Tours-Nancy (1-2) : La Chardon à Cran académie tient sa victoire à l’extérieur.

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Ils ne l’ont pas volée, on leur a offerte.

Velaine-en-Haye, an 25 000 après PC.

Trop de blabla ? Va donc par là.

 

« Lapin ! Lapin ! »

KGLZZ bondit en manquant une nouvelle fois de tomber de son lit. Il baigne dans sa sueur. Ses deux paires de rotules le démangent comme à chaque réveil prématuré. C’est encore ce mauvais rêve…depuis quelques semaines, une voix doucereuse n’a de cesse de l’interpeller par son nom d’animal-éteint symbole pendant son sommeil. À toute heure de la nuit, le même mirage auditif le réveille de son appel feutré, gâchant ses précieuses heures de récupération. Mais il y a bien pire encore : depuis une poignée de jours, KGLZZ est poursuivi par la même voix hors de son sommeil. Elle vient lui glisser, au cours de ses entraînements, au moment de réussir un contrôle, d’assurer une passe, de tenter une frappe, toujours le même appel :

« Lapin ! Lapin ! »

Alors KGLZZ perd ses moyens à l’instant précis du dernier geste ; il gâche des occasions sans raison et s’effondre inexplicablement quand son tour vient de conclure, marqué à la culotte qu’il est par cet esprit malin sans visage. Au cours de ses entraînements, même en match, il se surprend à chasser l’air à grands gestes désespérés, comme si un essaim de guêpes invisible l’attaquait. IMRSAF, son entraîneur, ne comprend pas et le renvoie à des séances individuelles, résigné à l’idée de devoir se priver de lui au prochain match. Désireux de régler le problème au plus vite, son coach l’expédie fissa chez un physicaliste qui tente de le soigner à coup de taquets derrière la tête en des zones spécifiques de la boîte crânienne afin de provoquer des micro-résonances cérébrales, mais rien ne change. Il lui prend rendez-vous chez un neuro-dualiste qui tente de lui « raccommoder les substances » en lui faisant boire une décoction à base d’extrait d’hypophyse clonée, aucun effet ; il le jette de force dans le cabinet d’un idéaliste certifié 98% forme (traces négligeables de matière) qui le reçoit dans un cabinet pyramidal inondé de lumière blanche et qui lui parle à travers une bulle pour lui rappeler que tous les phénomènes sont donnés sur le même plan transcendantal, rien n’y fait ; tout ce qu’il entend, avec une intonation de plus en plus insistante, c’est :

« Lapin! Lapin ! »

Seul dans le rond central de son terrain d’entraînement, KGLZZ tente de méditer dans l’angoisse du retour de la voix. Il a désactivé tous les automates défenseurs afin de trouver un silence relatif, seulement troublé par le ronron de l’aspirateur à radiations. Les yeux fermés, assis en tailleurs les jambes formant un cercle parfait autour de lui, il prie fébrilement pour que jamais ne revienne ce…

« Lapin ! »

Le cœur de KGLZZ tente un triple salto dans sa poitrine. Non. Tout ça n’est que dans sa tête.

« Lapin ! »

Un nouveau haut-le-cœur l’étreint tout entier ; il se raidit si fort que son corps lui paraît devenir celui d’un invertébré durant un court instant.

« Lapin ? Lapin ! »

N’y tenant plus, KGLZZ finit par ouvrir son unique œil et bondit sur ses pieds. Face à lui, une forme humaine à la peau transparente s’avance d’un pas tranquille, en souriant. Le spectre aborde un très vieux maillot blanc, probablement une relique car son buste est frappé du logo d’une entreprise privée, désormais interdite. Dans le coin supérieur droit, un antique logo composé d’une fleur rouge encadrée de deux branches hérissées d’épines. Sont-ce des palmes ? Des griffes ? KGLZZ ne reconnaît pas ce symbole agressif n’ayant rien de commun avec les standards éthérés des clubs de son temps faits de nuages, d’animaux éteints réputés pour leur douceur et de symboles nationaux (la FENGE a par exemple une oie stylisée aux couleurs de la France Internationale). Passant soudainement la main au travers du buste vaporeux qui lui fait face, KGLZZ réalise qu’il se trouve en présence d’un dématérialisé.

« Lapin, lui sourit l’entité sans matière en croisant les bras de manière étrange et en esquissant une légère fente qui place ses épaules de biais. Enfin.
-Vous êtes réel ? demande KGLZZ.
-Bien évidemment, Lapin. Toutes tes perceptions sont réelles.
-Mais vous ? Vous-même ?
-Peu importe. Je ne suis pas venu pour me présenter, mais pour te présenter à toi-même, Lapin.
-Vous devez faire erreur. Mon nom est KGLZZ. »

Le dématérialisé hoche la tête avec bienveillance, commençant à tourner autour de KGLZZ de son pas flottant comme pour entamer un exposé.

-Ton nom n’a pas plus d’importance que ma matérialité, Lapin. C’est ce que tu es, qui est important. Un ZinédineZidane, trié sur le volet par de nombreux automates-scouts en fonction de ton potentiel, fruit des mutations de la grande irradiation, doté d’une double paire de genoux permettant les trajectoires de balles les plus alambiquées, une détente surhumaine, des courses aux appuis imprévisibles, une qualité de dribble hors du commun…et vous n’êtes pas nombreux dans votre cas, du moins à ne pas vous être Cyrilroolé par terre. Mais il y a bien plus que ça en toi, Lapin. Ce titre de ZZ te qualifie, mais ton identité de Kyllyan-Génésio t’a été imposée honteusement par la FENGE alors qu’ils n’en avaient aucun droit. Ce n’est pas à l’État de décider comment nous nous appelons. Encore moins à un entraîneur à sa solde.
-Mais ce nom de lapin vient de mon entraîneur, lui aussi.
-C’est là que tu te trompes, Lapin ! Nos noms d’animaux éteints ne viennent pas de nos entraîneurs, mais de nos parents. »
Sans laisser le temps à KGLZZ de reprendre ses esprits suite à cette révélation, le spectre enchaîne :
« Lapin, il te revient désormais d’en informer tes camarades. Si mutants qu’ils soient, aucun d’entre eux n’est un clone. C’est nous, les dématérialisés, les vraies répliques.
-Je ne comprends pas.
-Le football est à bout de souffle, Lapin. Toi seul peut réunifier les deux mondes de l’amateur et du professionnel. En montrant à tout le monde que les clones ne sont pas la nouveauté, mais le vieux monde. Tu dois renverser la table, Lapin. Te souviens-tu de ton rêve du Camp Nou et ta déception ?
-Oui…
-Nous avons implanté ce rêve pour t’éveiller à cette évidence : tu dois ramener le football à sa forme d’origine.
-Sa forme d’origine ?
-Celle d’un jeu. »

KGLZZ, abasourdi, frotte son œil unique comme pour forcer sa compréhension. Toutes ses mésaventure ont profondément bouleversé ses facultés cognitives, ces derniers temps. Il n’avait vraiment pas besoin qu’un agent véreux vienne le chercher pour un transfert. En fin de compte, il décide de reprendre la conversation par là où elle aurait dû commencer :

« -Quel est votre nom ?
-Canard. »

Mais sur ces mots, tel un Christophe Mandanne arrivant balle au pied dans la surface adverse, le spectre disparaît.


LES LAPINS CRETINS.


La charnière centrale la plus gentille du monde.


LE MATCH en direct après prise de notes.

-5 Johnny Téléthon, créature mi-bien pensante mi-France profonde, a pris le pouvoir de l’antenne. En bon enculé individualisto-trotskyste (ce n’est pas incompatible, c’est juste con), je choisis courageusement l’option du déni, et coupe le son.

1 Du coup je ne sais pas qui a engagé, j’avais aussi coupé l’image.

4 Faute sur Robic devant notre surface qui va nous permettre de voir à quoi ressemble le camp adverse.

6 Ah le voilà le camp adverse ; Cuffaut a décidé de le labourer à l’aide d’une de ses percées sauvages, il pénètre la défense comme un chibre gaillard s’engage dans une…hrm…bref, il y va comme un bouc et trouve même le moyen de frapper du gauche à ras de terre, frappe qui bat le gardien mais pas le poteau. Chierie.

7 Robic dribble et centre, mais il n’a toujours pas les moyens de s’offrir un dernier geste en bonne et due forme.

9 Tours tire au-dessus, ce qui n’est pas inquiétant en soi. Ce qui l’est plus, c’est que chacune de leur entrée la plus anodine dans notre camp se solde au final par un tir ou un centre, ou un truc qui fait peur.

18 Encore une occasion honteusement salopée par Tours, qui devrait déjà mener au moins 2-0.

19 Voilà, suffisait de demander : 1-0.

26 Bon ben on joue les coups de pied arrêtés, vu qu’on n’a plus que ça.

34 But parfaitement valable pour Nancy ! Comme dit ci-dessus, c’est par un coup-franc joué par Bassi que le cafouillage arrive. C’est d’abord Diagne qui place une tête sur la barre, jusqu’ici rien de nouveau sous le soleil, puis nouvelle tête/épaule d’on-ne-sait-trop-qui-c’est-trop-le-bordel (Clément après visionnage du résumé), et Youssouf Hadji le second, père des dragons et Lion de l’Atlas des surfaces qui marque dans son style caractéristique. 1-1.

36 Et le même passe tout près du doublé sur un centre de Cétout, TOUT PEUT ARRIVER.

42 …et même qu’on obtienne un penalty. Service parfait de Bassi (pléonasme) pour Cétout qui se fait découper la jambe dans la surface. Plutôt que de batifoler avec les panenkaca de sa jeunesse, Youssouf Hadji le Second du nom choisit la patate cou-du-pied-sécurité dans la lucarne. 1-2.

Et nous voilà dans une mi-temps bien méritée.

46 C’est nous qu’on rengage, ce qui signifie que c’est Tours qui avait ouvert le match en première période. Malin, le Picon.

55 Dix minutes plus tard, ça jouotte.

58 Comme tout le monde s’emmerde, Badila bouscule du coude un misérable enculé qui lui avait écorché la moitié de la gueule quelques instants auparavant. Aussitôt le rabouin attaqué dans son dos se tortille au sol tel le lombric sous la flamme en attendant que la sanction de l’arbitre tombe contre notre Tobias. Ce dernier est bien averti, la boîte à insultes est ouverte.

68 Conscient que le peuple demande du football, Vincent Hognon cède à la pression populaire en sortant Julien Cétout pour Vincent Muratori.

73 Mais voilà que Jourdren, trouvant certainement que l’attention ne s’est pas assez portée sur lui, se lance dans des simagrées extraordinaires à seule fin de capter un ballon aérien. Il faut dire que sa petite taille l’empêche de battre des attaquants au physique « Ligue 2 » (qui a dit des grands blacks ?). Geoffrey ? Votre moi du passé a semble-t-il un message pour votre moi du présent.

74 C’en est assez pour Hadji qui demande à sortir, une femme de Tourangeau à chaque bras. Dembélé le remplace, bien décidé à s’offrir des meufs lui aussi.

80 Bassi en a assez fait, place à Pedretti pour une fin de match sous le signe de la conservation du ballon score à tout prix.

84 Une faute est sifflée contre Tours très proche de leur surface, ce qui en soi est un fait de jeu bien plus marquant que la frappe pourrissimale de Pedretti qui atterrit lamentablement dans le mur à 50 centimètres du sol. Ben alors mon Benoît ?

92 On se jette comme des dératés laissant de grands espaces dans leur dos, on a peur, on relance comme des cochons, bref, tout les éléments sont réunis pour qu’on gagne.

ET C’EST LA VICTOARE !


LES NOTES.

Jourdren 3/5 Pas bon sur le but de Tours, correct pour le reste quoique spectaculairement flippant sur ses prises de balle.

Cuffaut 4/5 Vroum vroum vropvropvrop vroar VROAR VROAR VRAOUUUUUUUUUUUUM…

Diagne 3/5 Première période de lopette des étoiles, deuxième de tortionnaire à la solde d’un seigneur de guerre.

Badila 3/5 Mignon et sympathique, surtout quand il s’agit de ramasser des ballons qui traînent. Mais contre des types un peu vénères, ça va plonger, c’est écrit sur sa gueule.

Cétout 2/5 Contre son ancien club, le bon Julien a modéré ses velléités offensives en ne jouant que vers l’arrière. À l’exception de cette percée qui amène le penalty et ce centre qui manque offrir un but à Hadji, certes. Ça reste bien faible tout de même, mon coco.

Abergel 3/5 La bagarre, toujours.

Clément 2/5 Discret est un qualificatif qui semble lui convenir, même si balle au pied il n’est pas si dégueulasse qu’il veut le laisser croire.

Bassi 4/5 Toujours au top. On commence à murmurer son nom et à ne pas vouloir trop s’extasier sur les performances successives de notre maître à jouer, histoire de ne pas appâter Rennes, Nice ou tout autre club de tocard qui serait susceptible de venir nous le sous-payer cet hiver juste par plaisir de nous replonger le nez dans notre caca.

Robic 3/5 Ah il en veut gras-double. C’est toujours pas élégant et pas toujours efficace, mais ç’a le mérite de motiver les jeunes, et les autres aussi.

Barka 2/5 Baptême du feu en Ligue 2 pour le nouveau venu, récompensé par cette titularisation après son triplé en Coupe de France. Pas transcendant, le bonhomme, mais tant que ça relègue Busin sur le banc et surtout Nordin loin de toute activité footballistique sous le maillot frappé du chardon, c’est ce que l’on demande.

Hadji 5/5 Tel le dieu vivant qu’il est, il ne fait presque rien. Juste l’essentiel.


REMPLAÇANTS.

Muratori NN Oh qu’il est doux de le voir courir à nouveau. C’était vraiment une belle soirée.

Dembélé NN Il a passé le plus clair de son temps à 50 mètres de ses coéquipiers, au bas mot. À partir de là, difficile de toucher beaucoup de ballons.

Pedretti NN Entré pour tenir le score, il a tenu. C’est bon de revoir cette vieille branche.


NOTE ARTISTIQUE DE L’ÉQUIPE : 3/5

Laborieux, disputé, plein de frayeurs contre le dernier, mais en conclusion, on l’a enfin cette foutue victoire à l’extérieur. Fallait vraiment sortir de nos esprits cette défaite honteuse contre Le Havre et surtout renouer avec une performance victorieuse à l’extérieur. J’emploie des mots neutres et donc moches comme un vulgaire connard de Sciences-Po, mais j’ai une bonne raison : tout enthousiasme est mort devant ce genre de match, et il apparaîtrait comme honteusement vulgaire de se satisfaire d’une telle prestation.

Commencer un match comme des partisans de la vaginocratie de la sorte, c’est carrément une insulte faite à l’adversaire (qui ne s’est pas laissé faire et a consciencieusement saccagé ses occasions toutes les fois qu’on lui ouvrait poliment les cuisses de notre défense). Se laisser marcher dessus pendant cette première demi-heure avait des airs de manifestation pacifiste dans un pays occidental : fallait s’attendre à des représailles vénères.

Mais des buts et des victoires opportunistes, on n’est pas en mesure de cracher dessus à notre stade. C’est moche, frustrant et pas très glorieux, mais ça nous ramène à une 14e place au classement et un surplomb un peu plus confortable sur cette foutue zone de relégation en Natianal. Qu’on finisse l’année rapidos, qu’on fasse nos emplettes et qu’on vire nos coiffeurs, et que roule ma poule. Le podium n’est, après tout, qu’à douze points.

Marcel Picon.

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