Sainté-Rennes (0-0), la Breizhou Académie déclare sa flamme à Johnny

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On a tous en nous quelque chose de tenace B.

Johnny fais-moi mal
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Après la victoire en coupe de France contre Angers, le Stade rennais retrouve la morosité d’un championnat sans intérêt, d’ailleurs la Breizhou Académie ne supporte plus beaucoup cette saison et a donc décidé de vous faire vivre ce énième match contre Bordeaux… Saint-Etienne pardon… à travers la chevelure flamboyante – à défaut d’être frissonnante – de John Boye.
John Boye ? Sceptique, vous relisez cette dernière phrase. Oui, John Boye, parfaitement, car ce bel homme n’a pas son pareil pour animer n’importe quel match un brin morose. Johnny Boye nous réveille et donne une demi-molle impromptue mais appréciable. Il est impossible pour un supporter rennais de ne pas vibrer, ne pas ressentir cette boule au ventre dès que le ballon arrive dans le périmètre du Ghanéen : une sensation, une drogue qu’un supporter rennais ne peut se passer. Pour – peut-être, car John Boye est toujours là où on ne l’attend pas – un de ses derniers matchs en rouge et noir nous avons décidé de lui rendre l’hommage qu’il mérite. Un hommage qui est à partager avec l’homme qui lui aura appris le rôle de ses pieds et d’un ballon de foot durant 3 ans en équipe réserve, Laurent Huard. Merci Lolo, tu reviens de loin.

Ainsi terminons-nous cette introduction, et laissons par la même occasion la plume à John Boye, avant que celui-ci ne vienne nous la prendre de force d’un superbe et auguste tacle glissé.

Pokou d’Amour et Nick Thomert

 

Enjeu

Je ne comprends jamais rien dans cette équipe quand est-ce qu’ils vont apprendre le ghanéen ou l’anglais ?
Je crois que le nouveau coach a dit qu’il faut surtout ne pas prendre de buts. Surtout avec son regard noir j’ai pas trop compris pourquoi il me regardait avec le vieux barbu. Je trouve ça un peu sévère vu que je donne toujours le maximum. Surtout par rapport au mec qui joue à gauche avec son sale accent : celui-là, il remet toujours ses cheveux en place, je ne comprends jamais rien à ce qu’il dit, ça m’étonne pas que les gens se soient énervés à cause de ça il y a quelques mois. Si je capte un jour ce qu’il dit faudra que je lui conseille une nouvelle marque de gel. Pour moi c’est un match comme un autre, même si mon agent Fabien Piveteau n’est pas d’accord : il me dit que c’est très important que je joue pour qu’il puisse avoir encore avec pleins de valises de thunes comme avec les copains Michael et Asamoah (ndlr Essien et Gyan) : « si j’arrive à te refourguer à Wolverhampton ou Doncaster ce sera un grand pas » . L’Angleterre, ça me fait rêver, c’est un grand championnat à ce qu’il paraît. Alors je fais attention maintenant, surtout que depuis que le nouveau coach a dit que j’aurais 5% de salaire en plus si je mettais les balles le plus loin et haut possible et 10% si je les mettais dans les pieds des mecs qui ont le même maillot que moi. C’est hyper chaud de faire tout le temps attention aux maillots quand même, mais si le mec au sale accent y arrive je peux le faire aussi. J’aime bien les primes. Le reste du discours du coach ça parlait bizarre, il parle de combinaisons rapides de passes courtes, tout ce que j’aime faire c’est courir vite sauter et surtout tacler, le reste j’ai pas tout suivi. Il m’a donné une game-Boye pour faire passer le temps. Je comprends pas pourquoi je reçois pas de royalties sur cette console, c’est du vol. Je voulais porter plainte mais le coach a dit que c’était déjà l’heure d’aller sur le terrain, faudra quand même que je me renseigne là-dessus.

Compo

Compo Boye

Le nouveau coach il a un peu changé, ça me perturbe j’ai plus tous mes repères. Il a laissé le gars tatoué de partout devant les filets, il est bon il aime bien faire la fête avec les copains. A ma droite il a mis un jeune, d’après ce que je comprends du français je crois qu’il est puceau mais il veut pas l’avouer. Y’a le papy sympa à ma gauche et encore la chèvre qui tire (enfin, je l’ai jamais vu tirer, mais tout le monde l’appelle Bang) est toujours là, j’espère qu’il me donnera pas trop de boulot aujourd’hui, j’ai déjà assez à faire avec les maillots et les passes. Au milieu il a mis le copain africain qui sourit tout le temps, je comprends pas trop pourquoi, mais il est sympa donc on laisse faire. Y’a un nouveau jeune aussi, il a un nom d’africain mais c’est bizarre il parle tout le temps français. Et le premier blanc au milieu c’est carton jaune, il a la poisse comme moi cette année il s’est aussi pété le pubis, je me suis senti moins seul du coup. Après y’a Sale Accent. Nouveau coach n’a pas mis les deux nouveaux blancs, ils sont pas mal pourtant et en plus ils parlent anglais mais je ne les connais pas trop, ils me disent souvent « toi pas savoir jouer ballon, toi pas intéressant ». Quand c’est comme ça j’envoie des textos à Asamoah en attendant. Du coup il a mis un mec : Haineuteppe ? Il est jeune, peut-être un puceau aussi. Je ne sais pas ce qu’a ce club avec les jeunes, c’est louche peut-être qu’il y a du trafic, je me méfie. Mon agent il me disait que pendant un moment il leur mettait toutes les jeunes de l’Afrique qu’il voulait mais maintenant c’est fini, je suis un peu triste. Bon je reviens à la compo parce que le coach il parle encore tactique aux autres. Le dernier c’est le grand nerveux poilu, hyper sanguin je l’approche pas trop parce que sur le terrain il découpe limite les jambes, bon ça m’arrive aussi mais je ne le fais pas exprès. Je crois qu’il a des problèmes pour se contenir, quand il apprendra le ghanéen je lui donnerai l’adresse de mon psy, celui qui m’aide à accepter d’avoir le ballon dans les pieds, Laurent War je crois.

Le match :

0′ : Cool y’a pleins de vert je vais pas avoir de mal à distinguer les maillots des copains.
1’ : Par contre, pour les tacles, je vais avoir du mal à distinguer les chevilles avec la pelouse. Tant pis.
12’ : le mec qui ressemble à un épicier pakistanais centre, mais je mets une tête. Plongeante, parce que j’aime bien ça, moi, glisser sur la pelouse.
18’ : J’ai réussi une relance 10% en plus je suis chaaauuud patate !
22’ : Le petit puceau à droite il m’embête un peu, il a beaucoup de mal. Pourtant l’autre en face a une tête d’abruti. Bon c’est vrai que ça veut rien dire quand on regarde Sale Accent.
28’ : Carton jaune a déjà rempli son contrat. Il est fort, je l’admire beaucoup.
33’ : Aaaaazzzzy sa mère là ! Chèvre Bang s’est blessé. On lui demande pas grand chose pourtant et il se pète la cuisse tout seul. Le nouveau coach, il insiste pour que j’aille à droite, mais moi ça me plait pas, ou alors faut me donner plus de primes, il a répondu que je devais demander conseil à Sale Accent pour ça : « Suce le ». J’apprécie pas du tout, mais mon agent dans les tribunes me calme : si ça se trouve y’a un club londonien qui cherche un arrière droit !
35’ : J’ai pas réussi à renvoyer dans les pieds, 5% c’est toujours ça de pris.
36’ : Et ben voilà, à force de mettre des chaussettes de la même couleur que la pelouse, j’ai fini par confondre. Mon tacle glissé était pourtant splendide, j’avais la jambe gauche bien repliée, la droite bien tendue et ma glissade était parfaite, tout mon corps giclait sans accrocher à la pelouse. Mais il a fallu que la tête d’abruti mette sa cheville sur le passage. Carton jaune pour moi aussi.
38’ : aaaalà ! j’ai recommencé sur le même, mais cette fois je me suis bien concentré sur ses chaussettes et j’ai bien touché le ballon en premier.
44’ : puisque je suis chaud, j’en profite pour faire un nouveau tacle glissé. Un peu désespéré, celui-ci, puisque la tête d’abruti était tout seul aux 6 mètres, mais j’ai été tellement véloce que j’ai finalement réussi à contrer le ballon. Le tatoué peut me remercier, le ballon lui est arrivé comme une fleur, du coup. Eeeeaaaasy !

Pendant la mi-temps, le nouveau coach nous explique comment faire le dos rond et exploser en contre. Je comprends pas trop le concept du dos rond, je ne vois pas bien comment on peut tacler proprement en courbant le dos. Tout exploser, par contre, ça je sais faire. J’ai pigé.

51’ : le copain turc de l’année dernière se retrouve tout seul du côté du puceau et de Papy, mais il tire tout mollement et le tatoué fait un super tacle glissé avec les mains pour sortir le ballon.
52’ : le copain qui sourit tout le temps sort en souriant. Je ne sais pas comment il fait pour toujours tout prendre à la rigolade. Il est remplacé par le grand Douc. Ou Ré, je ne sais plus très bien comment il s’appelle. En tout cas, je ne l’aime pas trop : à l’entraînement, il va tellement vite avec ses grandes jambes que je n’arrive jamais à le tacler proprement.
58’ : quelqu’un donne le ballon à la tête d’abruti sur mon côté. Je lui fais ma course spéciale grandes-enjambées-en-levant-haut-les-genoux pour l’impressionner. Ça marche à tous les coups, c’est super ce truc. C’est moi qui l’ai inventé.
60’ : on a du mal à se passer la balle, quand je dis qu’il faut qu’on apprenne à parler anglais ensemble pour se comprendre !
64’ : l’épicier pakistanais centre sur le mec à Mouma (c’est qui celle-là ?) qui marque, mais Papy nous avait fait monter juste avant, ce qui fait que le but est refusé pour cause de drapeau jaune et orange levé. Tiens, c’est pas mal, ça, comme mélange de couleurs, le jaune et le orange. Faudrait que j’essaie ça pour ma prochaine coiffure.
70’ : Putain mais Sale Accent tu fais chier, lève ton ballon pour les corners ! Comment veux-tu que je le reprenne de la tête ! Si je marque un but peut-être que le coach il gueulera moins si on en encaisse un.
79’ : Fouet de Kadir tente une frappe, mais comme le ballon rebondit connement juste devant lui, il part n’importe où. S’il avait tiré en taclant, ça ne serait jamais arrivé.

Les notes

Le tatoué : Il était bon 5 saucisses

Le puceau : Je l’aime bien, grâce à lui, j’ai pu faire plein de tacles quand il jouait de mon côté. Mais quand la chèvre Bang s’est blessée, il est allé de l’autre côté et je ne pouvais plus compter que sur moi-même pour mes beaux tacles. 2 saucisses seulement, du coup.

Moi, John Boye : J’ai faim ! 5 saucisses

Papy : Il est bon, je sais pas comment il fait pour deviner où le ballon va pour l’intercepter sans tacler. 5 saucisses

Chèvre Bang / Tootoondji : j’aurai préféré que ce soit Tootoondji qui joue à droite c’est quand même lui le plus jeune dans la défense. Et le droit d’aînesse alors ? 3 saucisses

L’homme qui sourit tout le temps : Comment il fait ? Mais comment il fait ?! Il a pas marqué ce soir, donc il est un peu triste. Ça s’est pas vu. 3 saucisses

Carton jaune : Ouaaaaiis on va fêter son nouveau carton en boîte, il va gagner le concours le bâtard ! Hey mais ya quoi à gagner au fait ? Bon il a quand même bien aidé au milieu de terrain, il est plus dégueulasse que Mr Propre mais il aime bien courir et tacler comme moi ! 4 saucisses

L’autre africain qui parle français : Il a l’air d’être un peu perdu comme moi sur le terrain par moments mais il joue pas trop mal, je me sens moins seul 3 saucisses

Haineteppe : 3 saucisses il avait l’air d’avoir un peu de mal. Enfin je crois. Il était souvent devant moi, mais loin devant quand même, donc je ne voyais pas très bien non plus.

Sale accent : 3 saucisses, mais lève ton ballon putain ! Sinon comment je fais pour marquer, hein ?

Le poilu : Je l’ai pas trop vu, tant mieux il aurait mis plein de poils partout dans ma chevelure chevelure 1 saucisse

John Boye

 

La Breizhou Académie reprend timidement la plume pour souhaiter à son anglo-ghanéen préféré un très bon anniversaire. Personne ne sait trop s’il sera là l’année prochaine, mais s’il devait partir, nous le regretterons, à coup sûr.
John Boye, c’est le tacleur fou, le défenseur incapable de relancer proprement, incapable de maîtriser un ballon, mais c’est aussi un joueur qui n’aura jamais triché sur le terrain, qu’il soit remplaçant ou titulaire, au centre ou à droite, avec les cheveux teintés ou pas. À l’heure où Jean-Armel Kana-Biyik se permet d’envoyer paître ses entraîneurs qui lui demandent de se replacer, John Boye sera toujours resté fidèle aux couleurs rouges et noires et pourra se vanter de s’être toujours défoncé pour le club tout en lui rendant beaucoup de services, à commencer par… ben défoncer ce qui traîner dans sa zone. Les injustes aiment à se moquer de John Boye, les justes reconnaissent simplement les leurs.

Pour toutes ces raisons, la Breizhou embrasse fougueusement son John Boye. Avec la langue, et tout. Nous t’aimons d’amour, Johnny. Même si bon, la musique, voilà quoi…

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Le Stade rennais sans son John Boye, c’est comme si tout à coup on se mettait à gagner un truc : on ne le reconnaîtrait pas. Et bien justement… (suite au prochain épisode)

J34-boye

3 thoughts on “Sainté-Rennes (0-0), la Breizhou Académie déclare sa flamme à Johnny

  1. Oh oui mon Johnny ! Quel athlète. Bon par contre j’ai tenu 42 secondes pour la musique.

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