Japon – Sénégal (2-2) : La Takatoukité Akademi livre ses notes
Et Keisuke honda.

Me revoilà, avec ma ponctualité toute nippone, pour venir vous parler du deuxième tour de poules de cette Coupe du monde, où nos Samouraïs se sont encore distingués. Après la Colombie, qui a eu l’excuse d’être à dix contre onze (en même temps, si on commence à trouver des excuses pour la débilité, on va commencer à rentrer dans un cercle vicieux), ce deuxième match nous opposait au Sénégal, a.k.a les Lions de la Teranga. Oui, on est d’accord, les surnoms à base d’animaux, c’est hyper kitschouille. Mais j’essaie de pas chambrer dans la mesure où on a la moitié de l’équipe qui a les cheveux jaunes (d’autant qu’au pays, les noms d’animaux sur les franchises, ça nous fait kiffer). Bref.
Cette rencontre était l’occasion de nous frotter à un adversaire au complet, déjà, et dont le jeu offensif était à même de nous mettre en danger. C’était aussi l’occasion pour certains commentateurs français de déballer des clichés par douzaines, avec l’opposition entre la folie africaine et la discipline japonaise, les énormes gabarits sénégalais et les tout petits modèles nippons. Ou encore de montrer un mélange de bienveillance/condescendance envers nos adversaires du jour, restes glorieux de la Françafrique, tandis qu’ils butaient sur des noms pourtant tout simple (Osako qui est devenu Osaka pendant 60 minutes sur BeIn ; bordel, c’est pas parce qu’Osaka c’est une ville connue que le mec doit s’appeler pareil).
Bon et ce match alors ? Et bien, un peu comme le précédent, pas vraiment régulier. Kawashima met encore ses petits copains dans la merde sur un truc complètement anodin, alors qu’ils avaient la possession et qu’ils commençaient tout juste à poser leur match (0-1, 12e minute). Suite à quoi les hommes de Nishino sont devenus plus incisifs, tandis que les Sénégalais baissaient clairement de pied. Fidèles à leur premier match, les Japonais varient les remontées rapides au sol, avec un Osako très présent en point d’appui, les attaques placées et les longs ballons dans le dos des latéraux africains. 34e minute : mon Shibasaki envoie une transversale de l’amour à l’opposé vers Nagatomo, sur le côté gauche de la surface sénégalaise. Son contrôle est chatteux, mais lui permet de percuter en une touche entre les deux défenseurs à l’intérieur de la surface. L’ancien Milanais glisse à Inui qui envoie un petit enroulé maison dans le soupirail, 1-1.
La deuxième période partira sur les mêmes bases de yin et de yang : entame appuyée des Sénégalais, reprise en main des Japonais qui touchent la barre une fois par Inui, avant qu’un nouveau centre de Shibasaki ne manque d’être repris par Osako devant la ligne de but (d’ailleurs, pas merci, la synchronisation des pieds). Et puis à la 71e, tout petit coup d’accélérateur de Mané et compagnie : travail côté gauche qui finit par un centre aux cinq mètres, tout le monde est en retard et c’est Wagué, l’arrière droit, qui vient planter dans la surface, 1-2. Y a des excuses publiques qui se perdent. Nishino décide de jouer son va-tout : faire rentrer Honda et espérer. Ah non, attendez, deuxième va-tout. Oula, ça passe à deux attaquants : Haraguchi, auteur d’un match assez crade, laisse sa place à Okazaki. Par chance, les troupes d’Aliou Cissé ont eux aussi ont un gardien de l’à-peu-près. Centre en profondeur d’Osako pour Okazaki au point de penalty : N’Diaye n’a que moyennement besoin de sortir mais se jette comme un bienheureux dans une piscine à boules. Le ballon arrive sur Inui au deuxième poteau, qui remet en retrait pour un Honda esseulé. Et boum, rebelote, Honda met encore un pion important (78e minute, 2-2). Ca finira là-dessus, et on retiendra surtout les longues phases où on a réussi à mettre le pied sur le ballon, en bousculant complètement des Sénégalais attentistes. Il s’agirait maintenant de les rendre plus rentables, d’arrêter d’envoyer des saucisses devant trop souvent et de faire en sorte que Kawashima arrête le foot, purée.
KAWASHIMA (1/5) :
À quel moment exactement on apprend aux gardiens de but à boxer les ballons au ras du sol ? On va encore dire que les Asiats sont des gens particuliers qui ne font rien comme personne. On va encore dire qu’on bouffe du chien juste parce qu’on a les yeux bridés. Voilà, bravo Eiji.
NAGATOMO (4/5) :
Il a peut-être mis un peu de temps à s’ajuster au rythme imposé par moments par les Sénégalais. Mais par la suite, il a retrouvé son volume habituel, avec ses courses régulières vers l’avant. Il forme à nouveau un chouette duo plein d’entrain avec Inui.
SAKAI (5/5) :
Un très gros match de la part de l’Olympien qui s’est envoyé comme un chien de la casse dans les duels, en plus de sortir les ballons proprement.
YOSHIDA (2/5) :
Toujours aussi impressionnant de la tête, il serait temps toutefois qu’il calme complètement ses tentatives de faire du Bonucci dans la relance. C’est quasiment un ballon rendu à chaque fois.
SHOJI (3/5) :
Tout M’Baye Niang qu’il est, l’attaquant du Torino a été obligé de coller des mandales à Gen pour se défaire de son marquage. Pris une fois en début de match, le natif de Kobe a ensuite gagné tous ses duels.
HASEBE (4/5) :
Beaucoup plus en vue que lors du premier match, le capitaine. Avec et sans ballon, d’ailleurs.
SHIBASAKI (3/5) :
Mon pipou s’est fait plus discret. Moins bien placé, plus absorbé par le milieu sénégalais, il a quand même lâché quelques ouvertures délicieuses, dont celle qui amène le premier but.
INUI (4/5) :
Il est en retard sur le deuxième but et au final, on ne l’a pas énormément vu. Mais le mec s’arrange pour être là dans chacune des grosses occases japonaises de la partie.
KAGAWA (3/5) :
Envoie des ouvertures de cinquante mètres demi-volée pied gauche quand toi t’essaies encore de pas te péter la gueule en faisant un contrôle mauvais pied.
HARAGUCHI (0/5) :
Un gros non sur ce match. Peu sollicité et maladroit devant, il n’a pas énormément verrouillé derrière pour autant. Clairement le moins doué du trio offensif.
OSAKO (5/5) :
Fascinant ce mec pas censé être titulaire qui se transforme en rouage essentiel de l’équipe par son mouvement et ses prises de balle en pivot. Souvent le bon choix, la bonne position. Joue simple et spontané. Aimé aurait aimé.
Les Samouraïs Shampooineurs :
HONDA (pour Kagawa à la 72e minute) : Encore décisif. Encore une bonne rentrée, même s’il n’a plus grand-chose dans les jambes. Mais quand même, le faciès de ce garçon a quelque chose de dérangeant. On lui a coupé les paupières?
OKAZAKI (pour Haraguchi à la 75e minute) : L’attaquant de Leicester a apporté juste ce qu’il fallait pour le deuxième but. Pas beaucoup plus.
USAMI (pour Inui à la 87e minute) : La plus belle coupe de cheveux du groupe sans aucun doute. Le Beatle décoloré. Bah du coup, trois minutes de jeu pas plus.
Bon bah ça nous promet un beau final tout ça. La Pologne semble pas capable de foutre un pied devant l’autre. Et la Colombie voudra valider son billet en tapant le Sénégal. En assurant le minimum, ça devrait passer. Avec un certain panache qui plus est, et en ayant affronté des équipes pas tout à fait nulles quand même. Un mot quand même pour dire qu’Aliou Cissé est carrément le coach le plus charismatique du tournoi (dreadlocks + costard, gros mix efficace) et que M’Baye Niang est quand même une sacrée belle salope.
Petite incohérence dans une appréciation : si Sakai « s’est envoyé comme un chien de la casse dans les duels, en plus de sortir les ballons proprement », alors ce n’est pas « un très gros match » de sa part, c’est un match normal.
En plus fun fact, ou fait amusant chez les gens qui divulgachent, Sakai est pas trop connu dans son propre pays. En dehors de ceux jouant dans le championnat domestique de chez eux (logique du coup) ils connaissent pas grand monde.