Aioli les sapiens,

Ce soir, je suis ennuyé. Moi qui t’avais préparé une belle lettre d’amour, Marcelo, la déroute infligée aux Toulousains m’empêche de te l’adresser par crainte d’être taxé d’opportunisme. Comment savourer un tête-à-tête quand le succès revenu ne permettra plus de distinguer les fâcheux des romantiques sincères ? Pourtant, Marcelo, cette semaine tu m’as ému – pardonne-moi cette familiarité, je te tutoie comme je tutoie la Bonne-Mère, avec respect et dévotion.

Quand tu t’es adressé aux journalistes tu n’as, comme à l’accoutumée, parlé que de ton travail. Et pourtant, j’ai perdu à ce moment toute envie d’analyse. Le jeu, les contrats, la presse… Sujets passionnants, et pourtant si secondaires. Soudain j’ai eu peur. Non de ton départ, cela arrivera bien un jour, mais de ne pas savoir mesurer la chance que nous aurons eue de t’accueillir. Les yeux baissés pour éviter à tes auditeurs d’y croiser une passion trop brûlante pour eux, tu mènes ta folie avec la rigidité d’un Don Quichotte engoncé dans le corps de Sancho Pança. Ton indispensable comparse prend les traits de l’homme à la triste figure ; rendre aériens tes élans magmatiques, ce dessein seul pouvait décider Fabrice à descendre de la lune. Tes maximes monocordes ébranlent jusqu’aux tréfonds d’une ville résignée aux arrangements avec la morale, l’ambition et, pire, l’espoir. Car chacun de tes instants résonne de cette ambition : toi aussi, tu veux briller par tes hauts faits, et rien d’autre. La sincérité. La détermination. L’honnêteté. Laissant aux vulgaires le soin de former des sportifs, tu vois en tes joueurs avant tout des hommes ; savent-ils seulement leur bonheur ?

Peu importe notre futur, peu importe le triomphe ou l’échec, au risque de voir les médiocres exhiber tes erreurs comme des trophées. Plutôt mourir dans la noblesse que survivre petitement au prix de ses convictions : était-il argentin, ce poète Marseillais selon qui, à périr tout entier, rien ne servirait de naître ? Pagnol aurait-il à ton contact amendé sa maxime ? oui, l’honneur, cela ne sert qu’une seule fois, pourvu qu’elle dure toute une vie.

Si ton talent se résumait à coordonner onze personnes à seule fin de pousser un ballon dans un filet, comment oserait-on parler de génie ? Ton génie ne saurait souffrir une explication si vulgaire. Ton génie, c’est tout ce que tu as apporté avec toi, cette sobriété foutraque, cette aversion pour les dogmes qui ne sont pas les tiens, ce mépris pour le lendemain s’il empêche de penser aux victoires d’aujourd’hui, bref, ce rappel permanent de ce qu’il peut exister de meilleur dans notre ville.

Pour la passion, pour la fierté, pour Marseille : Bielsa, je t’aime.

Nous partageons ce cri du cœur signé MaillotCreatif

Bon, ce n’est pas le tout de faire le romantique, il nous faut maintenant rappeler que ce vendredi à Toulouse, nous nous sommes aussi et avant tout vidangé les couilles d’une fort heureuse manière.

L’équipe

Barrada et Nkoulou sont forfait, Fanni et Dja Djédjé sont suspendus : bien que le match se déroule à Toulouse, notre défense n’exhale pas à proprement parler le parfum de la violette. Devant, Gignac et Thauvin sont consignés sur le banc : la concurrence commence à s’installer, et l’on ne peut que s’en réjouir.

Le match

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Dès la deuxième minute, une belle percée de Romao aboutit à une passe de Paye tour Batshuayi à l’entrée de la surface. Pivot, frappe enchaînée, but : apparemment, le mot d’ordre basé sur la spontanéité passé pendant la semaine a bien été intégré par les joueurs, et ce n’est pas pour nous déplaire (0-1, 2e). Mis au courant de la facilité olympienne à perdre leur avance, les Toulousains s’empressent de concéder le second but afin d’avoir plus de temps pour égaliser : suite à un coup-franc de Payet, le ballon revient sur Mendy, dont la frappe déviée est détournée par Aloé d’un joli réflexe (0-2, 7e).

Malgré une nette amélioration dans notre pressing au milieu de terrain, le TFC parvient à se procurer deux actions dangereuses. Cela ne nous empêche pas de coller une nouelle claque sur le derrière flasque de nos adversaires, lorsque Batshuayi revient jusqu’au rond central pour annihiler une contre-attaque en formation. Imbula en profite et lance Ayew sur la droite d’une défense désorganisée. A la réception du centre du Ghanéen, Ocampos pousse Moubandje à marquer contre son camp (0-3, 20e).

Après dix minutes supplémentaires d’un viol collectif particulièrement savoureux (duels monstrueux, combinaisons, occasions dont un poteau d’Ayew), nous retombons dans nos pires travers à la demi-heure : intensité moindre au milieu, relances courtes forcées là où de grands coups de tatane seraient plus appropriés, bloc défensif friable… En conséquence, les Toulousains accroissent la pression devant notre but. Après son bon début de match, Romao décide de mériter ses insultes hebdomadaires en perdant la balle dans sa surface, ce dont Pesic profite pour faire ce qu’il convient d’appeler de la merde. Un peu plus tard, le Serbe baisse le viseur de trois bons mètres et trouve la transversale de Mandanda. Un Mandanda tout près de l’expulsion quand, après un premier avertissement pour gain de temps, Tony Chapron sort son bout rouge de sa poch… sort le bout de son carton rouge de sa poche, pardon. Son geste ne s’avère finalement qu’un coup de pression pour inciter Steve à jouer plus vite : trop tard, les insultes à la mère de l’arbitre avaient déjà fusé.

Malgré notre large avance, leurs occasions ont de quoi motiver les Toulousains, alors à mille lieues d’un quelconque renoncement. Mais là où les supporters mauves (du moins les rares qui ne sont pas venus pour encourager l’OM) rêvent d’assister à un scénario à la Istambul sur l’île du Ramier, leurs poulains effectuent ce qu’il faut pour saborder les quelques espoirs pouvant encore demeurer. Sur une contre-attaque lancée côté droit, Payet transperce le milieu de terrain d’un petit pont sur Doumbia avant de lancer Ocampos, tandis que Batshuayi et Ayew prennent place dans la surface abandonnée par la défense. Malgré un centre moyen, Michy récupère et, après avoir effacé le gardien et le retour désespéré d’un défenseur, inscrit son doublé à un moment parfait pour niquer la causerie à venir d’Alain Casanova (0-4, 44e).

Comme un symbole

Si tout se passe pour le mieux et que cette première période a provoqué le marouflage au foutre de moult intérieurs phocéens, l’expérience de nos récentes rencontres nous empêche d’être totalement sereins. Heureusement, l’écueil d’un but dès la reprise est évité, en grande partie par le refus des Toulousains d’accomplir un semblant de pressing. La seconde période s’annonce chiante, ce qui nous convient tout à fait et ne nous empêche pas de créer une ou deux situations intéressantes.

Bien sûr, nous nous débrouillons tout de même pour saloper un minimum le match, quand un mauvais dégagement de Mandanda couplé à la conception toute romaesque du hors-jeu permet à Ben Yedder de sauver l’honneur (1-4, 77e). Pas le temps de douter : au terme d’un cafouillage et bien que probablement hors-jeu au départ de l’action, Ayew finit par se trouver seul devant Boucher et lui glisse un petit suppositoire au tranxène (1-5, 78e).

Enfin, de la même manière que le Coupo Santo clôt les banquets de vieux, la tradition est respectée en fin de match avec l’habituel but de Gignac contre le TFC. Une jolie production, une nouvelle fois encore, puisqu’André-Pierre part sur le côté gauche avant de se recentrer, se placer sur son pied droit et envoyer une lourde dans un angle fermé (1-6, 90e).

Au final, si la résignation adverse et quelques défauts persistants empêchent de dresser un bilan totalement positif, on retiendra tout de même les nets progrès accomplis d’une part en matière de pressing et récupération au milieu de terrain, d’autre part en ce qui concerne la vitesse de transmission en attaque. De plus, une telle réussite de la part d’une équipe comptant de nombreux « remplaçants » ne pourra qu’attiser une concurrence bénéfique.

 

Les joueurs

Mandanda (2+/5) : Une sortie très maîtrisée devant Braithwaite en première mi-temps, mais un jeu au pied très perfectible. Et surtout, on n’essaie pas de jouer au con avec Tony Chapron ; c’est comme de parler droit des femmes avec Ayman Az-Zawahiri, t’es forcément perdant.

Aloé (4/5) : Un match sans faute assorti d’un but, et voici la bonne note. Apprendre de ses erreurs, c’est bien, mais c’est pas mal aussi d’avoir des réussites sur lesquelles s’appuyer.

Morel (3+/5) : Quelques galères par moments, mais une abnégation constante au duel, y compris pour aller chercher l’adversaire hors de sa zone. #DoriaAuraitFaitMieux de fermer sa gueule.

Lemina (3-/5) : Plus que moyen dans la mauvaise période olympienne, avant de se lâcher et de proposer pas mal de choses intéressantes en deuxième mi-temps.

Mendy (4+/5) : Le jardinier du Stadium devrait porter plainte contre lui pour avoir labouré le côté gauche de la pelouse. Tout comme le proctologue du TFC portera plainte contre lui pour avoir labouré le côté gauche de l’équipe.

Romao (2-/5) : Possédé par l’esprit d’André Ayew pendant les dix premières minutes et de temps à autre dans le match, il aurait pu être positivement méconnaissable. Finalement, à force de fautes à 20 mètres et d’analités défensives diverses, il a presque fini par se montrer égal à lui-même.

Imbula (4/5) : Eh bien tu vois, que le ballon c’est comme ta bite : au moment où tu arrêtes de le tripoter, tu découvres que tu peux faire plein d’autres choses intéressantes avec.

Ocampos (4-/5) : Malgré des baisses de régime, il s’est montré plus concerné par les tâches défensives que précédemment. Ce qui ne l’a pas empêché de provoquer quelques actions bien senties, avec au bilan comptable une passe décisive et un CSC provoqué (plus une obstruction monumentale sur Batshuayi, provoquant la sortie de son coéquipier).

Ayew (4+/5) : A certains moments, j’ai trouvé qu’il était beaucoup plus brouillon que ses camarades. Puis ça n’a pas duré et j’ai pu recommencer à me masturber.

Thauvin (81e) : Peu en évidence, si ce n’est sur une action où il porte un peu trop la balle.

Payet (5/5) : Contrôle, passe, orgasme. C’est tellement beau, le football, quand on cesse de se compliquer l’existence.

Batshuayi (5/5) : Je me suis surpris à fêter en toute certitude le 4e but 5 bonnes secondes avant qu’il ne le marque effectivement. Après plusieurs années de Saber Khalifa ou Jordan Ayew, c’est une sensation que j’avais fini par oublier.

Gignac (81e) : Qu’il est beau, quand il est piqué au vif.

Rhâ, Lovely.

L’invité zoologique : Adrien Raiegâtée

Plaquée sur le fond vaseux, la raie attend. Qui ? Quoi ? On ne sait pas, elle attend. Notre sélacien était donc bien l’invité approprié pour parler de ce match contre une équipe dont la rage de vaincre avoisine celle d’un stagiaire photocopieuse au congrès du Modem.

  • Les autres : J’attends avec impatience l’intervention annuelle de notre commentateur Mayoul Vonsalz, qui nous expliquera à quel point cette équipe de Toulouse est belle, sous-cotée qu’elle est par la faute des ignares que nous sommes.
  • Vu d’en face : Bryan Bière-Gougnoux avait prévu le but de Ben Yedder. C’est déjà ça.
  • Le classement : Pour l’instant il est seulement temps de changer de slip.
  • Les images : chht, discret.
  • La page abonnement: Pour que vive l’Alterfoot cananal historique
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Berbère Léonard gagne le concours zoologique.

 

Faites de beaux rêves

Bises massilianales,

Blaah

19 thoughts on “TFC-OM (1-6), La Canebière Académie sous le régime de Michy

  1. Superbe acad, tu marches sur l’eau en ce moment. Si même l’effet Bielsa se fait ressentir ici, c’est merveilleux.

    Pouvoir être heureux tout en retenue tout en sentant cette intensité du bonheur.

  2. Victoire en trompe l’oeil, toulousains à la ramasse, malchanceux et maladroits, non Blaah je t’attendais sur un autre registre. Même si tu n’omets pas de parler du sketch de Mandanda avec Chapron qui aurait pu (dû?) nous coûter cher, cette ode à Bielsa que tu nous offres en intro est un peu hors de propos et mériterait plus de mesure. Le manque de maîtrise affiché vendredi ajouté à la suffisance de certains, sans parler de la rigidité de la stratégie Bielsa m’ont dans l’ensemble fait passer une soirée mitigée. Alors oui c’est plaisant de voir autant de buts mais dans le fond je préférerai en voir 2 fois moins et des prestations d’équipe plus abouties. L’analité de notre défense sur certaines phases, Romao et Aloé en têtes de gondole, a offert des boulevards aux attaquants toulousains qui rappelons-le sont vice-champions de france de ball-trap pour aveugles. Ocampos, nouveau protégé de Bielsa dont l’intelligence de jeu frise le néant me fait déjà regretter Thauvin (comment c’est possible?!), Payet qui se transcende contre des équipés d’asthmatiques a intérêt de montrer le même visage face aux lyonnais la semaine prochaine s’il ne veut pas être fouetté sur le vieux port, il y a encore beaucoup de changements à opérer dans cette équipe. Bielsa recherche encore et toujours la bonne formule, et même s’il doit composer avec l’absence de certains, sa posture contribue à l’instabilité constante de cette équipe, le « je t’aime moi non plus » joué depuis le début de saison commence à lasser pas mal de monde, à commencer par les joueurs eux-mêmes. Alors qu’il suffirait juste qu’il finisse par nous dire ce qu’il souhaite faire en fin de saison quelle que soit l’issue.

  3. j’ai lu l’acad’ en me disant que je terminerai tout nu.
    Voilà, je suis tout nu.

    B.A

  4. Spado, si je suis rationnel, je m’accorde avec presque tout ce que tu dis (sauf peut-être sur les effets sur les joueurs de l’incertitude liée au départ ou non de Bielsa). La défense anale, la maladresse des Toulousains, le plan de jeu à parfaire, ok.

    Mais voilà, bordel, avec cette équipe j’ai pas envie d’être rationnel. J’ai envie de vibrer, de m’énerver, d’insulter, de sauter… On pleurera à la fin de la saison. Je sais pas si c’est de joie ou de tristesse, mais on pleurera, c’est sûr. On peut bien finir 5e, je n’échangerais pas cette saison contre une deuxième place sous Elie Baup, forgée à coups de 1-0 chiants (et pas malchanceux non plus). Parce que cette équipe là, en ce moment, elle casse parfois les couilles mais elle ressemble à ma ville, et je l’aime. On aura tout le temps de se lamenter si on n’arrive pas à capitaliser sur l’héritage de Bielsa (c’est ce que je crains le plus), mais pour l’instant j’ai pas envie d’y penser.

    PS : pour être clair sur l’intro, elle a été écrite avant la rencontre. Pour tout dire, j’étais tellement persuadé qu’on allait se f

  5. [suite] … j’étais tellement persuadé qu’on allait se faire torcher que j’ai voulu par avance prendre le contrepied… et pour le coup ils ont bien pété l’effet attendu.

  6. excellents gifs bravo !
    bien de vous voir repartir comme en 40 pour mieux s’écrouler en fin de saison et tenter de tout brûler, à l’ancienne

  7. Putain que j’ai hâte d’être à dimanche.

    Et je suis d’accord avec toi Blaah, l’OM n’a pas eu ce niveau de jeu, même par intermittence, depuis les années DD…

  8. L’avant dernier Gif, c’est une allégorie d’un gang bang d’aveugles pour tout foutre à côté comme ça ?

  9. Purée, c’est quoi ce travail dans l’avant dernier gif : si tu fous le lubrifiant du mauvais côté, faudra pas s’étonner si les morceaux ne sont pas évacués et que ça explose en vol pour cause de surchauffe.

  10. C’est n’importe quoi cette académie !
    Cette équipe de Toulouse est belle, sous-cotée qu’elle est par la faute des ignares que vous êtes.

    On méritait largement de gagner.

  11. C’est beau, Blaah : une académie où Spado (bon, pas de mérite, sachant que c’est une sardine) ET Mayoul Vonsalz (je considère que Mayoul fait de l’humour, il en est capable) commentent et ne trollent pas, c’est du jamais vu.

    A JAMAIS LE PREMIER !

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