Nancy-QRM (1-2) : La Chardon à Cran académie attend la mort.

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Sans même plus espérer tirer un coup.

Tomblaine, an 25 000 après PC.

KGLZZ n’a pas fait part de la moindre de ses intentions à qui que ce soit. Son comportement est resté le même du réveil au coucher : lever aux aurores, entraînement physique le matin, récupération, déjeuner léger à midi, décompression en salle de repos, puis séance tactique avec l’entraîneur numérique, séance libre au gymnase (souvent il privilégie les coups-francs, source de nombreux buts à deux points), et enfin récupération en caisson de kinésithérapie. Son unique heure de détente de la journée, consacrée à des loisirs banals sous l’œil toutefois de la caméra d’IMRSAF, son entraîneur, est consacrée à donner aux vêtements officiels de la FENGE, offerts par le club, une allure parfaite en vue des prochaines sorties. Aux yeux de son entraîneur, KGLZZ est pris d’une lubie tout à fait classique chez les footballeurs de son âge : il devient coquet. Il soigne sa coupe de cheveux, lui appliquant frisottis et dégradés à la mode suivant son humeur du jour, décolorant ou colorant un côté, un motif d’oie (esprit de club oblige) ou toute la tête, porte tatouages, bijoux, lentille multicolore à son œil unique, tout ce que le club lui autorise et accepte de mettre gratuitement à sa disposition.

Mais tout ceci n’est qu’un leurre. KGLZZ a bien compris que ces faux-semblants constituaient la meilleure feinte de sa jeune carrière et que cette feinte devait être infligée à son entraîneur. Pas qu’il le méprise, le déteste ou cherche à s’épancher sur le rôle qu’il lui réserve dans l’équipe, non. Simplement, KGLZZ a décidé de quitter le centre de formation Benoît Pedretti pour de bon. Il veut aller à la rencontre du monde extérieur, et voir de son œil ce dont Canard le dématérialisé lui a longuement parlé lors de ses dernières apparitions. Plier des vêtements et se maquiller comme un pantin des réseaux ne prend finalement pas tant de temps que cela. Les précieuses minutes qui lui restent sur son heure consacrée aux loisirs, KGLZZ les utilise pour fomenter son évasion, en bonne intelligence avec Canard, qui lui apparaît toujours sous la caméra, pour ne pas être vu. Après ces heures de discussion, KGLZZ, ou plutôt Lapin, comme Canard s’acharne à l’appeler, prendra le chemin de la vie réelle, de la vie du dehors. Il abandonnera ballons, terrains et protège-tibias pour tenter de découvrir la vraie nature du football professionnel, sans passer par le circuit obligatoire du centre de formation étatique. Et qui sait ? Peut-être en découvrira-t-il un peu plus sur ces prétendus parents dont Canard lui a parlé, lui à qui l’on a toujours affirmé qu’il n’était qu’un clone parmi d’autres.

Le grand jour est arrivé. Lapin et Canard ont convenu de la date du 18 mars, communsymbole d’échappée belle. Lapin a parfaitement aligné ses vêtements dans son sac, comme il a pris l’habitude de le faire tous les jours pour ne pas éveiller l’attention de l’entraîneur. Il est coiffé, maquillé et apprêté de manière discrète, de sorte que l’on ne puisse pas croire au dehors qu’il vient du centre de formation. Canard lui a fourni toutes les informations pour qu’il puisse rapidement trouver où se loger, se nourrir, se reposer une fois son évasion consommée. Il est désormais temps. Tout sera révélé.

Ce matin-là, tout est calme dans les coursives baignées de lumière du centre Benoît Pedretti. KGLZZ ne rencontre aucune difficulté à s’extraire de sa chambre, dont la serrure était cassée avant même son installation au centre (la date lui échappe, n’y a-t-il pas vécu toute sa vie ? Ce souvenir est-il seulement réel ?). Sans un bruit, il se glisse sur la pointe des pieds, porté par la puissance de ses jambes graciles et l’agilité due à ses deux paires de rotules. Il va enfin franchir la porte dont Canard lui a récemment appris à crocheter la serrure rouillée (cela ne lui a pris que dix secondes – Lapin apprend vite), quand soudain, quelque chose le retient. Un inconnu d’une force herculéenne et d’une taille peu commune vient de le saisir par les hanches pour le soulever très loin du sol. Lapin sent ses jambes devenues inutiles battre l’air désespérément. Il fait désormais face à son entraîneur et un duo d’hommes sans mutations manifestes, vêtus des costumes de cuir et des casques anti-radiations typiques des très riches bureaucrates de l’État que chacun dans le club nomme « culs plats ».
« Il semble parfait, prononce l’un des deux.
-Oui acquiesce IMRSAF.
-Nous le prenons bien sûr, renchérit l’autre cul plat.
-Vous en serez très contents.
-Merci, IMRSAF. Peut-être pouvez-vous nous donner un conseil en ce qui concerne cette étrange tendance à prendre la poudre d’escampette au petit matin ? »
L’entraîneur prend un air mi-amusé mi-gêné. Sans quitter KGLZZ des yeux, il rétorque au fonctionnaire :
« Vous avez lu les petits caractères dans le contrat, c’est ce que vous faites. Vous connaissez les risques et désormais vous en assumez l’entière responsabilité. Il est à vous. Moi, mon travail est terminé avec celui-là. Puis s’adressant cette fois directement à KGLZZ : Félicitations mon grand, ta formation chez nous est terminée, tu vas pouvoir découvrir le haut niveau, veinard ! ».

On en reste là. Le colosse l’embarque comme un vulgaire sac à ballons, le fourre dans un véhicule à moteur, va se mettre au volant et démarre. Il n’a pas grand besoin de sommer KGLZZ de garder le silence, tant celui-ci est abasourdi par ce retournement de situation.


LES ZIGOTOS.


Sexe, drogue et 3-5-2.


LE MATCH en direct après déferlante alcoolémique.

-15 Ah que l’on aime ces matchs à enjeux contre un putain de 18e de ligue 2.

-5 On ne regrettera pas une seconde de nos petites vies de peinge-culs de n’être point Alsacien à Nancy, mais quand même, si cela avait été le cas, on aurait observé avec un intérêt plus vif encore la montée de QRM sur Bretzelburg.

1 Dalé engage, aussitôt après Nancy obtient un corner IL N’Y A PAS DE HASARD.

5 Tir lointain d’Abergel, le Saturday FC le remercie d’avoir offert un ballon si brûlant, c’est vrai qu’il fait frisquet.

7 Robic centre en force depuis son aile droite. Dalé est en bonne place pour voir le gardien lui chiper le ballon, mais voilà qui était intéressant à défaut d’être original.

11 Tir de 55 mètres de Clément bien capté par Hartock. Ah…on me dit que c’était une passe.

13 Et le but de Bassi ! Après un contre favorable, il dribble le gardien tel un Messi marocain parmi les millions d’autres et marque du gauche, bam ! 1-0.

18 Gros bordel dans la surface normande, ils s’en sortent de peu malgré deux saucisses de Koura.

22 Clauss n’est pas venu pour jouer à la Barbie, mais plutôt pour démembrer nos joueurs. Muratori est sa première victime, mais l’arbitre lui inflige un jaune, on ne sait jamais.

23 Mais déjà Badila n’est pas en reste et exige lui aussi son jaune débile ! Il le veut, il l’aura ! Il l’obtient de haute lutte en taclant parfaitement à la cheville un de ses adversaires ! Abruti.

25 Koura est encore servi pour le 2-0, mais il butte une nouvelle fois sur Hartock. Puis c’est au tour de Ndy de sortir une bonne parade pour empêcher le contre des Normands d’aboutir. Quel duel de grands blacks, on se croirait dans une production EurpaCorp.

29 Superbe défense « gros cul » d’un Rouennais qui finit par nous donner un corner en voulant protéger un ballon qui sortait.

31 Merde, Muratori s’est claqué le cul. C’est Bobby Fischer qui le remplace.

32 À peine entré, le jeune Fischer trouve Bassi qui combine avec Koura pour servir Dalé qui fraaaaaaaaaaaaaaape…c’est capté.

35 Et encore ce gardien de la mort sur un nouveau tir cadré de Dalé.

44 On s’emmerde.

46 Pour tuer le temps additionnel, Ndao (pas Ndy, suivez, un peu) tacle Robic et prend un jaune. Soit.

Mi-temps.

46 QRM relance la partie, sous la neige. Ce qui ne les empêche pas de tirer de loin, les bougres. Ndy s’interpose.

48 Et hop encore un petit jaune pour les jaunes hihihi ça rime.

56 Aïe encore une blessure, pour Robic cette fois. Et qui croyez-vous que l’on fasse entrer en lieu et place ? Vlad l’empaleur Nordin, l’homme par qui tout malheur arrive.

57 Allez paf, ça ne rate pas : Ndy queute une relance plein axe, la balle atterrit dans des pieds ennemis qui eux ne glissent pas sur la fine pellicule de neige au moment d’en profiter et presque immédiatement, ça fait 1-1.

61 Oh la cruelle punition avec ce deuxième but, de Jeff Louis en plus (ancien de la maison, pour ceux du fond qui commencent à lorgner le PSG en murmurant « oué mé fo soutnir lé cleub francé »). 1-2.

69 Le rouge pour Clauss (qui a retenu Koura, même si celui-ci ne partait pas vraiment dans son dos) n’est qu’une fourberie supplémentaire que cet hyper enculiste de destin vient planter comme une banderille dans le dos rond de notre chagrin. Cet instant de lyrisme bébête pour bien souligner qu’on souffre nos mères, dans ce bourbier.

75 Koura a ENCORE un ballon de but et UNE NOUVELLE fois il décide d’en faire N’IMPORTE QUOI LA PUTAIN DE TOUS TES ANCÊTRES TOUTE MA VIE J’AI ÉCRIT CETTE PHRASE AVEC TOI LÀÀÀÀ.

77 Allez casse toi, laisse ta place à un vrai attaquant. Youssouf Hadji ? Moui, c’est au moins un homme, de là à dire qu’il est encore joueur de foot…

86 Enfin on met le ballon dans la surface. Pour un ballon qui va évidemment passer nettement à côté de son objectif.

92 Chierie de gardien adverse, il a laissé croire que c’était une quiche en début de match, maintenant on n’en finit plus de se mâcher les couilles comme de vulgaires lardons pas cuits face à lui.

Je veux mourir.


LES NOTES.

Ndy 2/5
Ta relance, là, tu peux en rater une, dix, cent si tu veux, mais ne viens pas me dire que tu dois obligatoirement prendre un vieux but derrière comme ça, non, pas toi, enculé de tes grands morts.

Diagne 2/5
Le mec avait été dépucelé une bonne fois, ben il a retrouvé son pucelage, dites donc. Sacré phénomène.

Lang 2/5
On va supposer qu’il est fautif sur au moins un des deux buts de QRM, parce qu’on n’a pas la force de revoir les images.

Badila 1/5
Nul. Des questions ? Non ? Très bien.

Robic 2/5
L’homme qui devait nous délivrer, crac il se pète. Bon, il n’avait pas fait grand chose avant ça.

Muratori NN
L’homme qui pouvait délivrer celui qui devait nous délivrer (il l’a déjà fait), crac il se pète aussi. Avec l’élégance de n’avoir rien fait du tout, lui. Pas de risque qu’il ait fait quelque chose de mal.

Abergel 2/5
Y a pas à chier, il fait autant plaisir à voir se battre qu’il est exubéramment nul pour se placer sur un terrain de football.

Bassi 4/5
Si tu restes cet été, je te promets qu’on essayera de mettre des joueurs de foot autour de toi. Dans le cas contraire, je me coupe la seule couille qui me reste.

Koura 1/5
Il a eu plus d’occasions de creuser le score que de chances laissées par Correa, Hognon et la foule nancéienne de nous prouver qu’il avait sa place dans l’équipe, et devinez quoi… ? Pas FOUTU d’en mettre une seule au fond.

Dalé 2/5
Moins d’occasions que Koura, plus de ballon pour compenser, pour le même résultat : du néant sur pattes qui court même pas vite.

REMPLAÇANTS.

Fischer NN
Gros pistonné.

Nordin NN
Mieux vaut ne pas en parler, je vais encore être grossier.

Hadji NN
Devrait prendre sa retraite bientôt et annoncer qu’il devient président assistant de l’AS Nancy-Lorraine. Gain potentiel : un match gagné à domicile, et la tribune présidentielle ferme ses putain de sifflets quand l’équipe est dans le dur putain ce que ça m’énerve.

NOTE ARTISTIQUE DE L’EQUIPE : 1/5.

Plutôt que de me faire chier, je vais vous retranscrire la composition d’une sauce industrielle de marque célèbre, sorte de viandox végétal symbolisant parfaitement la teneur hautement synthétique de cette équipe avec un enrobage de raffinement et un beau packaging pour te la vendre très cher alors qu’il ne s’agit, en définitive, que d’eau salée agrémentée de colorant.

Arômes (protéine de blé), eau, sel, exhausteurs de goût : glutamate monosodique, inosinate disodique, sucre.

Supposant que le monosodique annule certainement le disodique ou l’inverse, on peu légitimement en conclure que même dénué de ses éléments les plus obscurs, cette équipe ne vaut pas beaucoup mieux que de l’urine en bouteille, vous en conviendrez.

Mauvaise semaine, mauvais weekend.

Marcel Picon.

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