Rennes-Nîmes (2-0) : La Breizhou Académie finit en beauté

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Au terme d’une ultime victoire à la maison face à des Nîmois relégués et à la faveur du match nul entre Lens et Monaco, les Rouge et Noir finissent la saison sur une qualification européenne. Ouf.

C’est peu dire que cette saison aura été particulière sur les bords de la Vilaine. Une première participation en Ligue des Champions dans l’histoire du club, des séries de victoires puis de défaites puis de victoires, un changement d’entraineur, un mercato longtemps remis en question, pour finalement décrocher in extremis un billet pour la nouvelle Europa Conference League. C’était essentiel de se qualifier pour préserver la dynamique actuelle – quatrième campagne européenne de suite – mais aussi pour les finances du club et le besoin de renforcer l’effectif la saison prochaine. On va passer des vacances bien plus reposantes que si l’on avait fini à la place des cons, désolé aux Lensois méritants, mais le mérite n’a rien à voir avec la vie. On ne va donc pas bouder notre plaisir. Ni même repenser aux magouilles marseillaises à cause de trois cyprès brûlés ou à Antony Gautier et son festival bordelais.

Plutôt que de vous raconter un match dont on aura littéralement vu deux images lors du multiplex – les buts – faisons le bilan humain de cette saison riche en émotions.

Les gardiens

Ca a démarré sur les chapeaux de roue avec le départ en dernière minute de notre gardien titulaire, Edouard Mendy. Les sirènes de Chelsea étaient trop fortes et d’ailleurs on ne lui en veut pas, dans le fond. Sur la forme, si on avait pu être prévenus un poil plus tôt, ça nous aurait évité de surpayer un remplaçant moyen. C’est peu dire que les débuts de Gomis ont été délicats avec le SRFC : longtemps en concurrence avec un Salin qui faisait le job, Alfred a mis du temps à s’imposer au sens propre comme au figuré. Relances au pied foireuses, interventions timides… Il aura finalement sorti quelques très bonnes performances et sauvé des points précieux, sans jamais vraiment rassurer. Il sera sûrement titulaire la saison prochaine, espérons qu’il prenne confiance et monte en puissance.

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Les défenseurs

Dans ce domaine-là aussi la saison aura été un sacré bordel. Entre le chantier constant de la défense centrale qui s’est soldé par l’arrivée/blessure/départ de Rugani, la blessure de Maouassa qui a occasionné le recrutement en catastrophe de Dalbert, aussi nul que malchanceux sur la pelouse… Florian Maurice s’est arraché le peu de cheveux qui lui restait. Nouveau venu cette saison au club, Nayef Aguerd reste un mystère : capable de prestations très convaincantes et auteur d’une saison très correcte, il semble manquer du petit plus qui le ferait s’imposer comme un très bon joueur de L1. N’ayant pas l’âme d’un leader, Aguerd a besoin d’être épaulé d’un taulier et la recherche de ce patron défensif sera le chantier prioritaire de la direction rennaise. Même si cette saison n’a pas été sa meilleure, Traoré aura tenu son rang et se voit récompensé par l’obtention du brassard de capitaine pour la saison prochaine. De l’autre côté, citons bien sûr la révélation Truffert, qui aura relégué l’espoir Maouassa sur le banc. Une saine concurrence semble s’être établie entre eux, à voir si ça sera toujours le cas la saison prochaine. De leur côté, Soppy et Nyamsi ont rendu service mais ne semblent pas en mesure de prendre plus de place dans la rotation.

La Breizhou Académie a évidemment un grosse pensée pour le capitaine Damien Da Silva, en fin de contrat après trois ans de bons et loyaux services. Même si sa dernière saison a été en demi-teinte, Damien aura été un joueur important, irréprochable dans l’état d’esprit et en accord avec ce que le club souhaite être. On lui souhaite une belle pré-retraite dans le Rhône, malgré Anthony Lopes.

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Les milieux

Un vrai soap à l’américaine que l’entre-jeu rennais cette saison : un espoir déçu, un second couteau revanchard, un vieux briscard plein de sagesse, un vilain petit canard… On aura tout eu. Commençons par la « pépite » Camavinga. Encensé à raison lors de sa première saison pleine l’an passé, Edu a eu du mal à confirmer cette année. Il était bien plus attendu par ses adversaires, mais on a aussi senti qu’il lui avait fallu digérer son changement de statut et tout ce que ça impliquait. Moins d’impact offensif, moins de mainmise sur le cœur du jeu, Cama a eu une première partie de saison compliquée avant de retrouver peu à peu un niveau satisfaisant. Encore sous contrat jusqu’en juin 2022, il pourrait choisir de prolonger et de rester une saison supplémentaire. Un choix intéressant pour nous comme pour lui : retrouver son meilleur niveau pour viser un grand d’Europe la saison suivante et revenir dans les petits papiers de Deschamps pour la Coupe du monde. En tout cas, Maurice a clairement fait part de l’intention du club de le conserver.

De l’autre côté de la pyramide des âges, Steven Nzonzi a été égal à lui-même : plaque tournante du jeu rennais, quitte à parfois le ralentir et à manquer de spontanéité. Il aura malgré tout répondu présent et été une fois de plus un élément central du dispositif. Côté contrat, rien d’acté le concernant, mais la Breizhou s’attend à un départ.

Que dire de Flavien Tait ? La Breizhou était la première à s’agacer fortement des prestations médiocres du transfuge angevin. Stéphan lui avait largement donné sa chance sans que Flavien ne justifie l’investissement consenti. Puis son replacement au cœur du jeu, l’arrivée de Génésio, l’enchaînement de matchs l’ont transformé : de paria, il est devenu le maître à jouer de l’équipe, autant par son sens de l’organisation offensive que par son travail défensif. La surprise que l’on attendait pas, autant dire que sa renaissance équivaut à un recrutement gratuit pour la saison prochaine. Passons plus rapidement sur Bourigeaud et Martin : si le dernier cité confirme malheureusement que son corps ne lui permet plus d’apporter quoi que ce soit à une équipe qui joue le haut de tableau, « Baja » a été fidèle à lui-même cette saison encore. Un engagement physique de tous les instants, un pied droit soyeux, et, même s’il a eu des périodes compliquées comme le reste de l’équipe, il a su se remettre à l’endroit en fin de saison et signe même le dernier but rennais. De façon égoïste, réjouissons-nous que la hype post-saison 2018/19 soit retombée : il ne devrait pas recevoir de sollicitations suffisamment intéressantes pour avoir envie de quitter le club. Et c’est tant mieux. L’avenir de Léa Siliki n’est pas fixé selon Maurice, mais entre les blessures et des performances qui n’ont pas incité ses coachs successifs à lui donner du temps de jeu, James devra voir ailleurs s’il veut jouer.

Enfin, ayons un dernier mot pour Clément Grenier, en fin de contrat et donc en partance après trois années au club. Sa saison aura été aussi très compliquée, placardisé par Stéphan avant d’être ressorti puis à nouveau rangé dans son tiroir par Génésio. Même s’il aura été trop inconstant sportivement et moralement pour avoir une grande place dans nos cœurs, il nous aura rendu de fiers services et on lui souhaite bon vent.

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Les attaquants

Là non plus, nous n’avons pas été en manque de psychodrames, de rebondissements et de happy end (et je ne parle pas de ceux de salons de massage interlopes). Tout avait très mal commencé avec le départ à la dernière seconde du mercato de Raphinha pour le Leeds de Bielsa. Alors que le Brésilien affichait déjà une forme étincelante et devait porter l’attaque rennaise en Ligue des Champions, tous nos plans s’effondrent et nos dirigeants se retrouvent à lui chercher un remplaçant en catastrophe.

C’est le jeune espoir Jérémy Doku qui sera choisi contre la coquette somme de 26 millions d’euros, faisant de lui le joueur le plus cher jamais acheté par le Stade Rennais. Très jeune et subissant une énorme pression, le Belge mettra du temps à s’acclimater et surtout à marquer son premier but tant attendu. A partir de ce moment-là, il s’est transformé : dribbleur redoutable, véloce, puissant et rapide, Doku a traumatisé les défenseurs de Ligue 1 à qui il a fait danser la macarena dans leur slip. Alors que nous sommes nombreux à avoir craint le flop retentissant, nous sommes plus nombreux encore à avoir hâte qu’il guide notre attaque la saison prochaine, Maurice l’ayant déclaré intransférable. Comme plusieurs avant lui, nous savons que nous avons dans nos rangs un joueur au potentiel exceptionnel, profitons-en avant qu’il explose dans un top club.

Autres recrues offensives de la saison : Guirassy et Terrier. Le premier nommé, arrivé d’Amiens pour 14 millions, a réalisé une saison étrange. Auteur de 13 buts tout en ayant été blessé pendant deux mois, il a laissé au terme de la saison une impression mitigée, capable de livrer des prestations de haute volée et de faire montre de fulgurances techniques, tout en se montrant parfois emprunté, pataud et encombrant. Il reste un profil très intéressant et un buteur précieux. Martin Terrier, arrivé dans les bagages de Maurice, aura lui aussi mis notre patience à l’épreuve. Doté d’une qualité technique et d’une intelligence de jeu indéniables, l’ex-Lyonnais aura mis du temps à s’imposer sur le front de l’attaque rennaise. Manque de caractère, rareté des gestes décisifs comme des matchs aboutis, il lui aura fallu l’arrivée de son ancien coach Génésio et son placement en attaquant de pointe pour qu’il s’épanouisse pleinement et finisse la saison en trombe. Si la défense et l’entre-jeu seront de sérieux chantiers, on peut être rassuré de voir que notre secteur offensif sera déjà rodé et solide pour la saison prochaine.

Du côté des déceptions, parlons rapidement de Del Castillo et Gboho. Même si Romain a pu livrer quelques prestations intéressantes, il n’a pas le niveau pour prétendre à un poste de titulaire au SRFC. Reste à savoir s’il se contentera d’un rôle de remplaçant ou s’il aura envie de gagner du temps de jeu ailleurs. Gboho lui, n’a pas réussi à gratter beaucoup de minutes cette saison. S’il a montré de belles qualités techniques, il n’a pas semblé en mesure de franchir le palier que l’on attendait de lui. Ni Stéphan ni Génésio n’ont compté sur lui. Lié au club jusqu’en 2023, il pourrait aller voit ailleurs si on y est.

Même si elle lui a rendu hommage dans une précédente académie, la Breizhou ne pouvait pas ne pas saluer une nouvelle fois Adrien Hunou, amoureux du club, qui y a tout donné et largement fait honneur à nos couleurs. Barré par les différentes recrues, « Pippo » a choisi de tenter l’aventure américaine et c’est amplement mérité. Il sera toujours le bienvenu au Roazhon Park.

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Les coachs

C’est étrange d’avoir écrit ça au pluriel, mais c’est la dure réalité du football. Julien Stéphan, le gamin du club, celui qui a grandi avec lui et nous a fait vivre nos plus belles émotions avec l’épopée en Ligue Europa, la victoire en coupe de France puis la Ligue des champions. Julien Stéphan le têtu, sans doute trop exigeant, n’a pas su trouver les solutions pour redonner de l’allant à son groupe après une phase très compliquée. Amoureux inconditionnel du club, il a préféré se sacrifier – renonçant d’ailleurs à son indemnité de licenciement en présentant sa démission – plutôt que de risquer de faire sombrer l’équipe. On aurait tellement aimé que l’histoire se termine différemment, mais on ne le remerciera jamais assez de tout ce qu’il nous a apporté. D’ailleurs, son successeur, Bruno Génésio, lui a élégamment rendu hommage en conférence de presse d’après-match face à Nîmes.

La Breizhou était on ne peut plus sceptique à l’annonce de l’arrivée de l’ex-technicien lyonnais, occupée qu’elle était à faire son deuil de Stéphan et à se souvenir de la fin de mandat en eau de boudin que « Pep » avait vécu à l’OL. Mais le terrain ne ment pas : Génésio a su remobiliser un groupe en difficulté, a permis à l’équipe de retrouver un jeu plus séduisant tout en décrochant la qualification européenne espérée. De plus, il a su délivrer un discours intéressant, loin de l’image que l’on avait pu garder de lui en France. La Breizhou Académie fait donc amende honorable et a hâte de le voir aux commandes de l’équipe pour une saison complète.

Au terme d’une saison particulière, le bilan que la Breizhou tire ne peut être que positif. Une qualification européenne, un jeu et un état d’esprit retrouvés, des joueurs qui s’affirment comme des valeurs sûres pour l’avenir et un club qui continue de grandir et de se poser en prétendante légitime au top 5 de la Ligue 1. Le mercato s’annonce déjà crucial, que ce soit pour retenir certains cadres comme pour étoffer cet effectif, histoire de ne pas faire de figuration dans la champêtre Europa Conference League, tout en visant le haut du championnat.

La Breizhou Académie vous apprécie et vous retrouvera pour de nouvelles aventures la saison prochaine. En attendant, galette-saucisse pour tout le monde, kenavo camarades et

ALLEZ RENNES

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Marco Grossi

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