient pu prêter à confusion… Bref.)

    Mais bon….Salzbourg: combien de divisions ?

    1. On me dit que ce commentaire est stupide ? Je réponds qu’il n’a que 3 semaines d’avance.
      Sinon, remplacez Salzbourg par Leipzig. C’est bonnet blanc et blanc bonnet.

  3. En fait Yohan Pelé, au match aller, il s’entrainait pour nous faire un arrêt du cul à la 90e au retour ?

  4. Mazette ! Quel match ! Vu du stade c’était dantesque ! Quelle ambiance de feu, match de folie, une communion entre une équipe et son public comme on en voit peu ! Oui ce n’était qu’un quart de finale de League Europa, n’en déplaise aux peines à jouir qui chaque année rêvent plus grand et dont la saison s’achève à l’approche du printemps. Une preuve de plus qu’une âme ne s’achète pas, une leçon de plus à ces parvenus qui devraient eux aussi garder longtemps ce match en mémoire.

  5. Respect les gars… Ça fait plaisir à voir quand même une équipe qui se sort les doigts pour un match retour de coupe d’Europe

  6. Ce serait mentir que de dire que je n’ai pas senti le sang affluer dans mes parties intimes au moment de l’extér’ du petit insulaire. Ce but était comme un magnifique va-et-vient toujours plus rapide de « Il y va, il y va, IL Y VA », avec en bonus la joie non contenue d’avoir pu envoyer la purée au fond des filets au terme de ce crescendo parfait. En tout cas, bon appétit, messieurs, en espérant qu’il vous reste un peu de place pour une rasade de Red Bull en plus !

      1. Monsieur connait décidément très bien ses classiques. Mais n’allons tout de même pas jusque-là où vous semblez vouloir m’emmener, il y a un gouffre entre une éphémère bandaison et le grand amour.

  7. Luiz Gustavo en fin de match <3 et la détermination de Payet après son but !! Et Sakai !! Et le petitou qui se jette dans les 4 grands cons et qui va chercher sa faute comme un taulier !! Et bon il y a Pelé aussi qui nous sort son arrêt du cul on était à deux doigts de le maudire et on a tous fini par béatifier son sphincter… et ce public ! Et Garcia la science ! et le retour défensif de Morgan ! Et Ocampos qu'est ce qu'il foutait là au fait ? Et Mitroglou il nous a tout fait, l'amour, la guerre, la mort, la gêne, le mental, l'arriéré, la tête haute, le pied carré ! Et Rami qui entre en cours de jeu ! Après coup on en rigole mais sur le moment qu'est ce qu'on a flippé !

  8. Grandiose comme d’hab. Si je puis me permettre cher camélidé, il ne s’agit du Red Bull Leipzig (les clubs allemands ne peuvent légalement porter le nom d’une marque commerciale) mais bien d’un Rasen Ballsport Leipzig (subtil jeu d’écriture n’est ce pas…) ! Celà dit je te vois venir et tu as parfaitement raison : on s’en branle, on les tapé ces branquignols !

  9. Si se faire racheter par des ricains ça donne des soirées comme ça, je veux bien arrêter le saint-emilion et me mettre au cola.

      1. Ce n’était en rien une façon de me plaindre de mon sort. Seulement une manière détournée de saluer la performance marseillaise. Parce qu’il ne faut quand-même pas déconner, je ne vais pas le dire clairement.

        1. Non mais moi aussi c’était une manière détournée de dire un truc… dont je ne me souviens absolument plus… euh… voilà.

  10. Je suis marseillais, je fais tourner ma femme entre Luis Gustavo et Sakai après ce match.

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