« Désillusion : Perte de l’illusion, sentiment de quelqu’un qui constate que la réalité est différente de celle qui était imaginée ; désenchantement, déception, mécompte. »

Mon dernier déplacement en Ligue 2 remontait au 28 février 2020, à Valenciennes, soit il y a 204 jours exactement. Alors vous imaginez que ce match à Grenoble était attendu. Très attendu. Peut-être trop. C’est avec excitation, mais fatigue, que j’ai pris la route, en 106, dès 10h du matin. Le GPS affichait un trajet de 5 heures, à travers diverses nationales et autres départementales. Auparavant, j’avais contacté le GF38 pour savoir à quelle sauce I Sanguinari allait être mangé. Résultat : le parcage visiteurs du stade des Alpes ne nous sera pas ouvert (alors qu’il avait été ouvert contre Toulouse). Bref, en cette période particulière, j’accepte la sentence, avec le mince espoir qu’un contre-parcage nous soit proposé sur place. En plus, mon interlocuteur au GF38 me propose gentiment de m’offrir un billet de match, ce que j’accepte avec plaisir, bien évidemment.

J’arrive en avance à Grenoble et je peux en profiter pour visiter la ville au volant de mon bolide, qui m’amène même jusqu’au Carrefour Grand’Place d’Échirolles pour faire quelques provisions. Le temps est gris, la ville ne m’inspire pas confiance et j’ai dû mettre un quart d’heure pour sortir du parking de Carrefour, véritable labyrinthe. J’avais ensuite rendez-vous avec Thomas, un supporter grenoblois, à La Bobine, pour échanger et surtout pour boire une petite bière en terrasse, au son inaudible et insupportable de mecs qui ont dû se faire recaler aux castings de The Voice, Nouvelle Star et même Popstar.

Il est 18h : l’heure de rejoindre le magnifique Stade des Alpes, élu par mes soins meilleur parcage de 2019/2020. Et devinez quoi : je me suis perdu. Là encore à cause de la fatigue, des courtes nuits du bébé et de l’inhabitude d’aller ailleurs qu’en parcage. J’y retrouve un autre supporter acéiste et on se dirige vers la tribune Nord. À la fouille, une stadière (ça se dit ?) ouvre mon sac de l’ACA et y voit un petit drapeau rouge et blanc, que j’avais pris au cas où. Plutôt que d’être discrète pour éviter des problèmes, elle a allégrement sorti le drapeau et l’a montré à tous les gens autour. Heureusement que les Grenoblois sont sympathiques. Une fois la fouille passée, on prend place dans la tribune. Pour ce match, Olivier Pantaloni a concocté une composition inédite, en 4-4-2, avec notamment la première titularisation en Ligue 2 de François-Joseph Sollacaro, gardien de 26 ans made in ACA.

Figurez-vous que j’ai très mal vécu le fait de ne pas être en parcage visiteurs. Si je me déplace pour encourager mon équipe préférée, c’est pour être debout, en parcage visiteurs, entouré des miens, à chanter et crier ce que je veux, quand je veux (même si je ne suis pas le plus démonstratif et le plus fou du monde), après avoir déplié la bâche du groupe. Pas pour être assis, sans afficher mes couleurs, la mort dans l’âme, entouré de supporters adverses. Ce soir-là, j’ai été triste, dépité. Ce que l’équipe a montré sur le terrain ne m’a pas aidé à aller mieux, même si Gaëtan Courtet a fait du bon boulot, par exemple. L’adversaire a bien su jouer les coups, avec notamment un Moussa Djitté en forme et impactant. En revanche, le milieu grenoblois Charles Pickel est le joueur le plus DÉTESTABLE que j’ai vu jouer : il a passé son temps à gueuler sur ses coéquipiers, sur nos joueurs, à critiquer l’arbitrage, à crier comme s’il se transformait en Venom, comme s’il était fou (et en plus, il est pas bon).

Bref, je préfère retenir la prestation de FJ Sollacaro, qui s’est mis en avant avec de bonnes anticipations et de bonnes sorties aux devants des attaquants adverses, notamment une sortie de la tête risquée mais réussie. À la pause, l’ACA était menée 1-0. Direction les chiottes, pour digérer cette bouillie de football.

Les toilettes du stade des Alpes de Grenoble sont plus que potables. Le stade étant assez récent, les infrastructures sont neuves, ou presque. Il y a tout ce qu’il faut : des chiottes, des pissotières, une triple-vasque, de l’eau, du savon, des chiffons déroulants propres (mais peut-être pas très covid-friendly), du PQ. L’ensemble est propre, mais moins qu’en parcage visiteurs, sans doute parce qu’il y a plus de passage ici. Note : 3,75/5.

Avant d’aller tester les chiottes et la buvette, j’ai eu droit à une petite mésaventure. Au moment de me lever de mon siège, j’aperçois que le stadier posté pas loin de nous me regarde fixement depuis plusieurs secondes. En montant les marches, je vois qu’il me suit. Arrivé dans coursives, il m’interpelle, suspicieux : « Hey, tu as quoi dans ton sac à dos là, montre-moi ». Ma réponse : « Je suis supporter de l’ACA, j’ai rien d’extraordinaire, un petit drapeau et un appareil photo ». Je le vois déçu de ne rien trouver d’illégal et de dangereux dans ma besace. Il me lance :

« – Qu’est-ce que tu fais là ? Les supporters de l’ACA n’ont rien à faire là.

– Bah en fait, le parcage visiteurs est fermé et c’est le GF38 qui m’a offert une place ici.

– Ah oui, d’accord. Bouge pas, je vais appeler mon chef ».

Dans la foulée, il passe un coup de talkie à son chef, un grand costaud, qui débarque. Je lui explique mon cas, en disant que le parcage est fermé, qu’un contre-parcage nous a pas été proposé et qu’on est deux supporters sympathiques et tranquilles. Le patron, très gentiment, me conforte dans mes idées et me dit qu’on peut rester à nos places, qu’il faudra juste faire attention à la sortie, car certains supporters grenoblois pourraient faire chier (spoiler : personne nous calculera). Au final, le premier stadier suspicieux me prend à part et me dit « Ah mais c’est pas toi qui fait des vidéos ? ». Tout ça pour ça.

Je profite qu’on me laisse tranquille pour aller à la buvette. Avec ces péripéties, le match a repris depuis cinq minutes quand je me pointe demander de la bouffe. C’EST L’HEURE DU CASSE-CROÛTE !

Les + :

  • Il y a plusieurs choix de boissons, et pour les collectionneurs, il y a des gobelets réutilisables.
  • Il y a la possibilité de prendre des chips.
  • Mon choix se porte sur un sandwich au thon. Salade, tomates, mayo, thon… C’est bien garni et frais, très bon.
  • Le pain est moelleux et pas étouffe-chrétien.

Les – :

  • À la 50e minute, il n’y avait déjà plus que des sandwichs au thon, plus rien d’autre.
  • Je croyais avoir droit à de la vraie bière, mais c’était visiblement de la bière sans alcool bien fade. Ou alors c’était de la bière alcoolisée dégueulasse. Mystère.

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2 : 3,75/5. Une chose est sûre : la buvette du stade des Alpes domine le game des sandwichs froids en Ligue 2. Le sandwich était bien garni, frais, pas délicieux mais presque. L’accueil a été sympathique. Pour une bière, un gobelet et un sandwich, la note a été de 7,5 euros, c’est raisonnable. On regrette toutefois l’absence de nourriture chaude. Bref, on aurait aimé voir ce que nous aurait proposé la buvette du parcage.

De retour à ma place, j’ai pu entendre mon collègue acéiste vanter les Grenoblois, ou pas : « Nestor c’est Éric, Pickel c’est Ramzy ». C’est la seule chose qui me fera sourire en cette seconde période, plutôt triste, avec des Grenoblois réalistes. Tout le contraire des Acéistes, malheureux. Quand rien ne va, rien ne va : à la fin du match, suite à quelques méformes/blessures/changements, l’ACA a fini avec une ligne défensive plus qu’inédite. Mohamed Youssouf, venu à l’ACA pour jouer milieu droit, a fini latéral gauche, Tony Njiké, petit milieu de terrain défensif, a terminé défenseur central et Abdoulaye Keita, qui n’avait pas joué depuis un an et demi, a pris le poste de latéral droit, lui le milieu défensif. Le seul défenseur de métier était Cédric Avinel. Vivement que tout le monde revienne. Vivement que tout le monde soit sur pied. Vivement qu’Olivier Pantaloni puisse poser son équipe-type. On a peut-être perdu trois fois en trois matchs, mais on reste optimistes : l’ACA va vite remonter au classement (et Moussiti-Oko va planter but sur but).

Ma 106 était encore sur ses quatre roues quand je l’ai retrouvée après le match. Elle a même assumé les 5 heures d’autoroute (oui, j’ai pris l’autoroute pour pouvoir dormir plus vite) du retour. On se retrouve rapidement pour un nouveau déplacement, qu’on espère plus heureux. À L’OURS !

Perfettu

1 thought on “Grenoble – AC Ajaccio (2-0) : se déplacer en temps de Covid-19

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