(Episode 31/32) Après avoir excité nos papilles tout au long de la Coupe du Monde 2014, Parie-Maule revient munie d’un défi de taille : vous proposer une recette par jour, une pour chaque pays qualifié. Aujourd’hui, Parie-Maule évoque notre ultime adversaire.

Hébonjour,

Hébé c’est qu’on arrive presque à la fin de cette série de recettes, bouducon, je l’ai pas vu passer ce mois-ci. On pourrait même dire qu’on n’est pas loin du… drapeau à damier, huhuhu, bouducon, j’en sors des bonnes parfois, moi, hé.

Héoui, parce que donc, l’avant-dernière recette, évidemment, c’est celle de la Croatie, avant bien sûr de terminer demain par les champions du monde. Bon, je vous avoue, j’ai eu un peu de mal à me mettre à l’ordinateur pour la taper, la recette. Ça n’a rien à voir avec la Croatie, d’ailleurs, c’est juste que, je vous apprends rien, ce matin c’était le 14 juillet, et c’est moi qui me suis occupée du vin d’honneur après la cérémonie. Héoui, on n’est pas nombreux à Lalbenque, en plus le maire il a dû faire des économies à cause de Macron qui donne plus un rond au petites communes, il m’a dit, enfin moi leurs trucs politiques je m’en mêle pas, hé. N’empêche que le maire il est venu me trouver, et il a dit : « Parie-Maule, il faut que tu saches qu’à cause de la ruralophobie du président, j’ai été contraint de réduire des deux-tiers le budget du protocole. Pour le vin d’honneur des anciens combattants, il n’y a que toi qui peux nous sauver, Parie-Maule. »

Bouducon, le maire, quand il est tout solennel comme ça, ça m’émeut, hé, je me sens comme investie d’une mission comme on dit. Sauf que c’est pas avec les 60 centimes par personne qu’il m’a donnés comme budget que j’allais faire des miracles, moi. Bon, d’accord, pour les toasts, ça a été vite résolu, j’ai 400 kg de fritons de canard qui dorment à la cave (ça se périme pas si c’est bien stérilisé, les fritons), ça ne m’a pas coûté de faire don de quelques bocaux à la mairie.

Non, le problème, ça a été pour la boisson. Déjà que le Cahors en soi c’est pas bon, mais en plus c’est hors de prix à cause de ces cons de Parisiens qui le prennent pour un nectar, je vous en avais déjà parlé. Heureusement y avait Gustave avec nous, forcément, hé, Gustave c’est le président des anciens combattants de Lalbenque, hébé Gustave il a pris son air grave et il a dit « Parie-Maule, suis-moi, j’ai la solution. Monsieur le Maire, c’est mieux pour vous que vous veniez pas ». Je l’ai suivi jusque chez lui, il m’a dit de l’attendre à l’entrée de sa cave. Il est redescendu avec sa frontale et un énorme trousseau de clés que j’avais jamais vu et il m’a fait entrer.

Bouducon, je savais pas qu’elle était aussi profonde, la cave à Gustave, on a bien parcouru cinq pièces en enfilade, toutes avec un énorme verrou qu’il a ouvert, en refermant à chaque fois derrière nous. Là j’ai hurlé, bouducon, il y avait une momie contre un mur, tout séché le mort, il portait un costume et un petit attaché-case siglé « Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. » Gustave il a rien dit, il a juste mis le doigt devant la bouche pour me dire de me taire, puis il a ouvert une dernière porte.

« Un alambic ? » je lui ai dit. « C’est pour ça que tu me fais tous ces mystères, Gustave, hé, ça va, on leur a tous caché des trucs à la DGCCRF, ya pas mort d’homme. Enfin, si, toi tu en as buté un, d’accord, mais c’est un peu excessif. Et qu’est-ce que tu distilles, d’abord, je vois pas de fruits ? » Gustave il a rien dit, il a juste pris son trousseau et ouvert deux portes : derrière, il y avait encore une cave voûtée, toute illuminée avec des spots géants. Je vais pas rentrer dans le détail, hé, mais enfin j’ai compris que Gustave, il en avait retiré un ou deux trucs, de la présence néerlandaise dans la région.

Bon, l’alliance de l’herbe néerlandaise et de la gnôle lotoise, j’avais jamais goûté, c’est pas forcément désagréable, mais c’est un peu déroutant. De toute façon, avec le peu de budget que m’avait laissé le maire, j’ai pas eu le choix, on en a fait deux tonneaux et on a servi ça ce matin après la sonnerie aux morts. Hébé sur le coup, en goûtant ça le maire a fait une drôle de tête mais au final, il a eu l’air content, il en a d’ailleurs repris deux fois. Bon, le souci c’est qu’il avait un mariage juste après, quand on le lui a rappelé, il a couru à la mairie en rigolant. On n’a même pas pu le rattraper, on était trop occupés, avec la chaleur et la gnôle de Gustave on a des anciens combattants qui s’étaient mis à grimper aux arbres, les dames du CCAS elles ne savaient plus comment les faire descendre.

Là on a entendu des applaudissements, c’était le cortège du mariage qui attendait les mariés sous le balcon de la mairie. C’était un mignon petit couple, des Parisiens qui venaient de s’installer, mais des gentils, hé. Ils sont apparus au premier étage de l’hôtel de ville, mais derrière eux, ya le maire qui est arrivé tout nu avec son écharpe et qui s’est mis à faire l’hélicoptère en chantant la Marseillaise. Là j’ai dit à Gustave : « Bon, écoute, là faut qu’on fasse du damège-contrôle, comme on dit. Ya des anciens combattants dans les platanes et le maire à poil au balcon avec un cortège de mariage qui le filme, c’est la catastrophe. » On a filé dans sa cave, on a arraché tous les plants et on a tout brûlé, en calculant le sens du vent, normalement toute la zone de l’hôtel de ville serait sous la fumée, avec ça personne ne se souviendrait de rien dans les heures qui suivraient.

« Et nous, qu’est-ce qu’on fait ? », Gustave il a demandé. « Hébé rien, on a juste à attendre que tout ça se dissipe et pendant ce temps on se tient à carreau. » Et là, bouducon, le drame : carreau, damier, tout ça, je me suis rendu compte que j’avais complètement oublié d’envoyer ma recette croate à la rédac, et que du coup ça faisait trop tard pour vous faire une introduction où je vous racontais comment je l’avais eue. C’est ballot.

 

Les punjene paprike, ou poivrons farcis à la Croate

Alors faites attention, hé, le nom de la recette, ça veut pas dire qu’il faut trouver une Croate pour farcir les poivrons avec, hé. Et heureusement, hé, parce que des Croates, dans le Lot on n’en trouve pas des masses. Tandis que le reste des ingrédients, ça va à peu près.

600g de viande hachée (400 g boeuf ou, encore mieux, génisse, 200 g porc)
2 oignons hachés
3 gousses d’ail écrasées
60 g riz rond ou riz à risotto
1 cs paprika en poudre
12 petits poivrons
1 dL huile d’olive
50 g farine
½ L coulis de tomate
1 L bouillon (de viande ou de légumes). Les Croates, eux, ils utilisent un condiment qui s’appelle « Vegeta », m’enfin moi, le Vegeta que je connais, c’est dans les dessins animés de mon petit neveu. Ça doit pas être ça, puisqu’on met pas de Croate dans les pouivrons farcis à la Croate, j’imagine qu’on met pas non plus d’extraterrestre avec des superpouvoirs.
1 petite branche de céleri
Sel, poivre

 

Commencez par faire chauffer l’huile, et ajoutez doucement la farine en remuant. Ajoutez le coulis de tomates, faites épaissir toujours en remuant doucement, puis ajoutez le bouillon. À ébullition, vous retirez du feu et vous et réservez.

Mélangez la viande avec l’oignon, l’ail, le riz, le paprika, le sel et le poivre. Vous ôtez ensuite le trognon des poivrons, en laissant l’ouverture la plus étroite possible (astuce : vous enfoncez le trognon sur lui-même puis vous le retirez). Ôtez aussi les pépins et les filaments.

Farcissez les poivrons avec la viande, et mettez-les dans un faitout avec une branche de céleri. Ajoutez le mélange tomate/bouillon, sans recouvrir entièrement les poivrons. Salez si besoin, poivrez. Portez à ébullition puis baissez le feu et laissez mijoter 45 minutes.

 

Ça se sert avec une purée de pommes de terre, par exemple. Ce qui est encore meilleur, c’est de les préparer la veille et de les réchauffer le lendemain, ce qui tombe bien pour nous d’ailleurs, parce qu’avec toute la fumée que leur à fait respirer Gustave, je pense qu’ils vont bien dormir pendant encore quelques heures, au village. Bon appétit bien dur,

 

Parie-Maule

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