Une coupe d’Europe, ça se respecte.

Aïoli les sapiens,

Tout n’était pas rose avant ce match : un stade annoncé à moitié vide, une équipe sur les rotules, des choix qui semblent délaisser les coups au profit d’un accessit en championnat… Et puis sur les coups de neuf heures, Marseille s’est enfin souvenue de ce que disputer une coupe d’Europe veut dire. Oubliés les infects matchs de poule, c’est un nouveau tour à élimination directe qui se profile, et pour recevoir ce Bilbao en difficulté, cette équipe de l’OM s’est faite belle et conquérante.

 

L’équipe

Mandanda

Sakai – Rami – Rolando – Amavi

Lopez (Sarr, 86e) – Luiz Gustavo

Thauvin (Njie, 62e)  – Payet  – Ocampos

Germain (Zambo Anguissa, 71e)

 

Dans ce qui se présente comme la meilleure équipe disponible, Sanson se trouve ici barré par Payet au poste de meneur de jeu et par Lopez en relayeur.

 

Le match

A peine le temps de coucher les enfants que ceux-ci sont déjà réveillés par un hurlement d’extase provenant du salon. En cause, ce pressing de Lopez qui percute et transmet à Thauvin : celui-ci joue un une-deux avec Maxime et, en pleine surface, trouve un angle de passe à faire bander un ange. A la réception, Lucas Ocampos surgit dans le dos de la défense et d’un subtil extérieur prend le gardien à contre-pied (1-0, 1re).

Le temps de se procurer les deux rouleaux de Sopalin nécessaires pour apprécier pleinement cette ouverture du score précoce, et Bilbao nous rappelle qu’un huitième de Ligue Europa, même idéalement entamé, est rarement une partie de plaisir. Nous voici privés de ballon, mis en grande difficulté sur notre côté gauche ; nous en sortons à plusieurs reprises par des tacles désespérés voire une parade du pied de Mandanda en angle fermé.

Bref, nous ne voyons quasiment pas le jour, mais ce « quasiment » suffit à nous faire hurler de bonheur, au grand désespoir de Madame qui venait à peine de rendormir les gosses après le premier but. Une action collective de toute beauté nous permet de remonter le ballon côté droit, jusqu’à un centre de Sakai dévié d’extrême justesse par un défenseur. Malgré tout, Etxeita soigne son dégagement aussi bien que nous la prononciation de son nom, et adresse un amour de passe plein axe à Payet. En pleine surface, Dimitri enchaîne contrôle de la poitrine et lourde sous la barre pour achever ce qu’il convient bien d’appeler un chef d’œuvre. Si si, regardez ici (2-0, 14e).

Le Bilbao si difficile à manœuvrer d’il y a deux ans s’est métamorphosé en caravane décatie prenant l’eau de toutes parts. Payet lance ainsi Germain, qui échoue sur le gardien. Une minute plus tard, Valère intercepte une passe anale d’un défenseur, mais bute une nouvelle fois sur Herrerin. Passée la vingtième minute, l’OM calme un peu ses ardeurs mais, hormis quelques relances fantaisistes de notre défense, n’est pas plus inquiété. La vraie angoisse survient peu avant la demi-heure, quand Florian Thauvin se tord de douleur à la suite d’un hippopotacle basque. Fausse alerte heureusement… du moins à cet instant.

Après une nouvelle occasion de Germain sur corner, encore sauvée in extremis par le gardien, on se prend à espérer que l’OM ne soit pas amené à regretter les occasions laissées en route. C’est finalement une enculerie arbitrale surgie de nulle part (ou de l’arbitre de surface, ce qui revient au même) qui vient sévèrement gâcher nos débuts idéaux. Une nouvelle fois développée sur notre côté gauche, une action aboutit à un premier tir sauvé à la one again par Sakai. Le ballon revient sur Aduriz, qui allume de près et se voit contré par Rami. La main est collée au corps et, surtout, tout sauf intentionnelle : aussi l’arbitre indique-t-il le corner qui s’impose, malgré les hurlements à la mort de l’attaquant basque. C’est alors que le parasite désigné sous le nom d’arbitre de surface, corporation dont la raison d’être est ordinairement de piétiner aux abords du rectangle en faisant l’effort de ne surtout jamais rien voir de ce qui s’y passe, cet abruti, donc, décide de s’octroyer son quart d’heure de gloire et invente une faute de main d’Adil Rami. C’est donc un pénalty totalement injustifié qui est accordé à nos adversaires, assorti d’un carton jaune pour Rami (pourquoi seulement jaune d’ailleurs ? A-t-il anéanti une occasion de but ou pas, bordel de merde ?). Aduriz se charge d’une panenka transformant notre paisible ratatouille en résultat à forte teneur slipométrique (2-1, 45e+2).

Alors que chaque accélération de l’OM a mis à l’agonie les paralytiques d’en face, toute la question est de savoir si nos joueurs vont faire abstraction de ce coup de pute coup du sort. Le début de deuxième mi-temps ne plaide pas pour cette hypothèse, tant nos joueurs semblent revenir des vestiaires plutôt empruntés. Nous nous procurons en l’espace de trois minutes trois coups-francs correctement placés, tous trois salopés avec une admirable constance par Payet. Quand le jeu s’anime en revanche, Dimitri se montre insaisissable : suite à un une-deux avec Thauvin, il déboule sur le côté droit et centre pour Ocampos. Lancé dans la surface, celui-ci réédite son tir mi-vicieux-mi-raté, de l’intérieur du pied cette fois-ci. Le gardien est sur la trajectoire mais, mains de plâtre, n’empêche pas la balle de rentrer (3-1, 58e).

Joie de courte durée : sur un coup-franc enfin bien tiré de Payet repris par Germain de peu à côté, Florian Thauvin reste au sol, pour de bon cette fois-ci. Sa sortie sur civière provoque une hausse immédiate de 96% du chiffre d’affaires de la ciergerie de Notre-Dame-de-La-Garde. En cette heure avancée de la nuit, les nouvelles semblaient cependant rassurantes.

Cette mésaventure n’empêche pas l’OM de dominer intégralement la dernière demi-heure dans une formation recomposée (milieu Zambo Anguissa – Luiz Gustavo, montée de Maxime Lopez à droite et de Clinton Njie en pointe). La meilleure occasion survient à une dizaine de minutes du terme quand, lancé par Payet, Ocampos passe tout près du triplé. Son piqué sur Herrerin est hélas sauvé in extremis par un défenseur.

Les arrêts de jeu voient Clinton Njie faire du Clinton Njie – je vous conseille de revoir l’intégralité du temps additionnel, c’est un festival. Après un ultime but de Clinton refusé pour hors-jeu, l’OM se contente de ce résultat satisfaisant mais qui pour l’instant ne garantit rien. Ceci étant dit, à moins que San Mames ne nous cause une fracture du mental, ce que l’on a vu ce soir en matière de football pur laisse apparaître une sacrée différence de niveau en notre faveur.

 

Les notes :

Mandanda (3/5) : Alors que les amis se sont éclatés, lui s’est contenté d’un arrêt bien exécuté avant de s’incliner sur un pénalty fantôme. Niveau frustration, c’est l’équivalent footballistique du « je peux pas danser, je garde le sac de ma copine ».

Sakai (4/5) : Avec tous les zozos en feu devant lui, il fallait vraiment prendre des notes pour s’apercevoir qu’Hiroki a, lui aussi, été positivement monstrueux ce soir.

Rami (2/5) : Passé maître dans l’art du « facile, je gère une main dans le slip ah non merde, j’ai raté ma relance », toujours rattrapé sans dommage jusqu’ici. A tout prendre, on aurait préféré encaisser un but sur l’une de ses passes slipocides plutôt que sur ce pénalty imaginaire, cela lui aurait au moins servi de leçon.

Rolando (3-/5) : Il rate aussi des relances, mais c’est moins par dilettantisme que par sa maladresse naturelle, on aurait donc tendance à davantage le lui pardonner. Et puis, ses quelques charges de mammouth en fin de match n’étaient pas pour nous déplaire.

Amavi (2/5) : Après le combat que lui a livré Iñaki Williams, Jordan va signer toutes les pétitions d’extrême-droite refusant qu’un Noir puisse être considéré comme Basque. Si ça marche, son match retour sera peut-être plus paisible.

Luiz Gustavo (4/5) : Au prochain anniversaire, il apprendra peut-être à ses potes brésiliens comment on joue en Coupe d’Europe.

Lopez (4/5) : Luiz Gustavo a allongé les milieux basques, Maxime a posé ses couilles sur leurs nez. Complémentarité.

Sarr (86e) : Rentré à un poste inhabituel d’ailier, où ses réflexes d’arrière-droit ne se sont pas montrés trop préjudiciables.

Thauvin (4/5) : Sévèrement gansaillé par les Basques, il doit sortir après avoir été impliqué dans la construction des trois buts. S’il y avait chez nos adversaires un plan anti-Thauvin, nous parlerons de réussite mitigée, donc.

Njie (62e, 1+/5) : Si ça se trouve, dans le civil Clinton est un homme charmant, fin et cultivé. Cela n’empêche pas que sur le terrain, il devient complètement siphonné de la cafetière. Pensez ce que vous voulez, moi je crois qu’on a plus de risques de provoquer une guerre nucléaire en confiant un ballon à Clinton Njie que les codes atomiques à Donald Trump.

Payet (4+/5) : « BUZZ – INSOLITE – WTF : après avoir vu le match de Dimitri Payet, ce Twittos marseillais fracasse sa télévision avec son phallus. »

Ocampos (4+/5) : Sa première évolution l’avait vu passer de Rantanplan au chihuahua sous crack ; la seconde vient de le voir accéder au statut de chien d’attaque au RAID. On saute toujours à la gorge ou aux testicules des méchants, certes, mais dans la lucidité.

Germain (2+/5) : Courageux, n’a jamais esquivé une occasion d’aller au mastic. Mais n’oublions pas que dame Europe, elle, préfèrera toujours ces branleurs qui convertissent leurs occasions sans en foutre une ramée par ailleurs.

Zambo Anguissa (71e, 3+/5) : Les Basques pensaient pouvoir souffler en voyant démanteler la paire Luiz Gustavo-Lopez, mais ils n’ont fait que tomber de Charybde Anguissa.

 

L’invité zoologique : Iñakiwi Liams

Bête boule de plumes dépourvue d’ailes, incapable de voler et même de courir, le kiwi est une proie facile pour n’importe quel prédateur. Ceci dit, le fait qu’il soit présent depuis si longtemps dans l’écosystème malgré ses apparentes tares montre bien qu’il a un truc. On ne sait pas trop lequel, mais la bestiole sait survivre, c’est certain. Méfiance, donc. En attendant notre prochaine rencontre, voici ses observations :

– les autres : Analissimes en défense, brutaux au milieu, à moins d’avoir particulièrement bien masqué leur véritable niveau ce soir, nos adversaires n’ont que peu de chances de nous battre sur le plan du football pur. Pour ce qui est de livrer un combat de sueur et de couilles dans un stade brûlant, en revanche, mieux vaudra avoir du répondant.

– L’invitation : L’excellent Furia Liga, spécialisé sur le football espagnol, m’a fait l’honneur d’une invitation à évoquer ce match chez eux. Va donc prendre ta double ration de notes ici, et profites-en pour découvrir ce beau site, si ce n’est déjà fait.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Babas remporte le concours zoologique avant que le PSG ne gagne une coupe d’Europe, ce qui est un peu inattendu mais pas trop tout de même.

 

Bises massilianales,

Blaah.

9 thoughts on “OM-Bilbao (3-1) : La Canebière académie se met au niveau

  1. Bilbao a pressé dès le coup d’envoi pour empêcher l’OM de trouver une bonne touche façon rugby. Ce qui a conduit au but d’Ocampos.

  2. Payet a été aussi orgasmique dans le jeu qu’analissime sur coups de pied arrêtés, notamment avec ce corner, en fin de partie, qu’il joue en retrait de façon à offrir un formidable ballon de contre au Basque resté à l’entrée de la surface.

    À noter que la lucidité d’Ocampos se retrouve dès lors qu’il joue avec de bons joueurs tels que Payet et Thauvin. Étonnement, il a beaucoup plus de mal lorsqu’il est associé à Clinton N’Vié.

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