Ces Français méconnus de l’étranger, entretien avec Kevin Diaz

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Une exclusivité Rhinit Michuls pour horsjeu.net

Pris par la folie des hauteurs, j’achève ma périlleuse ascension et hume en vainqueur l’air frais et rare des hautes cimes. Par manque d’oxygène, je vacille mais trouve la force dans la béatitude de l’instant de torcher quelques canettes de binouse, mère de tous les bonheurs. Au Vaalserberg, à 322 mètres d’altitude, point culminant des Pays-Bas, je suis seul au monde. Trêve de conneries, je fonce et m’installe à Vaals, chez Manuelle, pour la séance photo. Je fais la connaissance de son chien Toby, et des dires de Manuelle, il est fan du Fortuna Sittard de son plein gré.

 

Moi Toby, 3 ans ½ et une maîtresse complètement conne

 

Le shooting torché, l’appareil posé, il me paraît opportun en quittant le Limbourg de solliciter  Kevin Diaz.

L’ailier gauche de 29 ans du Fortuna Sittard a eu l’amabilité de répondre à quelques questions. L’occasion de parler de lui, son club et de l’Eerste Divisie.

Comment es-tu passé de la CFA à la Eerste Divisie ?

J’ai été formé au Lusitanos de Saint-Maur, qui évoluait en National. A 22 ans, j’ai quitté mon club formateur pour le club voisin de l’US Ivry qui évoluait en CFA. J’y ai été recruté par le RBC Rosendaal en 2006 qui venait de descendre Eerste Divisie (D2). Après des fortunes diverses avec différents clubs (NdRM : FC Eindhoven et SC Cambuur-Leeuwarden), et un système de playoff très compliqué, je n’ai pas eu la chance de monter en Eredivisie.

 

Présentation de ton club, Fortuna Sittard ?

C’est un club de la région limbourgeoise, au sud de la Hollande. Il y a 10 ans, le club était en Eredivisie. Il est doté d’un superbe stade moderne de 12 500 places. C’est depuis devenu un club formateur à petit budget (2,25 millions d’euros) mais où la ferveur et l’enthousiasme n’ont rien à envier à un club de L2 française. Nous sommes en ce moment dans le haut de tableau et le stade devrait être rempli à moitié pour les prochains matchs (environ 6-7000 spectateurs!).

 

NdRM : Dans les années 50, le Fortuna 54’, fut le 1er club néerlandais à passer au professionnalisme (en 1954 comme son nom l’indique), et disposait de nombreux internationaux néerlandais. Pour entretenir ce petit monde, l’équipe partait en milieu de semaine à l’étranger pour des matchs amicaux lucratifs. Digérant mal les matchs tous les 3 jours, le Fortuna ne réussit pas à emporter le moindre titre de champion, finissant au mieux à une 2e place en 1956/1957 derrière l’Ajax. Le club se consola avec deux coupes KVNB en 1957 et 1964. Comme de nombreux clubs néerlandais à la fin des années 60, pour éviter la banqueroute, le Fortuna 54’ fusionna avec le Sittardia. Le club n’a plus rien gagné depuis, deux finales en coupe nationale dont la dernière en 1999 contre l’Ajax, et une présence continue en deuxième division depuis 2001.

 

Ton club a connu des difficultés financières dès sa relégation en 2001. Il y a 3 ans une fusion fut envisagée avec le Roda JC lui aussi au bord de la faillite. Le HFC Harlem a été liquidé en 2010, le RBC Rosendaal l’an dernier, les clubs d’Eerste Divisie sont particulièrement touchés, la crise n’arrangeant rien, et avant que je perde le fil de ma question, que se passe-t-il ?

Le problème est que la Hollande est un grand pays de football mais avec une population de 16 millions d’habitants. Les bassins de population ne dépassent que rarement 100 000 habitants. Les droits TV sont faibles. C’est donc difficile pour les clubs de trouver des financements sachant qu’aux Pays-Bas il y a autant de clubs professionnels qu’en France !

 

Quels sont les objectifs du Fortuna cette saison ?

Le club a pour objectif d’essayer d’accrocher une place en playoff. C’est-à-dire finir dans les neuf premiers.

 

Quand on t’a expliqué le système de période et de playoffs en Eertste Divisie, tu as compris du premier coup ?

Non pas du tout, c’est très compliqué et surtout très injuste je trouve. Ce système vise à favoriser les clubs d’Eredivisie! Si les trois premiers de D2 montaient directement comme en France, j’aurais joué en D1 il y a bien longtemps…pfff

NdRM : 18 clubs sont engagés et à la fin de saison, le champion est promu. Les deux autres places sont disputées en playoff par le 16 et 17e d’Eredivisie et 8 équipes d’Eerste Divisie.  Le championnat d’Eerste Divisie est découpé en quatre périodes de huit journées, chaque vainqueur est qualifié en playoff, les quatre places restantes sont prises par les clubs les mieux placés n’ayant remporté aucune période. En gros, les équipes classées de la 2e à la 5e place jouent les playoffs, la présence des clubs de la 6e à la 9e place est quasiment assurée.

 

L’idole du club ?

Je dirais Van Bommel. Je l’ai d’ailleurs croisé au club la semaine passée.

NdRM : Les autres candidats que Mark Van Bommel étaient Ruud Hesp, Kevin Hofland, Wim Koevermans, Huub Stevens et Toby.

 

Ton prono sur le champion d’Eerste et Eredivisie cette saison ?

Le MVV Maastricht en Eerste et le PSV en Eredivisie.

NdRM : Le MVV Maastricht a remporté la 1ere période et est toujours en tête à la 12e journée. Le Fortuna est 4e et bien lancé pour jouer les playoffs. Autant le MVV favori pour le titre de champion de Jupiler League, d’accord, mais le PSV, je ne comprends pas, je devrais même effacer cette question…

Ce que tu aimes dans le football batave ?

J’aime leur vision du football qui consiste à toujours essayer de produire du beau jeu et à marquer le plus de buts possible au cours d’une rencontre : l’attaque totale, haha ! Même si des fois il faut les tempérer un petit peu.

NdRM : Et ça tempère bien au Fortuna, meilleure défense avec 10 buts encaissés en 12 matchs (comme Maastricht). Pour le reste, l’Eerste divisie, c’est toujours 3 buts par match minimum.

 

Actuellement en Eerste Divisie, quels joueurs ont pour toi le plus gros potentiel ?

Des joueurs comme Labylle de MVV, Bel Hassani du Sparta Rotterdam, Promes du Go Ahead  ou Schroyen du Fortuna.

NdRM : Lereoy Labylle est un jeune belge de 21 ans passé par les Rouches du Standard. Iliass Bel Hassani est un milieu marocain très offensif de 20 ans, récompensé du prix du meilleur talent d’Eerste Divisie en 2011. Quincy Promes a 20 ans et finit sa formation au Go Ahead, prêté par Twente cette saison. Enfin, Jeori Schroyen, 21 ans, est l’arrière gauche du Fortuna, et ce petit monde est attendu en Eredivisie dans un avenir proche.

 

Ton avis sur la bouffe et la boisson aux Pays-Bas ?

La bouffe n’est vraiment pas top ! Les hollandais ne sont pas vraiment les rois du raffinement culinaire…Pour la boisson, ils aiment beaucoup la bière !

 

Ton insulte préférée en néerlandais ?

« God Verdomme Man » que je traduirais par « Nom de Dieu de m…. ». Désolé J

 

Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite de ta carrière ?

Et bien après ces belles années hollandaises, j’aimerais jouer en France à un niveau équivalent : National ou Ligue 2.

 

Question bonus : As-tu une bonne blague à caractère anal pour finir ?

Non, désolé.

 

Merci Kevin, et anaal kusjes,

Rhinit

5 thoughts on “Ces Français méconnus de l’étranger, entretien avec Kevin Diaz

  1. Elle est bien gaulée Manuelle ?

    Sinon, c’est une sympathique interview, mais ça ne donne pas envie de comprendre ce système de playoff.

  2. J’aurai bien aimé connaître son salaire moyen…prochain entretien avec Raspentino, ce français méconnu au sein de son propre club.

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