Etats-Unis – Costa Rica (0-2) : la Ticos Académie remet le couvert.
VOI-LA. Ca c’est de la Sele pure et dure, celle qui quadrille, qui bloque et qui punit. Après une Gold Cup rendue désastreuse par les blessures d’une part, notre impuissance à adopter un plan de jeu d’autre part, mes Ticos d’amour rendent une nouvelle fois la monnaie de leur pièce aux Yankees. Les USA nous avaient roustés à la Copa America ? Nous leur rendons leur 4-0 au début des éliminatoires. Ils nous défont 2-0 à la Copa Oro ? Bis repetita, nous leur claquons les fesses de deux buts et les collons à 6 points. Désormais, seul un cataclysme de type israélo-bulgare, si vous voyez ce que je veux dire chers amis français, peut nous empêcher de participer à la fête poutinienne l’été prochain.
Le match
A l’exception de Duarte, Matarrita et Campbell, blessés, Oscar Ramirez rassemble de quoi constituer une équipe à peu près présentable. Sur le long terme, cela ne résout rien à notre manque de banc et surtout de jeunesse talentueuse, mais mes grognards montrent qu’ils ont encore en réserve de quoi m’émoustiller tout partout.
Keylorgasme
Gamboa (Salvatierra, 71e) – Waston – Acosta – Calvo – Oviedo (Venegas, 77e).
Borges – Guzman
Ruiz Bolaños (Umaña, 71e).
Ureña
Le voici, le Costa Rica que j’aime. Du 541 en granit armé, certes, mais du 541 qui presse et qui joue haut. Nos défenseurs sont mauvais en un-contre-un ? Qu’à cela ne tienne, faisons en sorte que nos adversaires ne puissent JAMAIS se trouver en un-contre-un. Pour chaque défenseur passé par un états-unien, un second déboule pour contrer, tacler, sauver. Nos rivaux s’épuisent ainsi à venir à bout d’abord de notre pressing haut, puis de notre défense groupée. Leur manque d’efficacité sur les rares positions de tir achève de les rendre impuissants.
La sanction de leur domination stérile survient à la 30e minute : le pressing force Howard à dégager loin après une passe en retrait, Gamboa renvoie de la tête au milieu sur Ruiz. Esseulé, Bryan [postulat : toute action débutant par « esseulé, Bryan » a 99% de chances de s’achever par une passe décisive ; j’ai appelé cela la Loi de Kimberly]… Esseulé, donc, Bryan lance Ureña entre les deux défenseurs. Si maladroit à la Gold Cup, mon taurillon préféré glisse le ballon dans le petit filet opposé après avoir tourné en ridicule le défenseur central, Ream (il lui a fait ce que dans le jargon on appelle un Ream Job, ce qui montre que même nous les scientifiques avons de l’humour). Alors que les Etats-Unis s’échinaient depuis une demi-heure à casser une boule en pierre à coups de tête, nous fracassons l’Oncle Sam en une action à deux passes. J’apprécie.
Le début de seconde période est plus délicat : peinant à répéter les efforts de pressing, nous nous arc-boutons sur la surface. L’imprécision US et l’abnégation tica stérilisent le jeu, qui ne s’anime que dans le dernier quart d’heure. Un tir dévié et une sortie dans les pieds permettent à Keylorgasme d’éveiller mes muqueuses. Plus directe encore que celle de la 30e minute, c’est une action à une passe qui vient punir les occasions manquées : mauvais dégagement de Cameron, Guzman lance Ureña qui perfore le gardien. Je passe les dix dernières minutes à savourer à l’avance le plaisir que j’aurai à vous retrouver à l’occasion de la prochaine Coupe du Monde.
Les notes :
Keylor Navas (4/5) : Vous vous souvenez, il y a deux ans, quand Florentino Perez avait voulu l’échanger contre De Gea ? Qu’est-ce que l’on avait ri, à l’époque.
Kendall Waston (4/5) : A autant montrer qu’il sait défendre, Kendall va finir par faire tache en MLS. Il est en train d’anéantir tout un potentiel de blagues sur les défenseurs de ce championnat.
Jhonny Acosta (2/5) : Incarnation de la défense « barrière de corail » de la Sele : individuellement c’est un polype, collectivement c’est infranchissable.
Francesco Calvo (3/5) : Très proche du précédent : souvent pris dans le dos et rattrapé par un camarade, mais souvent présent aussi pour sauver les camarades pris dans leur dos.
Cristian Gamboa (3/5) : Il n’est pas dans les rodomontades à la Kim Jong-Un : s’il ne cache rien de son envie de rentrer dans le lard des Américains, il le fait proprement, sans bruit, ni haine mais avec toute la violence requise.
Remplacé par José-Luis Salvatierra (71e) pour vingt minutes d’honnête homme.
Bryan Oviedo (3/5) : Il n’a pas souvent eu l’occasion de courir sur ses deux jambes ces derniers mois, aussi en a-t-il profité pour attaquer sans relâche. Un peu moins rigoureux en défense mais baste, voir un latéral aussi offensif dans le système de Ramirez, c’est comme retrouver un étudiant en slip dans mon vestiaire après les cours, une surprise trop inattendue et trop heureuse pour qu’on la boude.
Replacé par Johan Venegas (77e), qui n’a pas eu l’occasion de souiller davantage le New Jersey.
Celso Borges (2/5) : Encore un match, et le beau Celso deviendra le Costaricien ayant disputé le plus de matchs éliminatoires de la Coupe du Monde. Nul doute qu’il célèbrera l’événement avec goût, par exemple en s’abstenant de perdre des ballons dangereux comme ce soir.
David Guzman (2/5) : Son carton précoce et sa propension à être mal placé sur les seconds ballons défensifs m’ont bien fait frissonner, mais pas par où je l’entendais. Sa passe décisive finale nous réconcilie.
Bryan Ruiz (3/5) : A l’image de Van Gogh qui n’a pas vendu un tableau de son vivant, Bryan Ruiz n’a trouvé aucun club au mercato 2017. Moi qui parlais de Kim Jong-Un tout à l’heure, je n’ai jamais autant souhaité qu’il fasse exploser notre monde de philistins.
Christian Bolaños (3/5) : Ah, que son immonde bandeau m’avait manqué. Ca, et son activité incessante et son intelligence de jeu, aussi. Bref, sois le bienvenu de retour chez toi.
Remplacé par Michael Umaña (71e) : De retour dans le championnat iranien, Michael ne s’est pas privé de participer à la séance d’urine collective sur l’équipe US. Ce sont des petites attentions comme celles-ci qui rapprochent les peuples.
Marco Ureña (5/5) : Rahhhaaahaaaaarghhlaf. On dirait ce stagiaire qui m’a exaspérée durant tout l’été à ne pas savoir trouver sa propre braguette, et qui s’est mis à me faire grimper aux rideaux dans le placard de la cafétéria le jour de la rentrée. Brutal, imprévu et orgasmique.
Le groupe
C’est fait pour le Mexique, qui avec 9 points d’avance et une différence de buts impossible à dilapider, est assuré de l’une des trois premières places. Souhaitons-leur d’abuser du mezcal pour fêter la qualification, de sorte qu’une victoire contre eux jeudi nous garantirait de les rejoindre. Même sans cette performance, puisque le Honduras, les Etats-Unis et Panama sont voués à s’étriper mutuellement dans les prochaines journées, il faudrait un concours de circonstances bien improbable pour que nous restions à quai.
Kimberly Gutiérrez–Yigüirro