France – Hongrie (1-1) : L’Académie française préfère ménager le suspense

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des notes et un hommage

Après sa victoire face à l’Allemagne, la France s’attaque à la Hongrie en cette deuxième journée d’Euro. Adversaire d’un autre calibre mais enjeu de taille : une victoire et les Bleus pourront faire tourner au troisième match.

Eh bien non, les Bleus ne feront pas tourner. Pris dans le défi physique, maladroits, franchement pas folichons, les Bleus n’ont tout simplement pas été à la hauteur. Aucun pessimisme outrancier, juste un constat sur ce match qui ne remet pas du tout en question un fait simple : la France est le plus beau pays du monde et battra l’Allemagne en finale.

La compo :

Un changement du côté de l’équipe mise en place par DD : Lucas Digne remplace l’autre Lucas sur le côté gauche, préservé après une petite alerte.

Le derrière : ceux qui ont résisté aux Allemands résisteront, on l’espère, à l’armada l’embarcation vermoulue offensive venue de Budapest.

Le milieu : Pogba a rayonné face à l’Allemagne. A qui le tour ?

Le devant : certainement le bon moment pour Karim d’enclencher la première et d’ouvrir son compteur.

Les trois absents de la feuille de match : Kingsley Coman (tout juste papa), Wissam Ben Yedder et Kurt Zouma. DD fait donc tourner les coiffeurs des coiffeurs.

Le match :

Comme prévu, les Hongrois ont commencé le match le couteau entre les dents et la balayette facile. Portés par un stade plein, les descendants de Puskas sont entrés dans le lard des Français et c’est tout à fait normal. Ce qui est moins normal, c’est la non-réaction des Bleus, amorphes, mous du genou et en retard pendant tout le premier quart d’heure.

Il a fallu attendre la vingtième minute pour voir notre milieu essayer de calmer le jeu et de le poser à notre avantage. Une frappe de loin de Benzema, repoussée par le portier, a symbolisé ce très léger mieux, de même que la tête de Mbappé de peu à côté sur un centre de Digne. A la demi-heure de jeu, Karim profite d’un bon mouvement entre Grizou et Kyky pour frapper mais c’est à côté. Mbappé l’imite juste après.

Dominateurs mais peu dangereux, les Bleus se font franciser : en contre, après un joli une-deux, le piston gauche des Magyars, Attila Fiola (quel nom !), file dans le dos de Pavard, précède le retour molasson de nos centraux et ajuste Lloris (1-0, 45e). Simple, efficace, mi-temps.

Le scénar’ des 45 dernières minutes est posé : les Hongrois vont encore mieux défendre, être solidaires, mettre des taquets, portés par un public en feu ; les Bleus vont galérer. D’ailleurs, rien de nouveau jusqu’à l’heure de jeu et le premier changement de DD : Ousmane Dembélé prend la place d’un Rabiot… allez voir les notes. Le Barcelonais se met en évidence rapidement côté droit : après deux crochets, sa frappe heurte le poteau.

En contre, les Hongrois auraient pu bénéficier d’un péno suite à une mimine litigieuse de Kimpembé mais l’arbitre anglais, Michael Oliver, s’est rendu compte qu’aucun Hongrois ne jouait à Manchester United… Tournant du match ? En tout cas, sur un dégagement de Lloris, Mbappé court plus vite que tout le monde, dribble, met en retrait, le ballon est légèrement contré, arrive sur Grizou qui le propulse au fond et égalise (1-1, 66e).

Les minutes restantes voient logiquement la physionomie du match s’inverser : les Bleus croient maintenant à la victoire, les Hongrois flanchent physiquement. Giroud et Tolisso, nouveaux entrants, ont 15 minutes pour faire gagner les trois points. Las ! Rien à se mettre sous la dent hormis quelques frappes facilement captées par le portier Gulacsi. Clap de fin d’un match qui aura eu plusieurs mérites et rappelé quelques évidences.

Le débrief :

Premier mérite : rappeler aux Bleus qu’il faut se sortir les doigts face à toutes les équipes dans une compétition internationale. Ce match, ils l’auraient p’tet gagner 3-0 en amical avec des adversaires moins investis, moins portés, moins à fond. Mais là, les mecs jouent des points, jouent la suite de leur tournoi. L’investissement aurait dû être maximal dès le début et ça n’a pas été le cas. Nul doute que ce match va permettre à Deschamps de remettre les pendules à l’heure.

Second mérite (lié au premier) : faire redescendre l’ambiance. On avait presque l’impression qu’on avait battu l’Allemagne en demi-finale de l’Euro ; qu’on avait brillé dans tous les domaines et que rien ni personne ne nous résisterait. Non, ce n’était qu’un match de poule. Bonne piqûre de rappel là aussi.

Troisième mérite : le suspense pour le groupe et la nécessité pour les Bleus d’être à fond face au Portugal. Avec la victoire des Allemands face à ces derniers, la France est en tête. Un match nul suffit aux Bleus pour être qualifiés mais seule une victoire leur permettrait d’être premiers à coup sûr. Préfère-t-on jouer des troisièmes de poule (possiblement Turcs, Danois ou Autrichiens) ou un leader (la Perfide Albion ou les Tchèques) ? La tentation de briser le sempiternel rêve anglais est grande mais n’est-elle pas dangereuse ?

Pour ce qui est des évidences : face au bloc bas des Hongrois, les Bleus ont peiné comme depuis toujours sous DD lorsqu’ils affrontent ce genre d’équipe. L’animation offensive a été très défaillante, les principales actions sont venues de succès individuels (dribbles de Mbappé, de Dembélé, frappes de loin…) et le but vient d’un renvoi de Lloris presque à la mode ancienne du kick & rush. Se contenter d’un jeu offensif si réducteur (laisser les trois de devant faire la diff’ ; au besoin, compter sur Pogba pour trouver la passe magique), c’est triste compte tenu de la tronche de l’équipe sur le papier. On doit pouvoir mieux faire. Mais, comme dit plus haut, cela ne remet pas en cause le travail global de DD, qui sait mieux que personne ce qu’il fait et où cela peut amener. Bref : on peut soutenir les Bleus à fond, comprendre la philosophie de Deschamps tout en ayant un regard critique.

Les notes :

Lloris (3/5)

On peut pas lui reprocher le but et on peut mettre à son crédit le dégagement vers Mbappé sur le but de Grizou. Raisonnablement rassurant sur les quelques interventions qu’il a eues à faire.

Digne (4/5)

Vous savez que je n’ai d’yeux que pour Hernandez mais de fait, dans ce match minable, le Lucas d’Everton a été le seul à surnager. Certainement que jouer dans une équipe de bourrins toute l’année l’a un peu aidé…

Varane (2/5)

Pas aidé par un Pavard aux abois, Raphaël n’a pas compensé à la hauteur de son statut. Souvent en retard (comme sur le but), il n’était pas impérial non plus quand il était à l’heure.

Kimpembé (3/5)

Habitué à être agressif, ce combat lui a davantage correspondu. Ça n’empêche qu’il aurait pu courir plus vite lui aussi sur l’ouverture du score hongroise.

Pavard (0/5)

Fallait que ça tombe à un moment donné Benji. Complètement à la ramasse. Attila Fiola a fait de lui sa chose. Il aurait fallu attaquer l’exercice pour défaire ce Hun.

Kanté (3/5) :

Le meilleur des trois au milieu, ce qui n’était pas difficile.

Rabiot (0/5)

Comment passer de très bon à médiocre et transparent en si peu de temps ? C’est le très haut niveau, merde. J’espère que DD mettra Tolisso face au Portugal : Coco n’est pas du genre à s’effacer, il est même plutôt mordant. Remplacé par O. Dembélé (non noté), qui a touché un poteau avant de se blesser et donc remplacé par T. Lemar (non noté).

Pogba (2/5)

Pas bon mais, à la différence de Sa Seigneurie Rabiot, Paulo a essayé. Il a raté à peu près tout mais la volonté était là. Remplacé par C. Tolisso (non noté).

Mbappé (3/5)

Malgré ses quelques moments énervants (« je tente de dribbler toute la défense » ou « je fais une talonnade inutile et ratée dans mes 40 mètres »), force est de constater que les offensives bleues sont principalement de son fait. Tellement au-dessus individuellement qu’il créé des situations à lui tout seul. C’est donc dommage d’avoir salopé la balle de match en fin de partie.

Griezmann (2/5)

Il avait été magnifique en défense face à l’Allemagne dans un contexte défavorable à ses qualités techniques ; il n’a malheureusement pas profité de ce match a priori plus en adéquation avec son talent pour servir ses attaquants. Pas mal de déchets, peu de solutions trouvées (pas uniquement de son fait)… Un but décisif malgré tout.

Benzema (1/5)

Je ne dis pas qu’il faudrait que Karim se bouge le cul. Je dis juste qu’il faudrait qu’il soit rapidement décisif afin de calmer tout ce qui, plus ou moins légitimement, commence à se faire entendre. Pour le moment, il rate ce qu’il n’a pas le droit de rater pour un attaquant de son envergure. Remplacé par O. Giroud (non noté).

Philou (non noté/5)

Le coup de sifflet final a retenti bien trop tôt pour le patron du Twitter francophone sportif. La bienveillance, la générosité et la gentillesse qu’il répandait chaque jour sur les réseaux ; la force, le courage et son sourire face à la maladie ; autant de choses dont nous nous souviendrons et qu’il nous faut perpétuer. Il incarnait l’amour et la passion du foot (et du sport) à l’état pur, comme un enfant, comme les enfants que nous redevenons tous en suivant les Bleus. Philou c’était nous, en mieux.

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