La Gunners Academy te parle de la dernière journée de championnat
Le jour où on a bafoué Tomas.
Alors normalement, je devais vous parler un peu du dernier match de la saison et de la peignée récoltée par des Villans vaillants à défaut d’être crédibles. Mais bon. Le match, c’était y a deux mois. Ptet même trois. Déjà, c’était pas bien intéressant sur le moment. De deux, je m’en souviens plus. Pour finir, je comptais pas en parler plus que ça à la base. Non, j’allais plutôt m’attarder sur cette dernière journée de championnat façon sauce aigre-douce. Genre jolie mélancolie Sundance, coucher de soleil, guitare sèche et toutes ces conneries. Ouais, c’était triste, c’était colère et puis c’était chouette. Maelström de sentiments printaniers.
Allez, je vais pas vous la jouer, autant évacuer l’éléphant de la pièce: l’absence de Rosicky sur ce match a brisé ma journée. Après dix ans passés au club, c’était la dernière opportunité pour lui d’apparaître sous le maillot au canon, sachant que son contrat s’est terminé à la fin du mois de juin. Alors certes, il y avait un enjeu, à savoir la course à la troisième voire à la deuxième place. Mais Aston Villa, lanterne rouge de PL. Rosicky. Soyons sérieux. Le Tomas en aurait fait du petit bois. Oui mais non, il en a été décidé autrement. Même pas sur la feuille de match, le Tchèque de mon coeur, pour cette 38e journée. L’affront. A la place, on le fait venir sur la pelouse avant la rencontre, en survêt’ comme un pépé à l’hospice, au moment où le public de l’Emirates fait la queue aux buvettes pour avoir un mauvais hot-dog à sept pounds. Le tout pour lui remettre un bibelot moisi « pour services rendus au club ». Mais bordel, c’est un petit Jésus du ballon, pas un vétéran de la guerre d’Algérie. C’est un type qui, suite à sa dernière blessure, avait quand même les larmes aux yeux de « ne pas pouvoir rendre aux supporters ce qu’ils lui ont donné ». Ce qu’il fallait, c’était le faire jouer, avec le brassard qui plus est, putain ! Et le faire sortir à la 70e, pour une standing ovation colossale. Voilà, là c’était digne, purée ! Pour le filer à Walcott à son centième match, là y a du monde hein. Et nan. Même pas sur le banc mon Tomas. La honte. Pas moyen de savoir si c’était un choix de Wenger – « Ne pas l’avoir sélectionné était un crève-coeur » a dit Arsène, ce qui trahit une certaine forme de responsabilité quand même – une demande du staff de la République Tchèque ou même un choix à contrecœur du TR7, qui voulait à tout prix jouer l’Euro et qui savait que son corps pouvait le trahir à tout moment. Il n’empêche, à ce moment-là, ma journée est d’une tristesse terrible.
C’était compter sans Tottenham. Quel gigantesque club de losers, c’est inimaginable, inenvisageable. Même à Arsenal à côté, on est des killers implacables. Je me souviens assez nettement de la célébration de Kane après son but à White Hart Lane durant le dernier derby. Le stade en fusion, son sprint vers le poteau de corner, son masque de protection balancé en tribunes. A ce moment-là, j’en suis certain, ils croient tous que c’est le but du titre, lui le premier. Et l’Anglais pense probablement sceller ce titre contre le rival honni, avec des dizaines d’années de rancoeur qui remontent. Plusieurs semaines plus tard, le tableau idyllique a pris un coup de chaud et ça bave de tous les côtés. Cinq pions contre Newcastle. Cinq. La moitié de la Premier League en a passé cinq aux Toons. Ils descendent après une des pires saisons de leur histoire, tout le monde leur roule dessus, mais à 10 contre 11 à un moment où ils n’ont plus rien à jouer, ils écrasent Tottenham qui perd sa deuxième place au profit de. Coucou, Arsenal. Et boum, une Saint Totteringham ultra-tardive comme lot de consolation cheap à la perte d’un titre qui nous tendait pourtant les bras.
Car à l’Emirates pendant ce temps-là, on casse comme prévu du Villan (qui ont tout de même une poignée d’occasions de nous faire trembler, la faute notamment à un Gabriel qu’on sent incisif mais pas assez net dans ses interventions). C’est assez chelou, mais l’ambiance est décontractée en même temps qu’elle est tristoune. Tout le monde semble évacuer la pression. Les supporters annoncent chaque but de Newcastle avec des vivas, alors qu’ils voient une deuxième place franchement inespérée se rapprocher à grandes enjambées. Le club ne foire pas tout à fait ses adieux aux anciens. Arteta a droit à un dernier cameo dans les toutes dernières minutes de jeu. Ovation du public. A quelques secondes du coup de sifflet final, sa reprise sur la barre tape le dos de Bunn et achève Villa. Elle achève également l’Espagnol, qui fond alors en larmes. Re-ovation du public. J’avoue avoir la gorge serrée aussi. Ses dernières années ont été compliquées, mais Arteta est arrivé à un moment où le club était au fond du trou, dans l’urgence (derniers instants du mercato de 2011, avec Mertesacker et Gros Santos), après avoir accepté une baisse de salaire et il est devenu un des éléments essentiels de l’équipe jusqu’à son départ. Capitaine, professionnel exemplaire, travailleur silencieux, leader discret puis pilier du vestiaire, il aura beaucoup donné pour Arsenal. Je m’attendais à ce qu’il rentre dans le staff et qu’il assure enfin une transition nécessaire. Mais il semblerait qu’il prenne le chemin de City, pour aller épauler Guardiola. Je ne vous cache pas que ça me les met à l’envers. Si on l’a gentiment gardé en pré-retraite, c’était essentiellement dans l’optique d’une reconversion au sein du staff. Pas pour qu’il mette les voiles à la première occasion. Mais là encore, il manque pas mal d’éléments. Arsenal lui a-t-il proposé un rôle? Un rôle décent même ? Ne l’envoie-t-on pas faire ses classes chez Guardiola pour mieux le faire revenir à un moment où il sera plus utile ? Il ne faut pas minimiser l’attrait de ce con de chauve pour un joueur catalan…
Je vous l’ai dit, le club a complètement foiré la sortie de Rosicky. Jusqu’à la gerbe. Mais, au milieu de ce marasme, c’est des joueurs qu’est venue l’éclaircie. De Giroud d’abord, qui, dès son premier but, célèbre vers le banc, mimant un « TR7 » avec les doigts. Mon amour pour le bonhomme prend de nouvelles proportions, malgré ses défauts sur et hors du terrain. Et puis vient le deuxième but libérateur. L’ami Olivier s’élance vers les supporters puis très vite vers la touche pour se jeter dans les bras du Tomas. Toute l’équipe lui emboîte le pas et vient faire un gros câlin au Tchèque de mon cœur. Heureusement qu’ils sont là pour sauver le truc, putain. J’écrase ma petite larme devant ces jolies images. Il faut attendre la fin du match pour le dernier hommage de l’équipe à un de ses hommes les plus appréciés : les joueurs, maillot floqué Rosicky – 7, forment une haie d’honneur pour le Petit Mozart qui sort alors prendre sa giga standing ovation. Putain d’image de mon Tomas qui sort bras en l’air en guise de remerciements devant cette foule acquise à sa cause. Ce seront sûrement ses derniers pas sur la pelouse de l’Emirates, le club n’étant visiblement pas chaud à l’idée de lui organiser un testimonial, malgré ses 10 ans de boîte… Je me chargerai donc de lui écrire une longue bafouille dans ces colonnes, parce que ici, on est pas des rustres avec le football.
Putain, j’ai reversé une petite larme en lisant ces lignes. Repenser à ce beau tchèque chétif et virtuose du ballon en qui les fous n’ont pas cru (ceci dit, les fous n’ont pas cru en Jésus non plus).
Love à TR7 et love à toi le père pour cette émotion
#nohomo