La Raide et Vile Academy, la tête dans le seau, note Manchester City – United (1-0)

Avant-Match :

« La seule certitude que j’ai ce soir, c’est que je vais boire. »
Luke Seafer, 30 avril 2012.

Si j’avais eu le budget de Micheal Bay, je t’aurais fait un truc dantesque. Une bande annonce épileptique et explosive sur le choc des titans de ce soir. Un truc de fou furieux qui renverrait les Avengers jouer aux billes. Oui mais non. Parce que chez Horsjeu.net on a les idées, mais pas d’argent, je me contenterai donc de ma plume virtuelle pour tenter de mettre un peu de folie dans cet avant-match.

Le tournant du championnat. La Finale. Le duel décisif. Le match à 6 points. Le derby le plus important de l’histoire. L’affrontement pour la suprématie. On aura tout lu, on aura tout dit, sur ce 162eme derby entre les deux clubs de Manchester.

Il y a trois semaines, Man U avait 8 points d’avance, le champagne au frais et le titre qui lui semblait promis. A l’heure du coup d’envoi, après une série de résultats décevants autant que rageants (défaite à Wigan, match nul spectaculaire face à Everton), les hommes de Sir Alex n’ont plus que trois points d’avance sur la team Mancini. 3 points et pas de droit à l’erreur vu la différence de but scandaleuse des bleus.

3 comme le nombre de journées qu’il reste à disputer en Premier League.
3 comme le nombre de fois ou les deux équipes se sont rencontrées cette saison, avant le match de ce soir.
Tu t’en souviens ?

Il y a eu ce Community Shield d’abord, début août. On était bien à l’époque, il faisait beau, il faisait chaud, on découvrait le feu follet Phil Jones, Vidic avait encore ses deux genoux et malgré deux buts de retard, Man U avait su faire la diff’ pour finalement s’imposer. Ah on était bien…
Et puis, il y a eu l’humiliation à Old Trafford. Ce 1-6 cinglant, le triomphalisme Balotellien et son t-shirt « Why Always Me ? », Dzeko qui nous colle un doublé… Le cauchemar intégral qui a sonné le glas du fantastique départ en championnat des Red Devils. Et surtout l’émergence d’un doute : et si City parvenait finalement à devenir la machine à dominer la Premier League que tout le monde annonçait…

Dernière rencontre en date, la simili-vengeance des Red Devils qui ont sorti l’ennemi intime de la Cup anglaise au bénéfice d’une victoire à l’Etihad : 2-3. Une victoire difficile malgré un rival rapidement réduit à 10 et un avantage de trois buts qui a bien failli disparaître totalement dans les derniers instants du matchs. La faute à cette inconstance qui a régulièrement frappé les Rouges Diables cette saison.

Cette année les derbies ont offert du spectacle autant que de la douleur, conférant à ces affrontements, un parfum de folie et de danger de tous les instants. City est en meilleur forme c’est indéniable et Tévez est revenu en grâce. La team Mancini est invaincue cette saison à domicile en championnat et n’a d’ailleurs plus perdu chez elle depuis décembre 2010.
Man U a l’expérience de son côté et les joueurs qui vont avec. L’immortel Giggs, le revenant Paul Scholes, sans qui, on peut le dire, le titre pour cette saison ne serait peut-être plus qu’un lointain fantasme.

Ouais on se rassure comme on peut…

Bon sang, je flippe comme un enfant de chœur qui passe voir un curé tard le soir, mais en même temps j’ai envie d’y croire parce que sur un malentendu (ou un but de Welbeck, enfin c’est plus ou moins la même chose), ça peut le faire.

En tout cas le derby de ce soir… Ben c’est le dernier de la saison.

La composition infernale :

A l’exception des blessés de longue date, tout le monde est là côté Red Devils. Le grand flou se situe au milieu de terrain. Giggs titulaire ou pas ? Habitué des derbies, emblème de United, il est un atout de choix dans ce genre de rencontre question fighting spirit. Mais où ? Sur l’aile, alors que Nani et Valencia carburent à fond en ce moment ? A la récupération (et on en entend déjà quelques uns qui se mettent à trembler) à la place de Carrick pour former une charnière à l’ancienne avec Scholes ? Finalement Ferguson a tranché… Il a décidé de faire n’importe quoi. Je m’énerverai d’ici quelques paragraphes, mais pour le moment, on se contentera de dire qu’il a décidé d’aligner un 4-5-1. Un truc du genre :

Le banc : Amos / Rafael / Young / Valencia / Hernandez / Berbatov / Welbeck

Oui, hein, vous aussi vous vous posez des questions ? Où est Jonny Evans ? Park Ji-Sung, vraiment ? Pas de buteur en pointe ?

Le Match :

Pour la première fois depuis longtemps, je vais m’abstenir de vous faire un live commenté en différé. Plusieurs raisons à cela : d’abord j’avais décidé d’aller voir ce match dans un pub, plutôt que de me coller un streaming à la con. Sortir de ma tanière… Je sais pas ce qu’il m’a pris, puisque je me suis retrouvé dans un repaire « de supporters » de City. Dont des gamins de 10 ans qui n’avaient rien de mieux à sortir que « City c’est la vie ». Ce monde se barre en cacahuète.
Ensuite ledit pub était tellement blindé que je n’avais pas un coin pour prendre mon carnet et retranscrire soigneusement le déroulement du match.
Enfin ce match était une telle purge que je me voyais mal vous emballer en parlant des frappes non cadrées de City et des… Ah ben non, Man U n’a pas eu d’occasion, si ce n’est un centre-tir foireux de Nani a un moment, je crois.

Alors, pour parler de ce match commençons par la tactique déballée par Sir Alex. Pour rappel, la dernière fois que l’on a tenté un 4-5-1 de la sorte, c’était face à Bilbao à San Mames. Une putain de réussite. D’ailleurs les seules fois où cette tactique a été de sortie, c’était en Coupe d’Europe et l’on a jamais gagné. Ça te pose une stratégie maîtrisée ça. Alors si encore c’était une tactique contrainte et forcée par les blessures, mais non. On avait trois numéros 9 sur le banc! Trois! Quel intérêt ?

Certains se sont peut-être dit que c’était un stratagème habile pour gêner le milieu de terrain de City, qui évolue dans une configuration similaire (mais plus offensive sur le papier). Stratagème de quoi ? Depuis quand on laisse le jeu des autres dicter notre tactique ? On est Manchester United bordel , pas Wolverhampton. Tu te mets pas à flipper avant le coup d’envoi à cause du 11 en face. On a toujours évolué en 4-4-2 cette saison, que ce soit à domicile contre une équipe qui joue le maintien, ou à l’extérieur face à Chelsea et Arsenal. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi envoyer clairement le signal à Mancini : « On se fait dessus, on va essayer de vous contenir et on verra ensuite ».

Si Manchester United n’est plus capable de bomber le torse, de frimer un peu, d’essayer de faire peur, alors franchement…

Et du coup, ça n’a pas loupé. Alors oui Man U a « dominé » le premier quart d’heure mais sans pour autant se montrer dangereux. Derrière, on a eu une demie-heure de camping des Citizens dans notre camp, à faire tourner la balle, à tenter des trucs. Bon, c’était pas spécialement impressionnant, mais au moins il y avait du mouvement des dédoublements, des accélérations, le genre de chose que Man U a été incapable de faire. Aucun joueur pour accélérer, trouver des ouvertures, un Rooney contraint de descendre demander la balle au milieu de terrain, laissant l’attaque diabolique désespérément vide.

Arrive la punition dans les arrêts de jeu de la première mi-temps. Un corner, Kompany sans marquage, un De Gea qui ne sort pas et le but. Voilà. C’est toujours mieux qu’un but de Tévez ou Nasri, mais bon…

Le retour des vestiaires est encore plus désespérant. Il faudra attendre l’heure de jeu pour que Ferguson fasse rentrer un onzième joueur (Park Ji-Sung ça comptait pas) et par la même occasion un second attaquant.

Reaction : nulle.

Alors que Mancini bétonne comme une lopette en faisant rentrer De Jong puis Richards, les Mancuniens ne profitent pas du recul du bloc de City. Non rien. Aucune réaction, aucune envie dans les duels et une défaite totalement méritée.
Bon sang que ça fait mal de voir une équipe aussi amorphe et maladroite dans un derby de cette importance.

Et quand en plus les Cityx du bar se mettent à huer Ferguson à chaque apparition à l’image, vous savez qu’il est temps de rentrer chez vous… En jetant un ou deux gamins dans le canal, pour la forme.

Monde de merde.

Les Diablotins :

De Gea (2/5) : A moitié fautif sur le but puisqu’il ne sort pas. On notera un bel arrêt sur une frappe de Clichy (heureusement, sinon je me faisais seppuku au milieu du pub, sauf que je peux pas mourir, j’en aurais juste foutu de partout). Manque donc encore de constance dans les vrais grand rendez-vous.

Evra (2/5) : Les critères de notation sont très clairs, à partir du second enrhumage par Nasri, tu ne peux plus espérer la moyenne. Reste un match a peu près courageux. A défaut d’inspiration sur les phases offensives, il a tenté ce qu’il pouvait pour contenir sur son côté.

Ferdinand (2/5) : Les critères de notations sont très clairs, quand tu te fais mettre à l’amende deux fois par la technicité (sic) de Yaya Touré, tu ne peux plus espérer la moyenne. Bon sang, à le voir reculer comme ça on aurait cru voir jouer le Evans. Du début de saison

Smalling (1/5) : Se fait avoir comme un bleu sur le corner, « alors qu’il joue en rouge » souffla Tristan Bourrepif, mon compagnon d’infortune ce soir, inspiré. Non, vraiment ce soir, sa titularisation reste incompréhensible.

Jones (2/5) : Ah mon petit cœur froid à toujours aussi mal quand je le sabre. Mais rien qu’à entendre l’hilarité du pub sur ses quelques tentatives de centres… Défensivement correct par contre, il stoppe un freestyle de Nasri dans la surface, bloque un centre en retrait qui s’annonçait meurtrier. Et si on le faisait jouer en défense centrale pour voir ? Hein, non je dis ça comme ça. Disons, à la place de Smalling. Non mais je propose des trucs. En plus on a un petit Brésilien à droite qui est loin d’être dégueu, enfin j’en sais rien moi, je suis pas coach.

Carrick (1/5) : Match à enjeu, Carrick calamiteux. Sera très bien l’an prochain sur le banc. Ce soir on ne l’a pas vu.

Scholes (2/5) : Ça cogne désormais trop fort en face pour ses petits os pour qu’il puisse faire sa loi et ses petit coups de catins. La qualité de passe était toujours là, mais il a passé l’âge de tenir un milieu de terrain à lui seul, face à pareille opposition. Remplacé par Valencia (78e)

Park Ji-Sung (0/5) : S’est signalé sur le terrain en cédant sa place à Welbeck. Affreusement transparent et inutile. En même temps, est-ce de sa faute, lui qui n’a plus été titularisé depuis des lustres ? Remplacé par Welbeck (58e)

Giggs (Immunité/5) : Oh que j’ai eu mal ce soir à le voir louper ses passes, ne plus pouvoir prendre un Zabaleta de vitesse. Immortel ne veut pas dire imbattable.

Nani (1/5) : Est sauvé du zéro « grâce » à une application à revenir défendre. En même temps quand on branle rien devant et qu’on se laisse marcher dessus par Gaël Clichy, c’est la moindre des choses. (Remplacé par Young 83e)

Rooney (1/5) : Sort son pire match de la saison au pire moment. Esseulé en attaque, il n’a eu d’autre choix que de redescendre. Résultat, plus personne devant. Mais surtout sa maladresse inhabituelle a empêchée toute construction offensive et rendu ses décrochages vains.

Les Suppôts de Satan :

Welbeck, pour Park Ji-Sung, 58e (non noté) : Vue la physionomie du match c’était Hernandez et sa rotule de tueur, son dos assassin, son oreille affûtée, qu’il fallait faire rentrer. Aurait pu toutefois se procurer la seule occasion de la partie côté Man U s’il n’avait pas été charcuté par De Jong en partant au but.

Valencia, pour Scholes, 78e (non noté) : Rentrée insignifiante.

Young, pour Nani, 83e (4,7 – 4,4 – 4,9 – 4,3 – 4,8/5) : En accord avec les hautes instances du football, sera désormais noté selon le barème des championnats olympiques de plongeon.

Voilà. Il reste donc deux matchs. Deux matchs que Man U devra gagner en espérant un faux pas de City. Hatem Ben Arfa, à toi de jouer.

Bonus :

Oh plus que jamais City, plus que jamais…

Inferanal Kisses,

Luke Seafer

Luke Seafer peut désormais te faire la morale, puisqu’il est passé de l’autre côté : Si tu veux que Horsjeu.net survive, que ton académicien préféré puisse être fourni régulièrement en jeune vierges et en litres de Bloody Mary jusqu’à plus soif, par l’Editeur, ce bel homme, alors tu peux faire un geste en versant une maigre contribution financière mensuelle (Satan te le rendra) ou même un don unique qui n’engage à rien. Clique ici.

Sinon Luke Seafer est aussi sur Facebook et il veut des amis, plein, parce qu’il était toujours tout seul dans la cour de récré et personne ne venait lui parler. Peut-être à cause de la chauve-souris sur son épaule, de ses briques de sang pour le goûter… On ne sait pas trop. Mais viens lui faire coucou, ça lui fera plaisir.

Sinon, il est aussi sur Twitter et son égo démesuré comme son zizi aime être retweeté alors suis le donc dans les cercles de l’Enfer, tu verras c’est sympa.