Valence – Atlético Madrid (2-0). L’apprenti footballologue livre son analyse.

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La finale aller du chapeau 2 espagnol

On résume vite les matches à des duels entre deux joueurs. S’ils sont à des postes amenés à se rencontrer, on peut dégager de vraies tendances à la fin de la partie. S’ils occupent le même, ils sont souvent dépendants de leurs partenaires, et leur performance ne peut vraiment être jugée qu’à l’aune du travail collectif.

Samedi soir, l’opposition entre Valence et l’Atlético Madrid était aussi celle entre Soldado et Falcao, deux des meilleurs buteurs au monde. Mais c’était surtout l’affrontement de deux styles de jeu. D’un côté, Valence. Ses passes en profondeur, son attirance pour l’axe du terrain et ses résultats en dent de scie. De l’autre, l’Atlético. Ses balles mises dans le paquet, son jeu porté sur les ailes et sa grande confiance en ce moment. Au milieu d’une âpre bataille physique, ce sont des éclairs qui ont fait la différence.

 

Source : soccerway.com

 

Valence : le rôle de Feghouli et Guardado

Le 4-4-1-1 de Valence apparaît relativement facile à aborder sur le papier. Un 4-4-2 classique, avec un électron libre clairement identifié (Jonas), des récupérateurs et ailiers. Sauf qu’en pratique, c’est totalement différent. Si Guardado a quelques réflexes d’ailier, il évolue en réalité dans l’axe lors des phases offensives, se contentant de bloquer son couloir lors des possessions adverses pour éviter les montées de Juanfran. Ce qui laisse le soin à Aly Cissokho, très bon dans ce match malgré un peu de déchet lié à son incessante activité, d’occuper tout le flan gauche. Un rôle important et spécifique occupé par Alba et Mathieu l’an dernier, même si Cissokho fait plus office de point d’appui que de véritable joueur de débordement en attaque.

De l’autre côté, c’est encore différent. Non pas que les tâches soient inversement réparties, mais Pereira monte moins que son compère, la faute à un jeu penchant très nettement à gauche. Le joueur le plus important du binôme n’est pas tant le latéral que l’ailier, en l’occurrence Feghouli. Un poste qu’il n’occupe d’ailleurs pas réellement, puisque l’Algérien évolue en réalité au cœur du jeu. Alors qu’en face, seul Emre fait office de véritable meneur, si on peut le qualifier ainsi tant il est symbolique dans la construction, Valence possède ainsi Tino Costa et Feghouli pour tenir le ballon, bien aidés par Gago dans leur dos. Plaque tournante d’une équipe au jeu particulier, fait d’alternance de phases de possession et de contre-attaques, l’ancien Grenoblois offre de multiples solutions grâce à sa palette technique et qualité de passe. C’est lui qui offre le but du break à Valdez, et c’est à cause de lui que Gabi et Adrian n’ont pas pu s’exprimer.

 

Atlético : tout sur Falcao

C’est le système qui veut ça, et ce pourrait être le cas de l’autre côté si Jonas n’était pas un bien meilleur finisseur qu’Emre, Madrid a besoin de son attaquant de pointe. Bien installée dans son 4-2-3-1, l’équipe de Diego Simeone utilise ses joueurs de couloir bien différemment. Exit les faux joueurs de couloir qui viennent apporter des solutions dans l’axe, quitte à créer un embouteillage sur 10m² autour du rond central, Adrian et surtout Turan sont avant tout là pour manger la craie le long de la touche. Ce qui signifie moins de possibilités d’influer autrement que par des centres, ceux-ci étant habituellement bonifiés par l’incroyable jeu de tête de Falcao.

Manque de chance, si Costa et Rami n’ont pas réussi une partie extraordinaire, ils ont malgré tout réussi à réduire au maximum la marge de manœuvre du Colombien aux abords du but. Quitte à employer à plusieurs reprises des moyens assez limite, notamment des tirages de maillot et ceinturages bien au-delà de ce qui est couramment admis dans pareils cas. Tiago et Gabi limités dans la construction et les latéraux très discrets, seuls les ailiers ont pu servir leur buteur, rendant les attaques stéréotypées et relativement faciles à lire pour la défense. Et si ce n’est pas la première fois cette saison, ce manque d’alternatives n’a cette fois pu être compensé par le génial réalisme de Falcao.

 

Verticalité contre latéralité : surtout une question de réalisme

Valence n’a finalement pas eu tant d’occasions que cela, et elles n’ont pas été nécessairement plus nettes que celles de l’Atlético. Le premier but, s’il est consécutif à une belle ouverture de Rami et une erreur de marquage, est aussi le fruit du talent de Soldado, le but étant tout sauf facile à mettre. Quant au deuxième, il arrive alors que le match est quasiment plié, et la défense trop relâchée. Le reste du temps, les longues balles dans l’axe n’ont pas souvent trouvé preneur, et la paire Godin-Miranda n’a pas souvent été mise en danger.

Dans l’autre camp, on regrettera des corners (10 à 1) et tirs (13 à 6) pour nombreux, pour un résultat souvent décevant. Le modèle n’est pas à remettre en cause, c’est son extrême réussite jusqu’à présent qui interpelle et cette défaite qui met en lumière sa relative fragilité. Pour jouer un rôle dans la course au titre, Madrid a besoin d’un attaquant capable de rentabiliser les nombreux centres. Avec uniquement des défenseurs ou milieux sur le banc samedi, le manque d’alternatives interpelle. Il sera toujours temps de se poser la question le jour où Falcao ne sera plus là…

 

L’apprenti.

Le résumé vidéo.

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