Ahoj ! Nouvelle rubrique chez Horsjeu.net, celle qui vous fera découvrir les matchs d’un peu partout de cette planète. Oui, toi, là, qui va voir un match dans le trou du cul du monde, ton article pourra peut-être intéresser l’éditeur.

En l’occurrence moi, je vais vous faire un petit compte-rendu de tous les matchs que je verrais à Prague. Mais Prague c’est quoi, comme s’interrogerait Claude Pèze. Prague c’est la capitale de la République Tchèque, pays à l’histoire tumultueuse, vu qu’il était obligé de se taper la Slovaquie comme colocataire il y a quelques années, l’URSS comme parrain il y a encore 25 ans, et Hitler dans les heures les plus sombres de notre monde. Aujourd’hui Prague va mieux, et a fait un grand saut dans le monde moderne. Dans le centre peuplé uniquement de touriste, vous trouverez ainsi des fasts-foods tous les 3 mètres. Putain de capitalisme, mais putain d’utilité quand il faut éponger toute la bière qu’on a dans l’estomac. Car le grand truc en Tchèquie, c’est la bière. Elle est partout, pour tous les goûts, de toute sorte, et coûte au max 1,60 dans les endroits qui se la pète un peu. Enfin elle peut coûter plus chère, mais je n’y peux rien si vous vous complaisez dans votre statut de touriste. Bref, les Tchèques, ces personnes froides et réservées sont souvent bourrées, comme tous ces étrangers qui viennent se la coller. Autre chose, une certaine quantité de cannabis est admise légalement sur soi, tandis que les drogues dures de toute sorte circulent facilement sous le manteau. Mais ça, c’est pas mes affaires.

Mes affaires, c’est le football, et le football, il y en a pas mal à Prague. Le club compte huit clubs différents dans les trois premières divisions. Alors autant je suis d’accord pour aller dans le trou du cul de Prague, autant je ne vais pas aller jusqu’au bout du tunnel qui ne sent pas très bon, et je vais me contenter des six clubs présents en première et deuxième division. Tout de suite, les présentations.

Gambrinus Liga

AC Sparta Praha : Club historique, il va sans dire. Créé en 1893, il est le club des ouvriers de la ville, et son nom est bien évidemment une référence à la vaillance des guerriers Spartiates (300 n’a rien inventé, vous le savez). AC, c’est pour Athletic Club. Hé ouais, c’estcomme ça la Tchéquie. A noter les multiples changements de nom sous le communisme, le club n’a repris sa dénomination historique qu’en 1991. Les couleurs historiques du club sont le rouge, le bleu, et le jaune, et ce n’est pas un hommage aux roumains. Non, le bleu c’est l’europe, le rouge c’est Prague, et le jaune on ne sait pas vraiment, donc on n’a qu’à dire que ça représente les litres de pisse déversés à chaque match. Le club a décidé de jouer en rouge lorsqu’un dirigeant a vu un match d’Arsenal en 1906, et qu’il a trouvé ça super bien. Un petit point sur le palmarès désormais, pour un club qui domine presque sans partage le football local depuis près de 30 ans. 20 championnats de Tchécoslovaquie, 8 coupes de Tchécoslovaquie, et 3 coupes Mitropa, la coupe des pays d’europe centrale. Ca c’est pour la section disparue. Dans l’ère moderne, c’est 11 titres de première division sur 20 possibles, 5 coupes de Tchéquie, et 1 trophée des champions local. Bref, les années noires en seconde division sont assez loin. Sur la scène européenne, c’est pas très brillant, vu que le club n’a pas atteint les quarts de finale des principales compétitions depuis 1985. En Coupe des coupes? Une demi-finale qui date de 1973. La dèche donc. A noter, que le Sparta est dans le groupe de Lyon en Europa league cette année, et qu’ils viennent de taper l’Athletic Bilbao. Niveau grand joueur, on parlera des passages de Pavel Nedved, Petr Cech, Tomas Rosicky, Ivan Hasek et le géant Jan Koller pour les noms connus de par chez nous. Dans l’effectif de cette année, aucun nom réputé du grand public.

SK Slavia Praha : La section football du Slavia a été crée en 1896, 4 ans après celle du club où le cyclisme a d’abord dominé. Oui, comme à SoFoot et L’équipe. Club rival du Sparta, le premier derby fut si tendu que les deux équipes mirent 12 ans avant de s’affronter de nouveau. Faut dire que le Slavia est le club de l’élite, et qu’affronter des prolos, ça la fout mal. Donc ne pas confondre en société, au risque de finir dans la Vtlava. Sinon, SK, c’est pour Sportevni Klub. Ils n’ont pas échappé aux changements de noms entre 1948 et 1991. Les couleurs, c’est blanc pour le fair-play et l’olympisme, et rouge pour le cœur. Ce qui est bien c’est que c’est aussi les couleurs slaves traditionnelles, et que le mélange des deux symbolise la dichotomie de la vie. Merci Wikipédia. La signification de l’étoile rouge ? C’est le symbole de l’espoir et du bon esprit. Mais ça, Porthos Molise le sait suffisamment. Passons au palmarès. Moins fourni que celui du Sparta mais pas dégueulasse non plus. 13 championnats Tchécoslovaque, mais aucune coupe. Aïe. Bon après, il y a les titres à l’époque de Bohême-Moravie, mais c’est un peu trop technique. Une coupe mitropa aussi. Depuis la création du championnat tchèque, 3 titres et coupes. Aucune performance notable en coupe d’europe. Au niveau des noms ronflants, on a Radek Bejbl, Karel Poborsky, Vladimir Smicer, et Patrick Berger, un mec qui a aussi joué au Sparta. Et cette année ? Personne aussi.

FK Dukla Praha : Bon, le Dukla fut un club historique, créé en 1948. Mais celui qui évolue en première division aujourd’hui bénéficie d’une filiation contestable à son glorieux prédécesseur. Un petit club de Prague a tout simplement repris le nom et s’est attribué son palmarès. La magie du football de l’est que voulez-vous. En fait, le Dukla, c’était le club de l’armée, et comme par hasard, il a construit son palmarès de 1956 à 1991. Comme par hasard également, il n’a pas eu à subir de multiples changements de nom. Au final ça fait 11 championnats et 9 coupes de Tchécoslovaquie pour le club rouge et jaune. Le club a connu quelques belles épopées en coupe d’europe, mais rien de flamboyant non plus. Après la révolution de velours, c’est le déclin sportif et financier, la fusion avec le club d’un bled à 60 kilomètres de Prague, une dernière finale de coupe en 1997 et la disparition dans l’anonymat jusqu’à ce que le Dukla Dejvice s’installe dans le stade historique du club et adopte ses couleurs et son nom. Le club remonte en 2011 après avoir été sacré champion de Druha Liga. Au niveau joueur, on notera le passage de Pavel Nedved.

  Druha Liga

FC Bohemians 1905 : Considéré comme le club le plus populaire de Prague, le club a tout pour faire rêver. Un kangourou sur l’écusson par exemple. Pourquoi donc ? Parce que lorsque le club a fait une tournée en Australie (où ils prirent le nom de Bohemians) en 1927, ils en ont ramené deux. Un président qui a une certaine classe aussi, vu qu’il s’agit de Monsieur Antonin Panenka, bien connu de Mickaël Landreau. Le club a donc été créé en 1905 sous le nom d’AFK Vrsovice, joue en vert et blanc, s’est bien évidemment tapé quarante-six noms différents, pour 1 championnat et 1 coupe de Tchécoslovaquie. L’année du titre, 1983, ils atteindront également la demi-finale de l’UEFA. Pour continuer niveau club qui attire la sympathie, on  précisera que les supporters se sont cotisés en 2005 pour que leur club évite la faillite, lui permettant de repartir de 3^e division, et de remonter deux ans plus tard. Mais le club a été relégué à la fin de la saison dernière. Niveau joueur, seul Panenka vous dira vraiment quelque chose, mais je sous-estime peut-être la connaissance du football Tchèque de certains.

FC Bohemians Praha : Voilà un club qui ne fera pas démentir les clichés sur les présidents fou à l’est. C’est l’histoire d’un petit club de Prague fondé en 1996 qui s’appelle le FC Strizkov Praha 9 (autant dire que c’est pas l’endroit le plus connu des touristes).  Le club n’a aucune histoire, aucun palmarès. Alors quand les Bohemians Praha sont au bord de la faillite, BIM, Monsieur le président saute sur l’occasion pour racheter nom, couleurs et logo du club en disparition, l’obligeant à se renommer 1905 une fois sauvé. Le club a connu la première division mais a été relégué directement en 3^e division après avoir refusé de payer une amende que la ligue leur avait donnée lorsqu’ils avaient refusé de jouer un match contre les 1905, et avaient accusé un autre club de trucage. Oui, c’est un sacré bordel. Attention donc à ne pas faire la confusion, et à ne pas se revendiquer supporter des mauvais Bohemians. Enfin, vous aimez peut-être la folie.

Viktoria Zizkov : Un sympathique petit club, d’un sympathique quartier de Prague. Il fut le seul dans les années 1920 à contester la suprématie des deux grosses équipes de la capitale, et en profita pour remporter le championnat en 1928. Le club créé en 1903, et qui joue de manière très originale en rouge et blanc, a également remporté 6 coupes nationales, la dernière en 2001. Le club vit désormais dans un relatif anonymat, et fait l’ascenseur depuis le début des années 2000.

Voilà, les présentations sont faites. J’essaierai donc d’aller au plus de matchs possibles et de vous faire un compte-rendu complet sur l’ambiance, le stade, le match, la bière, la qualité de la saucisse, celle qu’on mange, pas celle qu’on met dans le cul (quoique…), à commencer par le Sparta-Banik Ostrava d’hier. J’espère qu’ainsi, vous, les amateurs de foot  qui viendront à Prague, auront envie d’assister à un match. Je pense que c’est plus intéressant que de faire une réelle académie sur le championnat Tchèque, car vous comme moi, nous nous en foutons royalement. Si vous venez dans le courant de cette année, n’hésitez d’ailleurs pas à me contacter, je me ferai un plaisir de vous guider footballistiquement dans Prague (les astuces pour les soirées, je les garde pour moi, et je vous emmerde.)

Kiss anál,

Tristanec Bourrepifèc