France – Brésil (2-1) : L’Académie française ne manque pas son rencard

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Dimanche 23 juin 2019. L’Équipe de France face au Brésil, affiche mythique s’il en est. Ce n’est pas la finale de 98, ni le quart de 2006, mais l’envie d’écraser la Seleçao est sans aucun doute aussi forte chez nos Bleues dans ce huitième de finale de Coupe du Monde. Objectif quarts.

Le Brésil se présente face aux Bleues avec une légende du foot (et pas que du « foot féminin ») : Marta. Qui est Marta me direz-vous ? Mais… Nom de Zeus, Marta ! Ni plus ni moins que la meilleure marqueuse de l’histoire de la Coupe du Monde, homme et femmes confondus, avec 17 réalisations, soit un but de plus que ce bon vieux Miroslav Klöse. Marquer 17 buts en Coupe du Monde, y’a pas à tortiller du cul, c’est du solide, point barre.

En plus de Marta, par ailleurs couronnée à de multiples reprises « meilleure joueuse du monde », le Brésil peut compter sur la très technique ex du PSG, Cristiane, ou la taulière quasiment aussi vieille que Benjamin Nivet, Formiga (comme les tables qui supportent la chaleur). A noter que les Auriverde arborent sur leur maillot cinq étoiles, ce qui est parfaitement ridicule.

#PointStats : les Bleues n’ont jamais perdu face à la Seleçao en dix confrontations. Quelle bonne idée ce serait de poursuivre cette série. Le Brésil a des armes, mais n’est pas un monstre cauchemardesque. Une vraie opposition, sur le papier « passable », dans un match couperet : c’est le match idéal pour se lancer à fond dans la course. On met le bleu de chauffe, et on y va les filles.

La compo :

Schéma inédit pour nos Bleues, dans un 4-4-2 à plat en lieu et place de l’habituel 4-2-3-1. Logique prudence face aux talents adverses ou lâche frilosité ? Préférons simplement dire que l’on s’adapte au Brésil là où l’on aimerait sûrement que ce soit l’inverse. En tout cas, c’est Gaëtane Thiney qui fait les frais de cette reconfiguration, puisque ses fesses se retrouvent sur le banc.

Le derrière :

Retour de la défense type, avec Madame CSC et Griedge Mbock en charnière, épaulées à gauche par Majri et à droite par Torrent.

Le milieu :

Captain Henry (c) et Élise Bussaglia se partagent sans surprise le cœur du jeu. Sur les ailes, la compo annoncée est, encore une fois, à la masse. Viviane Asseyi, qui a gagné sa place face au Nigéria, est positionnée à gauche, et Diani à droite…

Le devant :

… puisque c’est bien la Lyonnaise Le Sommer qui accompagne en pointe la Giroud féminine, j’ai nommé Valérie Pivot Gauvin.

Le match :

Le coup d’envoi est donné dans un stade Océane plus bleu que jamais. L’ambiance est là, les supporters donnent de la voix pour que l’enceinte soit tout sauf un havre de paix pour les Brésiliennes. À noter la superbe apparition chemise ouverte à la fin de la Marseillaise du Premier Ministre et ancien maire de la ville, Monsieur Connard Philippe.

Je sais que vous l’appréciez, cher lectorat, alors je vous l’offre. #Droite

Le premier corner est bleu, mais pas le premier frisson. Élise Bussaglia dégage mal de la tête dans l’axe, Marta récupère, double contact dans ta face, mais frappe à côté. C’est ensuite sa compère Debinha qui s’essaye au tir mais qui est contrée. Les Brésiliennes ont le ballon, les Bleues sont peu incisives et les attendent. Heureusement, il y a Diani. Sur la droite, elle gagne son un-contre-un, déborde et centre vers Gauvin. Valérie n’en demande pas tant et propulse le ballon de la tête au fond (1-0, 23e).

On fait les malins, mais Barbara, la gardienne brésilienne reste au sol, et Gauvin aussi. Une telle situation, dorénavant, engendre l’inéluctable : pénalty pour Ly… euh non, VAR ! Il est toujours là le bougre, s’immisçant dans chaque interstice de doute, rampant sur le doute ô ! Trop humain dès que l’occasion se présente. Gauvin semble prendre le ballon de l’épaule et/ou percuter la gardienne alors que le ballon est dans ses mains, envoyant Barbara planer comme un aigle auriverde. La décision est irrévocable : pas but (0-0, 23e + temps de décision de la VAR, soit l’an 2048).

Un petit peu jalouse de ce sublime taquet mis aux adversaires sans qu’elle soit de la partie, Wendie Renard lève le pied (pas métaphoriquement) vers le tibia de Debinha et récolte un jaune bien orangé. Bien consciente de sa faute, Wendie a d’ailleurs fui l’arbitre pendant près de 30 secondes avant de se retourner pour voir la sentence. L’arbitre, quant à elle, a dû subir pendant ces 30 secondes le harcèlement moral de Thaisa qui lui vociférait dessus pour mettre un rouge. C’est pas les mecs de la Seleçao qui feraient ça !

Sur un dégagement contré de Mbock, Cristiane déborde Torrent et frappe en angle fermé mais Bouhaddi s’interpose du pied. Une frappe de Majri qui s’envole sur un lancement de Bussaglia met un terme à une première période très terne mais engagée. Les Brésiliennes sont plus techniques que nous, et plus fourbes aussi. Votre serviteur s’est brisé la voix plusieurs fois entre deux pintes pour lancer des « EHHH LA BISCOTTE L’ARBITREEEE ! » devant les yeux parfois moqueurs, souvent vides, rarement envoûtés, d’une assistance enivrée.

Le retour des vestiaires sera-t-il salvateur pour nos Bleues ? En tout cas, Diani montre la voie : à l’épaule, elle dégage une Brésilienne et récupère le ballon. Mais apparemment, à l’épaule, c’est faute. Mouais. Asseyi se joue de trois Brésiliennes, elle fait la différence et décale Le Sommer qui rate complètement son centre. Diani, elle, ne perd pas ses nerfs et persévère encore, toujours, déborde à droite avec un beau contrôle orienté, pénètre, centre au sol pour Gauvin qui arrive lancée et propulse le ballon au fond. Elle est là la libération ! (1-0, 52e).

Souffrance et extase sont parfois très proches. Souvent même.

Et tout de suite la réaction brésilienne ! Le coup-franc part au second poteau, la tête est auriverde, elle est en cloche, et Bouhaddi la dévie sur sa barre. Elle est là Sarah ! Alors que Le Sommer voit sa frappe contrée, les Brésiliennes partent sur notre flanc droit. Sur le centre, Wendie Renard est derrière son adversaire direct ce qui l’empêche de bien dégager ce ballon. Le cuir revient dans les pieds de Thaisa, lancée et cinq mètres devant Bussaglia, qui ajuste Bouhaddi sans contrôle (1-1, 62e).

L’avance au score aura été de courte durée. Les Bleues ont peu de situations, et beaucoup de déchets. Le danger côté français ne survient que par fulgurances et éclats individuels. Ainsi du beau crochet d’Asseyi qui obtient un coup-franc bien placé. Le ballon parvient jusqu’à Le Sommer, seule au second poteau, mais qui rate complètement sa tête. Consciente que son équipe devrait profiter de notre apathie, Marta recadre ses coéquipières, Marta gueule sur l’arbitre, Marta gueule à la récré.

Le Brésil procède à deux changements vers la 70e sans que Corinne Diacre n’y réponde. On sent pourtant qu’on est à court d’idées dans la création (c’est peu de le dire, voire gentil car présuppose qu’on en a), et qu’un seul être (Thiney) vous manque (Thiney) et tout est dépeuplé (Thiney). Même si Gaëtane n’a pas flamboyé en poules, c’est elle qui avait les munitions. Elle les gâchait, certes, mais c’est elle qui a la détente sous l’index. Idée de réconfort côté bleu : les Brésiliennes se prennent enfin des BISCOOTTEUH par l’arbitre. C’est mérité, surtout pour Beatriz qui casse Marion Torrent.

Ouh la vilaine perte de balle de Mbock, ça profite à Marta Attack, mais Bouhaddi s’interpose. C’est finalement Asseyi qui cède sa place à Gaëtaaaaaaaaaaaannne. Les dix dernières minutes arrivent, le stress est palpable, les Bleues essayent de bien défendre, notamment sur Marta, à qui il faut toujours faire attention, c’est la Marta tension. Et pourtant, c’est Tamires qui semble se transformer en Faucheuse et qui donne l’avantage au Brésil d’une lourde sous la barre côté gauche, avant d’être ramenée sur terre, puisqu’elle était hors-jeu d’un bon mètre (87e).

Le temps défile, les équipes ont peur, se livrent peu, ne tentent que quand vraiment chacun y met du sien. Ou quand, dans le temps additionnel, Bussaglia remet encore une tête dans l’axe de notre défense. Il faut arrêter de faire des boulettes, c’est péché. Marion Torrent ne sauve pas le coup, Wendie Renard non plus, mais heureusement, les Brésiliennes n’en profitent pas.

Full-time. Donc extra-time. 30 minutes de stress en plus, et 30 minutes d’un match, il faut le dire, globalement pauvre (rien à voir avec les favelas cependant). Le Sommer rate ses passes, Cascarino, pourtant fraîchement entrée, rate tout. L’entrée de Thiney fait un peu de bien. Quelques récupérations bien senties, des contrôles soyeux, ça fait plaisir à voir. Mais ce n’est pas beaucoup plus efficace. Les différentes combinaisons sur coup-franc sont calamiteuses et inutiles, la palme revenant à Majri qui expédie un coup-franc directement en six mètres.

Marta sort, y’a plus de jus. Elle aura beaucoup donné pour son jeu préféré, non pas le futcheubol, mais bien Martal Kombat. Les Brésiliennes semblent flancher un peu physiquement, nous un peu moins, bien que Majri tire la langue à gauche. Sur un corner, la tête de Diani finit dans les bras de la gardienne. De l’autre côté du terrain, Torrent est prise par Debinha en profondeur, la numéro 9 du Brésil court vite, arrive presque à hauteur de nos six mètres, ajuste bien malgré une dernière touche un peu longue, Bouhaddi est battue mais Mbock dégage le ballon qui filait au but (105e) !

Quelques instants pour souffler, et on reprend pour ces quinze dernières minutes. Diani, toujours elle, obtient un coup-franc à droite dès la reprise. C’est Majri qui s’élance. Son pied gauche, quoique fatigué, est toujours une douceur. Le ballon plonge, Amandine Henry devance Monica met le plat du pied. C’est au fond, sah quel plaisir ! (2-1, 106e).

MAIS OUI AMANDINE ! MAIS OUI !

On va souffrir, on va reculer, mais il faut tenir. Peu de situations pour les Brésiliennes, ça va le faire… Diani à droite a l’occasion de tuer le match, mais son piqué est sorti par Barbara. Suite à cette action, Stéphane Guy… Oui parce que c’est Stéphane Guy sur Canal+ dans le bar où je suis, c’est infernal. Qu’est-ce que vous voulez. On ne choisit pas sa famille, on choisit ses amis, mais on ne choisit pas la chaîne projetée par un pub des boulevards.

Je disais donc : Stéphane Guy s’écrie « C’est fini là ! ». À la 115e minute. Il se reprend, mais tout de même, quel homme. Thiney et Le Sommer combinent mais ne marquent pas le troisième ; Bouhaddi, elle, assure derrière et capte les ballons, puis reste au sol trente secondes. C’est exactement ça Sarah. Le temps additionnel se termine.

L’écart est là, les quarts sont là. Bravo les Bleues !

Le débrief :

On y est ! EN QUARTS ! Les Bleues ne sont pas les plus techniques, pas les plus sereines, mais ça se bat, c’est solidaire… On n’était pas loin de la purge, soyons honnêtes. Pour vous dire, le résumé de TF1 passe du (faux) but de Gauvin (23e) à la frappe de Majri (47e), puis de l’égalisation brésilienne (62e) au sauvetage de Mbock (105e)…

Côté bleu, le jeu est pauvre, c’est pas très rassurant. Certains comparent déjà Diacre à Deschamps, au moins pour ce qui est du « style » de jeu. Je n’irai pas aussi vite, car je ne sais pas si ces quatre matchs des Bleues sont vraiment représentatifs de deux ans de matchs à la tête de l’équipe. Je préfère ne penser, une fois n’est pas coutume, qu’au résultat du soir, et à rêver de poursuivre l’aventure.

Bon, c’est vrai que comme ça, elle a pas l’air drôle Corinne. Et pas aimable. Et qu’on dirait même qu’elle veut la gagne avant tout. Mais c’est juste une impression.

Espagne ou États-Unis ? Ce sera donc, sans surprise, les États-Unis qui ont disposé de l’Espagne 2-1. J’ai vu 60 minutes du match, et les Ricaines n’ont pas été transcendantes. Deux buts sur péno d’ailleurs, dont un qui était, on va dire… sujet à débats. Les Espagnoles ont pu les mettre en danger du côté de Dunn, et en jouant assez vite et juste, ce que, pour le moment, les Bleues ne font pas. La Roja a, par contre, flanché physiquement, preuve en est que tenir tête aux Américaines demande tout et encore plus.

Les Bleues n’envoient pas du lourd, sont poussives et n’impressionnent pas. Disons-le clairement : si les Bleues passent, 1) ce sera un vrai exploit 2) ce ne sera a priori pas parce qu’elles auront laissé éclater leur maîtrise à la face du monde mais plutôt qu’elles auront bien défendu/eu de la chatte/VAR. J’espère me tromper, évidemment. Mais ça resterait un exploit, et on le veut. Allez !

Les notes :

Bouhaddi (4/5) :

Gros match de Sarah, avec plusieurs arrêts décisifs au compteur dont cette superbe claquette sur la tête de Cristiane. A noter également de belles anticipations sur le jeu en profondeur des Brésiliennes, Neuer-style à nos 25 mètres (ce qui a occasionné, il faut le dire, quelques suées).

Torrent (2/5) :

Marion a souffert face au duo Marta-Debinha. Torrent a pris le bouillon donc, mais n’a jamais bu la tasse. A la peine défensivement, on l’a encore moins vu offensivement, trop occupée à bloquer autant que faire se peut son couloir. J’ai misé sur elle, j’espère qu’elle apportera de l’eau à mon moulin en quarts (son nom, quelle inépuisable source d’inspiration). Remplacée par Périsset (109e),

Renard (2/5) :

Je commence à voir de plus en plus ses défauts plutôt que ses qualités. Inquiétant. Son placement et sa remise sur l’égalisation brésilienne laissent songeur.

Mbock (3/5) :

Sa comparse n’étant pas taulière, Griedge a fait du mieux qu’elle a pu. Ce n’était guère plus solide, mais globalement moins mauvais. Son placement sur l’égalisation brésilienne laisse songeur. Mais quel sauvetage ! 

Majri (3/5) :

Qu’est-ce qu’elle court Amel ! Tu m’étonnes qu’elle soit rincée à la fin. Toutefois, ses incursions n’ont que rarement donné des situations. Son activité a au moins empêché le Brésil de lâcher les chevaux sur ce côté. Et une passe dé’ à la clé. Remplacée par Karchaoui (118e), apparemment phénomène physique.

Bussaglia (2/5) :

Équipière mystère. Je ne sais jamais trop où elle est, ce qu’elle fait, et pourquoi. À force de la chercher, je ne la trouve plus. Elle récupère des ballons, certes, mais je ne vois jamais plus que ça (ce qui est déjà une bonne base hein !). Je ne connais pas l’avance qu’elle a sur Bilbaut dans l’esprit de Diacre, mais j’aimerais voir. Et en retard sur l’égalisation.

Henry (5/5) :

O Captain! My Captain! Our fearful trip ain’t done;

The ship hasn’t weathered every rack yet, the prize we sought ain’t won;

But the port is near, the bells I hear, the people all exulting,

While follow eyes your relentless will, your team united and endearing

(Amandine était partout, elle était forte, intelligente, passeuse, buteuse. Heureuse.)

Asseyi (2/5) :

Une de mes déceptions du soir, eu égard à ce qu’elle a montré face au Nigéria. Peu inspirée offensivement, Viviane n’a pas apporté autant à droite qu’espéré. Préférée à Thiney vu le système, pas sûr que cela ait justifié le choix de Diacre. Remplacée par Thiney (81e).

Le Sommer (2/5) :

Eugénie a multiplié les erreurs techniques, inhabituelles pour elle. Souvent trouvée, elle a malheureusement toujours enchaîné avec un mauvais contrôle ou une mauvaise passe. Faudra la meilleure Eugénie possible pour y croire face aux USA. Si le Roi se meurt, la Reine sommeille.

Diani (5/5) :

Incontestablement femme du match. Elle a martyrisé le côté droit brésilien. Chacune de ses prises de balles apportait le danger. Elle a toujours fait la différence. Quelle puissance ! Récompensée par sa passe dé’ où elle fait tout sur l’action.

Gauvin (4/5) :

Paradoxalement en difficulté en appui, et bien prise par la charnière adverse, elle a quand même (encore) marqué, et même deux fois sans le VAR. Valérie n’est pas la plus élégante balle au pied, mais elle marque, marque et marque (sept buts sur les neuf derniers matchs). Remplacée par Delphine Cascarino (90e).

V’nez voir Didier Décampe si j’y suis.

2 thoughts on “France – Brésil (2-1) : L’Académie française ne manque pas son rencard

  1. Bonne acad encore très cher triple D. Un peu large sur la note de notre gardienne. Sa balle claquée sur la barre était dangereuse et en ayant mieux anticipée, elle aurait pu la mettre au dessus. Pas son meilleur match selon moi.

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