France – Allemagne (1-0) : L’Académie française de nouveau in Löw

L’Euro 2020 débute enfin pour les Bleus, un an après ce qui était prévu. Mais le menu reste le même : Portugal, Hongrie et Allemagne. C’est ce dernier qui a fait office d’entrée. Délicieuse, au demeurant.

On peut toujours dire que « ce n’est plus la grande Allemagne » mais quand on voit l’équipe alignée, ça a tout de même de la gueule. Je prends tous les jours Kimmich et Muller dans n’importe quelle position (dans mon équipe je veux dire, esprits tordus). Ceci étant, comme l’a un jour dit un grand penseur : « Allemagne ou pas, j’m’en bats les couilles. Kimmich, Muller, machin, chouette : rien à foutre ». Dont acte.

La compo :

Ce qu’on peut désormais considérer comme l’équipe-type des Bleus – cf. les deux matchs de préparation – a été alignée par Deschamps. Le 4-4-2 losange made in DD qui ressemble souvent davantage à un 4-3-3 vu la liberté des trois de devant et les permutations au milieu (parfois Kanté va presser, parfois Pogba, parfois Rabiot, parfois à deux et toujours avec l’un des trois qui reste derrière).

Le derrière : deux joueurs du Bayern Munich, un du PSG, un du Real. Le moins fiable des 4 n’est peut-être pas celui qu’on croit.

Le milieu : Pogba et Kanté, c’est l’évidence. Rabiot, c’est l’inconnu : pas terrible sur ses dernières sorties, le Duc sera-t-il au niveau pour sa grande première avec les Bleus dans une compétition d’envergure ? A lui de ne pas nous faire regretter Tolisso.

Le devant : il paraît que le monde entier nous les envie. Qu’ils ne se gênent donc pas pour étaler leur talent sur la face des teutons en mondovision.

Les trois absents de la feuille de match : Marcus Thuram, Moussa Sissoko et Léo Dubois-ah-ah-ah-ah. La violence tout de même : se faire sauter par Koundé qui n’est pas latéral de formation et qui a joué une mi-temps en Bleu.

Le match :

Ce premier match de l’Euro 2020-1 débute pour les Bleus comme la demi-finale de l’Euro 2016 : nous ne voyons pas le ballon. Les trois premières minutes sont contrôlées par les Allemands et nous courons. Les sept suivantes ne sont pas plus en notre faveur. Mais, finalement, tout est déjà décidé : à la suite d’un coup-franc de Kroos, la tête de Mats Hummels passe au-dessus. Le compteur de #communsymbole explose dans toutes les rédactions sportives ainsi que dans les bouches peu inspirées des commentateurs.

Il faut attendre la quinzième minute pour voir nos Bleus entrer dans le match : Pogba s’essaye de la tête, Mbappé tente du pied. La troisième tentative est la bonne : Paulo gratifie le stade de Munich d’une ouverture succulente vers Hernandez, Lucas centre en une touche vers Mbappé mais le cuir est propulsé dans ses propres filets par… Mats Hummels (1-0, 20^e).

Can we talk about this pass from Paul Pogba??… pic.twitter.com/Xpigwx5Ywx

— Vince (@Holdmy6ixBDs) June 15, 2021

Le match est lancé : Gundogan et compagnie haussent le ton mais ne cadrent pas leurs différents essais, coups-francs comme frappes ; les Bleus essayent de contrer sans jamais s’affoler, Pogba et Kanté montent tout le temps sur Kroos pour l’empêcher de relancer. Seuls les errements défensifs de Kimpembé obligent les supporters français à passer à la blanchisserie à la pause.

Au retour des vestiaires, la France a un temps fort notamment symbolisé par Rabiot : très actif, demandeur, le Duc se projette jusqu’à la surface adverse et touche le poteau. D’aucuns lui reprocheront de ne pas avoir servi Grizou sur un plateau. En réponse, Serge Gnabry force les fans bleus à remettre leurs slips en mode « taches tenaces ». Heureusement, le ballon passe juste au-dessus de la barre.

L’Allemagne pousse aussi fort que pépé après avoir ingéré 4 sachets de Smecta : la domination est totale, les Bleus n’arrivent plus du tout à ressortir, les centres s’enchaînent. Mais la France tient bon : Varane renvoie tout, Kimpembé se met enfin au niveau et, en réalité, les Allemands ont très peu d’occasions franches. A l’inverse, à chaque fenêtre opportune, les Bleus saisissent leur chance : trouvé par Pogba, Kyky va au bout, feinte, frappe, marque… mais est signalé hors-jeu d’un genou.

Joachim Löw procède à plusieurs changements pour forcer le destin ; Didier Deschamps procède à zéro changement pour lui faire la nique. En parlant de ça, un pénalty pourtant évident en faveur des Bleus est ignoré par le corps arbitral : Benzema et Mbappé combinent, Kyky prend de vitesse Hummels, l’Allemand tacle par derrière et emporte tout avec lui. Le ballon, certes, mais aussi jambes et chevilles du natif de Bondy. Circulez , y’a rien à voir…

La vitesse de Kylian Mbappe, il a déposé Hummels. ?pic.twitter.com/gX7pWw2OCU

— MinutesFoot (@MinutesFoot) June 15, 2021

Quelques minutes plus tard, Benzema pense doubler la mise sur un bon service de Mbappé lancé par Paulo Pogba mais le but est refusé de nouveau pour hors-jeu. La fin du match est là : les Allemands font le siège de notre surface, les Français défendent très bas, mais rien ne passe. La fin du match est là : oui, je l’ai déjà dit mais l’arbitre a accordé 6 minutes de temps additionnel auxquelles il ajoute 1 minute 30 de sa poche. Mauvais jusqu’au bout (cf. ci-dessous). Pour les Bleus, ça fait 3 points. Rideau.

Le débrief :

Gagner son premier match, c’est bien. Battre les Allemands, c’est très bien. Les derniers France – Allemagne ont cette douce saveur du fameux « dominer n’est pas gagner ». Les Bleus sont devenus spécialistes du dos rond face aux Allemands : la France sait subir sans être réellement inquiétée. La force collective est impressionnante, les efforts défensifs des attaquants aussi. Un match plein d’engagement et, nous semble-t-il, de croyance de chaque joueur dans le projet de DD.

Une victoire d’autant plus agréable qu’elle survient après un match arbitré avec le cul :

• Kimmich a savaté plusieurs fois Hernandez : un jaune dès le début et une absence de second jaune tout le reste du match malgré ses tentatives répétées de le dérouiller dont un pied dans le visage.
• Gosens a confondu le football avec le MMA, envoyant son genou directement dans le visage de Benji Pavard, mais là encore, l’arbitre n’a pas bronché. On espère que l’ancien Lillois s’est bien remis tout en place… (à quand les protocoles commotion comme au rugby ? C’est bien là la seule chose qu’on pourrait emprunter à ce sport inintéressant).
• Hummels a commis l’un des pénaltys les plus évidents qui existe mais n’a pas été puni.
• Rudiger a « juste » mordu Pogba : évidemment insuffisant pour être sanctionné par l’homme du soir. Le défenseur aurait dû ajouter le doigt dans l’œil pour prendre un carton. A noter : l’UEFA a confirmé ce jour qu’il ne serait pas sanctionné.

Les notes :

Lloris (3/5)

En réalité assez peu de travail malgré la domination allemande. Une sortie un peu hasardeuse dans les pieds de Gnabry aurait pu faire pencher la balance.

Hernandez (4/5)

Notre chien de la casse est de retour. Lucas est passé en mode « compétition internationale » et déglingue tout : gros rendement sur son côté, il n’hésite jamais à aller au mastic. Il maitrise 18 langues étrangères pour ce qui est des insultes. Kimmich en a encore les oreilles qui bourdonnent.

Varane (5/5)

La taille patron, c’est XXL ? Il a renvoyé tous les ballons chauds, est intervenu quand il le fallait et a colmaté les brèches où il le fallait. Injouable à ce niveau.

Kimpembé (3/5)

Médiocre en première période (agressif pour rien, mal placé…), Presnel s’est mis dans le rythme en seconde. Il était temps. Il oublie quand même Gnabry dans son dos. Bilan très simple : Presnel peut être aussi moyen tant que Varane est aussi parfait.

Pavard (3/5)

Un match costaud où il a bien verrouillé son couloir. Benji n’a pas trop eu l’occasion d’apporter des munitions devant. Victime du bourrin Gosens, il a donné son corps à la France.

Kanté (3/5) :

Toni Kroos vient de développer un nouveau cauchemar pour le hanter chaque nuit : à chaque fois qu’il reçoit le ballon, il a un dixième de seconde pour prendre l’information et le donner correctement. Sinon ? Ngolo Kanté surgit de la nuit, lui met trois baffes et fait disparaître le ballon. Malgré tout un peu en retrait par rapport à ses deux compères.

Rabiot (4/5)

Première période bonne malgré quelques erreurs qu’il a lui-même rattrapées. Seconde période de toute beauté : Adrien courait partout, interceptait et, même, se projetait. Quand le Duc garde ses qualités et s’injecte l’investissement de Sissoko, c’est très bien. Remplacé par O. Dembélé (non noté).

Pogba (5/5)

Ca y est, Pogba court (cf. dernier match de prépa). Caviar sur caviar, crochets, contrôles orientés, vision du jeu… Masterclass technique aussi savoureuse que des fraises du jardin qu’on plonge dans un bol de chantilly maison parsemée de sucre glace.

Mbappé (4/5)

S’il n’a pas marqué, ce n’est pas vraiment sa faute. Ses courses façon Bip-Bip le Coyote ont fait très mal aux Allemands ; ses quelques replis défensifs (et même cette récupération n=!) ont fait très plaisir aux Français.

Griezmann (3/5)

Antoine est aussi passé en mode international : il est avant toute chose au service de l’équipe. Les Bleus dominés, il se rappelle au bon souvenir de l’Atletico et défend mieux que toute l’équipe d’Arsenal réunie. Plusieurs imprécisions inhabituelles dans les transitions offensives, sans conséquence.

Benzema (3/5)

Peu d’occasions à se mettre sous la dent mais le K a, comme ses compères d’attaques, participé à l’œuvre collective. Quelques sucreries techniques pour faire plaisir et une vraie envie d’aider l’équipe. Le but du retour, refusé pour HJ, n’est pas encore arrivé. Remplacé par C. Tolisso (non noté).

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