Costa Rica – Mexique (1-1) : la Ticos Académie réserve sa datcha
Mes chéris, mes amours, dire qu’à un poteau près, j’allais pouvoir vous annoncer officiellement nos retrouvailles à l’occasion de la prochaine coupe du monde. Ce n’est que partie remise : oui, nous serons en Russie l’été prochain, et quand je repense à ce que nous avons vécus ensemble en 2014, j’en suis déjà toute émoustillée.
Et nom de nom, il nous a déjà mis dans le bain, ce match contre nos rivaux préférés. Premiers du groupe et déjà assurés de la qualification, les Mexicains n’avaient pas l’intention de se relâcher. Et du haut niveau, nous en avons eu ! Quand je repense aux arrêts de Keylorgasme, à l’intensité des duels, à la volée de Marco Ureña, je, je… excusez moi un instant.
Rha. Rglhlaf. Reprenons nos esprits et le fil du récit, voulez-vous.
Le match
Conséquence de la solide victoire contre les Etats-Unis, le bloc ne bouge pas d’un cil. En revanche, passée l’heure de jeu, Oscar Ramirez dit « le coach monobloc » montre qu’il sait à l’occasion faire preuve de souplesse. Ce qui donne au début du match :
Keylorgasme
Gamboa – Waston – Acosta – Calvo – Oviedo
Borges – Guzman
Ruiz Bolaños
Ureña
Puis, à partir de l’heure de jeu :
Keylorgasme
Gamboa – Waston – Acosta – Calvo
Borges – Guzman (Colindres, 75e)
Wallace – Ruiz – Venegas
Ureña
A peine le temps de dire « pita el arbitro, vamos al futbol » que – OH MON DIEU ! – Bryan Ruiz récupère un second ballon et adresse un missile qu’Ochoa détourne de superbe manière. On joue depuis 15 secondes et je suis déjà toute pantelante. Le 541 du Costa Rica n’est plus un bus, c’est un tank. Ca presse, ça rentre dans le lard, ça combine, ça tire de loin. Oh, je ne vais pas vous dire que nous dominons sans partage, mais après m’avoir poussée à la limite de la frigidité pendant la Gold Cup, mes Ticos m’excitent tout partout.
Bon, évidemment, dieux du stade à mes yeux, nos joueurs ne sont pas devenus des dieux de la défense pour autant. C’est ainsi qu’un corner mexicain est repris à bout portant et SAUVE PAR MON KEYLORGAAAHAHAHAHAHAHAAAAAAAAASME D’UN SOMPTUEUXREFLEXXAAAAAAaaarghlaf.
L’issue est incertaine. A la différence du match précédent, le Costa Rica n’a pas fait une croix sur la possession. Les relanceurs mexicains sont harcelés, et souffrent énormément sur les seconds ballons. Deux ou trois remontées de balle en une touche me mènent à l’extase. De leur côté, nos adversaires peinent mais exploitent sans pitié nos pertes de balle. Nous craquons en premier, quand Calvo est archi-dominé au duel sur un long ballon. Jimenez centre et Dos Santos reprend de la poitrine en devançant Acosta, MAIS C’EST SANS COMPTER SUR KEYLORGAAAAAAAASME QUI D’UN FABULEUX REFLEXE DETOURNE LE BALLON sur le tibia de Gamboa qui renvoie involontairement le cuir dans son but MAIS C’EST SANS COMPTER SUR LE RETABLISSEMENT PHENOMENAL DE KEYLORGAAAAAAAAAAAAAASME QUI BONDIT ET DEVIE LA BALLE UNE NOUVELLE FOIS mais pas assez et ça fait bien 0-1. Zut. Dommage, vous qui me connaissez, vous savez que je ne suis pas portée à l’exagération, mais si mon Keylor avait sorti celui-ci, ce qu’il était à deux doigts de réussir, c’eût été sans conteste l’arrêt de la décennie.
Toujours est-il que le Costa Rica est mené à la pause ce qui, sans être dramatique en vue de la qualification, reste néanmoins très crispant. La seconde période est moins maîtrisée et le Mexique, sans se montrer très dangereux, nous contient sans peine. Sans doute vexé de me voir parler de lui comme vous parlez d’un entraîneur français lambda, Oscar Ramirez nous sort de manière inattendue une paire de gonades grosse comme les plus grosses boules de toute la Mésoamérique. Exit Bolaños et Oviedo, pourtant très corrects, voici Wallace et Gromit, ha ha ha Venegas qui entrent tandis que l’équipe passe en 4231. Si Bryan Ruiz ainsi replacé en 10 empoigne immédiatement sa belle baguette de chef d’orchestre, le jeu patine un peu dans le quinoa et les occasions sont toujours aussi rares.
Pire, un coup-franc très maladroitement joué par Guzman offre aux mexicains une contre-attaque majuscule : à deux contre un défenseur, ils vont nous punir mais c’est sans compter sur qui ?
Un Keylorgasme plus tard, le Costa Rica est toujours en vie et, à un quart d’heure de la fin, accélère enfin franchement. C’est ainsi qu’au terme d’une belle combinaison Marco Ureña envoie un tir qui se dirige vers la lucarne MAIS C’EST SANS COMPTER SUR MEMO OCHOA QUI Y VA DE SA CLAQUETTE MAIN OPPOSEE OH MON DIEU QUE CA FAIT MAL MAIS RECONNAISSONS QUE C’EST BEAU mais ça fait toute de même très mal, surtout ici.
Antithèses capillaires, les deux portiers se montrent au meilleur de leur forme, et le Mexicain continue d’ailleurs de s’opposer à nos tentatives. Mais le but mexicain est tout comme moi : si je me refuse longtemps, je ne renonce jamais à me laisser séduire pour peu que l’on daigne me sortir le grand jeu. ET ALORS LA MES AMIS, QUEL GRAND JEU NOUS SORT MARCO UREÑA ! LE CHAMPAGNE, LES CHANDELLES, LES DRAPS DE SOIE ET LE MANDRIN DE 18 QUI TAPE JUSQUE DANS L’ŒSOPHAGE, NONMAISOHMAISAHMAISMAISMAISAAARRHAAAAAAAAAAAAAAAAH RHAAAAAAAAAAAAAAAA. RHA RHA RHA, RGHLAF. Rhââââââ.
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Un but partout, dix minutes à jouer, le stade en fusion et les Mexicains en panique : on se prend à rêver à ce deuxième but qui scellerait définitivement notre qualification. Et celui-ci arrive presque à dix secondes de la fin des pieds d’or de Bryan Ruiz, lui dont les passes sont si léchées qu’elles me rendent jalouses. Son chef d’œuvre de 30 mètres arrive pile dans les pieds de Venegas, dont la frappe croisée heurte la base du poteau d’un Ochoa médusé. Encore toute tremblante de l’égalisation, je laisse à peine échapper un soupir de frustration. Après tout, mieux vaut un poteau à la 93e d’un tour éliminatoire quasi-acquis, plutôt qu’en finale d’un championnat continental, n’est-ce pas ?
Oui, ce résumé fait onze minutes. Mais il les vaut, je vous assure.
Les notes :
Keylor Navas (4/5) : Lui qui est si croyant, il va fera une drôle de tête quand Saint-Pierre lui refusera l’entrée du paradis au motif de toutes les masturbations qu’il a provoquées.
Kendall Waston (3/5) : Solide, mais je crains que son physique de colosse ne finisse par lui coûter quelques pénaltys face à des attaquants un peu malins ou des arbitres un peu bêtes. Ce qui m’ennuie, c’est que l’on risque justement de rencontrer ce genre de spécimens à la coupe du monde.
Jhonny Acosta (3/5) : Impression paradoxale qu’il est à la fois pièce maîtresse et maillon faible : malgré ses lacunes au duel, la défense tournerait peut-être moins bien collectivement sans lui.
Francesco Calvo (2/5) : Un début de match engagé et efficace, avant de sombrer brusquement en fin de mi-temps. En partie responsable du but, il provoque aussi des coups-francs dangereux. Et perd une lentille de contact, comme quoi il n’y a pas que les Etats-Uniens qui se mettent le doigt dans l’oeil pour leur qualification, hihihi.
Cristian Gamboa (2/5) : Très peu offensif, parfois dépassé en défense, et qui plus est malchanceux avec ce but contre son camp.
Bryan Oviedo (3/5) : Oviedo Baby est de retour ; dieu que ce joueur est beau quand il marche sur ses deux jambes.
Remplacé par Rodney Wallace (59e, 3/5) : Le joueur du NY City a d’abord éprouvé beaucoup de difficultés à s’insérer dans le schéma costaricien, avant de se fixer plus heureusement à droite. Il en profite pour adresser une passe décisive pour Ureña, d’une subtile tête en retrait.
Celso Borges (4/5) : A son intelligence de jeu coutumière, le beau Celso a ajouté une attitude de guerrier reniflant et mal rasé, rentrant dans le lard des Aztèques, courant partout et ne se privant pas de tirer de loin. Eh bien cela ne l’a rendu que plus désirable, figurez-vous.
David Guzman (2/5) : L’intelligence de jeu, le pauvre David en semble pour l’instant bien dépourvu, et cela me peine tant sa combativité n’est pas à contester. Espérons que la coupe du monde lui donnera l’occasion de se Tejediser (dans le cas contraire, Yeltsin sera toujours là, rassurez-vous).
Remplacé par Daniel Colindres (75e) : Frileux, notre sélectionneur ? Je t’en ficherai, moi. Ailier entré à la place d’un milieu défensif, le joueur de Saprissa a immédiatement apporté son impact physique, bonifié par ce centre pas vilain aboutissant à l’égalisation.
Bryan Ruiz (4/5) : Il mérite sans doute 3, puisque finalement ses tentatives n’ont guère connu de réussite. Mais ses extérieurs de velours, ses ouvertures, ses tirs, ses cheveux, ses, ses…. Rhharghlaf. Quatre.
Christian Bolaños (3/5) : Il n’est pas beau, et alors ? De toute façon, si je l’accueille dans sa couche, je ne voudrai voir que ses pieds. Il a l’air doué pour faire plein de choses agréables avec.
Remplacé par Johan Venegas (58e, 3/5) : Une entrée assez peu influente, mais je le gratifie de la moyenne pour le consoler de sa déception d’avoir trouvé le poteau. A la coupe du monde, le rebond lui sera plus favorable, et il sera vraiment le joker du pays.
Marco Ureña (4/5) : En effet, il a raté des face-à-face décisifs à la Gold Cup et c’était exaspérant. Mais après ses trois buts en deux rencontres – et quel but ce soir ! – je pense être en mesure de me faire la porte-parole de la nation tica en déclarant que la Gold Cup de cet été, ON-S’EN-TAPE.
Le groupe
Soyons précis : pour ne pas nous qualifier directement, il nous faudrait perdre les deux matchs restants, tout en dilapidant une différence de buts de +6 par rapport aux Etats-Unis et de +14 par rapport au Honduras. De manière plus réaliste, ces deux nations vont se battre avec le Panama pour la 3e place qualificative restante, la 4e offrant quant à elle un barrage contre le vainqueur de Syrie-Australie. Aussi me crois-je autorisée à vous dire :
« Do skoroy vstrechi, moi lyubimyye »
Kimberly Gutiérrez–Yigüirro
Le coup d’avoir juste un point à prendre en deux matchs, tranquille c’est dans la poche, j’ai l’impression de l’avoir déjà vu quelque part…
Oui, mais enfin, nous n’avons même pas besoin de ce point, il nous suffit juste de ne pas subir deux roustes. C’est comme si l’on menait de trois buts à cinq minutes de la fin, il faudrait vraiment être des ânes pour perdre.