Nancy-Bastia (1-0) : La Chardon à Cran Académie n’est pas de bonne humeur pour autant.

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Des vœux plein d’amour.

Marcel Picon n’en pouvait plus des fêtes, il remâchait sa souffrance depuis des semaines. Ne protestez donc pas s’il s’épanche quelque peu, c’est un besoin vital.

 

Salut bande de bouffons,

Je sais fort bien que le moment de la bonne humeur est révolu, et qu’il est temps pour tous de retourner passer sa vie à la gagner ; certains parmi vous sont même ravis d’y être repartis, ne mentez pas car je sais, tas de normopathes. Je voudrais que tout le monde en ait profité et soit en conséquence revenu plein d’allant pour améliorer le monde des vivants, mais trois certitudes m’empêchent objectivement de croire que cette nouvelle année sera à placer plus qu’une autre sous le signe de la réjouissance.

La première : toute cette joie de noël n’était que factice. Je m’étais juré de ne plus chier dans les bottes des braves couillons qui se frottent la panse tous les 25 décembre, mais une fois de plus la connerie, cette essence la plus intime du genre humain, est venu frapper à ma porte en quémandant de la pitié et en menaçant de me marier à mes cousins/cousines façon mormon enragé. Car dites vous bien qu’en Lorraine, on nous a tapé fort, doublement : non seulement noël est une institution si suivie qu’elle donne lieu à des concours dégénérés de tuning luminaire dans les jardins de tous les pavillons et sur les balcons de tous les appartements (allez donc faire un tour dans le Pays-Haut pour vous faire une idée de l’exact contraire du magnifique), mais en plus de cela nous sommes honorés, vingt et quelques jours avant noël, de la visite du paternel alcoolique et violent du barbu en rouge qui aime faire asseoir les enfants sur ses genoux. Et en tant que géniteur de l’autre fils d’idiot, je peux vous dire qu’il se pose comme le grandissime enculé, le Saint Nicolas. Saint protecteur de mes deux couilles, il n’a pas raté une manif homophobe ces dernières années, et emplit consciencieusement toutes les cases du bingo pédophile, avec distribution de confiseries aux plus jeunes, oripeaux pontificaux et autre soustraction d’enfants au méchant ogre cannibale. Tout ça pour nous jeter sur les sentiers de la perdition tracés par des rustres entre des étalages bondés de jouets infantilisants ou guerriers et de monceaux de victuailles dont on n’a pas besoin. Niquez vous tous avec votre noël. C’est la pire période de l’année et de loin, et je pourrais encore déverser ma bile dessus durant des pages et des pages si je n’étais pas un peu conscient qu’il va être temps de parler foot à un moment.

La seconde : 2017. Bonne année, blablabla. Mais il n’y a pas un problème ? Si, bien sûr, et je vais le formuler derechef afin que les crânes plats qui se demandent de quoi je veux parler puissent le verbaliser une bonne fois : vous avez bien célébré le passage d’un espace temporel conventionné à un autre entre amis ou en famille, bravo à vous, vous êtes fort en maths. Cela n’efface en rien le fait avéré que vous êtes et resterez jusqu’à votre mort un petit animal faible, vulnérable, et surtout seul dans son cul. Seul comme un arbitre de champ au milieu de deux équipes hargneuses et une foule incontinente, seul comme une pauvre surface de peau même pas dure dans une tannerie, parcourue de trous malodorants et tendant l’échine aux coups barbares du tanneur, seul comme un putain de trou noir en Meuse, comme un mole, comme une noire particule d’anti-matière qui a perdu son atome, seul, seul, métaphysiquement seul comme une pauvre âme dépouillée de son corps, et même pas triste, ah ça non : on n’est triste qu’avec autrui en réalité ce qui m’amène à la

Troisième et dernière : Vous n’avez pas Pablo Correa. Et nous l’avons. C’est donc pour nous seuls Lorrains du sud un noël dépouillé de ses grossiers appels à bouffer de la merde en barre, bûche, tranche, truffe, le tout en trop grande quantité dans le but avoué de célébrer solidarité et partage, de ses injonctions à expédier toute sa thune sur les comptes d’exploiteurs et de son hypocrisie familiale, qui nous est offert à chaque levé de soleil, puis à chaque couché, et entre les deux lors d’un sommeil apaisé et sans rêve, quand la lune nous tombe dessus mais malheureusement la Terre se défile toujours au dernier moment.

Bonne année, Pablo. Les autres, tous les autres, allez crever mais dans la bonne humeur.

LE FOOTBALL.

C’est honnêtement peu intéressant en regard de la brûlante actualité du seul club lorrain encore en lice pour jouer en Ligain l’année prochaine. Si vous voulez, je vous décris la manière tout à fait couleur locale dont je me suis caillé les miches à Picot samedi dernier – oui, faisons ça. Il gelait donc à granit fendre sur la Lorraine éternelle ce week-end, et les choucas volaient en escadrille serrée pour ne pas se faire congeler en plein vol. Quelques malheureux tombèrent tout de même tout surgelés prêts à mettre au four en divers points, mais le sol est si gelé lui aussi que soit ils rebondissaient et allaient s’abîmer un peu plus loin, soit ils se fracassaient en mille et un morceaux à la façon d’un vase de Baccarat confié à la garde de Paul Gascoigne. Il faisait toutefois assez sec pour que la neige se mît à tomber et recouvrit d’un blanc manteau les épaules de nos vaillants turlurons, qui pointaient tout de même à la 13è place avant ce match, un rang devant l’adversaire du jour, à l’origine floue et non arrêtée. Ce que l’on sait d’eux, c’est qu’ils tentent apparemment souvent de traverser la mer sur un esquif fort imposant, mais pas franchement attirant, qu’ils nomment la Corse, en hommage à l’odeur de leur fromage. Le linoleum de Picot abondamment saupoudré, il ne restait plus qu’à balayer tout ça comme un dimanche, et les fiers représentants de la patrie nordestienne pouvaient s’ébrouer au contact de ces vils manchots sans problème, si ce n’était quelque trouble psychomoteur communément appelé dans nos contrées « pas foutus de mettre un pied devant l’autre ». Heureusement, à Corse, Corse à demi (je ne sais pas du tout ce que cela veut dire, si quelqu’un peu m’expliquer), nos amis les Bastiens ne sont pas venus pour autre chose que courir la tête en l’air leur grande gueule ouverte pour avaler des flocons, et ne se révèlent dangereux que par l’entremise d’un petit autochtone fort nerveux, qui s’ébroue en dribbles et autres courses saillantes. Un de ces joueurs dont le patronyme savoureusement motivé rappelle aux esprits les plus fins et/ou socialement concernés d’entre nous que le football est bien l’un, si ce n’est le dernier vecteur d’intégration dans notre pays, puisque le bougre se nomme Allan Saint Maximin. Putain. Un tricoteur aussi bien coiffé que lui ne peut d’ailleurs pas trouver chose plus maline à faire que d’emberlificoter Geoffraie Faucut sur son côté droit. Et le voilà qui centre pour la reprise à bout portant de son attaquant, mais la neige n’a pas encore atteint le cœur slave et pur de Serge Chernique, dont je francise le nom afin de cacher au monde qu’il est un transfuge spécial d’une cellule dormante du KGB en Ligain. Sinon comment comprendre qu’il sorte encore ce genre d’arrêt une main dans le slip, le sourire au lèvre, qu’il ait appris la langue en six jours, et qu’il ait déjà trouvé un gisement de gaz sous la Forêt de Haye ?

On se caille donc à voir tomber la féerie du ciel fatigué, mais on s’emmerde copieusement aussi à assister à tous ces auto-dribbles, ces contrôles d’une longueur terrifiante, ces passes pour le banc de touche, ces appuis hasardeux. 15000 pourceaux ont trouvé le moyen de se pointer à Picot pour encourager un troupeau de chèvres striées de rouge, et par ce temps, cela tient plus du miracle que la naissance d’un petit enfant de pute dans une grange, si gentil et rassembleur soit-il.

 

Regardez donc un peu des images, ça aérera vos neurones embués par tout ce texte.

Le match rampe sournoisement dans la mi-temps alors que nous piétinons derrière la tribune en buvant des cafés pour nous réchauffer. On y évoque le souvenir déjà lointain de ce bougre de Clément Lenglet, parti chercher le soleil en Andalousie auprès d’un excité chauve sud-américain (mais que n’avais tu pas déjà ce privilège ici chez nous, Clément?). On se remémore le but de la montée, vu ici l’année dernière, qu’il nous a marqué de la tête sur ce corner de Pedretti…le tout contre Sochaux et le traître à la nation Albert Cartier, autant dire que ça guinchait dans les travées.

Déjà à l’époque, on redoutait son départ pour un club de richards. Je ne vais pas dire une nouvelle fois ce que je pense de ce marché hiveranal (d’ailleurs, je pourrais ne pas préciser « hivernal »). Soyez juste plus attentif à ce qui vous regarde la prochaine fois que vous vous torchez le cul, vous aurez un échantillon de mes opinions sur le sujet. Salut capitaine, et peut-être merci, mais peut-être pas non plus. De toute façon tu n’es plus un de nos joueurs maintenant, alors démerde toi. En plus, c’est un autre enfant du club, Tobias Badila, qui a pris ta place dans l’axe gauche. Sans aller jusqu’à placer le mot « formidable » (rendu éculé par un enculé) pour parler de notre académie, je me permets de m’enthousiasmer pour la fameuse « solution interne ».

À peine remis sur nos sièges glacés, le grandissime Youssouf Hadji remplace l’inutile et franchement inesthétique Christophe Mandale (qui en a pris une bonne en première mi-temps, d’ailleurs, ce qui l’a fait céder à la mode du slip sur la tête). Effet immédiat : les rouge et blanc jouent plus relâchés, et quand bien même ils s’exposent parfois aux contres, leur domination pèse enfin de tout son long sur le match, comme un vieux corps adulte s’étale sur celui d’un enfant non consentant. Il faut que ça parte d’un antique Pedretti encore bien conservé (ça part toujours d’un Pedretti, à bien regarder), qui se permet un petit une-deux avec Guidileye pour ressortir un ballon proprement d’une offensive corsienne. Et voilà le Diallo qui aperçoit un espace incommensurable face à lui, il décide de s’engouffrer dans la steppe glacée tel un Michel Strogoff footballistique, et mâtin quelle inspiration que cet extérieur du pied pour servir Issiar Dia dans la course. Ce dernier contrôle, frappe, et c’est le buuuuuuuuuuut. Picot est en folie, a enfin un peu chaud, bordel que ça fait du bien.

Un match qui reprend sur des bases de respect mutuel ensuite, je veux bien sûr parler d’Alou Diarra qui stoppe des offensives adverses à l’aide de ses grandes guibolles sans pitié, de Modou Diagne qui se met en tête de transpercer tout le terrain pour ressortir un ballon, des Corsians tout aussi appliqués qu’une basse-cour qui a trouvé une tête nucléaire à l’exception de leur Saint Maxirien, mais tiens ? On dirait qu’il n’a pas digéré un contact un peu rugueux avec Vincent Muratori (attention à ce pléonasme explosif, il est fortement instable), et ainsi le bougre va de bon cœur se venger en taclant fort courageusement notre capitaine du soir à l’aide de crampons spéciaux « meurtre de masse ». Rouge direct et soulagement de voir le fripon rentrer dans son clapier, car il donnait du fil à retordre à tout le monde, défense, public, arbitres depuis le début, cet insignifiant mais néanmoins talentueux petit enculé.

Et hop, sifflet, quartier libre. L’ASNL est onzième de ce championnat truqué et acheté, elle se débat depuis le début comme une meute de loups entourés de trappeurs sanguinaires, et son chauve chef bedonnant donne tout pour la maintenir à flot, presque jusqu’à entrer sur le terrain lui-même en défense centrale s’il le faut. Je crois en Pablo Correa.

NOTONS.

Chernik 4/5 Pas bien grand, pas plus charismatique que le mec qui va se prendre une cartouche dans un porno gay d’Europe de l’est, certainement pas touché par ce froid de tafiolo de l’est français, il combat les buteurs de Ligain avec l’abnégation du T-90 dans une école maternelle tchétchène. Décisif en première mi-temps, désœuvré en deuxième.

Cuffaut 3/5 Ah la belle âme. Sévèrement violé en début de partie par le petit sacripant véloce d’en face, il a tenu à rester sur le terrain malgré la forte hémorragie qui lui coulait à gros bouillons du fondement. Fort bien lui en a pris, car il s’est ensuite très correctement remis, et a même réussi de belles projections vers l’avant sans salir son short.

Diagne 4/5 Il n’a pas semblé trop touché par la défection de son meilleur ami gentil. Moudou est d’un tempérament calme, il ne tolère pas qu’on lui crie dessus, ni qu’on laisse traîner des ballons orphelins dans son environnement proche. Mais quand il s’énerve, il peut être très très méchant. Même qu’il a déjà volé un paquet de chewing gums, une fois.

Badila 4/5 Hop, tu seras défenseur central, mon fils. Il va jusqu’à perdre ses cheveux pour imiter son mentor, quel dévouement !

Muratori 4/5 Le retour de Vincent Tackle ne pouvait pas avoir lieu sans un soupçon de violence extrême. L’explosion attendue a bien failli lui coûter quelques tendons, mais a finalement lourdement contribué à nous rapporter trois nouveaux points. Un sacrifice utile, pour l’anti-héros le mieux coiffé de l’équipe.

Diarra 3/5 Grand et immense à la fois à la récupération, mais sa tête est réellement bien trop éloignée de ses pieds quand il s’agit de relancer.

Pedretti 4/5 Heureusement, il était là pour suppléer Alou dans ce travail de relance. Si en tant que leader technique il n’a pas brillé en première période (alors imaginez ses petits copains), la seconde a en revanche été toute à son effigie, le stade se mettant à tourner autour de lui au rythme de ses virevoltantes ouvertures. Putain mais je dis n’importe quoi, c’est génial.

Guidileye 4/5 La montée en puissance se poursuit. S’il continue à ce rythme sans plafonner, il devrait signer pour Chelsea à la fin de la saison.

Dia 4/5 Caution efficacité maximum. En lutte acharnée contre la règle du hors-jeu pendant une heure, il lui a suffi d’une occasion pour planter.

Mandanne 2/5 Eh bien pas plus en 2017 que l’année précédente. À sa décharge, on a connu plus pratique pour jouer que de devoir enfiler un bandeau de colin-maillard.

Coulibaly 3/5 Si l’on cherche le joueur le plus irrégulier formé à l’ASNL depuis les débuts, je suppose que son nom apparaîtra quelque part.

REMPLAÇANTS.

Hadji 3/5 Une entrée qui a remonté tout le bloc rouge et blanc d’un coup, comme un petit miracle.

Cétout NN entré au milieu pour apporter sa hargne nonchalante et se projeter. Ç’a marché.

Puyo NN d’abord dans l’axe, mais complètement perdu, il a fini à droite en lieu et place de Dia. À peine moins perdu, il a ensuite changé de côté. On a cru un instant qu’il allait fuir, ce serait oublier son mental de poulet de combat.

Marcel Picon.

 

Et n’oubliez pas de voter pour les Van Nobel, sombres doubles buses !

3 thoughts on “Nancy-Bastia (1-0) : La Chardon à Cran Académie n’est pas de bonne humeur pour autant.

  1. Un texte plein d’amertume et d’acrimonie. Mais comment pourrait il en être autrement lorqu’on passe les fêtes à Longwy? De surcroît en perdant Clément Lenglet? Allez « amuse toi bien en Meurthe et Moselle ». Meilleurs voeux à l’équipe et à Pablo

    1. C’était pour compenser la joie toujours renouvelée d’avoir le miracle humain Pablo. Et les résultats qui vont avec ! Je ne crois qu’en Pablo.

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