Au courrier alternatif du coeur-marrade

Suite de notre recueil de longues lettres épistolaires avec aujourd’hui, cette belle déclaration d’amour qui nous vient de la Paillade et qui est signée Marcellin Albert, poète vigneron sudiste..

Mes très chers frères, aujourd’hui comme hier, nous nous devons amour, gloire et beauté. Ce midi, je me suis levé avec la ferme intention de rédiger cette épistole, malgré le fait entêtant de cette époque épique et punk que je ne sois ni un taulier omnipotent d’Horsjeu ni une autorité avouée et vénérée au sein de la famille Alterfoot.
Je le confesse, tel Job devant l’archange Gabriel : je n’ai pas immédiatement compris ce qu’il en était de cet aftertwittos. Pour tout vous dire, j’ai d’abord cru à une fiesta organisée dans le discoclub « Le Riolo ». Je n’écoute jamais la radio, donc par syllogisme jamais RMC, je me régale uniquement de compilations d’Henri Dès et de Boddy Lapointe ; mais je pense tout de même avoir plus ou moins intégré la teneur et le contenu de ce fameux After, qui n’est donc pas qu’un joueur de tennis.

J’ai donc bien saisi qu’il s’agissait là d’une lutte à mort entre un journaliste (certains lui contesteront cette appellation, je la lui donne non comme une reconnaissance de ses compétences mais comme une classification obligée en vertu de ses activités professionnelles), polémiste assumé, totalitariste de la prise de parole, auteur récent d’un livre contesté sur son pokémon préféré ( j’attends de voir la suite «  Gravalanche Football Club » pour positionner une analyse bipartite) et quelques personnes s’octroyant, légitimement ou non, une appartenance à horsjeu.net ou à l’Alterfoot dans son ensemble. Pardonnez-moi si je réduis, mais mon propos ne porte à porte pas sur la véracité des désignations des belligérants.
Je ne représente personne, surtout pas moi-même, car je ne voudrais pas que mes galéjades paraissent telles des remontrances, pire encore, à une mise au point sur les plus belles images de ma vie, remplie d’une condescendance sournoise et fielleuse. Mais je parle, tout de même, ma plume me suivant dans mes palabres d’indien saoul.

Je n’ai pas compris en quoi était-il judicieux d’attaquer l’ennemi mainstream sur son propre terrain. Connaissant parfaitement les rouages d’une émission radiophonique, je peux vous assurer qu’on peut tout sacrifier pour sauver le concept. En l’occurrence, ici, le personnage de Riolo semble bien faire partie intégrante de ce concept. Sa figure de pourfendeur stakhanoviste est bien un des moteurs de l’émission, non ? Personne ne pouvait ignorer qu’ils allaient tout faire pour que la dynamique du concept ne soit pas brisée avec la chute ou la défaite cuisante de la figure de Riolo. Personne ne peut s’étouffer en buvant son pastis en apprenant qu’ils n’ont pas été très coopératifs en ne divulguant pas de thèmes précis à préparer ou quoi ou zgeg ou pine. Personne ne doit décrédibiliser

la figure de proue, vendez votre mère avec supplément fromage s’il le faut, voilà ce que j’ai appris. Et je trouve cela logique. Pas moral, logique.
Vous, les intervenants twittos, étiez les pauvres esclaves rachetés une broutille sur le port, et lui était le lion. Vous avez été jetés en pâture pour que le peuple se délecte de votre mise à mort, y compris Sexion D’Assaut. Et je ne peux que comprendre l’indignation chez certains d’avoir été entraînés dans votre chute, même si une bonne performance de votre part, à mon avis utopique, aurait nuancé tout cela.

Je ne veux pas soliloquer d’avantage car je sens que votre attention s’effrite. Je finirai par un appel enflammé et empli d’un espoir furieux, endiablé même.
Je crois bien que la visée, et la vision, d’Horsjeu et par extension de l’Alterfoot est de proposer une autre voie à l’analyse footballistique.
Messieurs, nous sommes cette autre voie. Nous sommes le prolétariat qui se soulève, la république des lettres souterraine qui s’efforce d’édifier une culture à côté de la Culture. Une culture vraie, pour reprendre cet adjectif que vous aimez tant. Nous sommes tous des Soljenistyne. Ne tentons pas de défier constamment la Nomenklatura pour l’annihiler. Il ne faut pas croire que c’est cela, résister.

Continuons de construire en restant dans notre cercle. Cela ne sert à rien d’aller dans celui de la dictature des médias officiels, vous y deviendrez tous des Icare de pacotille. Attendons patiemment que notre monde souterrain soit trop important pour rester cloîtré à la cave. Attendons qu’il jaillisse à la surface et supplante peu à peu ce pouvoir riolien que vous détestez tant. C’est cela, résister. Et qui sait, un jour on donnera peut-être le prix Sakharov à l’Editeur, ce bel homme résistant.

Je ne suis pas un membre fondateur, je ne suis pas une figure, je ne suis pas un décideur, je ne suis qu’un ouvrier parmi tant d’autres, je ne suis qu’une fourmi traînant sur des kilomètre sa miette pour l’offrir à ses congénère, je ne suis qu’une goutte d’eau dans l’océan de vos paroles.

Et pourtant, je parle. Car je le peux, car je le veux.
Et je vous aime.
Et je vous chante.
Et je vous hurle.
Et je vous célèbre.

Et je vous salue.

Marcelin Albert, sain de presque plus rien.