Résumé des épisodes précédents : Les deux enquêtes parallèles se poursuivent pour retrouver le « violeur foot du 19e ». Alors que le commandant Fiori perquisitionne le Horsjeu Building mais fait chou blanc, Sophie Taillandier retrace le parcours de Superacad, découvert par les agents du nettoiement enveloppé d’une bien curieuse gangue de vomi.

Clément, l’hiver montmartrois autorisait les locaux à garnir les terrasses chauffées bien avant l’irruption des Chinois en short. Sophie Taillandier ne s’attendait pas à voir ainsi le café Francis Labutte plus garni qu’à l’accoutumée, ce qui ne l’empêcha pas d’identifier immédiatement ses trois interlocuteurs. Vêtus « en civil », les agents du nettoiement affichaient un air inquiet, aux abois. D’aucuns auraient pu croire à l’influence du contexte terroriste, mais la policière devina que leur angoisse naissait davantage de l’histoire que, travestie en étudiante en psychologie, elle leur demanderait de revivre.

Messieurs bonjour, je suis Sophie Taillandier. C’est avec vous que j’ai rendez-vous, je crois ?

– Bonsoir Madame, répondit le plus âgé des trois, un presque sexagénaire buriné à l’épaisse tignasse noire, en qui la policière devina l’Italien. Du reste, le trio évoquait une publicité Benetton pour les cantonniers municipaux, se complétant d’un Arabe à peine moins vieux et d’un Noir à qui il manquait seulement une carrure pour que tous les clichés pussent être complétés autour de cette table. Et tout d’abord merci de ce rendez-vous.

– Euh… c’est moi qui vous remercie, Messieurs. Votre témoignage sur le burn-out dont vous avez été victimes…

– On vous remercie, parce qu’on espère que vous nous croirez. Pas comme l’autre à la médecine du travail, là, cette pétasse. Bouffées délirantes, elle nous a dit. Alors qu’on l’a vraiment vu, ce truc, putain, on l’a vraiment vu !

Une minute d’entretien, et déjà le ton montait jusqu’à faire se retourner quelques clients. Le passage d’une serveuse permit de réinitialiser les échanges. Deux Ricard et un Coca seraient chargés de délier les langues. Sophie réfréna son envie de mojito et commanda une Grolsch à peine moins destructrice.

Nico, Ahmed et Bastien, comme ils se prénommaient, retracèrent trois décennies d’histoire de la fonction publique parisienne. L’un était dans le 19e depuis toujours. Le second avait su négocier son entrée dans la carrière à la faveur d’appuis politiques monnayés auprès du bon cheval. Le plus jeune, enfin, avait eu l’idée incongrue de passer le concours, et de le réussir. L’équipe, qui fonctionnait ensemble depuis un an, semblait soudée. Sur le plan du football, Nico se détournait peu à peu d’un PSG qu’il ne reconnaissait plus, Ahmed ne jurait que par la JSK et Bastien, lui, s’en foutait.

Ces présentations sans grand intérêt eurent le mérite de détendre l’atmosphère. Il fallut bien pourtant se résoudre à entrer dans le vif du sujet :

– Ce qui est intéressant avec votre histoire, c’est que vous êtes tous trois tombés en arrêt de travail en même temps, et ce pour raisons psychologiques ?

Les deux plus vieux se regardèrent dans un soupir, tandis que Bastien demeurait concentré sur son verre. Une nouvelle fois, c’est Nico qui prit la parole au nom du groupe.

Ouais, c’est ça. C’est… c’est difficile à expliquer, mais en même temps, je sais que ça nous fera du bien d’en parler. On a vécu un truc… personne nous a cru. Entre ceux qui pensent dit qu’on délire et ceux qui croient qu’on tire au flanc, je…

– Ecoutez, je sais que c’est difficile, mais si vous avez vécu un événement traumatisant, le mieux est que vous me racontiez tout depuis le début, cela vous fera du bien. Regardez autour de vous, personne ne vous juge. Cela a commencé par votre mission, donc, vous étiez ce jour-là chargés de… de …

Du canal Saint-Martin. Vous savez, il est en pleine réfection, on l’a vidé, curé, etc. Nous, on était là pour débarrasser les saloperies qu’on y trouve.

– Et donc, là, vous êtes tombés sur l’une de ces saloperies. Vous vous rappelez où, exactement, d’ailleurs ?, demanda-t-elle le plus innocemment du monde, impatiente de faire rebelote.

– Quai de Jemmapes, devant un bar qui s’appelle le Cork and Cavan, je sais pas si vous connaissez. Je le sais parce que ce matin là – oui, on était du matin, il était 5h, comme dans la chanson… ce matin, il faisait un peu de brouillard. Il y avait les réverbères, et devant la façade noire, ça donnait vraiment un air irlandais au truc, c’était rigolo. Enfin, l’Irlande je connais pas, j’y suis jamais allé, mais là avec le brouillard, le pub, ça faisait bien irlandais, quoi. D’ailleurs j’ai pas vu tout de suite le truc en contrebas dans le canal, c’est Bastien qui l’a repéré. Il m’a fait : « eh, Nico, ya un truc bizarre en bas ».

A l’évocation de son nom, le jeune Africain confirma d’un coup de menton le récit de son camarade, ce qui représentait de sa part l’une des premières formes de communication de la soirée.

– Donc, Bastien m’appelle, je regarde, là ya Ahmed qui était un peu derrière avec la mini-benne et qui nous rejoint. On se penche, et on voit une espèce de truc dégueulasse, sans forme. Ahmed, il m’a aussitôt dit « putain, c’est un corps ». « nan, j’espère pas, quand même », je lui ai dit. « si c’est un corps », il m’a répondu. « C’est un corps, qui est enfoui sous la vase ». Ca m’était arrivé une fois de voir un corps, mais un suicidé, qui flottait à la surface. C’était dégueu, mais pas dégueu pareil. Là, ça ressemblait pas du tout à ça. « Bon, de toute façon faut qu’on aille voir », j’ai dit. Ben oui, soit c’était un corps et dans ce cas il fallait appeler les flics, soit c’était une saloperie et dans ce cas c’était notre boulot de la virer de là. On avait les gants et les bottes en prévision, on est allés à l’échelle la plus près et splotch, on y va.

Nico reprit une profonde inspiration. Il vida son verre d’un trait, imité par ses deux acolytes, comme pour se donner du courage.

Et donc, c’est cette… chose, qui est à l’origine de votre traumatisme ? relança Taillandier.

C’était bizarre. Y avait rien d’inquiétant au début, on déconnait, même en descendant. Je sais plus trop comment ça a commencé, je crois que c’est moi qui ai vanné Ahmed sur le foot. Un truc comme « Eh, tu leur as demandé, au pub, s’ils passaient les matchs de la JSK ? ».

Le Kabyle acquiesça et fit pour la première fois entendre une voix, ou plutôt un marmonnement, aussi sombre que sa mine.

N’aime bien se vanner sur le foot. Un signal entre nous, quand ça lance sur la JSK, c’est parti. Et n’aime bien traquer Bastien là-dessus. Lui qu’aime pas le ballon, on le cherche. C’est pas méchant, on le taquine, quoi, précisa-t-il à mesure que son collègue, toujours muet, baissait les yeux. Et là, j’sais pas pourquoi, Bastien n’a eu marre. S’est énervé, et là c’est parti en couilles.

-Attendez, attendez, je ne vous suis plus. Est-ce que par hasard vous vous souviendriez de la conversation que vous avez eue à ce moment ?

– Bah, Nico m’a parlé du pub, là, avec sa vanne sur la JSK. Moi j’ai dû répondre un truc comme « Et ton club pour footix, là, il passe sur quoi ? Disney Channel ? ». Nico, l’aime pas quand j’dis « ton club pour footix ». Lui c’t’un vrai d’Auteuil, ça l’énerve quand j’parle du PSG comme ça. Enfin c’est l’habitude, quoi, et après on fait chier Bastien. C’est Nico qu’a dû dire un truc comme, comme…

 « Ah ben le Disney Channel, c’est un programme pour Bastien ça », compléta Nico. « Lui faut pas lui mettre le CFC, ce qu’il aime c’est Zorro et les As de la Jungle. » Voilà ce que je lui ai dit. Pas fin, quoi, mais pas méchant non plus.

Le jeune Africain, lui, se recroquevillait de plus en plus. Son aîné poursuivit :

– Et ce couillon, d’habitude il supporte en silence, et va savoir pourquoi, c’est le moment qu’il a choisi pour s’énerver. Il dit jamais rien d’habitude, mais là il nous a fait un caca nerveux, genre que lui il lit des livres, que les spectacles de beaufs c’est pas fait pour lui… et là on a entendu un « boum ».

– Un boum ?

– Ouais. Un bruit sourd, un truc qui a tapé, on a même senti une petite vibration. On a sursauté avec Ahmed, mais Bastien, il a même pas fait gaffe. Il a continué, il voulait pas s’arrêter. « Vous êtes des abrutis et vous en êtes fiers, il nous a dit. Vous vous croyez supérieurs, là ? Vous bavez devant des abrutis payés des millions pour pousser un ballon, c’est sûr, c’est du niveau Prix Nobel. » Nous on voulait pas lui répondre, avec Ahmed on regardait le caillou bizarre, qui était posé dans le canal. Et c’était rigolo, quand Bastien avait fini sa phrase, le truc a refait « boum », en s’allumant un peu. Ouais, c’est le caillou, qui faisait ça. Un truc gris qui devenait un peu jaune pâle, et qui s’éteignait. Alors, je lui ai dit de fermer sa gueule à Bastien, qu’on regarde un peu ce truc. Mais lui, il a pris ça pour lui.

Sophie Taillandier cherchait du regard une confirmation du benjamin de l’équipe, mais celui-ci paraissait définitivement prostré. Des larmes sortaient de ses paupières crispées. L’Italien reprit :

Il a dû sentir qu’on était contre lui, et que ce truc aussi était contre lui. Me demandez pas pourquoi, c’est juste un truc qu’on a ressenti. On aurait dit que ça le provoquait. Pourtant il est gentil, le garçon, sympa, modeste, il la ramène jamais. Mais là il a fait le fanfaron : « les fans de foot, vous êtes tous des beaufs », il a repris. « Vous m’excuserez de pas être comme vous, hein, moi j’aime pas passer mon temps à picoler, à beugler comme un con et à me bagarrer. » C’est d’autant plus con qu’il me connaît le gamin, il sait que je picole pas plus que la normale, et que je me suis jamais bagarré. Même au Parc quand c’était chaud, je rentrais pas dans ce jeu-là. J’allais lui dire, mais le caillou a vibré comme pas possible, ça faisait comme un roulement de tonnerre. Et il s’allumait de plus en plus, toujours ce jaune pisseux qui clignotait.

– Vous aviez une idée de ce que c’était, à ce moment-là ?

On en a parlé avec Ahmed quelques jours après, on pense que c’est un truc extra-terrestre. On n’a pas osé le dire à quelqu’un, on s’est déjà fait assez prendre pour des cons en racontant l’histoire. En tout cas, c’était vivant, c’est sûr. Moi ça commençait à me foutre légèrement la trouille. Et Ahmed aussi, c’est sûr. Même Bastien commençait à se calmer, seulement… seulement… il a dit cette… phrase…

– Oui ?, demanda Taillandier tandis que son interlocuteur réprimait un sanglot. Quelle phrase ?

– DE TOUTE FACON JE L’EMMERDE, VOTRE SPORT DE BEAUFS ! ON N’ENTEND PARLER QUE DE CA A LA TELE, A LA RADIO, DANS LES JOURNAUX, VOUS FAITES CHIER TOUS LES GENS QUI VOUDRAIENT SE CULTIVEEERRRRRRRRRRRHAAARRRGH !

C’était Bastien qui, se redressant sans crier gare, venait de produire ce hurlement horrible avant de s’effondrer dans un gémissement, renversant la table au passage. Le brouhaha de la brasserie se tut instantanément. Nico le releva et, l’appuyant sur son épaule, l’accompagna vers la sortie, épave parcouru de spasmes. Ahmed, livide, redressa la table et épousseta quelques gouttes de pastis projetées sur sa veste. La policière ramassa son téléphone, sans oser lever les yeux sur le seul interlocuteur restant.

Venez, dit Ahmed, lui laissant à peine le temps de balancer un billet au comptoir. Après que quelques pas dans la rue Custine les eurent éloignés des curieux, le Kabyle reprit :

– C’est ça. C’est exactement ça qu’il a dit, dans le canal. Normalement, sans crier. Juste une manière d’avoir le dernier mot, sûrement. Pis après on serait passé à autre chose. Mais je me souviens très bien, le truc s’est mis à vibrer. A trembler, à s’illuminer… on aurait dit que ça contenait un orage. Pas eu le temps de réagir, quand Bastien a dit « cultiver », ya un éclair qui est sorti, tchac ! Un éclair jaune pisse, qui lui est allé droit au cul. Il prit un temps pour regarder Sophie dans les yeux. Droit dans le cul, oui, pas d’autre mot. L’éclair l’est rentré par là (il mima l’action). L’a soulevé à un mètre du sol, l’est ressorti par ses yeux et ses narines. Bastien, l’est bien resté trente secondes suspendu comme ça. Empalé par de la lumière. Criait comme il vient de crier ce soir, affreux.

– Et qu’est-ce que vous avez fait ?

– D’abord rien. Comme saisis, pas bougé. Pis le caillou s’est éteint d’un coup. Bastien est retombé sur la vase, plaf. Pas eu le temps d’avoir peur pour lui, s’est relevé d’un bond, l’a escaladé les parois du canal. Après, l’a couru se réfugier à la mini-benne. L’a klaxonné comme un malade en hurlant : « vous venez, putain de merde ? ». Déjà, n’a su qu’il était en bonne santé, c’était déjà ça. Là, on s’est demandé quoi faire avec Nico. Il voulait pas laisser la chose sur place. L’avait surtout peur qu’elle nous suive. Un peu comme dans un film d’horreur. Mais on savait pas à qui l’amener, alors me suis souvenu de potes qu’avaient bossé à l’institut médico… médicotruc, là. M’avaient raconté, de ce que j’avais compris c’était un truc moitié flics, moitié médecins, me suis dit qu’c’est ce qu’il nous fallait. Nico l’est allé calmer Bastien, z’ont rapproché la mini-benne. Evidemment, le petit, n’allait pas lui demander d’nous aider : on s’est tapé la remontée du truc à deux. N’a un peu chié, mais avec des sangles n’a réussi à le hisser. N’a foncé – enfin, foncé avec la mini-benne, quoi. Leur a livré le caillou et on s’est cassés. N’espérait qu’ils sauraient quoi en faire. N’a ramené le matos au dépôt, chacun est rentré à la maison. N’a jamais pu reprendre le boulot.

Peu habitué à de telles tirades, l’homme reprit son souffle. Ils marchèrent ainsi quelques longues secondes sans échanger un mot. Son regard se fit implorant :

Vous me croyez ? Z’êtes bien la première. Les psys, z’en ont rien eu à foutre. Croient qu’on a fait un simple burn-out, comme elles disent.

– Ecoutez Monsieur, j’ai quelque chose à vous avouer. Je ne peux pas trop vous en dire, mais mon étude est en rapport avec ce caillou bizarre. J’ai des informations sur ce sujet et je peux vous rassurer : vous ne le reverrez jamais, c’est une certitude.

– Moi aussi j’ai un truc à avouer, répliqua Ahmed, les yeux embués. L’ai jamais dit à personne. A personne.

– Ah ?

– Je… j’en ai rien à sacquer, de la JSK ! Rien à foutre, que dalle, rien. J’aime pas le foot, j’fais semblant de m’y intéresser, mais c’est juste pour afficher que j’suis fier d’être du bled. La Kabylie, n’en suis parti à deux ans, mais dès que j’m’habille en warda wa safra, ça fait comme si j’étais un vrai, j’parle à des gens, les gens m’parlent et tout. Trente-cinq ans que ça dure, trente-cinq ans que je les suis, j’ai même emmené ma femme au stade, à Tizi, m’a pris pour un taré de ce club, mais en vrai j’me force, putain ! J’me force, au fond j’sais que le foot m’intéresse pas, j’m’en tape. Vous croyez qu’il le sait ? Vous croyez qu’il me voit ? Putain de merde… Putain…

– Heu… Non… non, sans doute pas, si ça avait été le cas, il vous aurait déjà… enfin… il vous aurait… Enfin, bref, non, sans doute pas de risque. Mais à tout hasard, tenez-vous éloigné du football quelques semaines, ça ne vous fera pas de mal. En tout cas merci beaucoup de votre contribution, vous passerez mes salutations à vos collègues, vous voudrez bien ? Je vous laisse, bonne soirée !

Plantant là le repenti, Taillandier s’éloigna vers la butte Montmartre à pas pressés. Il était temps que cette histoire se termine, pensa-t-elle, le football est en train de rendre les gens encore plus cinglés que d’habitude. De retour chez elle, elle consulta le programme télé ; aucun match n’était à l’affiche sur les chaînes gratuites. Bien décidée à marquer une pause après cette journée éprouvante, elle s’octroya une soirée de détente devant la soirée spéciale Scènes de Ménage sur M6.

 ***

Superacad est-il donc venu de l’espace ? Les amateurs de football parisiens vont-ils tous sombrer dans la psychose ? La médecine du travail va-t-elle remettre au boulot ces feignasses du nettoiement ? Vous le saurez en retrouvant le prochain épisode de Superacad contre Menesis.

 

Rappel des épisodes précédents : prologue (l’infirmier)ép. 1 (le pub et la vidéo)ép. 2 (les flics et les clowns)ép. 3 (le lieutenant Taillandier et le chien)ép. 4 (Horsjeu Média, l’Editeur, les gnomes numériques) ép. 5 (Les Gnomes, le Cérébranle, le premier combat avec l’Ennemi)ép. 6 (l’institut médico-légal) – ép. 7 (l’interrogatoire et les scientifiques).

7 thoughts on “Superacad, ép. 8 : Les fonctionnaires. Le canal. La découverte.

    1. Y avait pourtant matière à remonter le niveau avec une petite séance interraciale pour enfin nous offrir la scène de cul promise et que l’on attend toujours ! Remboursez nos invitations ! Marvel démission !

  1. Le témoignage de Sophie démontre que les occultistes sont des gens comme vous et moi, vous voyez!
    Enfin, non, pas comme vous et moi, puisque le lectorat de HJ.net ne regarde pas de la daube; mais vous avez compris.

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