Mon amour de toute ma vie,

Je ne doute pas que tu t’en sois rendu compte, mais comme je n’ai pas encore pris le temps de te l’avouer en d’autres occasions que dans le feu de l’action, je tenais à enfiler la plume pour te l’affirmer encore : je ne nous ai jamais trouvés aussi beaux. Je plâne continuellement depuis jeudi. Je crois que le sourire m’est gravé sur le visage au point que même mes collègues de boulot m’appellent « le plus heureux ». Je dois reconnaître que, quelque part, une bonne partie de moi, sans doute la meilleure, est restée au Roazhon Park. Au moindre moment d’accalmie d’une journée, je me sens fredonner « allez Rennes » ou « je suis tombé fou de toi ». A mi-chemin entre le bonheur de jeunes amoureux et un giga-trip sous LSD, j’ai découvert, seul avec 30 000 personnes, le parcours vers le kiff ultime d’une vie de supporter : une épopée en coupe d’Europe avec toi.

Il faut dire que l’affiche prêtait à rêver. Arsenal, purée ! Plus fort que « comme un symbole… votre avis Arsène ?» Le club de David Seaman et sa tronche de pilier de comptoir qui me faisait déjà bien marrer enfant. Le club qui a eu l’immense chance de compter Dennis Bergkamp parmi les siens, qui représente l’apothéose de la carrière de notre Nino Wiltord à nous et la pré-retraite de notre petit mais Grand Petr. Le club de la légende Thierry Henry. Ah non, ça, j’en ai rien à foutre. Mais le club de mon grand frère spirituel et de celui de tous ceux qui ont pris le temps, rien qu’une fois, d’écrire une académie sur Horsjeu.net : Warren Tuppett, premier académicien du site à la limite du footballistiquement correct.

Rennes-Arsenal ! Quelle affiche ! On dirait une de mes nombreuses Ligues des Masters dans PES. Et j’assiste à ça de mon vivant ! Rien que pour ça, j’ai envie de te dire merci… Même si Sabri, c’est fini, mais comme on dit dans le phare-ouest : « Juju Stéphan, t’astiques ! ».

D’autant que contrairement à certaines scènes de porno que j’ai essayé de reproduire, la réalité est cette fois encore plus belle et plus folle que la chaleur de mes fantasmes.

Je chérirai longtemps ce 7 mars, où dès ton apparition dans un bus rouge, tu m’as ébloui et plongé dans la douce mélodie d’une journée parfaite. Puis sont passées les bières et les visages connus, certains revenus de nulle part mais qui n’allaient pas rater l’évènement pour autant ; les premiers applaudissements ou cris affichant notre indéfectible amour et notre joie d’être de la partie ; mais surtout les triples orgasmes que peuvent représenter chaque pénétration du but anglais. Je peux te l’avouer, mon Stade Rennais, footballistiquement, j’ai joui comme jamais.

J’ai repensé, aussi, à toutes ces merdes que tu m’as fait avaler, tel une tête aigre de Fauvergue dans les arrêts de jeu d’une trentième-huitième journée ou te voir défoncé dans le demi à la Quevilly… Et je me suis dit qu’elles ne pesaient que peu face à l’immense bonheur que tu as pu m’apporter depuis ce jour et dans lequel je suis toujours. Une petite visite de mon téléphone et de son appareil photo suffirait à le rappeler. Pourquoi m’empêcherais-je de regarder de nouveau et alors que je peux être n’importe où l’œuvre de Benjamin Bourigeaud alors que je dois faire partie des 29000 privilégiés à avoir pu le filmer avec son propre 06 (ancêtre du 07 pour les plus jeunes, qui sont peut-être nombreux sur ces pages, je ne sais…) ?

Je retrouve peu à peu la voix, et je ne perds pas tout à fait la tienne. Je ne puis aller à Londres, mais c’est à ta santé, à ta gloire et en ton nom que je lèverai mes verres ce jeudi 14 mars. Ce nouveau jeudi que j’attends avec une certaine patience sans rien perdre de la béatitude dans laquelle tu m’as plongé. Je ne peux me départir de ce sourire niais. De ce regard bédavant. De cette demi-gaule armoricaine. De cette folle envie de faire l’amour tendrement à chacune de ces femmes que je croise pour lui faire un enfant, emmener ce dernier te voir jouer, lui faire découvrir le plus fidèle de tous les amours, et bien sûr, sentir un fond d’envie voire de jalousie lorsque je lui répéterai que j’étais là ! Jeudi 7 mars 2019 ! Quand nous avons écrit à presque 30 000 et 11 cette si belle page en rouge et noir.

Et tant pis si tout venait à s’arrêter un peu avant 23h. Si ta lose légendaire et ta fabuleuse faculté à rater tes rendez-vous avec l’histoire venaient subitement rappeler leur existence. Tu m’as seulement rappelé pourquoi tu m’as conquis, pourquoi je le suis encore, et pourquoi je le serai toujours. Et en brillant ainsi de mille feux rouges-et-noirs, tu as déjà conquis ton avenir. Une nouvelle génération d’admirateurs qui comprend la vraie signification de SRFC : Seul Rennes Fait Ça !

Mon Stade d’amour, je crois en toi plus que jamais. Je sais que toi seul peut encore malgré mon âge vieillissant, m’entraîner à faire la fête bien plus tard que la Soif ne s’arrête. Et avant que tu nous lances dans une nouvelle aventure continentale, je voulais encore te présenter ma plus grande gratitude pour avoir ce jeudi soir gagné pour nous.

Allez, allez, allez.
Allez, allez, allez.

Ton Roazh Takouer

5 thoughts on “Au courrier des lecteur·ice·s : le retour du druide

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