Toulouse – AC Ajaccio (1-0) : dernier déplacement de la saison pour I Sanguinari

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L’histoire retiendra que ce 26e et dernier déplacement de 2017/2018, à Toulouse, fut l’un des pires de la saison. Et pas seulement à cause de la non accession en Ligue 1.

Les deux matchs de barrages contre Toulouse devaient être une fête. Ils ont finalement été le malheureux point final d’une saison feu d’artifice. Après le match à huis-clos délocalisé que j’ai vécu en tête à tête avec un ultra toulousain, voici que le retour a été gâché par l’absence de fans ajacciens, toutes les compagnies de bus de la région toulousaine refusant de prendre en charge les méchants supporters corses. Alors que deux avions et des départs d’un peu partout du continent étaient prévus, c’est finalement une petite trentaine d’ « ultras » qui s’est massée dans le parcage visiteurs du Stadium.

Mais avant d’en arriver là, on a dû passer par bien des étapes. Tout a commencé avec la 106. En remontant de Montpellier après avoir assisté à ACA-TFC, un étrange bruit de ferraille a fait son apparition à chaque freinage. C’est donc la mort dans l’âme que j’ai laissé la 106 au garage pour cet ultime déplacement. Les 4h30 de route se font tranquillement. Deuxième défi : trouver le parking et le parcage visiteurs.

Vous allez me dire que les stadiers sont faits pour ça, qu’ils vont parfaitement me guider et que je serais garer en moins de cinq minutes. Et bien détrompez-vous. Je leur demande gentiment : « Où est le parking visiteurs ? ».

La réponse du premier stadier interrogé ? « Yé sé pa » (il ne parlait pas trop français).

La réponse du deuxième stadier interrogé ? « Il n’y a pas de parking pour les visiteurs ici ».

La réponse du troisième stadier interrogé ? « Alors là vous allez à gauche, puis à droite et ce sera tout droit ».

Je suis ses consignes et trouve un stadier sur mon chemin.

La réponse du quatrième stadier interrogé ? « C’est pas là du tout. Faites demi-tour, puis à droite. Et là vous venez de franchir une ligne blanche, c’est 4 points sur le permis. Il y a les flics là-bas, je peux vous dénoncer si vous voulez. Allez rouler ! ».

Je suis ses conseils et je me retrouve face à un nouveau stadier.

La réponse du cinquième stadier interrogé ? « Désolé, je ne sais pas du tout ».

Je repasse devant le premier stadier, qui ne sait toujours pas où est le parking visiteurs. Puis je tente ma chance une dernière fois avec un stadier que je n’avais pas encore interrogé.

La réponse du sixième stadier interrogé ? « Généralement, les visiteurs se garent là-bas », en me montrant un parking en face qui s’avère ne pas être du tout le parking visiteurs. Alors que je m’apprêtais à aller me suicider en me jetant dans la Garonne, je croise John, Karina et Adrien, d’autre supporters acéistes, accompagnés d’un stadier. Celui-ci sera notre sauveur. Afin de bien nous guider, il montera dans l’une de nos voitures, nous fera passer les différents barrages et nous fera arriver au parking visiteurs en moins de deux minutes. Merci monsieur, vous êtes grand, sans vous nous serions toujours en train de chercher.

Il est 20h et les CRS nous font nous garer sur le parking. Ils sont cinq ou six et vont fouiller de fond en comble nos trois voitures, retournant même nos roues de secours. Ils fouillent également nos sacs, déplient la bâche, et après s’être énervés contre Adrien qui avait un fumigène dans sa voiture (qu’il ne voulait absolument pas faire rentrer dans le stade), ils finiront par nous laisser reprendre nos voitures pour nous garer quelques mètres plus loin. Une nouvelle palpation nous attend. On se rend à la porte du parcage visiteurs où nous serons une nouvelle fois palpés très profondément. Les stadiers sont extrêmement antipathiques avec nous, scrutent le moindre détail de nos sacs, bâches, drapeaux et décident de confisquer une bâche et un drapeau appartenant à Adrien, sans aucune raison. Après quelques tensions, nous voici enfin arrivés dans le parcage visiteurs. Il est bien 20h45.

C’est la première fois en plus de 115 déplacements que je vis une fouille aussi poussée, aussi chiante et aussi ridicule. Veut-on nous faire payer les incidents contre Le Havre ? Le préfet a-t-il demandé des renforts pour nous accueillir, nous pauvres supporters acéistes ? Si c’est vraiment ça la Ligue 1, autant de sécurité et autant de stadiers relous, non merci, je suis bien en Ligue 2.

Bâcher un métier à risques. Là je venais de traverser un siège, me laissant une énorme bosse sur le tibia.


Il est l’heure de bâcher. Et comme à Saint-Étienne ou dans d’autres stades, un bac+5 en bâchage, un BEP manutention et un doctorat en escalade sont nécessaires. Surtout que l’orage s’abat sur nos têtes comme jamais. Après une bonne dizaine de minutes, les bâches sont mises en place, et nous, nous sommes trempés. Le match peut commencer. Nous sommes une dizaine en parcage visiteurs : John et sa femme, Adrien (sans son fumi, ni sa banderole, mais avec son mégaphone), Maxime, moi et des inconnus. Et c’est officiel, il y a plus de stadiers et de membres de la SIR (section d’intervention rapide) que de supporters acéistes. Bon, la SIR n’a pas l’air dangereuse, ils passent leur temps à prendre des selfies.

Le début de match est mouillé mais tranquille. On agite nos drapeaux et on essuie des taquineries de la part des supporters toulousains. On entend des « Bastia, Bastia » et des « Vous êtes tous des Français de merde » lancés vers nous. C’est de bonne guerre. Heureusement, la sécurité nous apporte son soutien. Même si on s’en serait bien passé. L’un des stadiers nous dit : « Tout le monde est contre vous les Corses, sauf nous, nous on doit être neutre ». Ce à quoi l’un de ses collègues répond : « Non, moi je suis avec eux ! Forza Corsa ! ». Ouais, sauf que Corsa, c’est l’Opel, nous, c’est « Corsica ». Mais passons.

Au loin, en tribune latérale, nous voyons un petit groupe de mecs sous la pluie avec des maillots de l’ACA. Qui cela peut-il bien être ? Nous aurons la réponse rapidement puisqu’on les voit descendre de leurs places et commencer à faire une chenille endiablée en notre direction. Finalement, ils nous rejoignent en parcage visiteurs. Il s’agit en fait du fan club de Jérôme Hergault. Tous ses potes, rencontrés sans doute lors de son passage dans le Tarn puis à Luzenac de 2004 à 2014, sont venus le voir jouer. Et ils n’ont pas oublié de prendre leurs maillots floqués Hergault. De 11, nous passons à une grosse vingtaine dans le kop. L’ambiance se réchauffe d’un coup. Surtout que les membres de fan club de Hergault n’ont visiblement peur de rien. La preuve, ils sont venus en tong et en short alors qu’il pleut comme vache qui pisse.

John se fait un plaisir de les chauffer encore plus en lançant des chants à la gloire de l’ACA et de Jérôme Hergault au mégaphone. De quoi s’occuper, sachant que, sur la pelouse, se joue un match pas franchement animé.

C’est l’heure de la mi-temps et donc du fameux casse-croûte. Je me précipite vers la buvette et le vendeur me dit « Il n’y a plus de sandwichs, il n’y a plus que de la pizza, ou des Snickers ». Il se fout de notre gueule ? Non, même pas. Cette buvette est normalement attribuée aux visiteurs et il n’y a déjà plus rien à manger alors qu’aucun supporter de l’ACA n’est encore venu se servir ? Étrange. Notre choix se dirige donc vers une part de pizza.

Les + :

  • La part (un quart de pizza environ) est plutôt riche en fromages
  • Le fromage de chèvre a du goût

Les – :

  • Aucun choix
  • La quantité : il restait 5 parts de pizzas pour près de 30 supporters
  • La pâte à pizza était fine et le tout pas franchement bourratif
  • 7€50 la part de pizza et le Coca ! (!!!!)

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2/barrages : 1/5. Nous ne sommes pas loin du foutage de gueule. Aucun respect du supporter visiteur. Pourtant, je suis sûr que les sandwichs auraient été bons (s’il y en avait eu, bien entendu).

La mi-temps est également l’occasion de rencontrer des Parisains, des supporters du PSG vivant à Toulouse. Cette nouvelle espèce de personnes m’avait contacté sur Twitter pour un échange de sticks. Une rencontre très sympa, interrompue par des stadiers, qui viendront nous « séparer », la sécurité ne voulant pas que des supporters locaux et visiteurs ne se parlent. Quelle tristesse.


La deuxième période reprend, le match est toujours aussi chiant, la pluie continue à tomber et le fan club de Jérôme Hergault ne cesse de chanter et de danser dans les tribunes. Au final, Jimmy Durmaz ouvre le score à la 89e et vient enterrer les minuscules espoirs acéistes. L’arbitre de la rencontre siffle la fin du match, et de la saison. Les joueurs de l’ACA ne prendront pas la peine de venir nous saluer de près, certains se contenteront d’un petit signe de la main de loin. On a à peine le temps de dire adieu aux joueurs que les stadiers reviennent nous emmerder, nous demandant de presser le pas pour sortir. On peut même plus être tranquille, merde. Après quelques coups de pression, nous voici sortis du parcage, de retour dans le parking. Là encore, un stadier viendra nous demander de vite partir. PUTAIN MAIS MERDE LAISSEZ NOUS RESPIRER DEUX SECONDES !

Un petit détour par le bus des joueurs, des petites discussions avec les dirigeants et nous voilà repartis. Mon Grand Chelem 2017/2018 se termine ainsi, par une note amère, mais avec l’impression d’avoir réalisé quelque chose de fou et grand à la fois. On se retrouve très vite pour le bilan de cette saison.

Perfettu

PS : si les stadiers ou la sécurité ont été chiants avec nous, ce n’est pas le cas du Toulouse FC en lui-même, qui m’avait invité dans leur BetClicSuite. Merci pour l’invitation (que j’ai donc décliné), ce sera pour la prochaine fois.

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