Si deux droites sont perpendiculaires à une troisième, alors elles sont parallèles entre elles. 

René Coty. 

 

Décidément, les instants de reprise à l’argus, avec ou sans malus, sont faits de petites pointes palpitantes qui papillonnent par dessus nos épaules appauvries. Ces moments où l’on sort d’un autre temps, un qui se veut suspendu, au delà des vallons lénifiants de la vie quotidienne, un qui se prend à faire rêver d’ailleurs. On sort du berceau estival, plein de biafine et de MST, on sort de l’estuaire hivernal, plein de dinde et d’hydromel, et on regarde le monde réel se remettre petit à petit bien en place, parfait pour repartir de plus belle dans la mièvrerie salope.

Mais dans ces fameux instants, quelle satisfaction d’être pailladin ! Le hasard du calendrier nous donna comme adversaires les deux poids lourds du championnat, les deux ogres devant se livrer à un concours de bouffe orgasmique de pauvres petites PME. Même si Monaco semble tarder un peu à se mettre en bouche, le club du riche rocher, ruche à richards, n’en reste pas moins une grosse écurie qui, je le rappelle à nos mauvais souvenirs, nous en a mis quatre dans la fiole à l’aller. Or donc bel hasard que celui qui nous promettait comme entame des deux phases  une dégelée des familles. Mais fi des promesses du papier, nonobstant (à bon entendeur, suivez mon regard, je ne vise personne) une saison qui fleure bon le flirt fleuri avec la faune de seconde zone, les petits ont fait montre d’un courage qui leur faisait défaut jusqu’alors. Un partout à chaque fois, point. Les grosses cylindrées ne vainquent pas à la Mosson. Faudra repasser la saison prochaine, messieurs les gros essieux.

A l’inverse du match contre Paris, ce sont les adversaires qui ouvrèrent la marque. Mais l’entame était bien montpelliéraine, avec notamment dix premières minutes pleine d’allant, où le pressing dès la première passe gênait considérablement la charnière princière, bien aidé par la jeune péronnelle fraichement recrutée qui fit parler son physique pour user la défense de ses courses bien senties et ses remises dans le ton. Mais il suffit d’une petite baisse d’intensité du côté des petits pour remettre en selle une équipe qui n’a besoin que  d’éclairs de fuoriclasse comme Rodriguez ou Moutinho pour marquer. La preuve en est par ce centre au cordeau du plus briscard des deux sur la tête du descendant de Konoe caché en Pologne (ironie du sort ou clin d’oeil pervers de l’Histoire). Toujours un peu brouillonne par la suite, la Paillade ne perdit jamais espoir et bénéficia même de petits coups de pouce, que cela soit de la chance, de Joujou le roi sans divertissement ou encore des monégasques eux-mêmes qui, par manque de timing ou de précision, foirèrent les occases et du même coup la victoire qui semblait pourtant leur tendre les bras. Et Cabella, en partance pour de jolies colonies de vacances, provoqua son deuxième pénalty en ligue 1. Le premier, comme un symbole de Bouradamus, avait été manqué par Camara. Cette fois c’est Niang qui le rata, mais ayant bien suivi, comme un symbole d’Elmer Fudd, planta son deuxième pion en deux matches officiels.

D’un point de vue comptable, il est évident que ce nul ne nous donne pas ce qu’il faut pour se remplir les poumons d’un bol d’air plein de soulagement. Il est indubitable que nous sommes toujours dans la panade façon Quick et Flukpe ont le scorbut. Mais nous pouvons aussi nous réjouir d’avoir tenu en échec une armada qui nous en avait mis quatre à l’aller, malgré leur méforme du moment. Le problème c’est que c’est bien de se réjouir, on fait ça depuis le début de saison, mais quand on avance pas d’un pouce au classement et que la zone rouge est à quatre points avec un match en moins, on essaye d’arrêter le tir avec les réjouissances. La méthode Coué, ça va cinq minutes, après on se retrouve avec la méthode « on s’est fait Couillé », dans un bus Hérault Transport pour aller jouer à Palavas-les-flots.

 

Les notes:

Jourdren (4/5) : il a entretenu un semblant d’espoir pour les fesses de Just Wide avec brio, d’abord en boxant du poing une frappe vicieuse, puis en réalisant une nouvelle parade magistrale lorsque le score était de 1-1.

Deplagne (2/5) : au lieu de faire des quenelles, soigne ta conduite de balle. Y en a qui ont été triangle noir dans les camps pour moins que ça.

Hilton (3/5) : de bonnes interventions mais une absence de marquage rédhibitoire sur Kurzawa, réalisateur des Sept Samurais notamment.

Congré (2/5) : un peu ridicule quand il s’agit de juger la trajectoire des ballons aériens; on dirait la DCA d’un pays du tiers monde vampirisé par le FMI.

El Kaoutari (3/5) : rien que pour sa chevauchée des Walkyries balle au pied, qui aura probablement rappelé aux connaisseurs les grandes heures chez nous de Mapou Yanga-Mbiwa.

Marveaux (2/5) : il a pas énormément pesé; Camara sait défendre après tout, alors pourquoi l’avoir laissé sur le banc???

Stambouli (3/5) : il a soulagé les arrières par ses retours défensifs, et s’est montré assez juste dans ses choix de passes.

Sanson (3/5) : Buster Keaton.

Mounier (0/5) : pas de cerveau, pas de technique, nul à chier.

Cabella (4/5) : de bons dribbles bien diaboliques qui ont déstabilisé quelque peu une charnière de vieillards cacochymes. Il aurait pu marquer en première période, si seulement il connaissait la règle du hors-jeu, ce teubé. Mais il s’est rattrapé par la suite en obtenant un penalty.

Niang (3/5) : que dire si ce n’est que ses débuts sont semblables à ceux de Balotelli au Milan l’année dernière.

Les remplaçants : 

Camara : l’homme que tout le monde attendait, et qui fit basculer le match par son charisme.

Tiéné : Georges Frêche se retourne dans sa tombe.

Montaño : fallait être bon avant.

 

A part ça : le post rectum de Marcelin.

Ah ces doux instants de reprise ! Elle est pas mal mon argumentation en syllogisme constitutif de deux prémisses en pâte à sel ? J’espère juste ne pas devoir la faire pour l’ensemble des deux phases, sinon ça finira mal. Je préviens juste que si on finit en ligue 2, je me retire dans une maison troglodyte avec une baguette tradition, une cinquantaine de cannes de rouge, trois ou quatre kilos de saussiflard et un bouquin de Jean-Pierre Filastre.

Et lorsque la corneille chantera

Sur sa branche asséchée

Je me lèverai, paisible et droit

verserai mon pastis à la volée

tout en plein sur mon corps froid

et allumerai mon briquet

pour le jeter à travers la paroi

de ma gorge alcoolisée.

La bise, méridionale et vigneronne,

Loulou la Fraîche et Marcelin Albert. 

3 thoughts on “Montpellier – Monaco (1-1) : La Paillade Académie ivre ses notes

  1. Mais qu’est-ce qu’Internet a de mieux à foutre que de commenter cette académie??? Encore une fois, c’est une des mieux écrites d’horsjeu.net.

  2. @EvaristeG: Cri Cri Ballon d’Or, Messi c’est qu’une brèle (et encore, il a un Ribery dans chaque orteil).

    Pour le ballon d’or le plus laid de tous les temps, il suffit d’inverser l’ordre précédent.

    Si ça peut aider…

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