Lille-Borisov (1-3) : La LOSC Académie livre ses notes

C1, épisode 1
Des coups de BATE qui se perdent

Un avant-môtch un peu inhabituel, puisque vous avez tous pris connaissance du résultat du match, et entendu bon nombre de commentaires, critiques, railleries au sujet du LOSC après cette débandade du mercredi soir. Les reproches adressés sont pour la plupart amplement mérités, qu’ils soient collectif ou individuel. Par contre, au-delà de la prestation, s’étonner de l’état du jeu lillois sur ce match précis relève de la mauvaise foi : ce n’est malheureusement plus une surprise en ce début de saison. Le néant affiché par période a simplement été poussé à son paroxysme, quand dans le même temps l’adversaire biélorusse a froidement puni les carences des Dogues.

J’aurais vraiment aimer vous parler du retour du LOSC en Ligue des Champions, d’une équipe qui a appris de ses erreurs de l’année passée, et qui avait a coeur de ne pas refaire le même genre de match que contre le CSKA Moscou. D’une équipe qui avait les tripes pour démontrer que, transcendée par l’Europe, le début de championnat allait vite être oublié. Raté. Ce n’est pas pour cette fois. *soupire* Qu’il est difficile de se replonger dans ce match.

Ainsi, j’aimerais m’excuser auprès des supporters des autres équipes qui croyaient à une performance lilloise en Ligue des Champions. We are anal.

Désolé pour les points, tout ça.

J’espère pour vous que vous aviez vu d’autres matches du LOSC cette saison, parce que c’était mi… euh, c’était diff… Bon. On ne va pas se mentir, c’est un début de saison raté, au niveau des résultats, du jeu, de l’intégration des recrues, ou du coaching de Rudi. Quitte à foirer, autant le faire dans les grandes largeurs, et en y mettant tous les moyens. « Moyen », tiens, ça qualifie à peine l’équipe en ce moment – mais pas en huitième de finale si elle continue comme ça.

Avant de revenir au foot, un petit aparté sur le Grand Stade, que j’ai découvert pour la première fois. Il est beau. Il est grand. Il a de la gueule. Il résonne. Manquerait plus qu’il fasse peur à l’adversaire, tiens – adversaire qui joue, en championnat, dans un stade de 5000 places. Un quart du Stadium Nord. Le Grand Stade, une arène censée marquer l’entrée de la team lilloise dans une nouvelle dimension. Après tout, mercredi, on était bien dans la quatrième dimension, non ? Et dire que j’avais prévu un match nul.

 « Une grande équipe en 2012 »

Les Dogues
Bref, c’est « l’équipe-type ». Notre meilleur attaquant de pointe est aligné. De Melo pourra ravager les espaces et prendre le dessus sur la défense grâce à sa vitesse et sa technique en mouvement. Kalou, recrue la plus prestigieuse de l’histoire du LOSC, complétera ce duo de feu. Marvin Martin, l’homme qui valait 10 millions et grand meneur de jeu, pourra abreuver en munitions les deux gâchettes précédemment citées. La vache, faut que j’arrête le LSD. Non, en réalité, il faut que je commence à en prendre.

Remplaçants : Elana, Béria, Sidibé, Gueye, Pedretti, Mendes, Roux.

Les Borisov Works of Automobile and Tractor Electric Equipment boys (désolé)
Pas grand monde de (re)connu dans cette équipe, vivier de la sélection nationale, à l’exception bien sûr d’Aleksandr Hleb, ex-Arsenal, revenu dans son club fétiche. Rodionov a une petite réputation de bon attaquant. A part ça, c’est un peu le désert, car mis à part dans les grosses écuries russes (de plus en plus nombreuses) ou ukrainiennes, il faut bien avouer que celui qui ne suit pas les dits championnats débarque un peu dans l’inconnu. Complexe de supériorité footballistique oblige : on va pas se faire marcher dessus par des Biélorusses. C’est encore pire que des Danois, putain. A noter que Goncharenko laisse Bressan (catalogué « meneur de jeu de son équipe », vu avec l’équipe nationale de Biélorussie) sur le banc. A noter également que la compo ne ressemble sûrement pas à ça, mais vu du stade, je vous retranscris ça un peu pèle-mêle.

Remplaçants : Gutor, Yurevich, Filipenko, Kontsevoi, Mozolevski, Sivakov, Bressan.

Les buts :

6′ : 0-1. Pas pressé pour un sou, Volodko lève la tête pour voir qu’il a le champ libre de tous les côtés. Après avoir consulté ses coéquipiers un par un, il prend un café, avale deux cacahuètes, appelle son père pour lui annoncer qu’il va marquer, arme sa frappe, et trouve la lucarne d’un Landreau un peu avancé (Landreau ? Avancé dites-vous ? Noooon ?) d’une position axiale, des 25 mètres. Coup de froid dans le stade. Bon, c’était un coup de chatte.

20′ : 0-2. Le LOSC reste spectateur devant une contre-attaque biélorusse parfaitement menée. Au terme d’un magnifique jeu en triangle, Rodionov – complètement seul dans la surface – ajuste Landreau. Le stade s’enrhume. Bon, il y avait hors-jeu – big up au réalisateur des écrans géants qui a permis à tous de voir la position illicite.

43′ : 0-3. La défense lilloise est à nouveau prise à défaut sur un mouvement rapide du BATE. Olekhnovich se heurte une première fois à Landreau, qui effectue là sa première parade de la soirée (je parle bien de football, pas de son placement et de sa détresse en hommage au cirque du soleil). C’était sans compter sur le laxisme de la récupération lilloise, tant au pressing que dans le placement, ce qui permet au même Olekhnovich de récupérer le ballon au niveau d’un Basa planté dans la pelouse. Quatrième frappe, troisième but. Le stade vomit. Bon, on est mauvais.

60′ : 1-3. Sur un corner du coin gauche, Payet dépose le ballon sur la tête de Chedjou, qui est bien meilleur dans la surface adverse que dans la sienne pour le coup. Coup de crâne, barre rentrante, et un peu d’espoir (finalement vain) pour bien appuyer dans la plaie, en démontrant qu’avec de la volonté, jamais tel scénario ne serait arrivé.

En avant-première, le sponsor du LOSC pour la saison prochaine.

Le résumé : à consommer avec modération, c’est dangereux.

En bref : je ne pense pas que les joueurs aient pris le BATE Borisov de haut. Cependant, dans l’envie, dans le pressing, dans l’allant, on a bien senti (tout du moins vu du stade, je n’ai pas revu les images) que les Lillois n’étaient pas là. C’était particulièrement le cas pendant les 45 premières minutes – et ce malgré des buts encaissés, qui n’ont pas réveillés les Dogues ! Il est hallucinant, à ce niveau, de ne pas voir des joueurs se mettre les tripes par terre pour battre une équipe à sa portée, alors que toutes les conditions sont a priori réunies (Ligue des Champions, premier match à domicile, nouveau stade, quête de rachat). Le BATE a fait preuve d’un réalisme exacerbé, certes, mais j’estime au final qu’il fallait bien ça pour faire comprendre aux joueurs et au staff que depuis le début de saison, nos piètres performances ne sauraient être attenuées par l’obtention de matches nuls (ambition quand tu nous tiens). Là, c’est une vraie claque.

L’équipe était à la ramasse aussi bien au niveau de la performance que de la tactique – ou du moins du respect de cette dernière.

• Basa et Chedjou ne semblaient pas se comprendre quant à l’alignement. Tantôt en retrait, tantôt en retard, Marko n’a jamais semblé bien positionné. Chedjou, lui, s’est illustré par un inhabituel manque d’agressivité et de rigueur dans son placement. Rodionov l’a compris très vite, en s’immisçant systématiquement entre les deux défenseurs centraux, toujours prêt à partir en profondeur (et souvent recherché par ses coéquipiers). Il en a bien profité, le bougre.
• Les latéraux ont eu l’apport qu’on leur connaît. En revanche, ils n’étaient que très peu aidés dès lors qu’ils avaient le ballon dans les pieds. Debuchy n’a que très peu trouvé Kalou, se dernier faisant systématiquement le même appel (derrière le latéral gauche biélorusse), obligeant la Bûche à jouer par-dessus la ligne de quatre du BATE – à la fois compliqué et téléphoné. Digne a pu plus souvent trouver Dimitri Payet sur le côté gauche.
• En fait, les latéraux s’en sont mieux sortis quand Balmont venait sur un des côtés pour soulager ses partenaires. Usuellement cantonné au côté droit, un poste plus axial sur ce match ne lui a pas permis de combiner efficacement avec les joueurs de côté. Et en plus, il était en mauvaise forme…
• Mavuba semblait jouer sur la même ligne que Balmont, alors qu’on le sent vraiment plus à l’aise seul devant sa défense, voire collé à celle-ci. Les consignes étaient apparemment celles de former une récupération à deux éléments.
• Martin n’a été que peu sollicité. Hors de forme, hors du coup, ses coéquipiers ont encore du mal à le trouver. Plusieurs ballons sont passés dans son dos, parfois à cause d’erreurs techniques, souvent à cause d’un tempo qu’il n’a pas encore intégré.
• Tulio de Melo…

Les Biélorusses ont vraiment bien joué le coup. A une tactique très axiale, ils ont répondu par un bloc également peu étendu qui explosait en contre. Et comme le LOSC s’arrangeait pour perdre lui-même des ballons dans des zones où il ne faut absolument pas le faire, ils ont pu exploiter le repli défensif défaillant de l’équipe lilloise. Criant vu des tribunes, les latéraux lillois défendaient en reculant. En fait, que ce soit en phase offensive ou en phase défensive, Digne et surtout Debuchy manquaient cruellement de soutien.

On peut toujours refaire le match au travers des statistiques. Mais je ne vais pas vous abreuver de chiffres inutiles : le LOSC a dominé stérilement pendant tout le match, et n’a vraiment qu’enflammé la partie, créé des décalages et trouvé la profondeur durant 20 minutes en seconde mi-temps, après le but de Chedjou. Les entrées de Mendes et Roux auront été salutaires dans cette entreprise. Une seule donnée chiffrée à retenir pour bien cerner les lacunes lilloises : 46 centres dans le match ! Quarante-six, bordel (contre deux pour les Biélorusses). J’ai comme l’impression que l’animation offensive est à revoir, hein.

Par ailleurs, si les Biélorusses ont réussi exactement ceux pour quoi ils étaient venus, il serait erroné d’affirmer que les Nordistes sont tombés face à plus forts qu’eux. Ils ont d’abord perdu contre eux-mêmes en ne se montrant pas à la hauteur de la C1. Les joueurs du BATE Borisov ont tout de même été techniquement très limités, notamment dans la relance. Pour peu qu’un pressing soit exercé sur le porteur, la passe finissait en touche ou dans les pieds lillois. Ils ont agi par étincelles, et ont tiré profit notamment d’un très bon travail de Hleb au milieu de terrain.

Enfin, je ne suis vraiment pas un adepte du bashage (rien à voir avec Marko) contre les arbitres, mais force est de constater que les officiels polonais se sont souvent laissés abuser par les Biélorusses qui en rajoutaient des tonnes sur chaque contact, même régulier. Nene cherche une sélection, non ?

Landreau  : Coupet l’aurait arrêtée, cette frappe de Volodko.

Chedjou  : Son but ne saurait cacher un match ignoble dans l’agressivité et le placement défensif. Signez la pétition pour aligner Aurélien, meilleur buteur du club, en pointe, et Tulio en défense. Ou en tribunes.

Basa  : Allie la grâce d’un tractopelle à la réactivité d’un Lensois bourré.

Debuchy  : Pas aidé par Kalou, ni Basa, ni Copé, ni Fillon, il a pratiquement dû défendre la droite tout seul.
> Sidibé a joué cinq minutes afin de reposer Debuch’.

Digne  : C’était tout de même bien faible devant lui. Les Biélorusses sont plus souvent passés sur la droite, et il n’y est pas étranger.

Mavuba  : Il serait peut-être temps de jouer son rôle de capitaine.

Balmont   : Indigne de son talent en première période, étonnamment absent dans l’engagement, mais pas aidé par un arbitre sifflant systématiquement à son encontre. Mieux en seconde. C’est à la fois lui qui perd le ballon amenant la contre-attaque biélorusse et qui initie l’action amenant le corner victorieux grâce à une récupération rageuse près de sa surface.

Martin  : Pfff, non. Perdu sur le terrain.
> Roux  a beaucoup bougé sur le front de l’attaque. Toujours sans réussite, hein, c’est Nolan Roux.

Payet  : Ouais, je sais, je le surnote un peu… Bon, c’est le seul à vraiment provoquer tout le long du match, et même en première mi-temps. De bons coups de pieds arrêtés, dont le corner pour Chedjou.

Kalou  : Hahahaha. On apprend pas les contrôles à l’ASEC ?

Tulio  : Pire qu’à Troyes, belle perf’. Encore une comme ça et je passe en négatif.
> Oh mon dieu ! Ryan Mendes  est attaquant, va vers les espaces, et déborde sur les ailes ! Une rentrée prometteuse. Vive la Ligue 2.

Running gag.

Le BATE, c’était effectivement plus fort que Troyes. Et l’OL, on les situe où ? Parce que bon, « prochain match, prochaine académie », encore faudrait-il qu’il y ait match. La bise anale, très anale.
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