Un bon point pris dans l’optique du maintien au fond du seau.

 

Aïoli les sapiens,

Benny Hill et les chèvres, le blocus de Labrune dans la salle de billard, voici ce qui rattachait encore cet OM au monde des vivants. Chant du cygne d’une passion bien éteinte, les protestations des supporters n’ont pas résonné ce dimanche dans ce Vélodrome vide. Virages fermés, parcage interdit, seuls quelques passants s’étaient hasardés en Jean-Bouin et Ganay. Nous les accompagnions devant notre télévision, assistant avec une compassion mâtinée de voyeurisme à la ruine de cette idole qui n’en finit plus de s’éteindre. Rennes, Bordeaux, Monaco, encore ces déroutes répétées soulevaient-elles une haine salutaire, la vindicte de ceux qui t’exhortent à survivre quand tu te laisses volontiers glisser.

De haine il n’était pas question, ce dimanche, seulement de tristesse. Sur ces sièges vides, le mistral ne balayait rien d’autre que notre enfance quand, devant les exploits de Papin et Waddle, les anciens nous rappelaient que tout n’avait pas toujours été si rose – ils avaient tous fait OM-Forbach, pensez donc. Nous l’avions compris dès l’été 1993, mais il était déjà trop tard. Puis, à partir d’une volée mémorable d’Hamada Jambay, ce stade était aussi devenu le nôtre. De ce creuset désormais vide s’évaporent le dribble-talonnade de Drogba, les lourdes de Taïwo, une défaite contre le PSG de Boskovic et Mendy, des soirées d’un ennui mortel, la classe de Lucho, une belle flopée de branques, des cris, des chants, des heurts, Bielsa… Aux abonnements réguliers avaient succédé les visites plus espacées. Jamais rompu, ce lien se laissait distendre par la seule raison qui vaille d’être préférée au football, une femme. L’OM continuait d’abreuver notre jeunesse de ce bouillon épicé, à défaut d’être toujours digeste. Nous avons cru voir dans les ultimes bordées d’injures une énième péripétie, jusqu’à ce que ce stade mort, implacable comme une vanité, nous place face à nous-mêmes : notre jeunesse n’est plus et ces émotions ont gagné les armoires d’un passé sans retour. Peter Pan est devenu honnête père de famille. Dans la torpeur d’un repas dominical, il repense à cette aventure passée, si éloignée de ce que lui montre la télévision : était-elle bien réelle ? et si elle l’était, en valait-elle la peine ?

L’OM des Louis-Dreyfus en a vécu, des tourments, mais il n’est pas devenu ce vieillard respecté et riche d’une expérience que chacun s’attachera à transmettre. Il est cette vieille gloire déchue, injuriant ses proches et conchiant sa chaise roulante à chaque réunion de famille, incapable de respecter son entourage puisqu’il ne se respecte plus lui-même. Il est cette épave que les parents les plus dévoués souhaiteraient rapidement porter en terre avant que, de lassitude devant ce triste spectacle, les plus jeunes du clan ne se mettent à renier la famille entière.

Le mieux que l’OM des Louis-Dreyfus puisse nous offrir, ce sont des obsèques grandioses le 21 mai prochain, en priant pour qu’un nouveau cycle réveille la flamme. D’ici là, ce mois de mai n’est qu’une longue procession funéraire dont ce Marseille-Nantes était la première étape.

[Aparté – Je ne sais pas vous mais moi, ça fait trois jours que je me refais les intégrales Prince, Billy Paul et Martin Gray, j’ai une patate incroyable]

L’équipe

Nkoudou et Rolando rejoignent Isla et Diarra à la maison de rep… à l’infirmerie. Alessandrini est de retour de suspension mais attendra la finale contre le PSG pour être le sauveur – du moins s’il ne se fait pas expulser face à Troyes pour le dernier match du championnat. Le 442 vu à Sochaux est ressorti, Cabella faisant les frais de ce nouveau dispositif. Sarr et Thauvin sont une nouvelle fois placés en « faux-pied » : nous débordons si facilement les latéraux adverses qu’il est juste de nous auto-infliger un handicap.

Pendant ce temps, Margarita Louis-Dreyfus s’apprête à aller démarcher un investisseur.

Le match

Frères de dépression, les Nantais nous opposent un bloquéquipe sans grande intensité ni prise de risque. De notre côté, alors qu’on pouvait nous croire libérés par la qualification en finale et une fin de championnat quoi qu’on dise sans grand risque, la production est toujours aussi indigente. Imprécisions techniques, lenteur de décision et d’exécution, incompréhensions : le résumé de la première demi-heure tient sur un Post-it (authentique : j’ai utilisé le dos de celui où j’avais récapitulé les promesses tenues par François Hollande).

Les choses s’animent vers la 30e minute. Batshuayi gagne et conserve le ballon devant la surface adverse, de si belle manière qu’il se dit qu’il serait dommage de le passer à un coéquipier, au hasard Thauvin totalement démarqué. Anticipant les insultes, Michy se sent obligé de conclure par un beau tir, que Dupé dévie sur le poteau.

Soyons honnêtes, Michy réussirait mieux ses tirs s’il n’y avait pas à côté de lui ce mec en blanc qui le perturbe en faisant de grands gestes.

 

Une minute plus tard, Dubois est trouvé sur notre droite et centre en première intention – il paraît que beaucoup de joueurs font ça quand ils ne sont pas obligés de se replacer sur leur bon pied. Parti pour dégager, Nkoulou entend le « laisse ! » crié par Mandanda et se baisse pour lui laisser le ballon. Un dixième de seconde plus tôt, c’était parfait, mais avec ce léger temps de retard, le ballon rebondit sur son dos et décrit une courbe élégante s’achevant pile derrière la ligne de but (0-1, 31e).

Rarement a-t-on vu une telle pureté des courbes dans la trajectoire du ballon : Nkoulou est assurément un grand peintre.

 

Inhibés par la bien compréhensible non-pression du non-public, les Olympiens sont bien sûr incapables de réagir, à l’exception d’une percée de Sarr qui finit accroché en pleine surface, mais accentue la faute avec une telle absence de crédibilité que l’arbitre refuse le pénalty.

Comme à Sochaux, la réaction intervient en début de seconde mi-temps : servi par Manquillo après une touche, Thauvin pourrit deux défenseurs puis ajuste tranquillement le gardien (1-1, 49e). Oui, Thauvin, le mec à côté de qui Richard Gasquet est un monstre de confiance, commence à se montrer en réussite au moment où l’équipe est au fond du sac et infoutue d’aligner deux passes. Sur le plan mental c’est un phénomène assez insondable, mais en attendant cela nous remet dans le sens de la marche et bien partis pour aller chercher ces trois points assurant quasi-définitivement le maint…

Ah ben non. Léger et court vêtu, Alaixys Romao vient tout foutre par terre avec allégresse, en savatant Yacine Bammou qui venait de l’accrocher. Anecdotique lorsqu’elle survient entre honnêtes hommes, ce genre d’algarade pose en revanche problème lorsque l’un des protagonistes était plus occupé à entretenir des rapports sexuels avec sa mère qu’à chercher la définition du mot « honneur » dans le dictionnaire : pleurs, roulades, gémissements, arbitre alerté, Alaixys expulsé, adieu veau, vache, cochon, ducon.

Un but contre notre camp, une expulsion sur un geste d’abruti, que pourrions-nous faire de plus pour que la France du football se foute un peu plus de notre gueule ? Bingo : tout heureux d’avoir pu disputer 90 minutes d’affilée cette semaine pour la première fois depuis la mort de Gaston Defferre, l’inénarrable Abou Diaby se tord une cheville lors d’un duel. La prophétie de l’été a mis du temps, mais elle s’est réalisée.

Un but nantais justement refusé, des cartons, des coups de pieds arrêtés tirés non plus à deux mais toujours à la mords-moi-le-nœud, et des erreurs techniques à la pelle, voici le résumé d’une dernière demi-heure où Nantes aura profité de sa supériorité numérique pour se montrer vaguement menaçant. Les Marseillais achèvent la rencontre en considérant d’un œil envieux leurs adversaires d’un soir, qui ont au moins la chance d’être déjà en vacances, eux.

Et ça, c’est pas interdit de stade, par contre ?

 

Les joueurs

Mandanda (3/5) : Maintenant que son départ approche, ça va être son jubilé toutes les semaines, avec tarte à la crème dans la gueule, photos compromettantes, caméras cachées et invités surprises de Michel Drucker. Et il est gâté, le bougre, la farce de Nkoulou, il ne l’avait vraiment pas sentie venir.

Nkoulou (1/5) : Le dos de Nkoulou < Le dos de Brandao.

Rekik (3/5) : Peu en évidence : quand t’as un joueur comme Nicolas à côté de toi, tu te tais et tu prends des notes.

Manquillo (2-/5) : S’il avait dû décrire un match de Javier Manquillo, même Balzac n’aurait pas pu pondre plus de trois lignes. Et encore, en corps 14.

Mendy (1/5) : Le Jérôme Kerviel de l’OM, avec ses prises de risques insensées qui vont nous faire perdre des millions d’euros sur son transfert.

Romao (0/5) : Le néant footballistique, on veut bien, c’est du Romao. L’expulsion, on accepte, c’est du Romao. Mais l’expulsion pour un coup de pied de fiotte au lieu de découper ce connard de Bammou en tranches, et ce juste quand l’OM reprenait espoir, ça c’est pas du Romao ; c’est du Romain Alessandrini. Donc : zéro.

Diaby (2/5) : Encore heureux que tu saches bien jouer au foot, dugland, même à la Cour des Miracles les culs-de-jatte avaient appris à jongler pour pouvoir mendier de quoi bouffer.

Zambo Anguissa (67e, 3/5) : Plutôt efficace à défaut d’être élégant, rien à dire.

Sarr (1+/5) : La persévérance du migrant marocain attaquant de front les barbelés de Ceuta. A ceci près qu’eux, après 18 échecs, ils pensent à contourner.

Barrada (60e,2/5) : Rien de très notable, même si une ou deux pertes de balle nous ont fait claquer le slip plus sèchement qu’un ministre des finances à une journaliste.

Thauvin (3/5) : Rate à peu près tout, sauf un exploit personnel pour égaliser. C’est déjà un énorme pas franchi, à tel point que je me demande si Florian ne vient pas de réaliser sa meilleure série de performances avec nous (oui, une série de deux matches contre Sochaux et Nantes, mais tout de même).

Fletcher (2-/5) : Comme Manquillo, cet homme transpire le sérieux et la bonne volonté. Comme Javier, cet homme aurait pu passer son dimanche à cuire des nouilles qu’il n’aurait pas été moins utile.

Cabella (69e) : Rien de notable, si ce n’est encore une fois sa tendance à se faire foutre par terre par les adversaires sans obtenir de coup-franc.

Batshuayi (1+/5) : « Les grands attaquants sont toujours un peu égoïstes ». Certes. Mais Jordan Ayew, Moussa Maazou et Nelson Monfort aussi.

 

L’invité zoologique : Jules Ilokitty.

Pour un emblème footballistique, le canari était déjà l’animal le moins impressionnant que l’on pouvait imaginer, moins encore que le merlu avec ses grandes dents. Du moins le croyait-on, puisqu’au vu de sa fin de saison, c’est bel et bien le chaton transsexuel qui s’avère l’invité le plus approprié pour évoquer ce FC Nantes.

Les autres : Autre vieille gloire en péril, Nantes puait autant que nous la morosité. On signalera la vivacité de Thomasson et Dubois, notamment. Le départ de Der Zakarian pour cause d’incompatibilité d’humeur avec son président taré les laisse à peu près dans la même incertitude que nous pour l’an prochain. Ah, et aussi, je ne sais pas si vous en avez déjà entendu parler Bixente, mais il existe une anecdote amusante concernant Yacine Bammou : figurez-vous qu’avant de jouer au FC Nantes, c’était déjà un bel enculé.
Les images : retour sur 90 minutes qui n’auront pas marqué la planète football.
Le classement : Nous voici seizièmes avec cinq points d’avance (et une différence de buts très favorable) sur le premier relégable. Si à première vue, le slipomètre commence à s’empourprer sévèrement, récapituler les conditions à remplir pour une descente de l’OM est un exercice rassurant.
Les félicitations : Enfin une bonne nouvelle à annoncer pour le club, avec la promotion de l’équipe féminine en Ligue 1. Bravo à elles.
La page abonnement: Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.
Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Didier A. n’est pas loin du titre de champion du concours zoologique.

 

 

Bises massilianales,

Blaah.

12 thoughts on “OM-Nantes (1-1), La Canebière académie agonise

  1. Comment faire comprendre à nos enfants la passion qui nous a amené à faire 400km pour un matchs…COMMENT!

  2. L’intro est le plus beau texte de la saison. C’est tellement ça..
    Bon, courage, plus que 3 matchs à tenir.

  3. On s’en fout on va poutrer le pqsg en finale. Et rester en liquain putains de bordel a queu. J’ai une envie de leurs bourré le pif a coup de latte à cette bande de baltraingue c’est impressionnant.

  4. Comme dit très justement le vagin a côté de moi, ca sent la rubrique fais divers et la première page de l’équipe.

  5. Blaah,

    Je comprends le désarroi du supporter, mais le talent du poète a l’air bien plus grand à l’heure de décrire les étrons de matchs que livre cette équipe qu’aux jours glorieux où Bielsa trônait sur sa glaciaire et sur le football, faisant ressembler cette équipe à un frêle bouquet qu’un orage printanier risquait de déchiqueter mais qui arrivait toujours comme un chant de coquelicot en bouton au milieu du pré, avec le pressentiment d’un spectacle sublime à venir.
    J’en serais presque à souhaiter une humiliation en bonne et due forme en finale contre les homophobes enculés qataris, pour lire jusqu’où Erato et Calliope pourront t’inspirer contemplant les turpides de cette bande de décérébrés

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