L’académie du soleil levant, première

Cher lecteur,

C’est depuis le Japon, lieu de naissance du Soleil selon la légende, que je t’écris. Et pourtant lorsque tu liras ces lignes je serai déjà au Brésil, terre de football. Rien de bien différent me diras-tu, car qu’est ce qu’un ballon si ce n’est le globe autour duquel tourne le monde d’aujourd’hui. Ah manège de l’absurde ! Ah ronde des vanités ! Ah !

Excusez-moi on frappe à la porte…

…voilà c’est rien, coach Zaccheroni n’arrivait pas à obtenir un foutu expresso avec la machine de l’hôtel : « fammi un putto espresso, stronzo! » qu’il me dit, il arrête pas de me parler italien, Alberto, je lui dis que je comprends rien mais lui il continue avec ses « vaffanculo figlio da puttana » ou « damnè la madre que te cagare per la figa ! » je suis pas sûr de rapporter tous les mots avec exactitude, mais ce qui est sûr c’est que je me sens tellement con quand il me parle que je me mets systématiquement à rire comme un baudet. Du coup le Zacc’ finit par me mettre plein de petites tapes sur les joues en continuant à me parler très vite. On se marre vraiment bien. C’est quelque chose, les italiens…

Bref, comment j’en suis arrivé là ? J’allais dire comme tout le monde : par hasard. En réalité le véritable point de départ fut mon aventure chez Horsjeu.net… Il y a quelques mois de cela l’Éditeur (ce bel homme) recherchait un stagiaire non rémunéré pour superviser des équipes potentiellement hype durant la Coupe du Monde. Je vous passe les détails mais il se trouve que j’ai une large expérience des stages non rémunérés et que, de surcroît, mon père est un Germano-Japonais dont une partie de la famille a émigré au Brésil, côté Porto Alegre. Ni une ni deux je dis oui et l’Éditeur m’envoie à Tokyo pour suivre les derniers préparatifs de l’équipe du Japon. Ça m’a coûté un peu cher mais ça m’a fait plaisir de découvrir Tokyo. Gros coup de cœur pour le Kabukicho, quartier animé de la capitale où des gens super sympas m’ont ensuite aidé à trouver le Golden Gai (un coin recommandé par le Guide du Routard, je savais pas trop sur quoi me baser pour découvrir la ville…)

Ma première nuit sous les rails au Japon. Un moment unique.

Bon je vais pas vous faire la visite touristique on est là pour parler foot. Je passe sur les détails de la soirée – on m’a offert tellement de saké que je serais incapable de me souvenir de quoi que ce soit de toutes façons – et je prends direct le JR Shonan-Shinjuku direction Saitama, 30km au nord, pour tenter de grappiller quelques bribes du premier match de préparation du Japon contre Chypre. Autant vous dire qu’on a vu une équipe technique et frustrante dont l’essence même s’incarne dans le seul but d’Uchida : 10 mille passes en une touche de balle à 1 000 à l’heure dans la surface adverse et toutes les peines du monde à pousser le ballon dans les filets, sur un geste que même Pippo Inzaghi renierait. Le Japon c’est technique, rapide, mais dans les deux surfaces de vérité c’est un poil faiblard. J’aurais tout le temps de vous raconter ça, je vous prépare une analyse tactique avec un invité surprise (teaser) dont vous me direz des nouvelles (teaser).

Saitama se situe à l’exact opposé du Mont Fuji

Voilà j’espère que ça vous plaira et que le Japon ira le plus loin possible. A vue de nez c’est notre 5e participation à la Coupe du Monde (5e consécutive d’ailleurs), on a un effectif qui s’est plus que jamais frotté aux football du vieux continent et un entraîneur avec de la bouteille. Rendez vous le 14 juin contre la Côte d’Ivoire, d’ici là je vais essayer d’apprendre le japonais pour vous faire un peu vivre la Coupe du Monde de l’intérieur.

Tokyo, loin des clichés

Merde j’oubliais l’essentiel : pourquoi je me retrouve là. Donc je reprends : je suis au Saitama stadium avant le match et je vois un japonais, genre un officiel, qui pointe du doigt un énorme tas en peluche jaune dégueu. Le type se met à hurler mais tout le monde autour fait semblant de ne pas entendre. Moi je suis pas loin et paf, le flash dans ma tête : « Putain mais c’est Pikachu ! » je gueule comme ça. Mais si, vous savez, Pikachu : la vedette des Pokémons, la mascotte du Japon. Bref je hurle comme un putois et là, le type me regarde et il pointe son doigt sur moi et le même doigt mais de l’autre main sur le Pikachu à terre. Moi je me dégonfle pas, j’avance vers lui et comme je sais pas trop comment entamer la conversation (je fais « Ohaio Gozaimashita » mais il fait semblant de ne pas comprendre) j’enfile le costume et j’agite les bras comme ça (vous pouvez pas le voir parce que je l’écris mais j’essaierai de passer à la télé pour que vous puissiez voir). Tout le monde éclate de rire et, par la force des choses, j’ai bien l’impression que je me trouve engagé comme mascotte officielle vu qu’il ne m’ont toujours pas sorti du costume. La fin du match – tout anodin qu’il fût – restera gravée dans ma mémoire : j’ai été porté en triomphe, noyé sous la douche (je vous raconterai un jour à quel point c’est lourd cette merde, quand c’est rempli de flotte) et roulé tout le long du terrain. Qu’est-ce qu’on a pu se marrer !! J’étais tellement ému de m’être trouvé une famille que j’ai même pas songé à demander à ce qu’on m’aide à me désaper. Ma seconde nuit au Japon je l’ai passée dans un costume de Pikachu, sous les tribunes du Saitama Stadium !!! Le jour où je raconterai ça aux copains !! En attendant je suis bien déterminé à profiter de chaque miette de ma nouvelle vie !

Ma première présentation officielle – chaleur étouffante

Bon je vous laisse. Promis la prochaine fois je serai moins bavard et on parlera vraiment de ce que cette équipe a dans le ventre.

D’ici là je vous laisse avec cette chanson qui témoigne bien de l’amour qu’ont les japonais pour le football…

Japan-WE ARE THE CHAMPIONS (G.U.R.U) par GURAM_100

Sayonara !

Hitoshi Dan-Kohl