Ça commence ici.
Ça continue .

L’interrogatoire durait longtemps, beaucoup trop longtemps pour qu’un homme puisse parvenir à ne rien dire. Mais Louis était entraîné. Son passé dans la phalange parlait pour lui : sergent-chef au bout d’à peine deux ans d’engagement, lieutenant l’année suivante, puis le grade de capitaine trois ans plus tard. Ses états de service étaient exemplaires. Il assurait le déplacement de la franchise depuis la forteresse jusqu’à l’arène et jamais un incident n’avait été à déplorer sous son commandement. Pas même lorsque le convoi s’était retrouvé en panne d’essence sur le territoire transitionnel AB25, alors qu’il se rendait dans l’arène de Rouen pour un premier tour de l’Open 3000.

Des maraudeurs, croyant avoir affaire au convoi vainqueur, avaient attaqué pour récupérer la prime. Gustave avait ordonné à ses hommes de ne pas dégainer leur pistolet magnétique, persuadé de pouvoir éviter un bain de sang. Après d’âpres négociations, il avait convaincu les maraudeurs de guider le convoi jusqu’à la citerne diamantique la plus proche, moyennant évidemment espèces sonnantes et trébuchantes.

Il avait été décoré. La franchise lui avait même offert une grande maison pour qu’il y installe sa famille, qu’on supposait nombreuse. Seulement, tout le monde ignorait qu’elle se résumait à une seule personne : Tafarelle, sa sœur. Leurs parents étaient morts lorsqu’elle n’était encore qu’une petite fille. C’est Louis qui l’avait prise en charge, élevée jusqu’à sa majorité. Mais Tafarelle avait très vite déserté l’école, puis l’université. Louis la destinait à une carrière de comptable au sein de la franchise, Tafarelle avait choisi une toute autre voie. Elle avait rejoint les rangs de l’Analternance.

Et lorsque cela s’ébruita, Louis fut immédiatement radié de la phalange et exilé dans les territoires transitionnels. Ses choix devenaient extrêmement restreints, il ne pouvait pas rester dans cette zone en proie à la misère et à la délinquance sauvage. Il décida d’aller retrouver sa sœur et de rejoindre à son tour l’Analternance.

On l’accueillit à bras ouverts. Lui, l’ancien membre d’une phalange rattachée par statuts à l’oppresseur. Mais il avait de sérieux atouts à faire valoir pour que la balance penche en sa faveur. La connaissance parfaite des stratégies enseignées par les instructeurs de la Fédérafion : techniques de combat, d’interrogatoire, déplacement de troupes, administration, transactions financières, gestion des effectifs. Tout ce dont avait besoin l’Analternance pour sa guérilla révolutionnaire. Il devenait à la fois un héros en devenir pour les réfractaires tout en étant fiché et recherché comme l’ennemi global numéro un de la Fédérafion. Un renégat, coupable de la plus haute traîtrise, une menace à éliminer le plus rapidement possible. De fait, on lui mit tout sur le dos.

Ça avait commencé avec une défaillance technique lorsque la Cité piémontaise avait entamé une transaction avec la Centrale de Qatarie, dans le but d’échanger un MD 75 avec un AG 40 et un AD 35. Le tuboconnecteur permettant de diffuser les devises avait notifié une coupure du flux qu’aucun technicien n’avait pu réparer. Personne ne comprenait ce qui avait pu se produire. Alors, comme dans toute incompréhension dangereusement durable, on a trouvé un bouc-émissaire. Et qui de mieux pour l’incarner que le capitaine défroqué passé à l’ennemi ?

Il avait ensuite indiqué à l’Analternance un point névralgique de l’approvisionnement en jetons, monnaie principale pour les échanges, passant par une oléoroute. Le reste, il ne l’apprit que par les canaux d’informations. Une bombe artisanale faite avec des champs électromagnétiques usés et instables. Deux analternalistes, les poseurs de la bombe, avaient sauté. Ils s’étaient en plus de cela trompés d’endroit, et avaient installé l’explosif plusieurs kilomètres plus loin. Là où le convoi du Fifaraon allait passer quelques heures plus tard. Il n’en fallait pas plus pour relayer l’explosion à une tentative d’attentat contre le leader. Et, une fois de plus, on avait trouvé l’instigateur de ce complot machiavélique.

 

À suivre…

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