Sochaux – Montpellier (0-2): La Paillade Académie met de l’huile
Petit homme, dans la vie il faut que ça glisse
-Relève la tête, Fils, et dis moi ce que tu vois.
-L’horizon, Père.
-L’horizon, Fils. L’incertitude des dieux.
Un avenir qu’on te dessine au fusain sur une feuille blanche de tout soupçon, c’est acceptable, certes, mais admirable, jamais. Toi qui cours sans cesse vers le lendemain, te promettant à tue-tête que tout se résolvera par l’amour, par l’argent peut-être ou par le sang, écoute. Ecoute ton âme qui se repose au creux de ton ambition, et ouvre les tympans de ton esprit pour ne plus rester ce ravi muet d’amour et de terre d’ocre.
Moi c’est la terre d’Oc qui dicte ma ligne de vie, imprégnée au fer rouge sur ma paume de besogneur. C’est le Sud qui me forge et me retaille de son suc paisible, oxydant mes doutes, cristallisant mes forces pour bannir mes faiblesses. C’est ce que le Sud a fait de nous : des hommes braves, torse droit, torse poil, torse à dés. Et tenaces, surtout.
La dernière pluie ne nous a pas donné la vie à nous, les vieux singes. Et pourtant, nous grimaçons, sacré nom d’un petit bonhomme en mousse.
Et la peur nous saisit comme la tramontane sur le visage du marcheur, au loin là-bas, un soir de fête de la musique, cherchant desespérement une animation dans un patelin trop engoncé par le temps qui passe. Cette peur-là, cette peur du vide, de la descente vertigineuse vers un passé qui rendrait l’amnésie parfaite et entendue, elle parcourt nos tripes à la vitesse d’un cheval sur un capot rouge, elle possède notre intérieur comme un gardien de phare son estuaire. Elle nous dévore, patiemment, méticuleuse et chirurgicale, pour ne laisser sur nos cadavres que les miettes de nos espérances, restes frugaux d’ambitions naquises là-bas, au pays fastueux des temps bénis.
Mais dans l’espace-temps vaporeux de ces temps obscurs, il y a parfois certains rais de lumières qui parviennent jusqu’à nos rétines de condamnés, enflammant la pénombre. Il y a ces étoiles qui brillent encore derrière la brume, attendant fidèlement qu’on puisse les atteindre. Certains soirs qui nous donnent un baume au coeur qu’on croyait égaré, certains soirs comme celui de samedi.
Sochaux, 20h20. Un homme court le long de la ligne de touche, heureux comme un prince le jour du sacre, il a marqué, il a donné de l’air à une patrie entière, il est fier. Il regarde le ciel comme s’il lui devait le soubresaut soudain d’un talent parti aux champignons depuis des lustres. Personne ne crie, personne ne laisse éclater sa joie car le soulagement est trop beau pour être altéré. 21h35, toujours à Sochaux. Un homme de couleur sombre en enlace un autre. Ils ne sont pas Nîmois, ils célèbrent un but qui scelle définitivement le sort d’un match qu’ils vont remporter. Ils ont réussi à étouffer un adversaire qui n’en demandait pas moins pour sombrer un peu plus. Ils n’ont pas forcément joué de manière magistrale, mais ils ont eu du courage, ils n’ont pas lâché, s’extirpant du piège franc-comtois, la con de toi, con moi? Contout. Ils ont offert l’espoir, ce sésame du bonheur, gardien imprenable des rêves.
Et voilà le brouillard qui se dissipe l’espace d’un instant pour laisser entrevoir des jours meilleurs, là-bas, tout droit vers l’horizon, vers l’incertitude des dieux.
Les notes :
Jourdren (3/5) : il s’est bien fait chier, tant mieux.
Deplagne (2/5) : Zazou au pays des lionceaux.
Hilton (3/5) : de beaux gestes défensifs, y compris devant les buts adverses.
El Kaoutari (3/5) : contre des bouchers et des tocards du niveau de Jordan Ayew (le busard pas capable de marquer, seul au second poteau, contre le FC Sète en CFA2), y a pas de problèmes.
Congré (5/5) : il est génial, achetez-le!
Stambouli (4/5) : il ne lâche jamais rien, et pousse l’esprit de clocher jusqu’à saluer un certain Jocelyn pour son anniversaire, et lui recommander de « bien profiter à Uzès ». Populiste.
Sanson (3/5) : il a failli marquer le but de la saison et mourir lors du même match : ascenseur émotionnel mes couilles.
Marveaux (3/5) : match propre, il n’a pas hésité à apporter le danger dans le camp adverse et fut à l’origine du deuxième but pailladin.
Mounier (3/5) : son meilleur match de la saison lui vaut un 3, parce qu’il faut pas non plus déconner.
Cabella (3/5) : il en a parfois trop fait mais, décidément, quel talent : il n’y a qu’à voir cette action dans la surface, quand il enchaine passement de jambe diabolique et ballon astucieusement lobé; malheureusement Kro était en forme.
Niang (3/5) : talentueux mais un peu boudeur et fainéant; attention à ne pas se transformer en Jordan Ayew.
Les remplaçants :
Camara est entré, a fait, dans la foulée, une passe décisive pour Tiéné qui était entré avant lui : bravo monsieur Courbis. Entrée de Saihi aussi, plus anecdotique.
A part ça:
– Emmanuel Herrera est parti en prêt aux Tigres de Monterrey, Mexique. Enfin, il est parti.
– Première victoire à l’extérieur pour Montpellier. À la … 21eme journée. Saison de merde vous avez dit ?
– Un accord aurait été trouvé avec Newcastle en vue du transfert de Cabella. Transfert qui, selon Nicollin le Jeune, n’interviendrait pas avant juin. En fait Rémi, t’es Nîmois avec Mapou c’est ça ?
La bise, méridionale et vigneronne,
Loulou et Marcelin.